Anne Clare Cools, administratrice, travailleuse communautaire, sénatrice (née le 12 août 1943, à la Barbade, aux Antilles britanniques). Canadienne noire militante, Anne Cools a purgé une peine de quatre mois de prison pour son rôle dans l’affaire sir George Williams, pour laquelle elle a été graciée, en 1981. Elle a fondé Women in Transition, l’un des premiers refuges au Canada pour les femmes victimes de violence. Elle a également siégé à la Commission nationale des libérations conditionnelles du Canada. En 1984, elle est devenue la première Canadienne noire à être nommée au Sénat. Elle a siégé comme sénatrice libérale et conservatrice, ainsi que comme sénatrice indépendante, pendant plus de 30 ans. Elle a été considérée comme la doyenne du Sénat pour sa connaissance de l’histoire et de la procédure parlementaires.
Enfance
Anne Cools est l’une des six enfants de Rosita Gordon Miller et de Lucius Unique Cools qui est pharmacien. Deux de ses frères et sœurs décèdent encore enfants. La jeune Anne est scolarisée à l’école du couvent des Ursulines, à Bridgetown, à la Barbade. Enfant solitaire et studieuse, elle raconte avoir été surnommée « Dogbones » pour son apparence empotée. Dans l’enfance, ses héros sont les abolitionnistes antiesclavagistes britanniques comme William Wilberforce.
Anne Cools immigre au Canada avec sa famille, en 1957, à l’âge de 13 ans. Après avoir été scolarisée à l’école privée pour filles Queen’s College à la Barbade, elle poursuit sa scolarité à l’école secondaire publique Thomas D’Arcy McGee à Montréal. ( Voir également Thomas D’Arcy McGee.) En1981, elle obtient un diplôme en psychologie et en sociologie de l’Université McGill.
Famille
À la Barbade, la famille d’Anne Cools est active au sein du Parti travailliste. Un oncle maternel, Frederick Edward Miller, occupe différents postes au sein du Cabinet du gouvernement colonial, avant que cette île des Caraïbes ne devienne indépendante de la Grande‑Bretagne, en 1966. Sa fille Billie Miller, cousine germaine de la future sénatrice canadienne, est la première femme avocate de l’île et la première femme ministre de la Barbade.
Militantisme étudiant
En 1969, Anne Cools participe à une occupation assise à l’Université sir George Williams (aujourd’hui l’Université Concordia), à Montréal. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre d’une série de contestations contre le traitement raciste qu’auraient subi six étudiants noirs. (Voir Affaire sir George Williams.) La manifestation se déroule de manière pacifique, jusqu’à ce que la police tente, le 11 février 1969, d’expulser une centaine d’étudiants et de manifestants occupant les septième et neuvième étages de l’édifice principal de l’université, le pavillon Henry F. Hall. Un incendie dans la salle informatique cause des dommages estimés à deux millions de dollars et conduit à l’arrestation de 97 personnes, dont celle d’Anne Cools. Dans la foulée de cette arrestation, elle est condamnée à six mois d’emprisonnement et à une amende de 1 500 $, sur la base d’une accusation d’entrave délibérée. Afin de protester contre sa condamnation et contre celle de plusieurs de ses condisciples, des étudiants de Georgetown, à la Barbade, brûlent une effigie du premier ministre Pierre Trudeau, ainsi qu’une réplique du drapeau canadien. La jeune femme restera en prison pendant quatre mois pour purger sa peine, avant d’être graciée, en 1981.
En 1974, elle fonde Women in Transition, dont elle assume les fonctions de directrice générale et de gestionnaire des projets spéciaux. Cet organisme de travail social de Toronto constitue l’un des premiers refuges au Canada pour les femmes et pour les enfants victimes de violence familiale; elle y jouera un rôle pendant 16 ans.
Carrière politique
En 1978, Anne Cools tente de se présenter à l’investiture libérale, dans le cadre d’une élection partielle fédérale dans Rosedale, la circonscription centrale de Toronto. Elle est toutefois battue par le candidat de l’élite en place, John Evans, l’ancien président de l’Université de Toronto. Un documentaire de 1979, intitulé The Right Candidate for Rosedale, de Bonnie Sherr Klein, produit par l’Office national du film, raconte cette bataille pour l’investiture. Lors de l’élection partielle elle‑même, John Evans perd face au candidat progressiste‑conservateur David Crombie, qui avait démissionné de son poste de maire de Toronto pour briguer un siège à la Chambre des communes.
Un an plus tard, Anne Cools est choisie par le Parti libéral comme candidate aux élections générales de 1979. Elle échoue, face à ce même David Crombie, par un peu plus de 5 000 voix. Les électeurs de Rosedale se rendent aux urnes, pour la troisième fois en 14 mois, le 18 février 1980, à l’occasion de nouvelles élections générales. Cette fois, la future sénatrice n’échoue, face au même adversaire, que de que 1 869 voix sur 38 360 suffrages exprimés. (Voir également Élections de 1979 et 1980.) Ultérieurement, cette même année, elle est nommée, par le gouvernement libéral fédéral, à la Commission nationale des libérations conditionnelles, où elle siégera pendant quatre ans. (Voir également Probation et libération conditionnelle.)
Nomination au Sénat
Le premier ministre Pierre Trudeau nomme Anne Cools au Sénat, en 1984. Parmi les 24 sénateurs de l’Ontario, elle y représente Toronto Centre (qui deviendra plus tard Toronto Centre‑York). Au Sénat, elle siège pendant 20 ans au sein du caucus libéral, avant de se joindre aux conservateurs, en 2004, en raison du scandale des commandites, ainsi que de son opposition à un registre des armes à feu et de la position des libéraux sur le mariage entre personnes de même sexe.
Elle est toutefois exclue du caucus conservateur, trois ans plus tard, pour avoir critiqué le premier ministre Stephen Harper. Elle siège ensuite, à titre de sénatrice indépendante et non affiliée, avant de terminer sa carrière au sein du Groupe des sénateurs indépendants.
Anne Cools expliquera plus tard que sa défense des droits des enfants et des pères dans les situations de divorce et de séparation est ce dont elle est la plus fière dans le cadre de son travail à la Colline du Parlement. En 1998, elle siège au sein d’un comité mixte spécial sur la garde des enfants qui recommande, dans un rapport intitulé Pour l’amour des enfants, un traitement plus équitable pour les pères et une priorité mise sur le bien‑être de l’enfant. (Voir également Tribunal de la famille; Droit de la famille au Canada.)
À la veille de son 75e anniversaire, alors qu’elle atteint l’âge limite pour siéger au Sénat, Anne Cools prend sa retraite de sénatrice, le 11 août 2018. Elle est connue comme la doyenne du Sénat pour y avoir siégé pendant 34 ans, 6 mois et 30 jours, ainsi que pour sa connaissance de l’histoire et de la procédure parlementaires.
Vie personnelle
Anne Cools épouse Rolf Calhoun, en 1986. Elle joue du piano et adore la musique classique.