Cet article provient de notre série « Toronto Feature ». Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.
Ce contenu fait partie d'une série créée en collaboration avec les services au musée de la Ville de Toronto et Heritage Toronto. Nous remercions le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l'Ontario et le ministère du Patrimoine canadien pour leur financement.

« Les imprimeurs réclament une journée de travail de neuf heures »
Réduire leur journée de travail d’une heure. C’est tout ce que les imprimeurs de Toronto veulent obtenir lorsque le Toronto Typographical Union (syndicat des typographes de Toronto) réclame une journée de travail de neuf heures aux maisons d’édition de la ville. Après que les employeurs ont refusé de satisfaire à leur demande, les imprimeurs se mettent en grève le 25 mars 1872. Les éditeurs continuent leurs activités en embauchant des remplaçants, la plupart recrutés dans la campagne ontarienne (« country mice » [les souris de campagne], comme les journalistes du côté des syndicats se plaisent alors à les appeler), mais les grévistes obtiennent la sympathie des autres ouvriers de la ville. Résultat : une foule de 10 000 sympathisants se rassemble lors d’une manifestation organisée au parc Queen’s, le 15 avril 1872.
Mais rien ne semble faire fléchir le principal opposant des grévistes, George Brown, l’éditeur du Globe. Il lance immédiatement des poursuites qui se soldent le lendemain par l’arrestation, au motif de conspiration criminelle, des personnes siégeant au comité de grève. Tout aussi choquant que cela ait pu paraître à l’époque, selon la loi canadienne, l’activité des syndicats est illégale.
Alors que George Brown justifie ses poursuites en expliquant que les éditeurs doivent conserver le contrôle de leur entreprise, une foule en colère se rassemble pour le dénoncer après les arrestations. Discernant une possibilité d’embarrasser son rival politique, le premier ministre John A. Macdonald introduit le 18 avril 1872 la Loi des syndicats ouvriers qui légalise et protège les syndicats.
La grève de Toronto a échoué à court terme, mais le mouvement dans son ensemble, le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures, va parvenir à imposer une journée de neuf heures comme nouvelle norme et provoquer des célébrations de la part des travailleurs qui donneront naissance à la fête du Travail. Les imprimeurs de Toronto furent les pionniers de la semaine de travail plus courte. Le mouvement n’atteindra New York et Chicago qu’à partir du tournant du siècle.