Yvon Durelle, surnommé « the Fighting Fisherman » (le pêcheur combattant), boxeur (né le 14 octobre 1929, à Baie‑Sainte‑Anne, au Nouveau‑Brunswick; décédé le 6 janvier 2007, à Moncton, au Nouveau‑Brunswick). Yvon Durelle était un boxeuracadien. Cogneur puissant, il a été champion du Canada, dans la catégorie poids moyens, en 1953, champion du Canada, dans la catégorie poids mi‑lourds, de 1953 à 1957, ainsi que champion de l’Empire britannique, dans la catégorie des poids mi‑lourds, en 1957. En 1958, il a acquis une renommée internationale pour un match légendaire, en 11 reprises, contre le champion du monde en titre Archie Moore, au Forum à Montréal. Au cours de sa carrière, il a remporté 88 victoires, dont 49 par KO, subi 24 défaites et fait 2 matchs nuls. Il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens, au Temple de la renommée sportive du Nouveau‑Brunswick, au Temple de la renommée sportive des Maritimes et à la Galerie de la renommée de la boxe canadienne. Il est décédé à 77 ans, après une bataille de plusieurs années contre la maladie de Parkinson.
Jeunesse et début de carrière
Yvon Durelle naît dans le village côtier acadien de Baie‑Sainte‑Anne, au Nouveau‑Brunswick. Le combat est profondément enraciné « dans l’ADN » de la famille Durelle. Enfant, Yvon participe à des bagarres de quartier, organisées par son père, Ernest, au grand désarroi de sa mère, Alida. Le garçon, qui fait partie d’une fratrie de 14 enfants, quitte l’école très jeune pour travailler sur des bateaux de pêche. Il affirme avoir commandé son premier navire à l’âge de 11 ans. Il suit les traces de son frère aîné, Ernie, qui est également boxeur professionnel, à l’échelon local.
Yvon Durelle commence à livrer des combats professionnels à l’âge de 14 ans. Il est doté d’un certain nombre de dons naturels en la matière, notamment la puissance de ses bras et sa capacité à envoyer un adversaire au tapis en un seul coup de poing : un jour il s’est vanté de pouvoir « arracher la tête d’un homme d’un uppercut »!
Champion du Canada des poids moyens
Yvon Durelle, qui mesure 5 pi 9 po (un peu plus de 175 cm), commence à livrer des combats de boxe professionnels, un peu partout au Nouveau‑Brunswick, alors qu’il est âgé d’à peine 17 ou 18 ans. Son premier combat qui a lieu à Chatham, lui rapporte 8 $ après une victoire par KO.
Yvon Durelle gravit les échelons de la catégorie des poids moyens. Le 2 mai 1953, il combat pour le titre de champion du Canada dans cette catégorie, au Glace Bay Forum, à Glace Bay, en Nouvelle‑Écosse. Il l’emporte sur son adversaire, George Ross, par KO technique.
Champion du Canada dans la catégorie des poids mi‑lourds
Après sept victoires consécutives, en tant que détenteur du titre de champion du Canada des poids moyens, Yvon Durelle passe dans la catégorie de poids supérieure, en vue d’affronter Gordon Wallace, pour le titre vacant de champion du Canada dans la catégorie des poids mi‑lourds, le 7 septembre 1953. Il remporte ce combat à l’unanimité des juges. Un mois à peine plus tard, il défend son titre, contre le même adversaire, lors d’un combat revanche, dont il sort une nouvelle fois vainqueur.
Le 15 février 1954, Yvon Durelle prend part à son premier combat à l’extérieur du Canada. Il affronte Floyd Patterson, un boxeur de 19 ans, à Brooklyn, à New York, aux États‑Unis. Son adversaire, médaillé d’or aux Jeux olympiques, vainqueur des Golden Gloves et futur champion dans la catégorie des poids lourds, remporte la victoire face au boxeur canadien, étendant ainsi sa fiche chez les professionnels à 10 victoires pour 0 défaite. Face à l’Américain, qui mesure 6 pi (180 cm), le natif de Baie‑Sainte‑Anne résiste pendant la totalité des huit reprises, bien qu’il s’en soit fallu de peu pour que son adversaire ne l’envoie au tapis lors de la dernière reprise. Cet épisode ne fait que renforcer la réputation de combattant courageux et coriace du Canadien.
Champion de l’Empire britannique dans la catégorie des poids mi‑lourds
Dans les années qui suivent, Yvon Durelle poursuit sa progression au classement des boxeurs professionnels. Le 22 avril 1957, une victoire aux points, à l’issue d’un combat en 10 reprises, contre Angelo DeFendis, à New York, contribue à le propulser dans les 10 premiers du classement mondial des poids mi‑lourds. Un mois plus tard, à Moncton, au Nouveau‑Brunswick, il remporte le Championnat de l’Empire britannique (Commonwealth) dans cette même catégorie.
Le 14 juin 1957, Yvon Durelle affronte le candidat au titre mondial le mieux classé, Tony Anthony, à l’Olympia Stadium de Detroit, dans le Michigan, aux États‑Unis. Le combat se termine par un match nul, mais la performance du boxeur canadien lui permet de grimper à la 3e place du classement mondial. Deux victoires, tout d’abord sur le champion ouest‑allemand Willi Besmanoff, puis contre le poids mi‑lourd de grand talent Clarence Hinnant, au Madison Square Garden, à New York, en 1958, lui ouvrent les portes de sa première tentative de conquête du titre mondial.
Premier combat contre Archie Moore
Le 10 décembre 1958, au Forum de Montréal, Yvon Durelle, 29 ans, affronte l’Américain Archie Moore, le champion du monde en titre dans la catégorie des poids mi‑lourds, alors âgé de 44 ans. Avant le combat, malgré la différence d’âge, le Canadien n’est pas favori. Son adversaire, stratège accompli à la mâchoire d’acier que beaucoup considèrent comme le meilleur poids mi‑lourd de l’histoire, est donné gagnant à 3 contre 1. Le journal local, la Montreal Gazette, écrit à l’époque : « Quand les gens voient le nom d’Yvon Durelle à côté de celui d’Archie Moore, ils ne peuvent s’empêcher de ricaner. »
Cependant, il ne faudra pas longtemps à Yvon Durelle pour réfuter les sceptiques. Une foule stupéfaite, de plus de 8 000 personnes, ainsi que le public qui suit le combat à la télévision nationale, aux États‑Unis, voit le boxeur acadien frapper son adversaire d’un coup de poing descendant du droit surpuissant qui l’envoie au tapis, dès le début du combat. En 1989, Archie Moore se souvient de ce combat, qu’il raconte, en ces termes, pour un « profil » du magazine Sports Illustrated : « J’ai été impressionné par la puissance de frappe de ce gars. On disait de Rocky Marciano qu’il pouvait démolir un mur à mains nues, et c’était vrai, mais il avait besoin de multiplier les coups; lui, un seul coup de poing lui suffisait! »
À la cinquième reprise, Yvon Durelle envoie son adversaire au tapis une fois de plus, mais le champion répond, à la sixième reprise, en faisant saigner le nez du boxeur acadien, avant de l’envoyer au sol, à son tour, à la septième. Le journaliste emblématique, spécialiste de la boxe, Bert Sugar a écrit, en évoquant ce moment fatidique : « C’est alors que le 12e coup de minuit a retenti dans le conte de fées de Durelle‑Cendrillon… » La fatigue fait son effet et les coups du Canadien, totalement désynchronisés, ne portent plus, le vétéran américain en profitant pour prendre le contrôle du combat et mettre définitivement KO son adversaire, à la 11e reprise. Malgré la défaite, la prestation du boxeur de Baie‑Sainte‑Anne fait l’admiration des partisans de tout le continent. La Presse canadienne désigne ce combat comme l’événement sportif de l’année.
Catastrophe d’Escuminac
Environ six mois plus tard, dans la nuit du 19 au 20 juin 1959, 35 pêcheurs de la ville natale d’Yvon Durelle, Baie‑Sainte‑Anne, meurent noyés, emportés par un tsunami provoqué par la marée, avec des vagues atteignant 49 pi (soit près de 15 m). Cette tragédie, connue sous le nom de catastrophe d’Escuminac, est l’un des épisodes les plus meurtriers jamais enregistrés au Nouveau‑Brunswick dans le secteur de la pêche. (Voir Tragédies marines.) Le boxeur, natif du lieu, perd de nombreux amis et de multiples connaissances dans cette catastrophe, la communauté au sein de laquelle il a grandi étant durement frappée.
Deuxième combat contre Archie Moore
Le 12 août 1959, Yvon Durelle et Archie Moore se rencontrent à nouveau, au Forum de Montréal, pour un match revanche très attendu. Toutefois, avant le combat, le boxeur du Nouveau‑Brunswick se blesse au dos dans un accident de bateau, ne tenant que trois reprises, avant de perdre par KO technique. On pense que la catastrophe d’Escuminac a eu un tel impact émotionnel, sur le boxeur de Baie‑Sainte‑Anne, qu’il ne s’est même pas correctement entraîné pour ce combat.
En novembre, Yvon Durelle affronte George Chuvalo, aux Maple Leaf Gardens, à Toronto, pour le titre de champion du Canada des poids lourds, perdant ce combat par KO à la 12e reprise. Après deux autres combats l’année suivante, le natif de Baie‑Sainte‑Anne raccroche les gants jusqu’en 1963, date à laquelle il dispute trois autres combats, avant de prendre sa retraite officielle de boxeur. Sa fiche en carrière est de 88 victoires, dont 49 par KO, de 24 défaites et de 2 matchs nuls.
Vie et carrière après la boxe
Immédiatement après sa carrière de boxeur, Yvon Durelle participe à des combats de lutte professionnelle, chez lui, au Canada atlantique, et lors du célèbre Stampede Wrestling, organisé par Stu Hart, à Calgary, en Alberta.
Après sa retraite sportive, Yvon Durelle s’installe à Baie‑Sainte‑Anne, avec sa femme Thérèse, à laquelle il est marié de longue date (1951). Bien qu’il ait gagné correctement sa vie durant certaines périodes de sa carrière (notamment des gains présumés de 26 000 $ et de 60 000 $ pour ses deux combats contre Archie Moore), il connaît des difficultés financières. Jusqu’en 1974, il travaille dans le secteur de la sylviculture, réussissant, cette année‑là, à obtenir un prêt pour ouvrir un bar, le Fisherman’s Club, à Baie‑Sainte‑Anne.
En avril 1977, Yvon Durelle tue, sur le stationnement du bar, l’un des clients âgé de 32 ans. Il affirme que l’homme l’avait menacé, lui et sa famille, et avait tenté de l’écraser avec son véhicule. Un jury l’acquitte d’une accusation de meurtre non qualifié. Le printemps suivant, l’ancien boxeur vend son bar.
Yvon Durelle décède dans un hôpital de Moncton, le 6 janvier 2007, à l’âge de 77 ans, après avoir lutté contre la maladie de Parkinson pendant plusieurs années.
Distinctions et récompenses
Temple de la renommée sportive du Nouveau‑Brunswick (1971)
Panthéon des sports canadien (1975)
Galerie de la renommée de la boxe canadienne (1989)
Temple de la renommée sportive des Maritimes (2015)