Les Canadiens noirs ou Afro-Canadiens sont les personnes de descendance africaine ou antillaise qui vivent au Canada. Selon le recensement canadien de 2016, 1,2 million de Canadiens (3,5 % de la population) s’identifient comme Noirs.
Cet article est un résumé de l’histoire des Noirs au Canada. Pour en savoir plus sur le sujet, veuillez consulter nos articles sur L’histoire des Noirs au Canada jusqu’en 1900; L’histoire des Noirs au Canada : 1900-1960; et L’histoire des Noirs au Canada : de 1960 à aujourd’hui.
Voir aussi Canadiens d’origine africaine et Canadiens d’origine antillaise.
Histoire des Noirs au Canada jusqu’en 1900
Les Noirs vivent dans ce qui est aujourd’hui le Canada depuis le 17e siècle. Les premiers habitants noirs sont réduits à l’esclavage. (Voir Marie-Joseph Angélique.) En 1759, lorsque les forces britanniques font la conquête de la Nouvelle-France, plus de 1 000 esclaves d’origine africaine sont amenés sur le territoire qui deviendra le Canada. Au lendemain de la Révolution américaine (1775-1783), des loyalistes blancs fuient les États-Unis et s’installent dans les provinces de l’Atlantique et les futurs Bas-Canada [Québec] et Haut-Canada [Ontario]. Ils ont avec eux environ 2 000 esclaves noirs. Au même moment, environ 3 500 Noirs libres émigrés des États-Unis viennent s’installer dans les territoires qui deviendront la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Ils ont acquis leur liberté grâce à leur soutien de la Grande-Bretagne pendant la Révolution américaine. (Voir Loyalistes noirs en Amérique du Nord britannique.)
Des Noirs réduits à l’esclavage et des Noirs libres combattent également du côté britannique pendant la guerre de 1812. (Voir Le Coloured Corps : les Afro-Canadiens et la guerre de 1812; Richard Pierpoint.) Entre 1813 et 1816, plus de 2 000 réfugiés noirs fuient ainsi les États-Unis pour s’établir à un certain point en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Là-bas, ils font face à l’hostilité et à la ségrégation, et ont des emplois mal payés. En 1792, près de 1 200 loyalistes noirs naviguent d’Halifax jusqu’à l’Afrique de l’Ouest, où ils établissent la nouvelle colonie de Freetown en Sierra Leone. (Voir aussi L’arrivée des loyalistes noirs en Nouvelle-Écosse; Africville.)
En 1793, le Haut-Canada adopte une loi visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada. Cette loi ne libère pas les personnes réduites à l’esclavage, mais elle interdit leur importation dans la province. L’abolition de l’esclavage est décrétée dans la plupart des colonies britanniques, y compris au Canada, en 1834.
En 1850, les États-Unis adoptent la Fugitive Slave Act, qui stipule que les réfugiés de l’esclavage vivant dans les États du Nord peuvent être renvoyés en esclavage dans le Sud une fois capturés. Entre 1850 et 1860, on estime que de 15 000 à 20 000 Afro-Américains s’installent au Canada. Certains fuient par leurs propres moyens, tandis que d’autres se tournent vers le chemin de fer clandestin. La plupart des réfugiés se retrouvent au Haut-Canada. Avec la fin de l’esclavage en 1865, beaucoup d’entre eux rentrent aux États-Unis rejoindre leur famille. La fin de l’esclavage aux États-Unis n’empêche pas les Noirs américains d’être néanmoins confrontés à des inégalités juridiques et socioéconomiques persistantes. Cela incite certains d’entre eux à émigrer au Canada à la recherche d’une vie meilleure. Dans l’Ouest, environ 800 Noirs libres émigrent de la Californie pour s’installer sur l’île de Vancouver entre 1858 et 1860. Environ 1 000 Noirs quittent l’Oklahoma pour les Prairies, plus particulièrement l’Alberta, entre 1909 et 1911.
Voir aussi L’histoire des Noirs au Canada jusqu’en 1900.
L’histoire des Noirs au Canada : 1900-1960
Les Noirs sont victimes de discrimination au Canada en matière de logement, d’emploi et d’accès aux services publics. De nombreux restaurants, hôtels et théâtres refusent l’entrée ou le service aux Canadiens noirs. (Voir Ségrégation raciale des Noirs au Canada.) En 1910, le Canada promulgue une loi sur l’immigration qui élargit les pouvoirs du gouvernement en matière d’interdiction et d’expulsion des immigrants. Cela inclut toute personne considérée comme « inadaptée au climat ou aux exigences du Canada ». (Voir aussi Décret C.P.1911-1324 – proposition d’interdiction de l’immigration noire au Canada). Pendant la première moitié du 20e siècle, peu de Noirs viennent donc s’établir au Canada.
De nombreux Américains noirs s’établissent dans les grandes villes canadiennes comme Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver. Un grand nombre d’entre eux travaillent dans l’industrie ferroviaire canadienne comme porteurs de wagons-lits. À partir de 1920, Montréal devient une importante capitale du jazz. Parmi les musiciens canadiens noirs de l’époque, on compte Oscar Peterson, Daisy Peterson Sweeney, Oliver Jones et Joe Sealy. (Voir aussi Rockhead’s Paradise.)
Malgré des restrictions racistes, les Canadiens noirs prennent part aux deux guerres mondiales. En effet, ils font pression sur le gouvernement canadien pour qu’il les laisse servir dans l’armée. La création du 2e Bataillon de construction, au cours de la Première Guerre mondiale, en découle notamment.
Voir aussi L’histoire des Noirs au Canada : 1900-1960.
Histoire des Noirs au Canada : de 1960 à aujourd’hui
L’année 1967 marque un tournant dans la politique d’immigration canadienne. On commence alors à évaluer les immigrants sur le plan de leur éducation, de leurs compétences et de leurs perspectives d’emploi, indépendamment de leur race, de leur ethnicité ou de leur nationalité. Depuis les années 1960, de nombreux immigrants qualifiés originaires des Antilles et de l’Afrique se sont installés au Canada. (Voir Canadiens d’origine africaine; Canadiens d’origine antillaise.) Selon les chiffres du recensement de 2016, les immigrants noirs les plus récents viennent d’Haïti, du Nigeria, de la Jamaïque, du Cameroun et de la République démocratique du Congo. Selon Statistique Canada, on compte environ 1,2 million de personnes noires au Canada en 2016. Les Canadiens noirs représentent alors environ 3,5 % de la population totale.
La discrimination raciale est illégale au Canada depuis de nombreuses années. (Voir Racisme; La révolution des droits au Canada; Charte canadienne des droits et libertés.) Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un racisme systémique toujours bien vivant. Également désigné sous le nom de racisme institutionnel, il s’agit d’une forme de racisme qui se manifeste par des pratiques (plutôt que par des politiques) adoptées dans les institutions sociales et politiques. Cela inclut notamment le profilage racial et les contrôles d’identité de routine effectués par les services de police, ainsi que la sous-représentation des Noirs au Parlement et dans les postes de direction des entreprises. Statistiquement, les Canadiens noirs sont plus susceptibles d’être au chômage et ont un revenu moyen inférieur à celui des autres Canadiens. Ils sont également plus vulnérables que toute autre minorité raciale aux crimes haineux. Les Canadiens noirs et leurs alliés continuent de contester le racisme et l’inégalité au Canada (voir Racisme anti-noir au Canada) par des contestations judiciaires, des campagnes dans les médias sociaux, des protestations et des mouvements comme Black Lives Matter. (Voir Éducation antiraciste au Canada.)
Voir aussi L’histoire des Noirs au Canada : de 1960 à aujourd’hui.