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Billy Bishop

William Avery (Billy) Bishop Jr., Croix de Victoria, membre de l’ordre du Bain, DSO avec agrafe, MC, DFC, ED est un pilote de chasse de la Première Guerre mondiale et auteur né le 8 février 1894 à Owen Sound, en Ontario, et décédé le 11 septembre 1956 à Palm Beach, en Floride. Billy Bishop était l’un des meilleurs pilotes de chasse du Canada lors de la Première Guerre mondiale; on lui attribue d’ailleurs 72 victoires. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il a joué un rôle de premier plan dans le recrutement de nouveaux pilotes dans l’Aviation royale du Canada et dans la promotion du Programme d’entraînement aérien du Commonwealth.
Billy Bishop

Enfance

Pilote de chasse durant la Première Guerre mondiale, William Avery (Billy) Bishop Jr. voit le jour à Owen Sound en 1894. Son père, William Bishop Sr., est avocat et registraire de comté. Après avoir pris pour femme Margaret Greene en 1881, il entreprend, en 1882, la construction du domicile familial, qu’il achève en 1884. C’est à cette adresse, le 948, 3e Avenue Ouest, que Billy grandit avec son frère aîné Worth et sa sœur cadette Louise. Son autre frère aîné, Kilbourn, meurt en 1892, deux ans avant la naissance de Billy.

Dès son plus jeune âge, Billy Bishop est amateur de plein air, comme en témoignent ses passions pour la nage, le tir et l’équitation. Il montre aussi très tôt un intérêt marqué pour l’aviation; il fabrique même, enfant, sa première machine volante à partir d’un cageot à oranges et de draps. Ses tentatives de vol se révèlent toutefois sans succès : du toit de la maison, il ne se rend guère plus loin que les rosiers de sa mère.

Éducation

Billy Bishop étudie à la Beech Street School (qui devient plus tard, en 1910, la Dufferin Public School), à quelques pas de chez lui. Adolescent, il fréquente le Owen Sound Collegiate Institute avant de s’enrôler au Collège militaire royal du Canada (RMC) à Kingston, en Ontario.

À l’automne 1911, Billy Bishop fait ses débuts comme cadet au RMC. La guerre éclate alors qu’il en est à sa dernière année de formation. Comme beaucoup de ses camarades, il s’enrôle. Il reçoit le rang d’officier et, grâce à son expérience à cheval et ses talents de tireur, est assigné à la cavalerie.

Le lieutenant Bishop commence sa carrière militaire en août 1914 auprès du Régiment Mississauga Horse. Il est toutefois incapable de naviguer outre-mer avec celui-ci le 1er octobre, alité qu’il est par une pneumonie. Une fois guéri, il est réassigné au 7e bataillon du Canadien Mounted Rifles à London, en Ontario. Ils partent le 8 juin 1915 vers l’Angleterre à bord du Caledonia et sont stationnés au campement militaire de Shorncliffe.

Dans les airs

Un jour, en juillet 1915, Billy Bishop aperçoit un avion atterrir puis décoller à nouveau dans un champ tout près, un événement qui réoriente sa carrière du tout au tout.

C’est la boue, je crois, qui m’a poussé vers l’aviation… J’avais réussi à m’y enfoncer jusqu’aux genoux quand est apparu soudainement, au milieu de la tempête, un petit avion.

Il a atterri de façon hésitante dans un champ tout près, comme s’il méprisait l’idée de frôler de ses ailes sur un paysage aussi sordide. Puis il est remonté vers le ciel, dans le brouillard grisâtre.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté là à regarder le vide, mais lorsque je suis retourné, de peine et de misère, au campement, ma décision était prise. J’ai su qu’il n’y avait qu’un seul endroit où être en ce jour d’été : là-haut, au-delà des nuages, en plein soleil.

William A. Bishop, Winged Warfare

Bishop apprend qu’il lui faudra attendre six mois pour être formé comme pilote, à moins qu’il ne devienne un observateur et soit admis de façon immédiate. C’est ainsi que Billy Bishop demande à être réaffecté au Royal Flying Corps et qu’il devient, en septembre 1915, observateur pour le RFC. Au sein du 21e escadron, il accomplit, en janvier 1916, moult missions aux premières lignes du territoire ennemi.

Une blessure au genou et des complications de santé repoussent l’entraînement de pilote de Billy Bishop jusqu’en octobre 1916. Il commence sa formation au sol à la School of Military Aeronautics d’Oxford. Grâce à son expérience d’observateur, il obtient les meilleures notes en météorologie, en radio et en navigation. On l’envoie bientôt à la Upavon Flying School dans la plaine de Salisbury pour ses premières leçons de vol. La dernière phase de son entraînement est un cours avancé au 11e escadron qui inclut du vol de nuit. En novembre 1916, il reçoit son brevet de pilote et est assigné à Suttons Farm, sur la Tamise, pour le quart de nuit d’une opération contre les zeppelins.

As de l’aviation

En mars 1917, Billy Bishop est envoyé aux premières lignes en France, où il rejoint l’escadron no 60 à Filescamp Farm. Il doit attendre au 25 mars avant de connaître son premier combat aérien, durant lequel il abat son premier Albatros allemand, avant de revenir de justesse en sécurité.

À la fin de mai, Billy Bishop compte 22 victoires. Son exploit le plus connu, toutefois, a lieu le 2 juin 1917. Selon lui, il aurait volé au-delà des lignes ennemies et aurait attaqué un aérodrome allemand, détruisant trois avions allemands au passage. Il aurait réussi à rentrer au bercail en volant directement sous quatre avions ennemis, un exploit qui a fait l’objet d’un fort débat quelques décennies plus tard.

Le 29 août 1917, Billy Bishop arrive au palais de Buckingham, où le roi George V lui remet l’Ordre du service distingué (DSO) et la Croix militaire pour son service jusqu’à la fin mai, ainsi que la Croix de Victoria pour ses actions le 2 juin 1917. En septembre, il reçoit sa quatrième décoration, une agrafe pour son DSO.

Flying Foxes

En septembre 1917, Billy Bishop obtient la permission de revenir au Canada, où il décide de raconter par écrit ses aventures sous le titre Winged Warfare. Le 17 octobre 1917, il épouse Margaret Burden, sa bien-aimée, à la Timothy Eaton Memorial Church de Toronto. À la fin d’octobre, il est assigné à la mission de guerre britannique à Washington D.C.

En 1918, il retourne en Angleterre avec sa femme et devient commandant du nouvel escadron no 85, surnommé les Flying Foxes. En mai 1918, l’escadron termine son entraînement et monte au front à Petit Synthe, en France, à bord des nouveaux avions S.E. 5a. L’escadron est par la suite posté à Saint-Omer le 8 juin 1918.

Le 16 du même mois, Billy Bishop reçoit un message l’intimant de revenir en Angleterre pour organiser les troupes aériennes du Canada; à cette époque, il compte plus de 62 victoires à son actif. Dans les 3 jours qui suivent, il enregistre 10 victoires supplémentaires, pour un total global de 72. Le 19 juin, lors sa dernière journée en France, il abat cinq avions allemands en douze minutes, ce qui lui vaut la Croix du service distingué dans l’Aviation, qu’il reçoit le 3 août 1918.

À son retour en Angleterre, le lieutenant-colonel Bishop devient le commandant désigné de l’aile canadienne de la Royal Air Force. Au même moment, le gouvernement de la France lui offre la Légion d’honneur et la Croix de Guerre avec deux palmes.

En octobre 1918, Billy Bishop et sa femme Margaret retournent au Canada. Là-bas, il rencontre les dirigeants du gouvernement et donne des discours publics pour encourager l’enrôlement dans les forces d’aviation. Au début novembre, il navigue vers l’Angleterre. C’est le 11 novembre 1918, à mi-chemin dans l’Atlantique, qu’il apprend la fin de la Grande Guerre.

L’entre-deux-guerres

En 1919, Billy Bishop entreprend une tournée de conférences en Amérique du Nord sur ses aventures en temps de guerre. Celle-ci est mise en suspens en mars de la même année, après qu’il se soit effondré sur scène, victime d’une appendicite. Il reprend son travail une fois rétabli, mais l’intérêt du public s’est évanoui.

Toujours en 1919, Billy Bishop démarre une entreprise avec William Barker, aussi lauréat de la Croix de Victoria. Ils créent ensemble Bishop-Barker Aeroplanes Limited, un service de transport de passagers entre Toronto et les lacs Muskoka. Ils signent aussi une entente avec l’Exposition nationale canadienne, durant laquelle ils performent des spectacles quotidiens d’acrobaties aériennes. L’entente prend toutefois fin après une plongée effectuée tout près du public jugée dangereuse. L’entreprise change vite de mandat et offre plutôt des services de fret aérien. En 1921, Billy Bishop subit une blessure à la suite d’un atterrissage forcé, et l’entreprise se dissout.

Vers la fin de 1921, Billy Bishop est de retour en Angleterre, plus précisément à Londres, et agit à titre de représentant de commerce pour l’entreprise de son ami Gordon Perry, qui vend les droits de fabrication de canalisations en fonte selon la méthode Delavaud.

En 1928, il dîne à Berlin au Berlin Aero Club en compagnie de ses anciens ennemis. Il est fait membre de la German Ace Association, le premier non-Allemand à recevoir cet honneur.

En novembre 1929, le krach boursier décime la fortune que Billy Bishop a accumulée jusqu’à présent. Son vieil ami Gordon Perry lui offre donc le poste de vice-président des ventes pour McColl-Frontenac Oil à Montréal, au Québec. Billy Bishop et sa petite famille déménagent ainsi au Canada en 1930.

Deuxième Guerre mondiale

Billy Bishop a conservé des liens étroits avec l’Aviation royale du Canada depuis la Première Guerre mondiale. En tant que tel, il est nommé capitaine de groupe honoraire en 1931. Dès 1934, Billy Bishop prend des leçons de vol pour renouveler son brevet.

En 1936, il est fait vice-maréchal de l’air honoraire par William Lyon Mackenzie King. Il profite de sa position pour demander plus de fonds et une expansion de l’Aviation royale. Le 10 août 1938, il est nommé maréchal de l’air honoraire et devient chef du Air Advisory Committee.

Le Canada déclare la guerre contre l’Allemagne nazie en septembre 1939. En décembre, le gouvernement canadien accepte de devenir le centre de formation pour le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth.

Le 23 janvier 1940, Billy Bishop devient directeur du recrutement pour l’Aviation royale canadienne. Il s’installe à Ottawa, où il peine à jongler avec un horaire chargé de voyages et de conférences (en plus de ses tâches auprès de l’Aviation royale, il fait une apparition dans le film Les Chevaliers du ciel, produit par Warner Bros. en 1942 et mettant en vedette James Cagney). Le 7 novembre 1942 à Hamilton, en Ontario, son discours est subitement écourté par une déchirante douleur à l’estomac. Après un vol d’urgence vers Montréal, on lui découvre une inflammation aiguë du pancréas nécessitant une opération immédiate. En janvier 1943, il sort de l’hôpital et part en congé de maladie.

Il reprend son mandat en mars 1943, plus énergisé que jamais, écrivant même un second livre, Winged Peace (1944), dans lequel il partage sa vision du futur de l’aviation. Toutefois, lorsqu’il souffle sa 50e bougie le 8 février 1944, il frôle l’épuisement total.

À la suite du Jour J (le 6 juin 1944), le recrutement de pilotes prend fin, même si la victoire n’est pas encore annoncée, et Billy Bishop demande à être relevé de ses fonctions avant la fin de l’année. Le 1er juin 1944, dans le cadre des festivités entourant l’anniversaire du roi George VI, il est fait membre du très honorable Ordre du Bain.

Après-guerre

Après la fin de la guerre en 1945, Billy Bishop retrouve Montréal et le commerce pétrolier. Désormais en semi-retraite, il consacre beaucoup de temps à lire dans sa bibliothèque privée ou à pratiquer ses différents passe-temps, comme la sculpture sur glace, sur bois et de savon, ne revêtant son uniforme qu’en certaines occasions spéciales comme les parades du jour de la bataille d’Angleterre et les messes du jour du Souvenir.

Lorsque la guerre de Corée commence en 1950, Billy Bishop se porte volontaire, mais on décline gentiment son aide. En 1952, il prend sa retraite de McColl-Frontenac et passe tous ses hivers en Floride. C’est là qu’il décède paisiblement dans son sommeil, le 10 septembre 1956, laissant dans le deuil sa femme Margaret (décédée en 1979) et ses deux enfants, Arthur (1923-2013) et Margaret Marise (1926-2013).

L’annonce de sa mort et les funérailles militaires qu’on lui prépare à la Timothy Eaton Memorial Church font les manchettes à l’international. Près de 25 000 personnes se postent d’ailleurs le long du parcours emprunté par le cortège funèbre. Le corps de Billy Bishop est incinéré et ses cendres sont inhumées au cimetière de Greenwood, dans sa ville natale de Owen Sound, en Ontario.

Controverse

En 1982, une production de l’Office national du film du Canada, The Kid Who Couldn’t Miss de Paul Cowan, remet en question la véracité des allégations de Billy Bishop, dont celles lui ayant valu la Croix de Victoria. Le film cause la fureur au Parlement et dans les médias. Une enquête faite par un sous-comité du Sénat discrédite le documentaire en exposant une foule d’erreurs chronologiques et dans les citations faites à des fins d’effet dramatique. Ce comité ne parvient toutefois pas à confirmer hors de tout doute la validité des propos de Billy Bishop et, conséquemment, recommande que le film soit simplement appelé un « docudrame ».

La controverse n’a pas depuis épargné Billy Bishop. En 2002, Brereton Greenhous (ancien historien au ministère de la Défense nationale) publie The Making of Billy Bishop, dans lequel il clame que ce héros de la Première Guerre mondiale a menti à propos du raid du 2 juin 1917. D’autres historiens militaires, dont Peter Kilduff et David Bashow (du Collège militaire royal), mettent en doute ces accusations.

Vers la fin de sa vie, Billy Bishop avoue avoir embelli certains de ses exploits aériens, notamment dans Winged Warfare. Toutefois, selon David Bashow, les rapports de combat de Bishop étaient très professionnels et avaient tendance à minimiser son succès. C’est d’ailleurs à la lumière de ces rapports que la Croix de Victoria, entre autres décorations, lui a été remise.

En raison des nombreuses lacunes dans les dossiers allemands et britanniques (causées en partie par la destruction de ceux-ci durant les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale), les historiens n’arrivent pas à confirmer ou infirmer les prétentions de Billy Bishop. Peter Kilduff, par exemple, n’est parvenu qu’à confirmer 21 des 72 victoires supposées. Puisque les preuves ont été détruites, il est peu probable que le débat arrive à une conclusion irréfutable.

Il ne fait aucun doute, toutefois, que Billy Bishop était un homme aussi talentueux que courageux. Qu’ils aient été exagérés ou non, ses exploits ont servi d’inspiration durant la Première Guerre mondiale et ont fait de lui, pour beaucoup et avec raison, un véritable héros canadien.

Honneurs

  • Croix de Victoria (1917)
  • Ordre du service distingué avec agrafe (1917)
  • Croix militaire (1917)
  • Croix du service distingué de l’aviation (1918)
  • Étoile 1914-1915 (1918)
  • Médaille de guerre britannique (1918)
  • Médaille de la victoire avec citation militaire britannique (1918)
  • Chevalier de la Légion d’honneur (1918)
  • Croix de Guerre avec palmes (1918)
  • Médaille du jubilé du roi George V (1935)
  • Médaille du couronnement du roi George VI (1937)
  • Membre de l’Ordre du Bain (1944)
  • Médaille de guerre 1939-1945 (1945)
  • Médaille du couronnement de la reine Elizabeth II (1953)
  • Décoration d’efficacité du Canada
  • Médaille canadienne de service volontaire

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