Le Walker Theatre (nommé plus tard l'Odeon Theatre et actuellement le Burton Cummings Theatre for the Performing Arts), devait être un vrai théâtre à Winnipeg. Il ouvre ses portes en décembre 1906, mais sa construction ne sera achevée qu'en février 1907. Il porte le nom de son propriétaire, Corliss Powers Walker, qui ajoute ce théâtre dramatique à sa petite chaîne de théâtres du Dakota du Sud, construite le long du chemin de fer du Pacifique Nord, dont Winnipeg est le terminus nord. Walker, qui s'est aligné sur le puissant syndicat new-yorkais du théâtre dirigé par la firme de Broadway, Klaw and Erlanger, fait venir à Winnipeg et dans d'autres localités situées le long du chemin de fer du Pacifique Nord de nombreux spectacles extrêmement variés de premier choix qui comportent des pièces de Shakespeare et d'autres pièces sérieuses interprétées par des acteurs de renom, des ballets, des opéras, des oeuvres pour orchestre et des comédies musicales de Broadway.
Howard C. Stone, originaire de Montréal, s'inspire du célèbre Auditorium Theatre de Chicago (construit en 1889 et conçu par Adler et Sullivan) pour la conception du théâtre Walker. Contrairement à l'Auditorium Theatre, qui est entouré d'un complexe commercial, les bureaux munis de fenêtres qui devaient compléter le Walker ne seront jamais construits, laissant le corps principal du théâtre dénudé avec une façade relativement petite. L'intérieur est entièrement différent. Ici, le magnifique plafond en voûte ressemble beaucoup à celui de l'Auditorium Theatre. La courbure de l'arc de scène et de l'écran anti-acoustique se répète par une succession de bandes toujours plus hautes afin de créer un espace monumental qui s'élance vers le ciel. Le détail du plâtre ornemental se limite au minimum afin de souligner les éléments architecturaux plus importants, tels les énormes arches des murs de côté et les deux balcons cintrés. Le balcon du haut est en pente raide et meublé de bancs de bois semblables à des bancs d'église où les détenteurs de billets bon marché peuvent se tasser les uns contre les autres, ce qui témoigne de la politique de Walker visant à rendre la grande culture accessible à toutes les classes sociales.
Le théâtre Walker dispose de vastes espaces où les clients peuvent discuter dans des salons élégants. La scène est vaste (24 mètres de largeur, 12 mètres de profondeur, 21 mètres de hauteur), le dessus de scène et les coulisses sont spacieux afin d'accommoder les allées et venues des grandes compagnies et de permettre les décors élaborés. Derrière la scène se trouve le bâtiment de trois étages réservé aux loges d'artistes, aux salles pour les accessoires et au dépôt de décors, chaque niveau ayant accès à un ascenseur actionné manuellement. Toutes ces installations le différencient du théâtre de vaudeville typique, qui met habituellement en vedette peu d'artistes, présente des pièces et des spectacles plus courts, et qui encourage une clientèle moins sophistiquée à occuper et à quitter les lieux promptement.
Le Walker est construit pour être à l'épreuve du feu, son propriétaire ayant été ébranlé par l'incendie d'un théâtre en 1903 à Chicago, qui avait fait de nombreuses victimes. Un système de cage de scène en acier est utilisé, dont beaucoup d'éléments sont enchâssés dans le béton ou dans la terre cuite. Des planchers de béton (couverts d'un tapis de laine à l'épreuve du feu), des portes de métal coupe-feu entre les différents espaces, des murs coupe-feu en brique et en terre cuite et des escaliers de métal recouverts d'ardoise y sont intégrés, tout cela vient appuyer les affirmations de Walker selon lesquelles c'est le premier théâtre à l'épreuve du feu au Canada.
Walker continue à exploiter son théâtre jusqu'en 1933, changeant de temps à autre les types de spectacle pour s'adapter aux conditions du moment, en particulier à la diminution des productions quand l'industrie cinématographique d'Hollywood attire les talents et les investissements américains. De plus en plus, des compagnies britanniques en tournée sont engagées, ce qui mène à une deuxième période de théâtre dramatique au Walker. Les événements non théâtraux contribuent à son histoire, notamment, en 1918, à une réunion politique du Winnipeg Trades and Labour Council et du nouveau Parti socialiste du Canada, qui aboutit à la tristement célèbre grève générale de Winnipeg. Le théâtre accueille aussi des débats et un simulacre de Parlement auquel Nellie McClung prend part et qui fait avancer la cause du droit de vote pour les femmes. Harriet Walker, épouse de Corliss Walker et ancienne actrice new-yorkaise, joue un rôle clé pendant ces derniers événements. En 1933 cependant, durant la Crise économique, le théâtre est forcé de fermer. La Ville de Winnipeg saisit l'immeuble en 1936 à cause des impôts fonciers impayés.
Le Walker devient l'Odeon, puis le Burton Cummings Theatre.
En 1944, le propriétaire de théâtres Henry Morton achète le Walker pour le rouvrir en 1945 sous le nom de cinéma Odeon. Pendant presque 50 ans, l'immeuble est le principal cinéma à écran unique du centre-ville de Winnipeg. À cette époque, on y installe un faux plafond qui ferme le balcon supérieur. En 1990, le Walker Theatre Performing Arts Group Inc. achète l'édifice et entreprend de le restaurer pour offrir des programmes d'arts de la scène. Partiellement restauré, le Walker Theatre rouvre en mars 1991.
Retrouvant son ancienne popularité de lieu de présentation de spectacles musicaux et de théâtre, le Walker est reconnu édifice du patrimoine en 1991 par le Manitoba et désigné lieu historique national par le gouvernement fédéral.
En août 2002, le Walker Theatre devient le Burton Cummings Theatre for the Performing Arts, en l'honneur du chanteur, pianiste et compositeur (voir Burton Cummings) bien connu natif de Winnipeg. L'enseigne actuelle du « Cummings » est située du côté de la façade opposé à l'endroit où se trouvait l'enseigne originale du « Walker Theatre » et elle ne comporte qu'un plan vertical. Entre les deux, l'Odeon a déjà eu une enseigne au néon, aujourd'hui disparue.
Grâce au Programme de partage des frais de Parcs Canada pour les lieux historiques nationaux, le Burton Cummings Theatre peut annoncer, en 2009, un projet de rénovation et de remise en état du bâtiment de 3,4 millions de dollars.