Allan Slaight

Magicien

Allan Slaight aime la magie, surtout faire comme s’il lisait dans les pensées. Après avoir vu le magicien Johnny Giordmaine à Eaton, un Noël, il a la piqûre. La même année, il trouve sa première boîte de tours de magie sous le sapin. Il adore s’en servir pour impressionner ses amis et sa famille avec ses tours de passe-passe et de mentaliste. Il commence à se produire dès 8 ans : il demande alors 2 $ au personnel de la banque locale dont son grand-père est gérant pour voir son spectacle. Brièvement, dans la vingtaine, Allan Slaight pense faire de la magie une carrière, mais décide finalement d’en faire un passe-temps, qu’il gardera tout au long de sa vie. Plus tard, il lance une conférence annuelle destinée aux meilleurs magiciens du monde à Toronto. De plus, il écrit et publie plusieurs ouvrages sur le célèbre magicien canadien Stewart James.

Début de carrière

Le père d’Allan Slaight, John Edgar Slaight, est journaliste toute sa vie. D’abord au bas de l’échelle, il gravit progressivement les échelons. En 1945, il achète le Moose Jaw Times-Herald et déménage en Saskatchewan avec sa famille. Peu après, il devient copropriétaire de CHAB, la station de radio locale.

À la fin des années 1940, pendant qu’il étudie à l’Université de la Saskatchewan, Allan Slaight commence son apprentissage non officiel dans l’industrie de la radiodiffusion. Alors âgé de 17 ans, il travaille comme reporter en herbe pour CHAB ainsi qu’animateur d’une émission de jazz de fin de soirée nommée Spins and Needles. Il a dès lors la piqûre de la radio et abandonne ses études universitaires pendant sa première année.

Carrière dans la radiodiffusion

En 1949, Allan Slaight rencontre Ada Winnifred Mitchell. Il a 19 ans quand le couple décide de s’enfuir pour se marier, puis s’installe à Edmonton, en Alberta. Après avoir recherché avec acharnement du travail à la radio, Allan Slaight décroche des postes de journaliste auprès de deux stations locales (CFRN et CJCA). Par la suite, en 1953, il devient directeur des nouvelles pour la station CHED-AM d’Edmonton, poste qu’il occupe cinq ans. Il est ensuite promu au poste de directeur du marchandisage.

Subséquemment, c’est sur l’est qu’Allan Slaight jette son dévolu. En 1958, il déménage à Toronto avec sa jeune famille pour y devenir directeur de la programmation à la nouvelle station de rock’n’roll 1050 CHUM. Le directeur futé se sert de sa touche magique pour transformer la station AM, qui perdait jusqu’alors de l’argent, en mine d’or. Rapidement, CHUM passe du troisième au premier rang en termes de part du marché local. Allan Slaight y parvient grâce à des concours créatifs, des commandites judicieuses et des campagnes publicitaires loufoques. Dans une entrevue donnée en 2005 pour le « Report on Business » du Globe and Mail, il affirme que cela aura été son emploi préféré.

Séduit par l’entreprise de promotion des ventes Stephens & Towndrow, Allan Slaight quitte CHUM en 1967. Il déménage avec sa famille au Royaume-Uni, où il est responsable de la programmation et des ventes pour Radio Caroline, une station à l’étranger dont l’objectif est de lancer une radio commerciale en Angleterre pour faire concurrence à la BBC. Cette aventure sera un des seuls faux pas de la carrière d’Allan Slaight. Après un an, il revient au Canada et crée Allan Slaight Ltd., une entreprise axée sur la publicité et les communications. Il ne tarde toutefois pas à revenir vers son premier amour, la radio.

En 1970, Allan Slaight acquiert sa première station de radio, soit la station CFGM-1310 AM de Richmond Hill. Il en fait la première station diffusant exclusivement de la musique country au Canada. Cet achat est rendu possible grâce à l’aide de partenaires d’investissement, notamment de l’auteur-compositeur-interprète Gordon Lightfoot. Allan Slaight constitue Slaight Broadcasting Ltd. en société et commence à créer un empire radiophonique. Peu après l’acquisition de CFGM, il achète les stations CFOX de Montréal et CHOK de Sarnia. En 1977, il lance une nouvelle station rock’n’roll à Toronto, CILQ-FM, mieux connue comme la station Q107.

Standard Broadcasting

En 1985, Slaight Communications vend les stations CFGM et Q107, puis achète Standard Broadcasting Corporation Ltd. de Conrad Black. Sous la direction d’Allan Slaight, Standard Broadcasting et Standard Radio connaissent une grande croissance : elles passent de 7 stations de radio à un réseau national en comptant plus de 50. Une des réalisations les plus importantes d’Allan Slaight de l’époque : la revitalisation de la station CFRB et, plus tard, l’adoption d’une formule entièrement parlée pour cette station AM.

Propriétaire des Raptors de Toronto

L’influence d’Allan Slaight sur la culture canadienne ne se limite pas à la radiodiffusion. En effet, dans les années 1990, le magnat des médias est un des premiers investisseurs et copropriétaire des Raptors de Toronto de la National Basketball Association (NBA). En partenariat avec l’entrepreneur canadien John Bitove fils ainsi que d’autres partenaires minoritaires, il acquiert l’équipe professionnelle pour 125 millions de dollars américains en frais d’expansion. Toutefois, Allan Slaight et John Bitove fils ne s’entendent pas sur l’aréna où l’équipe élirait domicile. Le premier finit par invoquer une cause ultimatum de leur entente, ce qui lui permet d’acquérir les parts du second pour 65 millions de dollars. Il devient ainsi le propriétaire majoritaire de l’équipe. En 1998, pendant la construction de la nouvelle aréna des Raptors (le Air Canada Centre, qui s’appelle à présent la Scotiabank Arena), Allan Slaight vend sa part majoritaire au Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario et à Maple Leaf Gardens Ltd. pour une somme évaluée à 467 millions de dollars.

Philanthropie

En 2007, l’empire médiatique d’Allan Slaight compte 53 stations de radio et 2 stations de télévision, qu’il vend à Astral Media pour 1,08 milliard de dollars. Par la suite, il se consacre à temps plein à la philanthropie en créant la Slaight Family Foundation. Depuis 2008, la fondation soutient diverses causes (services de santé, services sociaux, arts et culture, etc.) à Toronto et ailleurs au Canada.

Aujourd’hui, le fils aîné d’Allan Slaight, Gary, poursuit le travail de son père par la Slaight Family Foundation et Slaight Music, qui investit dans le développement de la carrière d’artistes émergents. L’organisme dispose également d’une maison d’édition spécialisée. De plus, Slaight Music commandite plusieurs programmes et événements musicaux, notamment les prix Juno, les Prix de musique Polaris et l’Allée des célébrités canadiennes.

La Slaight Family Foundation commandite aussi plusieurs prix. L’Allée des célébrités canadiennes remet annuellement le Allan Slaight Music Impact Honour à une jeune personne canadienne qui se sert de son talent pour inspirer les autres et avoir un impact. Le Prix du patrimoine Polaris de la famille Slaight, quant à lui, fait la promotion d’albums canadiens du passé sans égard à leurs ventes ou à leur genre musical.

En 2017, la Slaight Family Foundation fait un don de 5 millions de dollars pour la revitalisation de Massey Hall. Reconnaissante, l’entreprise décide de baptiser la scène The Allan Slaight Stage. Trois ans plus tard, peu avant la réouverture de la salle après plus de deux ans de rénovations, la Slaight Family Foundation annonce un don supplémentaire de 5 millions de dollars en soutien à la revitalisation continue de Massey Hall. La salle principale de celui-ci est désormais connue sous le nom de Allan Slaight Auditorium et une plaque commémorative permanente se trouve dans le hall d’entrée. Lors du concert de réouverture, le 25 novembre 2021, Gordon Lightfoot lance au public : « Personne n’en a plus fait pour la musique canadienne qu’Allan Slaight. »

À présent, la Slaight Family Foundation continue de soutenir plusieurs organismes de bienfaisance et autres organisations. Parmi ses dons philanthropiques récents, on en compte un de 15 millions de dollars à une douzaine d’organisations soutenant les femmes et les filles partout au Canada, et un autre de 15 millions à 22 compagnies théâtrales canadiennes afin de les aider à se remettre des fermetures causées par la pandémie mondiale de COVID-19.

Vie personnelle

Allan Slaight naît à Galt, en Ontario. Ses parents sont John Edgar Slaight et Florence Eileen Wright. Allan Slaight se marie deux fois. Il s’enfuit et épouse sa première femme, Ada Winnifred Mitchell, à l’âge de seulement 19 ans. Le couple, qui sera marié de 1950 à 1987, déménage à Edmonton, en Alberta, pour fonder une famille. Il aura trois enfants : Gary, Greg et Marie. Aujourd’hui, Gary est à la tête de la Slaight Family Foundation et de Slaight Music. En 1995, Allan Slaight épouse Emanuelle Gattuso, maintenant à la barre de La Fondation Emmanuelle Gattuso. Elle consacre également son temps à la philanthropie.

Honneurs et prix

• Membre, Ordre du mérite de la radiotélévision canadienne (1997)
• Docteur honorifique en commerce, Ryerson Polytechnic University [maintenant l’Université métropolitaine de Toronto] (2000)
• Membre, Ordre du Canada (2001)
• Prix Walt Grealis pour réalisations hors du commun, prix Juno (2005)
• Membre, Allée des célébrités canadiennes (2020)