En 2001, Robert Pickton a été accusé du meurtre de 26 femmes qu’il a tuées à sa ferme porcine de Port Coquitlam en Colombie-Britannique. Il a été reconnu coupable de six chefs d’accusation et a été condamné à la prison à vie. Robert Pickton a affirmé avoir tué 49 femmes. Son affaire a constitué la plus grande enquête sur un tueur en série de l’histoire du Canada. Il a également marqué un point charnière dans la problématique plus vaste des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. En 2012, une enquête gouvernementale a révélé que les « échecs flagrants » de la police avaient conduit à une « tragédie aux proportions épiques ».
Cet article comporte des éléments difficiles qui peuvent ne pas convenir à tous les publics.
(Cet article est un résumé en langage simple sur Robert Pickton. Si vous souhaitez approfondir le sujet, veuillez consulter notre article intégral, intitulé Affaire Ribert Pickton.)
Pickton
Robert William « Willie » Robert Pickton naît en 1949. Il grandit sur la ferme porcine familiale à Port Coquitlam en Colombie-Britannique. Robert Pickton gère une petite exploitation d’élevage. Il est socialement maladroit et il est reconnu pour son comportement étrange. Il vit seul dans une caravane sur la ferme.
En 1996, Robert Pickton et son frère créent un organisme caritatif enregistré. L’organisme s’appelle Piggy’s Palace Good Times Society. Il organise des fêtes pour recueillir des fonds pour les groupes dans le besoin. Près de 1700 personnes assistent à ces fêtes. Parmi ces personnes se trouvent des motards et des prostituées du quartier Downtown Eastside. Les voisins se plaignent de la consommation de drogues et du bruit. En 2000, la ville de Port Coquitlam ferme le Piggy’s Palace.
Disparitions dans le quartier Downtown Eastside
Le quartier Downtown Eastside de Vancouver est reconnu pour ses taux élevés de pauvreté, d’itinérance, de consommation de drogue et de prostitution. Robert Pickton connaît bien le quartier Downtown Eastside. C’est là qu’il se débarrasse de restes d’animaux dans une usine d’équarrissage. Il se promène souvent en voiture le long du pâté de dix immeubles appelé Low Track. Il offre aux femmes de l’argent et de la drogue. Il ramène souvent des femmes à sa ferme.
Entre 1978 et 2001, au moins 65 femmes sont portées disparues dans le quartier Downtown Eastside. De nombreuses personnes de la région se sont éloignées de leur famille alors ces disparitions passent souvent inaperçues.
Sur les 26 disparitions officiellement liées à Robert Pickton, une a lieu en 1995; une a lieu en 1996; six en 1997; quatre en 1998; cinq en 1999; deux en 2000; et sept en 2001. De nombreuses femmes disparues ne sont pas officiellement reliées à Robert Pickton en raison de faute de preuves.
Au fil des années, le taux de disparitions augmente. Les rumeurs d’un tueur en série commencent à se répandre. Les travailleuses du sexe commencent à parcourir la Low Track en groupes; elles notent les numéros de plaque d’immatriculation des voitures qui viennent chercher les femmes. Mais les disparitions se poursuivent.
La police de Vancouver refuse d’affirmer qu’un tueur en série est à l’œuvre. On ne trouve pas de corps et une enquête mettrait les ressources de la police à rude épreuve. De nombreuses personnes se plaignent de la négligence de la police. Le Vancouver Sun accuse la police de ne pas poursuivre les crimes qui sont commis contre les travailleuses du sexe.
Un grand nombre des femmes disparues sont également autochtones. L’affaire Robert Pickton attire l’attention du public sur la question plus vaste des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Une enquête fédérale sur la question débute en 2016.
Occasions manquées
Le 22 mars 1997, une femme que Robert Pickton emmène sur sa ferme lutte lorsqu’il tente de la menotter. Robert Pickton est arrêté et accusé de tentative de meurtre, d’agression armée et de séquestration. Mais les charges sont annulées. La femme n’est pas considérée comme un témoin valable en raison de sa toxicomanie. Robert Pickton affirme qu’elle est une auto-stoppeuse qui s’en est prise à lui.
Au printemps 1999, un informateur déclare à la police de Vancouver qu’une amie, Lynn Ellingsen, a vu le corps d’une femme pendu à la ferme de Robert Pickton. Lynn Ellingsen est interrogée par la police et elle nie cette histoire. Bien plus tard, elle avoue avoir effectivement vu le corps. Elle ne l’a pas signalé parce qu’elle avait peur de Robert Pickton et elle dépendait de lui pour ses drogues.
Au début de 1999, Bill Hiscox informe la GRC qu’une amie de Robert Pickton a dit à Bill Hiscox avoir vu des vêtements, des sacs à main et des papiers d’identité de femmes à la ferme porcine. C’est la deuxième fois que Bill Hiscox, qui travaille pour la famille Pickton, contacte la police. Mais la police n’arrive pas à obtenir de mandat de perquisition sur la base de rumeurs. La police exige un rapport d’un témoin oculaire ou des preuves matérielles.
Arrestation
En février 2002, un ancien chauffeur de camion de la famille Pickton déclare à la GRC qu’il a vu des armes à feu illégales au domaine de la famille Pickton. La police obtient un mandat de perquisition. Le 5 février, des policiers perquisitionnent la ferme porcine. Ils trouvent plusieurs armes illégales et non enregistrées. Ils trouvent également des objets qui permettent de relier les femmes disparues à la propriété. Ils trouvent des vêtements et des chaussures pour femmes, des bijoux et ils trouvent un inhalateur pour l’asthme prescrit à Sereena Abotsway, une femme disparue. Le sang d’une autre femme, Mona Wilson, est retrouvé dans un camping-car à la ferme. Le 22 février 2002, Robert Pickton est de nouveau arrêté et il est inculpé de deux chefs de meurtre. Au total, 26 accusations de meurtre sont portées contre lui.
Alors que Robert Pickton est détenu en prison à Surrey, il partage une cellule avec un policier infiltré de la GRC. Robert Pickton croit que ce policier est un autre détenu. Robert Pickton déclare au policier infiltré qu’il a assassiné 49 femmes et qu’il voulait en tuer 50.
Entre-temps, la ferme porcine devient la plus grande scène de crime de l’histoire du Canada. La police prélève 200 000 échantillons d’ADN. Des équipements lourds sont utilisés pour passer au crible 383 000 mètres cubes de sol à la recherche de restes humains. Le coût s’élève à près de 70 millions de dollars.
Procès et emprisonnement
Le procès de Robert Pickton pour les six premières accusations commence le 22 janvier 2007. Le 9 décembre 2007, il est reconnu coupable par un jury de six chefs d’accusation de meurtre au deuxième degré. Il est condamné à la prison à vie. Il n’a aucune chance de libération conditionnelle avant 25 ans.
Robert Pickton affirme avoir tué 49 femmes. Mais il n’est accusé des meurtres que de 26 d’entre elles, qui ont été identifiées grâce aux preuves trouvées à la ferme. Les procureurs de la Couronne envisagent de juger Robert Pickton pour les 20 autres chefs d’accusation. Mais ils décident ensuite de ne pas le faire, car la punition infligée à Robert Pickton est déjà la peine plus lourde possible.
Enquête
En 2010, une enquête du gouvernement de la Colombie-Britannique commence. Son objectif est d’examiner la manière dont l’affaire Robert Pickton a été traitée par les autorités. L’enquête publie son rapport final, intitulé Forsaken, en décembre 2012. Le rapport indique que les « échecs flagrants » de la police ont mené à une « tragédie aux proportions épiques ». Ces échecs incluent un travail d’enquête incompétent, ainsi que des préjugés contre les travailleuses du sexe et les femmes autochtones.
L’enquête émet 63 recommandations. Parmi ces recommandations figurent la création d’une force policière du Grand Vancouver afin d’unifier la coopération policière, un financement adéquat des centres de refuges d’urgence, et une indemnisation pour les enfants des femmes disparues.
Le service de police de Vancouver apporte de nombreux changements à la façon dont il recherche les personnes disparues. L’unité des personnes disparues fait désormais partie intégrante du service de police; les enquêtes sont lancées sans délai, les membres de la famille sont informés et consultés avant la divulgation d’informations, et le dossier reste ouvert jusqu’à ce que la personne disparue soit retrouvée.
Décès
Le 19 mai 2024, Robert Pickton est attaqué dans une prison à sécurité maximale au Québec. Un codétenu de 51 ans poignarde Robert Pickton à la tête avec un balai cassé ou quelque chose de semblable à un manche à balai. Robert Pickton, âgé de 74 ans, est plongé dans un coma artificiel. Il meurt le 31 mai.
Voir aussi Route des larmes; Marche commémorative des femmes.