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Asiminier

L’asiminier ou le pawpaw (Asimina triloba) est un arbuste de la famille des annonacées. Il s’agit du seul membre de cette famille à pousser au Canada. Parfois appelé « mangue du Canada », son fruit, l’asimine, est comestible. On croit que des peuples autochtones, notamment les Erie et les Onondagas, ont rapporté l’arbuste des États-Unis et l’ont l’introduit dans le sud de l’Ontario. Il s’agit d’une plante ornementale rendue magnifique par ses grandes feuilles et ses fleurs d’un rouge violacé. Récemment, le pawpaw a attiré l’attention de chercheurs en tant que possible option de médicament contre le cancer.

Pawpaw (Asimina triloba)

Description

Le nom « pawpaw » signifie « papaye » en arawak (une langue parlée par des peuples autochtones d’Amérique du Sud) même si les deux espèces ne sont pas apparentées. Le pawpaw est un petit arbre ou arbuste qui dépasse rarement les 15 m. Son tronc est effilé et l’écorce des arbres plus âgés comporte de légères rainures. Ses feuilles membraneuses peuvent être plutôt longues et atteindre jusqu’à 40 cm (ce qui inclut la tige rattachant la feuille à la branche). Les jeunes feuilles sont velues et deviennent glabres à mesure qu’elles vieillissent. Les fleurs du pawpaw sont de couleur bordeaux à violette et peuvent atteindre 5 cm de diamètre. Elles émettent une odeur désagréable qui attire les mouches et les coléoptères pour la pollinisation. Elles poussent uniquement sur des pédoncules affaissés issus de branches de l’année précédente et apparaissent en même temps que les feuilles. Le fruit est une baie jaune-vert en forme de rein qui brunit lorsqu’il est mûr. La plante produit de nombreux drageons à partir de ses racines, ce qui signifie que de nouveaux plants sont susceptibles d’être créés à partir d’un même individu. Certains sylviculteurs perçoivent le pawpaw comme une menace puisqu’il peut occuper tout le sous-étage d’une forêt et donc laisser peu d’espace aux plantes indigènes.

Distribution et habitat

Le pawpaw aime les sols riches et pousse souvent près des rivières. On le trouve tout au sud de l’Ontario au Canada. Il s’agit avant tout d’un arbuste poussant dans l’Est américain. On croit que des peuples autochtones l’ont introduit dans le sud de l’Ontario et l’ouest de l’État de New York. Dans son histoire de la Nouvelle-France publiée en 1744, Pierre-François-Xavier de Charlevoix écrit que les Erie, une Première Nation membre de la famille iroquoienne, sont responsables de la présence de l’arbuste au Canada et y auraient emporté des graines de fruits cueillis au sud du comté d’Allegheny, en Pennsylvanie. Paul Le Jeune, un prêtre jésuite, écrit pour sa part que la nation onondaga, qui fait partie de la Confédération Haudenosaunee, l’a introduit après une guerre contre les Erie.

Par ailleurs, plusieurs groupes autochtones se servent du pawpaw pour le troc. Le fait que des arbustes se trouvent le long de grandes routes commerciales autochtones prouve également que les Premières Nations sont à l’origine de la distribution actuelle du pawpaw.

Fleurs du pawpaw

Pollinisation et récolte

Les fleurs apparaissent au printemps, et le nombre de fruits dépend de la pollinisation. La dispersion des fruits semble se faire par l’eau (les fruits et les graines flottent, et l’eau peut les déplacer loin de l’arbre d’où ils viennent) et les animaux (oiseaux, renards, opossums, ratons laveurs et écureuils).

Le pawpaw suscite de l’intérêt en tant que culture fruitière. Au Canada et aux États-Unis, de nombreuses pépinières le vendent comme arbre ou arbuste ornemental. Il existe plus de 30 cultivars, grâce auxquels il est possible d’obtenir les fruits de la meilleure taille. Le fruit peut être récolté quand il tombe au sol ou cueilli quand il brunit. Il est important de le cueillir à maturité parce que sinon, il moisit.

Utilisations

Le pawpaw est bien connu pour son fruit comestible, qui goûte comme un mélange de banane, de mangue et d’ananas. Les Haudenosaunee le consommaient cru et cuit. Pour les utilisations ultérieures, le fruit était séché au soleil ou au-dessus du feu et constitué en petites galettes à consommer lors des chasses ou quand les autres sources alimentaires se faisaient rares. De nos jours, il se retrouve dans des pains, des tartes, des poudings, des punchs, des crèmes glacées et plus encore.

Fruit du pawpaw

La nation cherokee utilisait le fruit pour ses propriétés médicinales en le mélangeant avec des baies de chalef en ombelles (Elaeagnus umbellata). D’un point de vue médicinal, le fruit du pawpaw est notamment employé comme sédatif léger et laxatif, et pour évacuer des vers intestinaux. Les graines réduites en poudre ont été utilisées pour le traitement des poux. Les feuilles en poudre ont quant à elles été transformées en cataplasmes pour traiter les furoncles et les ulcères de la peau.

De plus, plusieurs Premières Nations ont fabriqué, à partir de la partie intérieure de l’écorce, de solides cordes et fils, des vêtements, des chaussures, des paniers, des tapis et des filets à pêche. Les Menominee et les Potawatomi fabriquaient des sacs à partir des fibres non traitées et droites. Le bois du pawpaw servait de combustible et pour la construction (rondins). Des peuples autochtones se servaient également de ses graines dans le cadre d’un jeu, mais il semble que les règles de celui-ci se soient perdues avec le temps.

Recherche moderne

En termes de nutriments, le fruit du pawpaw contient des protéines, des lipides et de la vitamine E. Il a également une teneur élevée en potassium et en phénols, une catégorie de composés organiques connus pour leurs propriétés antioxydantes. Des études récentes ont montré que le fruit est une bonne option pour les consommateurs ayant la santé à cœur. En fait, certains chercheurs affirment qu’il s’agit d’un aliment fonctionnel, c’est-à-dire d’un aliment dont les avantages vont au-delà de la nutrition de base. Comme membre de la famille des annonacées, il contient de l’acétogénine. Il est possible que cette substance soit neurotoxique, mais des études préliminaires suggèrent que la présence d’acétogénine dans le fruit du pawpaw pourrait inhiber l’angiogenèse ou la formation de vaisseaux sanguins. Lorsque l’angiogenèse se produit, les tumeurs disposent d’un approvisionnement en sang et peuvent commencer à grossir. Enfin, les feuilles du pawpaw pourraient également protéger contre le cancer du poumon et du sein grâce à leur teneur en terpènes, une catégorie de composés volatils.