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Alissa York

Alissa York, écrivaine, professeure (née en 1970 à Athabasca, en Alberta). Alissa York étudie la littérature anglaise à Université McGill. Bien que son amour des animaux l’amène tout d’abord à envisager de consacrer sa vie à la zoologie ou à la biologie, ses affinités avec le monde des arts la conduisent à une carrière d’écrivaine.

Alissa York, écrivaine, professeure (née en 1970 à Athabasca, en Alberta). Alissa York étudie la littérature anglaise à Université McGill. Bien que son amour des animaux l’amène tout d’abord à envisager de consacrer sa vie à la zoologie ou à la biologie, ses affinités avec le monde des arts la conduisent à une carrière d’écrivaine. Sa passion ne la quitte cependant pas et ses ouvrages sont imprégnés du thème des relations que l’humanité entretient avec les autres êtres vivants qui peuplent le monde naturel.

Le premier recueil de nouvelles d’Alissa York, Any Given Power,paru en 1999, remporte le prixMary Scorer du Manitoba et est retenu dans la liste finale pour le prix Gleed Danuta. Dans ses histoires, elle porte un regard d’entomologiste sur la façon dont les gens survivent au sein de l’univers dans lequel ils sont plongés. Son langage au scalpel expose en pleine lumière les vulnérabilités de l’être humain, recourant à des descriptions qui fouillent au plus profond du cœur de ses personnages pour révéler leur ressenti intime face à leur existence. Dans Clues, la jeune Paula se lie d’amitié avec Tonya, dont la famille se débat aux limites de la pauvreté. Paula décrit ainsi son amie : « À chaque fois qu’elle venait chez nous, Tonya regardait maman avec un regard de faucon. Comme une pauvre môme qui, à l’école, ne peut quitter votre sandwich des yeux, peu importe qu’il ne soit rempli que d’un peu de mortadelle ou de confiture. » Alissa York remporte, en 1999, le prix Journey pour son recueil The Back of the Bear's Mouth; la même année, elle se voit attribuer le prix Bronwen Wallace RBC pour auteur de la relève.

Le premierroman d’Alissa York, Mercy,paraît en 2003. L’auteurey bâtit une intrigue s’articulant autour des thèmes oppressants de la culpabilité, de la tradition catholique, du désir et de l’isolement dans la petite ville de Mercy, un récit qu’elle réussit à rendre de plus en plus intense et étouffant au fur et à mesure de sa progression. Thomas, un boucher, attend l’amour depuis longtemps, mais pour lui, comme l’explique le roman [traduction libre] : « Il n’y a jamais eu que Mathilda. Elle a été la première personne à qui il a parlé lorsqu’il est arrivé à Mercy à pied. On ne saurait dire de Mathilda qu’elle est jolie. Pourtant, lorsqu’il l’a vue, mince, les yeux dotés de prunelles immenses et les cheveux roux détachés, elle lui a fait une très forte impression… Elle n’était pas en âge de se marier, alors il a attendu. » Tournant brusquement le dos à ce début romantique, l’auteure entreprend de provoquer un choc chez son lecteur en racontant comment, alors que la jeune Mathilda marche vers l’autel pour recevoir le sacrement du mariage et s’unir à Thomas, son regard accroche et s’abîme dans celui du père August Day, marquant le début d’une passion explosive qui, outre un enfant, sera à l’origine de haines et de divisions qui passeront de génération en génération. Acclamé par la critique, Mercy a connu une diffusion internationale.

Le deuxième roman d’Alissa York, Effigy,publié en 2007, est sélectionné dans la liste des finalistes du prix Banque Scotia Giller et dans la liste élargie pour l’International IMPAC Dublin Literary Award 2009. La protagoniste du roman, Dorrie, est l’une des quatre épouses d’un mariage polygame. Encore jeune, elle est devenue, au fil du temps, une taxidermiste chevronnée. Avec une prose acérée, l’auteure va droit au cœur de l’état émotionnel de Dorrie [traduction libre] : « Elle ne sait jamais comment elle doit l’appeler : M. Hammer, frère Hammer? Bien sûr, elle pourrait l’appeler Erastus, mais ce nom agit sur elle comme un repoussoir. Alors, lorsqu’elle n’a d’autre choix que de s’adresser à lui, il ne lui reste qu’une seule possibilité, l’appeler “Époux”, un terme qu’elle n’utilise qu’à contrecœur et le plus rarement possible. »

Chez Alissa York, le monde naturel n’est jamais très éloigné, et ce, qu’il s’agisse de ses expériences de la vie quotidienne ou de son écriture. Dans son roman Fauna,une œuvre de 2010, elle nous offre le tableau fascinant de l’opposition entre deux mondes : la vie sauvage qui pullule au sein d’une coulée végétale et l’existence urbaine et complexe menée dans un milieu professionnel moderne. Bien qu’apparemment antinomiques et disjoints, ces deux univers juxtaposés se révèlent, de fait, interdépendants et conjointement nécessaires pour qui est en quête d’harmonie, de renouvellement et de reconstruction. Guy, propriétaire d’un garage qui sert de refuge à la fois à des êtres humains et à des animaux « cabossés », incarne cette dualité. Lilly, une adolescente en fuite, apprend la compassion auprès de Guy et d’oiseaux étourdis et désorientés par les lumières des immeubles de bureaux qui restent allumées toute la nuit. Dans ce roman, l’auteure interroge en détail nos va‑et‑vient entre le monde urbain et le monde naturel et met en exergue leur importance respective sur le plan de la croissance personnelle et de l’équilibre des individus. Lorsque les deux univers sont également valorisés, les personnages d’Alissa York sont de nouveau à même de vivre une vie pleine. Fauna fait partie de la sélection finale du Toronto Book Award de 2011.

Alissa York enseigne à la School of Continuing Studies de l’Université de Toronto et, sur une base régulière, au Wired Writing Studio du Centre d’arts de Banff. Conjointement avec son partenaire Clive Holden, elle exploite un petit éditeur, Cyclops Press, et gère un projet artistique multidisciplinaire. Après avoir vécu un peu partout au Canada, elle réside désormais à Toronto.

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