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Vancouver en vedette : Un fantôme très occupé hante l’ancien tribunal

L’article suivant provient de notre série « Vancouver en vedette. » Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.


L’ancien tribunal devient la Vancouver Art Gallery en 1983. Les peintures d’Emily Carr tapissent aujourd’hui les murs jadis recouverts d’acajou. L’ancien tribunal a malgré tout conservé quelque chose : un fantôme, du nom de Charlie, déambule toujours dans les couloirs la nuit.

William Charles Hopkinson, à droite, en 1914. Bibliothèque publique de Vancouver 6228.

Le tribunal de Vancouver, en 1911. Bibliothèque publique de Vancouver 5877.

La Vancouver Art Gallery, dans l’ancien édifice du tribunal de Vancouver.

Les employés de la Vancouver Art Gallery ont l’habitude de trouver leur bureau chamboulé lorsqu’ils arrivent au travail le matin. Personne ne blâme le personnel d’entretien. Les concierges les ont depuis longtemps convaincus qu’un esprit arpente les couloirs la nuit, faisant des bruits étranges et fouillant dans les bureaux. Le fantôme, qui se prénomme Charlie, expliquent-ils, est l’esprit de l’agent d’immigration William Charles Hopkinson, tué par arme à feu dans l’ancien tribunal en 1914.

Les tensions entre la communauté indienne de Vancouver et les agents du gouvernement s’intensifient en 1914. Dans les mois qui suivent le célèbre incident du Komagata Maru, au cours duquel des migrants sikhs sont renvoyés de force en Inde, la communauté sikhe se divise entre les nationalistes indiens en faveur de l’indépendance de leur terre natale et les loyalistes britanniques.


Les nationalistes entretiennent alors une haine féroce à l’égard de William Hopkinson. Natif du Yorkshire, William Hopkinson a servi dans les forces de police de Calcutta, au sein desquelles il a démontré un talent particulier pour les langues. Il parle en effet couramment l’hindi et d’autres langues indiennes. Même après être devenu inspecteur de l’immigration à Vancouver, il continue à servir d’agent pour la police indienne, gardant un œil sur les extrémistes. Il met ainsi en place un réseau secret d’informateurs sikhs probritanniques ayant pour mission de l’informer sur les activités des nationalistes. Il va même jusqu’à agir sous la fausse identité de Narain Singh pour recueillir des renseignements.

Les nationalistes finissent par se venger. À 10 h dans la matinée du 14 octobre 1914, William Hopkinson fume une cigarette devant l’entrée du tribunal réservée aux avocats lorsque Mewa Singh sort un pistolet de sa veste et tire sur lui à bout portant. Mewa Singh sera pendu pour meurtre, même s’il demeure aujourd’hui encore un héros pour beaucoup de gens. Un hall dans le temple sikh de la rue Ross porte son nom.

Pour ce qui est de William Hopkinson, il a droit à de grandioses funérailles civiles. Son esprit semble cependant être toujours très actif.