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Aaju Peter

Aaju Peter, C.M., avocate, activiste, traductrice, éducatrice, créatrice de vêtements, musicienne (née le 4 janvier 1960 à Arkisserniaq au Groenland). Aaju Peter travaille à préserver la langue et la culture inuites et à promouvoir les droits des Inuits au Canada et au Groenland (voir aussi Inuktitut). Aaju Peter a voyagé dans le monde entier pour sensibiliser les gens aux enjeux auxquels les communautés inuites font face. Elle se porte notamment à la défense de la chasse au phoque : une importante source de nourriture, de vêtements, de revenus, et un élément essentiel de la culture inuite.

Aaju Peter

Jeunesse

Aaju Peter naît dans une famille inuite à Arkisserniaq au Groenland. Sa famille déménage souvent étant donné le fait que son père est pasteur et enseignant et qu’il est affecté dans différentes communautés de la côte ouest du Groenland. Lorsqu’elle a 11 ans, ses parents l’envoient à l’école au Danemark. Durant les sept années qu’elle fréquente cette école, elle vit avec différentes familles blanches et est immergée dans la culture danoise.

Aaju Peter est douée pour les langues; elle apprend le danois, l’anglais, l’allemand, le français et le latin. Toutefois, lorsqu’elle retourne au Groenland à 18 ans, elle a pratiquement perdu sa propre langue maternelle, le kalallisut. Elle est ridiculisée et humiliée pour avoir perdu sa langue et sa culture.

Un après son retour à la maison. Aaju Peter assiste à une réunion du Conseil circumpolaire inuit. Le conseil représente les Inuits du Groenland, du Canada, de l’Alaska et de Tchoukotka dans le nord de la Russie. La réunion a un profond impact sur Aaju Peter. Elle réalise qu’elle ne connaît pas sa propre culture et elle est profondément inspirée à apprendre.

Embrasser sa culture

En 1981, Aaju Peter épouse un Inuk du Canada. Ils déménagent à Frobisher Bay (maintenant Iqaluit au Nunavut) dans l’Arctique canadien. Comme elle vit avec les parents de son mari, elle a l’occasion de renouer avec la culture inuite. Elle se concentre sur l’apprentissage des histoires, des traditions, de la langue, des valeurs et de la culture inuites (voir aussi Histoires traditionnelles inuites). Aaju Peter en vient à parler couramment l’anglais et l’inuktitut et elle travaille comme traductrice. Elle s’implique dans sa communauté en travaillant avec des organismes culturels et des groupes de femmes. Elle contribue également à l’établissement d’un refuge pour femmes et d’une banque alimentaire.

Dans les années 1980, Aaju Peter commence à confectionner des vêtements pour ses cinq enfants et elle découvre qu’elle a un talent. Elle se lance dans une entreprise à domicile de création de vêtements qui combinent la tradition inuite et le style contemporain tout en incorporant de la peau de phoque. Sa version innovatrice des amautiit (parkas), des vestes, des sacs à main et des cravates en peau de phoque attire l’attention. Elle crée un manteau de peau de phoque pour l’ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson. Ses créations vestimentaires sont présentées à l’échelle internationale. Aaju Peter est également l’une des créatrices présentées lors du symposium Vestnorden Arts and Crafts à Reykjavik en Islande, en 2004.

À la défense des droits culturels

Dans les années 1990, Aaju Peter entreprend des études inuites au Collège de l’Arctique du Nunavut à Iqaluit. En 2001, elle s’inscrit au programme de quatre ans de la Akitsiraq Law School au collège qui est affilié à l’Université de Victoria. Aaju Peter obtient son baccalauréat en droit en 2005. Elle fait son stage chez Nelligan, O’Brien and Payne, un cabinet d’avocats d’Ottawa, et elle est admise au barreau en 2007.

Le fait qu’elle soit avocate donne à Aaju Peter une base juridique solide pour défendre les droits des communautés inuites, en particulier le droit de chasser le phoque dans le cadre de leur développement socio-économique (voir Chasse au phoque). En 2007, elle se rend à La Haye aux Pays-Bas pour protester contre la législation interdisant la peau de phoque et les produits en peau de phoque. En 2009, elle s’adresse au Parlement européen à Strasbourg en France, avant que l’interdiction de l’importation de produits à base de phoque y soit adoptée.

En 2015, Aaju Peter fait partie d’une délégation qui se présente devant le Parlement européen pour défendre le droit de la communauté inuite à chasser le phoque. Toutefois, l’interdiction n’est pas abrogée, mais elle est mise à jour pour exempter « les Inuits et les autres communautés autochtones ». Elle continue de prendre la parole lors de conférences partout dans le monde pour promouvoir la chasse au phoque et les questions de durabilité et de ressources qui ont un impact sur les modes de vie traditionnels des Inuits. Aaaju Peter est présentée dans le documentaire Angry Inuk (v.f. Inuk en colère) de 2016 pour son travail sur la chasse au phoque et les droits des Inuits.

Aaju Peter prend également la parole lors de conférences sur le droit coutumier inuit, qu’elle apprend auprès des Aînés, et sur la façon dont il diffère du droit occidental. Paaju Peter est conseillère culturelle et chargée de cours du programme de droit du Nunavut à l’Université de la Saskatchewan.

Elle voyage dans les communautés à travers l’Arctique canadien et le Groenland, travaillant comme éducatrice culturelle dans l’industrie touristique de l’Arctique. Elle fait des cérémonies d’allumage de lampes, elle interprète des chants traditionnels inuits et elle partage ses connaissances de la culture inuite. Aaju Peter lance un album de chansons inuites et de classiques groenlandais.

En 2001, Aaaju Peter est intronisée en tant que membre de l’Ordre du Canada par le gouverneur général David Johnson pour son travail de préservation et de promotion des pratiques et de la culture inuites.

Films documentaires

En 2011, Aaju Peter figure dans le film Tunniit : Retracing the Lines of Inuit Tattoos, réalisé par Alethea Arnaquq-Baril. Le documentaire suit la réalisatrice dans ses recherches sur les tatouages traditionnels des femmes inuites. Aaju Peter et Alethea Arnaquq-Baril reçoivent toutes deux des tunniit (tatouages) durant le tournage du film.

Aaju Peter est également présente dans le documentaire Arctic Defenders, réalisé par John Walker en 2013. En 2016, elle figure dans Angry Inuk (v.f. Inuk en colère) réalisé par Alethea Arnaquq-Baril. Dans ce documentaire, Aaju Peter et d’autres personnes s’efforcent de sensibiliser la population à l’impact négatif de la position anti-chasse au phoque de l’Amérique du Nord et de l’Union européenne, et de l’interdiction des peaux de phoque sur le mode de vie des Inuits.

Le documentaire Twice Colonized (2023), réalisé par Lin Alluna, suit Aaju Peter alors qu’elle tente d’établir un forum autochtone au sein de l’Union européenne. Le film jette un regard sur le traumatisme social et culturel causé par la colonisation (voir Colonialisme au Canada). Aaju Peter est scénariste et productrice exécutive du film. Dans ce documentaire, elle déclare : « Je suis née au Groenland et j’ai été colonisée par les Danois. J’ai ensuite déménagé dans l’Arctique canadien, et j’ai été colonisée par le sud du Canada. » En 2024, Twice Colonized a remporté le prix du meilleur long métrage documentaire aux prix Écrans canadiens.