À nous le podium est une organisation à but non lucratif qui aide les organismes sportifs nationaux au Canada dans leurs stratégies d’investissement et de formation. Installé à Ottawa et à Calgary, ce programme offre une aide financière aux athlètes et aux entraîneurs canadiens de haut niveau, leur permettant ainsi de concourir, dans les meilleures conditions possibles, aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques, l’objectif étant, autant que faire se peut, de décrocher une médaille, c’est‑à‑dire de monter sur le podium. Cette initiative est lancée, en 2005, en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2010 de Vancouver. À nous le podium est financée par le gouvernement du Canada, par le Comité olympique canadien, par le Comité paralympique canadien et par la Fondation olympique canadienne.
Contexte
Pendant la majeure partie du 20e siècle, le Canada ne remporte que des succès sporadiques dans les compétitions sportives internationales. Occasionnellement, des personnalités émergent comme figures marquantes de leur sport, comme la patineuse artistique Barbara Ann Scott, le sprinteur Harry Jérôme, la skieuse alpine Nancy Greene et le patineur de vitesse Gaétan Boucher. Mais les résultats du Canada sont très rarement suffisants pour que le pays décroche un classement enviable au palmarès du nombre global de médailles. Le Canada n’a, par exemple, remporté que 41 médailles, aux Jeux olympiques d’hiver, entre 1936 et 1992, soit pendant une période de 56 ans, les athlètes canadiens ne décrochant que 38 médailles, aux Jeux olympiques d’été, au cours des 32 années entre 1948 et 1980.
Les résultats d’Équipe Canada aux deux premiers Jeux olympiques tenus au Canada (les Jeux olympiques d’été de 1976, à Montréal et les Jeux olympiques d’hiver de 1988, à Calgary) sont plutôt médiocres. Aux Jeux olympiques de 1976, à Montréal, le Canada devient le premier pays hôte à ne pas remporter de médaille d’or, un triste record dont il est toujours le seul détenteur à ce jour. À Calgary, en 1988, Équipe Canada remporte cinq médailles, mais, comme à Montréal, aucune en or, le Canada remportant toutefois des médailles d’or en curling, en ski acrobatique et en patinage de vitesse sur piste courte, des épreuves non officielles en démonstration.
Après avoir accueilli les Jeux olympiques d’été et d’hiver, le Canada dispose des ressources et des installations pour permettre à ses athlètes de s’entraîner. Un plan de circonstance ciblé, visant à aider toutes les organisations sportives nationales, partout au pays, fait cependant toujours défaut.
Création
À nous le podium est créée en 2005, soit deux ans après l’attribution des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010, à Vancouver. La fiche descriptive originale d’À nous le podium indique qu’il s’agit d’une « nouvelle initiative technique sportive nationale conçue pour aider les sports d’hiver canadiens à remporter le plus grand nombre de médailles aux Jeux olympiques d’hiver de 2010, à Vancouver, et à se classer parmi les trois premières nations, au nombre de médailles d’or, aux Jeux paralympiques d’hiver 2010 ».
La patineuse de vitesse olympique Cathy Priestner Allinger, qui avait remporté une médaille d’argent pour le Canada, au 500 m en patinage de vitesse féminin aux Jeux olympiques d’hiver de 1976, à Innsbruck, et son mari Todd Allinger jouent un rôle déterminant dans la création du cadre d’origine d’À nous le podium, en 2004.
L’objectif de l’initiative À nous le podium est au départ de cibler les sports dans lesquels le Canada a les chances les plus importantes de décrocher des médailles. Des sports olympiques comme le ski, le patinage de vitesse et le surf des neiges profitent de ce programme dans une bien plus large mesure que le saut à ski, le biathlon et le combiné nordique.
Un programme appelé « Top Secret » est également créé par À nous le podium, en vue d’aider les athlètes sur un plan technologique et scientifique; en effet, pour réussir, il est indispensable que les sportifs canadiens disposent des équipements les plus performants. Par ailleurs, ils reçoivent également, dans le cadre de ce programme, un soutien psychologique destiné à les aider, sur le plan mental, à maximiser leurs performances. Outre les dépenses ciblées, des efforts sont également déployés pour réduire l’importance de la bureaucratie et pour responsabiliser davantage les athlètes et les entraîneurs.
Au total, 120 millions de dollars sont dépensés pour aider les athlètes canadiens de haut niveau, entre 2005 et 2010. Le Comité olympique canadien va plus loin, pour apporter sa contribution aux efforts d’À nous le podium, en collectant des fonds supplémentaires par le biais de tournois de golf, de ventes aux enchères et de soupers de bienfaisance. Des chefs canadiens d’élite s’affrontent même, dans le cadre d’un programme pancanadien appelé « Des chefs en or », dont les profits sont versés à À nous le podium.
Jeux olympiques d’hiver de 2010
Le Canada remporte 26 médailles, se classant troisième à ce chapitre, lors des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver. Mieux encore, ses 14 médailles d’or constituent un record en la matière pour un seul pays lors de jeux olympiques d’hiver. (L’Allemagne et la Norvège ont depuis toutes deux égalé ce record aux Jeux de 2018, à Pyeongchang.)
La composante d’approche ciblée d’À nous le podium a effectivement bien fonctionné : Équipe Canada décroche ainsi, à Vancouver, cinq médailles en patinage de vitesse sur courte piste et en patinage de vitesse sur longue piste et trois médailles en ski acrobatique, en bobsleigh et en surf des neiges, soit un total de 19 médailles dans ces sports particulièrement visés par le programme. Le Canada remporte également deux médailles dans chacun des deux sports où il est traditionnellement le plus dominant, à savoir le hockey et le curling.
Aux Jeux paralympiques d’hiver de 2010, le Canada termine à la troisième place, derrière l’Allemagne et la Russie pour les médailles d’or (10) et pour le total des médailles (19). La skieuse alpine Lauren Woolstencroft et le skieur de fond Brian McKeever s’approprient, à eux deux, un total de huit médailles d’or.
Jeux olympiques d’hiver postérieurs à ceux de Vancouver
Le succès de l’approche ciblée se poursuit aux Jeux olympiques d’hiver de 2014, à Sotchi, et aux Jeux olympiques d’hiver de 2018, à Pyeongchang. À Sotchi, Équipe Canada accroît sa moisson, avec 25 médailles, dont 9 en ski acrobatique. À Pyeongchang, le Canada fait encore mieux, décrochant 29 médailles, dont 7 en ski acrobatique et 5 en patinage de vitesse sur courte piste, soit le plus grand nombre jamais remporté lors d’une seule compétition olympique d’hiver. De 2010 à 2018, À nous le podium distribue un total de 210 millions de dollars de financement, uniquement pour préparer les Jeux d’hiver de 2010, de 2014 et de 2018.
Vers l’excellence
Conjointement avec le programme olympique d’hiver, une initiative similaire appelée Vers l’excellence est créée en 2006 pour les sports d’été. Le nageur Alex Baumann, qui avait remporté deux médailles d’or olympiques en 1984, en est nommé directeur général. Ce programme a pour objectif que le Canada se classe parmi les 16 premières nations, aux Jeux olympiques de 2008, à Beijing; parmi les 12 premières, aux Jeux olympiques de 2012, à Londres; et parmi les 5 premières, aux Jeux paralympiques de Beijing et de Londres.
Aux Jeux olympiques d’été de 2008, à Beijing, Équipe Canada remporte 20 médailles et termine au 15e rang de ce palmarès, reproduisant ce résultat aux Jeux olympiques de 2012, à Londres, mais terminant, toutefois, en dehors des 12 meilleures nations, à la 14e place.
Aux Jeux paralympiques de 2008, à Pékin, le Canada décroche 50 médailles et termine 7e, au classement général, avec, en vedette, la nageuse Valérie Grand’Maison qui remporte 6 médailles et la coureuse en fauteuil roulant Chantal Petitclerc qui met la main sur 5 médailles d’or. Aux Jeux paralympiques de 2012, à Londres, le Canada remporte 31 médailles et termine 20e, au classement des médailles.
Pour les Jeux olympiques de 2016, à Rio de Janeiro, l’appellation Vers l’excellence est retirée, ce programme étant entièrement absorbé par À nous le podium. Le Canada remporte 22 médailles à cette occasion, terminant 10e, au classement général.
Critiques
Certains ont soutenu qu’À nous le podium accordait trop d’importance aux athlètes de haut niveau, estimant qu’il fallait consacrer des sommes plus conséquentes aux programmes locaux et aux sports dans lesquels le Canada ne rencontrait pas traditionnellement de succès importants. La directrice générale d’À nous le podium, Anne Merklinger, a déclaré : « Gagner des médailles est important pour le Canada »; toutefois, en dépit de cet objectif annoncé, Ed Willes, journaliste à The Province, s’est demandé jusqu’à quel point les Canadiennes et les Canadiens accordaient réellement de l’importance aux médailles remportées par Équipe Canada.
Voir également : Le Canada aux Jeux olympiques d’hiver; Le Canada aux Jeux olympiques d’été; Comité olympique canadien; Les Canadiennes aux Jeux olympiques d’hiver.