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Verna Johnston

Patronella « Verna » Johnston, activiste communautaire, autrice (née le 15 février 1909 à Neyaashiinigmiing [anciennement Cape Croker] en Ontario; décédée en 1996). Verna Johnston était une autrice et une activiste communautaire ojibwée. Elle gérait une maison de chambres pour les jeunes autochtones à Toronto. Elle a plus tard joué un rôle essentiel dans la création du Native Canadian Centre of Toronto. Verna Johnston a assemblé des récits ojibwés traditionnels qu’on lui a raconté durant sa jeunesse et dont elle se souvenait, et elle les a publiés dans son livre Tales of Nokomis. Elle a ainsi contribué à les préserver pour les générations futures. Sa vie a fait l’objet de la biographie I Am Nokomis, Too, écrite par l’anthropologue Rosamond M. Vanderburgh de l’Université de Toronto.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Museum of Toronto.

Jeunesse et éducation

Patronella Verna Johnston (née Nadjiwon) naît sur la réserve anciennement connue sous le nom de Cape Croker, située du côté de la baie Georgienne dans le nord de la péninsule Bruce. Ses parents sont Peter Nadjiwon et Charlotte (Penn) Nadjiwon. Peter Nadjiwon est d’ascendance ojibwée et il est le chef de Cape Croker (aujourd’hui Première Nation non cédée des Chippewas de Nawash) durant un mandat (voir aussi Premières Nations en Ontario). Charlotte Nadjiwon est d’ascendance anglaise, irlandaise et écossaise. Verna Johnston est la troisième enfant et la troisième fille d’une famille de 14 enfants. Elle a neuf frères.

Verna Johnston passe une grande partie de sa jeunesse avec son arrière-grand-mère paternelle. Celle-ci lui accorde une attention particulière, car elle estime que les garçons de sa famille reçoivent plus d’attention qu’elle. Verna Johnston a affirmé que son arrière-grand-mère « était la personne la plus importante de ma vie en grandissant ». Elle se souvient, plus tard dans sa vie, que sa mère lui a inculqué une solide éthique de travail. Verna Johnson aide à élever ses jeunes frères et sœurs. Enfant, c’est elle qui fait les lits et balaie les planchers de la maison. Pour tenter de réduire sa charge de travail, elle essaie de duper sa mère en ne balayant que les endroits qui sont les plus visibles. Sa mère lui explique que « la saleté la plus sale n’est pas toujours celle que l’on voit ». Cette remarque la suit toute sa vie. Elle affirme que son éthique de travail, qu’elle décrit comme étant celle d’un « bourreau de travail », a possiblement fait en sorte que les gens ont de la difficulté à travailler et à vivre avec elle.

Verna Johnston épouse Henry Johnston alors qu’elle a 17 ans. Ils ont rapidement cinq enfants, dont quatre en autant d’années. Elle n’est pas heureuse dans cette relation, car son mari est alcoolique. En 1945, après 19 ans de mariage, Verna Johnston part chercher du travail à Toronto. Mais comme elle s’ennuie de sa communauté, elle retourne à Neyaashiinigmiing.

Carrière

Dans les années 1960, deux des petites-filles de Verna Johnston veulent aller étudier à Toronto. Verna Johnston est préoccupée par le racisme et la violence envers les Autochtones. Elle se souvient également de son propre sentiment d’isolement loin de sa communauté lorsqu’elle a vécu et travaillé à Toronto des années plus tôt. Le racisme envers les Autochtones à l’époque est décrit comme flagrant, systémique et répandu. Elle est opposée à l’idée que ses petites-filles partent à Toronto sans elle. Plutôt que de faire obstacle à leur éducation, elle fait ses valises et elle part pour Toronto avec elles. Elle veut s’assurer que ses petites-filles puissent s’épanouir dans la grande ville. Elle cuisine donc pour elles, elle s’assure qu’elles ont un foyer sûr et confortable et elle discute avec elles tous les soirs. Ce faisant, Verna Johnston se positionne éventuellement comme une figure de proue des services sociaux, culturels et communautaires destinés aux Autochtones de la ville. Son travail de bénévole lui permet rapidement de se faire une réputation. Elle fonde ensuite des organismes qui continuent de soutenir les communautés autochtones à ce jour.

Verna Johnston et ses petites-filles emménagent d’abord dans un appartement sur l’avenue Danforth. Peu après, la rumeur se répand que la maison de Verna Johnston est un lieu sûr pour les jeunes autochtones qui arrivent en ville. Elle commence rapidement à offrir refuge et soutien aux jeunes autochtones qui fuient l’oppression, les abus et la violence. Comme son appartement loué devient très vite trop petit, un ami la laisse emménager dans une maison sur Blythwood Road qui peut accueillir davantage de jeunes autochtones, soit jusqu’à dix pensionnaires à la fois. Cette maison devient connue sous le nom de « Grandma Johnston’s House ». Lorsqu’arrive l’année 1996, Verna Johnston a déjà aidé des centaines de jeunes autochtones à trouver leur place à Toronto et à s’y installer en toute sécurité. Elle donne des conférences sur les cultures autochtones ainsi que des conférences pour les entreprises et groupes communautaires locaux. Elle fait également du bénévolat auprès de plusieurs groupes communautaires autochtones de Toronto pendant leurs années de formation. Verna Johnston est bénévole à la Anduhyaun House, au Wigwamen Housing, au YMCA et à la Croix-Rouge de Toronto. De plus, elle figure dans une vidéo éducative intitulée Nibo’ Apinewin, au sujet du sida (voir Sida). Les jeunes qu’elle aide deviennent des organisateurs communautaires, des enseignants et des travailleurs sociaux, entre autres. De plus, ils continuent à soutenir les jeunes autochtones de Toronto et des communautés autochtones de l’Ontario.

En plus de son travail social communautaire, Verna Johnston publie un recueil de récits traditionnels ojibwés intitulé Tales of Nokomis. Ces récits lui ont été racontés lorsqu’elle était enfant par une aînée. Il semblerait que cette aînée était une femme de 103 ans à qui les enfants du village apportaient du petit bois, de l’eau et des pommes. Verna Johnston croit que si elle ne met pas sur papier ce dont elle se souvient de ces récits traditionnels, ils risquent d’être perdus à jamais. Le livre Tales of Nokomis est publié en 1970 et il est bien accueilli par la critique. Le mot « Nokomis » signifie « grand-mère » en anishinaabemowin, la langue ojibwée. Plus tard dans la vie de Verna Johnston, l’anthropologue Rosamond M. Vanderburgh écrit une biographie sur elle, intitulée I Am Nokomis, Too.

En 1976, Verna Johnston est nommée Indian Woman of the Year par l’Association des femmes autochtones du Canada pour son travail bénévole.

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