Willie Adams, OC, sénateur libéral, homme d’affaires et électricien inuit (né le 22 juin 1934 à Kuujjuaq [anciennement Fort Chimo], au Nunavik, dans la province du Québec). À titre de premier sénateur inuit au Canada, Willie Adams a sollicité le soutien du gouvernement fédéral pour répondre aux besoins de son peuple en matière de soins de santé, d’éducation, d’infrastructures, de revendications territoriales, d’allocations de pêche et d’accès abordable à la nourriture, au logement et à l’essence. Il s’est activement impliqué dans la création du Nunavut et a soutenu les droits langagiers, l’art et la culture et les méthodes de chasses traditionnelles des Inuit, notamment la chasse au phoque.
Premières années et contexte familial
Willie Adams naît à Fort Chimo (maintenant Kuujjuaq), plus gros village nordique du Nunavik, au Québec. Il a deux sœurs et sa mère, Lizzie Adams, est Inuite. Enfant, il étudie dans les écoles de mission anglicanes du nord du Québec.
Son père, un Terre-Neuvien non inuit nommé Nelson Adams, passe 5 années dans le Nord à titre de gestionnaire pour la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), de 1931-1936). À la fin de son mandat, il quitte la région sans savoir qu’il est père, et s’établit plus tard au Nouveau-Brunswick. Le jeune Willie Adams grandit donc sans père et présume même que ce dernier est mort, jusqu’à ce que les deux se rencontrent à Fredericton en 1997.
Carrière commerciale
Willie Adams est électricien et entrepreneur. Il fonde un certain nombre d’entreprises, dont Kudlik Electric Ltd., Kudlik Construction Ltd. Et Nanuq Inn à Rankin Inlet, et Polar Bear Cave Investments et Umingmak Expediting Ltd. à Ottawa.
Premières expériences en politique
Willie Adams préside le conseil de hameau de Rankin Inlet le temps de deux mandats. De 1970 à 1974, il siège également au conseil territorial des Territoires du Nord-Ouest, maintenant l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest (voir aussi Gouvernements territoriaux au Canada).
Carrière de sénateur: de 1977 à 2009
En 1977, le premier ministre Pierre Trudeau décide que les peuples inuits devraient être représentés par un sénateur inuit, et Willie Adams est interviewé comme candidat potentiel. L’électricien fait remarquer plus tard qu’il s’intéressait peu à ce poste jusqu’à ce qu’il apprenne que le salaire annuel d’un sénateur (alors d’environ 60 000$) était plus de quatre fois supérieur à celui qu’il gagnait.
Suivant les conseils du premier ministre Trudeau, le gouverneur général Jules Léger nomme Willie Adams sénateur libéral en avril 1977. Il devient aussi vice-président du Comité sénatorial spécial sur la sécurité des transports et membre de trois comités sénatoriaux permanents: transports et communications; énergie, environnement et ressources naturelles; et pêches et océans. Willie Adams est également membre d’office d’un groupe de travail sénatorial sur l’ Accord du lac Meech et il accompagne le groupe dans tout le Nord pour organiser des réunions publiques sur l’accord proposé.
Au Sénat, Willie Adams est un fervent défenseur des droits des Inuits. En 1995, il vote contre le projet de loi sur les armes à feu du Parti libéral parce qu’il entre en conflit avec la chasse de subsistance de son peuple. Il démissionne d’ailleurs du comité sénatorial sur les peuples autochtones à cause de sa position sur la question.
Willie Adams soutient férocement l’accord entourant les revendications territoriales du Nunavut et anime même une séance d’informations pour les sénateurs afin d’aborder certains enjeux connexes. Il s’implique activement dans la création du Nunavut comme territoire et, en 1999, il en devient le premier sénateur.
Tout au long de sa carrière, Willie Adams parle avec passion des défis et des possibilités découlant de l’exploration et de la mise en valeur des ressources minérales sur le territoire autochtone. À plusieurs reprises, il souligne les effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement sur les moyens d’existence et les traditions de son peuple. Il plaide également en faveur de politiques d’embauche qui incluent les peuples autochtones à tous les niveaux du gouvernement.
En 2009, Willie Adams contribue à une stratégie proposée aux ambassadeurs européens qui aboutit à la Déclaration universelle sur le prélèvement éthique du phoque. Cette année-là, il exhorte également les sénateurs à approuver une motion visant à améliorer et à protéger le statut spécial de la langue inuite dans l’adoption de la Loi sur les langues officielles par l’Assemblée législative du Nunavut.
À titre de sénateur, Willie Adams voyage beaucoup pour promouvoir la culture et l’art inuits. Dans le cadre d’inaugurations officielles d’expositions d’art, il multiple les discours sur l’histoire et la culture des Inuits. Il fait également don au Sénat d’une sculpture d’un inukshuk de l’artiste inuit Ernie Kadloo. La sculpture est exposée dans la salle du Comité des peuples autochtones de l’édifice du Centre du Parlement (elle est actuellement temporairement exposée à l’édifice du Sénat du Canada, parce que l’édifice du Centre est en rénovation).
En 2009, Willie Adams quitte son poste de sénateur, ayant atteint l’âge de retraite obligatoire de 75 ans. Au moment de sa retraite, il détient le record du plus long mandat comme sénateur.
LE SAVIEZ-VOUS?
Des années 1940 aux années 1980, le gouvernement fédéral identifiait les Inuits à l’aide d’étiquettes en métal numérotées. Le numéro d’étiquette associé à Willie Adams est E8-73. Le politicien est d’ailleurs mis en vedette, avec son étiquette, dans une exposition inuite à Ottawa. Créé par l’artiste inuit Barry Pottle, « The Awareness Series » a voyagé un peu partout au Canada, dont à la Felehey Fine Arts, une galerie d’art inuit à Toronto, en 2016 et à l’Art Gallery of Hamilton en 2017 et 2018.
Vie personnelle
Willie Adams est père de 10 enfants: Mary Jane, Jesse, Harry, David (décédé en septembre 1983), Jimmy, Christine, Willie, Lizzy, Victoria et Isaac. Son fils benjamin, Isaac, naît de son union avec Mary, qu’il épouse à la fin des années 1970. Le politicien a aujourd’hui de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Prix et distinctions
- Officier, Ordre du Canada (2023)