Enfance et débuts de carrière au théâtre
Née à Rouyn-Noranda au Québec, Anne Dorval a grandi à Trois-Rivières. Elle est attirée par le théâtre à un très jeune âge. Bien qu’elle soit aujourd’hui connue pour son enthousiasme et son exubérance lors d’entrevues, elle est une enfant timide. Rapidement, jouer devient pour elle une nécessité, un élément de liberté qui lui permet de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre et de combattre cette gêne. Elle prend plaisir à interpréter des personnages très différents afin de « s’abandonner, s’oublier, ne surtout pas se voir », car à son avis, « c’est là qu’il est le bonheur! ».
À 15 ans, elle tente d’obtenir une audition à l’École nationale de théâtre du Canada, mais elle est refusée en raison de son jeune âge. On l’invite à revenir l’année qui suit, mais elle opte plutôt pour le Conservatoire d'art dramatique de Montréal où elle obtient son diplôme en 1983. En 1985, elle obtient un premier rôle au théâtre, celui d’Aurore dans Aurore, l’enfant martyre, mis en scène par René Richard Cyr. C’est le début d’une longue carrière sur les planches et les différents rôles ne cessent de s’enchaîner pour la jeune comédienne. Elle se fait de plus en plus remarquer dans des pièces comme Electre de Sophocle (1986) ou L’École des femmes de Molière (1990), pour laquelle elle remporte le prix Gascon-Roux de la meilleure interprétation dans un rôle féminin.
Télévision et cinéma
Anne Dorval joue dans plusieurs téléromans, mais c’est son rôle de Lola dans Chambres en ville (1989–1996) qui lui permet de se faire connaître auprès du grand public. Cette série télévisée lui apporte également une nomination pour un prix Gémeaux en 1993. Elle poursuit sa carrière sur le petit écran dans des téléromans, notamment L'Or et le papier (1992), Virginie (1996–2002) et Grande Ourse (2002) pour lesquels elle est nommée ou remporte des prix. Comme elle a une facilité à se réfugier derrière son sens de l’humour, on lui offre aussi de tenir une chronique pour l’émission de variétés et humoristique Le Grand blond avec un show sournois (2001–2003), animé par Marc Labrèche. Cette rencontre entre l’actrice et l’humoriste donne d’ailleurs lieu à beaucoup de fous rires!
C’est par le biais de ses nombreuses collaborations avec Labrèche que bien des gens la connaissent. Mentionnons la parodie absurde des feuilletons américains Le cœur a ses raisons (2005–2007) et plus récemment, la télésérie Les Bobos qui se moque des bourgeois montréalais. Ces deux dernières séries font partie des favorites du grand public au Québec et remportent plusieurs prix.
Au cinéma, on a pu la voir dans Ding et Dong, le film en 1990 (réalisé par Alain Chartrand), dans lequel elle a fait sa première apparition cinématographique. Elle participe ensuite à d’autres productions, dont La vie secrète des gens heureux de Stéphane Lapointe (2005), qui lui vaut une nomination aux prix Iris en 2006. Toutefois, c’est le jeune réalisateur québécois Xavier Dolan qui l’emmène à Cannes en 2009 lors de la nomination de son film J’ai tué ma mère et dans lequel elle interprète un des deux rôles principaux. Le film est acclamé par la critique et l’actrice obtient plusieurs prix pour son jeu exceptionnel. Elle se lie d’amitié avec Dolan et joue par la suite dans la plupart de ses films, dont Les Amours imaginaires (2010), Laurence Anyways (2012) et Mommy (2014), récompensé au Festival de Cannes par le prix du Jury et avec lequel on la remarque davantage en Europe.
Son talent d’actrice se manifeste en parallèle avec sa voix, qui lui a valu des rôles de doublage cinéma, notamment pour Lucy Liu dans Le cowboy de Shangai, Kill Bill et la série américaine Ally McBeal, ainsi que pour Sharon Stone dans Basic Instinct 2, et plusieurs films d’animation.
Depuis, la comédienne s’est vu offrir plusieurs rôles, notamment dans des films français comme Réparer les vivants (2017) et Jalouse (2018). Elle continue toutefois de jouer au Québec. En 2019, on la retrouvera dans le nouveau film de Xavier Dolan, Matt et Max.
Autres réalisations
Anne Dorval a deux enfants nés d’une union avec Marc-André Coallier, aussi un acteur et une personnalité de la télévision québécoise, de qui elle s’est séparée en 2003. Ils sont tous deux porte-paroles de la Fondation OLO (une fondation qui œuvre auprès des familles afin de promouvoir des habitudes alimentaires saines) entre 1991 et 2006. Anne Dorval a aussi été ambassadrice du 15e Festival mondial des arts pour la jeunesse pour l’année 2005. Elle partage aujourd’hui son amour du métier, entre autres, en enseignant au conservatoire et à l’École nationale de théâtre.
Prix et distinctions
- Prix Gascon-Roux, Interprétation rôle féminin (L’École des femmes), Théâtre du Nouveau Monde (1991)
- Prix Gémeaux, Meilleure interprétation premier rôle féminin – comédie (Le cœur a ses raisons),Académie canadienne du cinéma et de la télévision (2005)
- Prix Gémeaux, Meilleure interprétation premier rôle féminin – comédie (Le cœur a ses raisons) (2006)
- Bayard d'Or de la meilleure comédienne (J’ai tué ma mère), Festival International du Film Francophone de Namur (2008)
- Prix d’interprétation féminine(J’ai tué ma mère), Festival international du film de Palm Spring (2010)
- Prix Iris, Meilleure actrice (J’ai tué ma mère) (2010)
- Prix Gémeaux, Meilleure interprétation rôle féminin – comédie (Les Parent) (2010)
- Prix Artis, Meilleur rôle féminin dans un téléroman (Les Parent) (2010)
- Prix Artis, Meilleur rôle féminin dans un téléroman (Les Parent) (2012)
- Prix Gémeaux, Meilleur premier rôle féminin – comédie (Les Parent) (2012)
- Prix Artis, Meilleur rôle féminin dans une comédie (Les Parent et Les Bobos) (2013)
- Prix Artis, Meilleur rôle féminin dans une comédie (Les Parent et Les Bobos) (2014)
- Bayard d'Or, Meilleure comédienne avec Suzanne Clément (Mommy), Festival International du Film Francophone de Namur (2014)
- Prix Crystal for International Achievement (pour l’ensemble de sa carrière), Women in Film and Television (2014)
- Prix FIPRESCI de la meilleure actrice de l’année dans un film de langue étrangère (Mommy), Festival international du film de Palm Spring (2015)
- Prix Écrans Canadiens, Interprétation féminine dans un premier rôle (Mommy), Académie canadienne du cinéma et de la télévision (2015)
- Prix Iris, Meilleure actrice (Mommy) (2015)
- Officier, Ordre des Arts et des Lettres, République française (2017)