Une espèce est menacée lorsque sa survie l’est aussi. Les principaux facteurs qui mettent une espèce végétale en danger incluent : le changement climatique et la transformation d’habitats naturels en terres agricoles, en zones urbaines ou industrielles. Au Canada, ces activités menacent des écosystèmes naturels entiers tels que les forêts anciennes et les plaines des Prairies. En 2021, on compte 250 espèces végétales qui sont menacées au Canada, selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. De plus, quatre espèces sont disparues du pays, et une est complètement disparue. La définition du comité d’une espèce sauvage comprend les catégories taxonomiques ainsi que les populations géographiquement distinctes. À titre d’exemple, l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculate) figure deux fois sur la liste des espèces végétales en péril, car il existe deux populations différentes, l’une en Colombie-Britannique et l’autre en Ontario, confrontées à différentes menaces à leur survie. (Voir aussi Animaux menacés au Canada.)
Termes clés
Espèce indigène | Une espèce qui vit historiquement dans un habitat particulier. |
Disparue | L’espèce n’existe plus nulle part dans le monde. |
Disparue du pays | L’espèce n’existe plus dans la nature au Canada, mais elle vit ailleurs. |
En voie de disparition | L’espèce est en voie d’extinction ou de disparition. |
Menacée | L’espèce court le risque de disparaître. |
Préoccupante | L’espèce court le risque d’être menacée ou de disparaître. |
Désignation et législations
Le gouvernement du Canada a adopté sa Loi sur les espèces en voie de disparition en 2002. Cette législation donne mandat à un organisme, le COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada), de répertorier les espèces menacées. Le COSEPAC a été créé par Environnement Canada, mais il est indépendant du gouvernement. Cet organisme commande des études sur les espèces indigènes dont la survie au Canada pourrait être menacée. À partir de ces études, le COSEPAC classifie les espèces en une des cinq catégories : disparue, disparue du pays, en voie de disparition, menacée, ou préoccupante.
Exemples régionaux
La Colombie-Britannique et l’Ontario comptent de loin le plus grand nombre d’espèces végétales rares. La plupart sont plus communes aux États-Unis et la limite nord de l'aire de répartition se trouve au Canada. Malheureusement, la population canadienne vit le long de la frontière entre les États-Unis et le Canada, ce qui entraîne une concentration des activités agricoles et industrielles. En raison de ceci, les habitats naturels de nombreuses plantes ont été endommagés ou détruits. Par exemple, seul subsiste un faible pourcentage de la forêt de feuillus qui couvrait autrefois le sud-ouest de l’Ontario. Cette forêt abrite une grande variété d’espèces végétales inexistantes ailleurs au Canada.
La plupart des espèces présentes en Ontario sont désormais rares et certaines d’entre elles sont en voie de disparition au pays ou d’extinction totale. Par exemple, le magnolier à feuilles acuminées (magnolia acuminata) et le cornouiller fleuri (cornus florida) figurent comme espèces en voie de disparition, tandis que le frêne bleu (fraxinus quadrangulata) et le chicot févier (gymnocladus dioicus) sont des espèces menacées. En plus de ces arbres s’ajoutent de nombreuses espèces de plantes, d’arbrisseaux et de plantes grimpantes qui sont aussi menacées. Par exemple, à la fois le cypripède blanc, une espèce d’orchidée (cypripedium candidum) et l’hydraste du Canada, aux propriétés médicinales importantes (hydrastis canadensis) figurent comme des espèces menacées.
La plupart de ces espèces végétales méridionales survivent dans des vestiges du massif forestier continu qui couvrait cette région avant l’arrivée des Européens. Heureusement, le gouvernement et les organisations non gouvernementales ont redoublé d’efforts pour préserver les forêts restantes et en faire des espaces protégés au profit des espèces animales et végétales rares qui y vivent.
Des problèmes similaires existent dans d’autres provinces. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau‑Brunswick, nombre d’espèces végétales caractéristiques de la côte Atlantique et des forêts de l’est du Canada sont menacées par la création de lotissements de chalets, l’agriculture, la foresterie et la construction de barrages. Parmi ces espèces figurent la pédiculaire de Furbish (pedicularis furbishiae) et le droséra filiforme (drosera filiformis), tous deux en voie de disparition, ainsi que la lophiolie dorée (lophiola aurea) et la lachnanthe de Caroline (lachnanthes caroliniana), toutes deux en situation préoccupante.
Presque toute l’étendue herbeuse des Prairies a été convertie en terres agricoles ou soumise au pâturage intensif. De nombreuses espèces présentes dans les prairies survivent désormais dans des habitats naturels réduits ou le long des routes et des voies ferrées, où elles échappent à la pression de l’agriculture, mais où elles peuvent quand même être menacées par l’utilisation des pesticides. Les espèces végétales menacées dans les Prairies comprennent l’abronie à petites fleurs (tripterocalyx micranthus) qui est en voie de disparition, et le chénopode glabre (chenopodium subglabrum) et l’halimolobos mince (halimolobos virgata) toutes deux menacées.
Accords internationaux
Les espèces végétales menacées sont désignées dans le monde entier selon des procédures établies par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En outre, le Canada est signataire de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES), qui contrôle le commerce des espèces rares et menacées ou des sous-produits qu’elles génèrent. Par exemple, le commerce international de ginseng (Panax quinquefolius) est interdit. Le ginseng poussait autrefois dans les forêts de feuillus de l’est et du centre du Canada, mais il est maintenant en voie de disparition en raison de l’exploitation et du commerce excessifs de ses racines, réputées pour leurs vertus médicinales.
Le Canada a également ratifié la Convention sur la diversité biologique, et a donc certaines obligations en matière de sauvegarde de la diversité biologique (voir biodiversité). Par la signature de ces traités internationaux, c’est la responsabilité du Canada tout entier qui est engagée, tous les paliers du gouvernement inclus.
Protection des habitats naturels
Il est bien sûr nécessaire de protéger les espèces végétales contre la surexploitation afin d’éviter leur extinction, mais il est également important de protéger les habitats naturels qui les abritent. Cette préservation des habitats naturels est assurée par différents organismes au Canada comme les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones. Chacune de ces autorités peut déclarer des parcelles de territoires leur appartenant comme étant des zones protégées. Les terres les plus protégées sont les réserves écologiques et les régions sauvages, dans lesquelles seul un petit nombre d’activités, telles que la randonnée ou l’observation de la nature, sont autorisées. Les parcs constituent aussi une forme de zone protégée, bien que de très nombreuses activités économiques y soient autorisées comme le tourisme.
Le secteur privé joue lui aussi un rôle essentiel dans la protection des habitats naturels. Beaucoup de grandes sociétés d’exploitation forestière ont par exemple destiné une partie des terres qu’elles possèdent à la préservation des habitats naturels. En outre, de nombreux propriétaires fonciers font en sorte de préserver sur leur terre les habitats naturels indispensables à la survie d’espèces indigènes. Enfin, certains organismes non gouvernementaux, tels que Conservation de la nature Canada et Canards Illimités Canada, achètent des terres privées à haute valeur écologique et les transforment en zones protégées. Ces propriétés protégées soutiennent les espèces indigènes, y compris les espèces en voie de disparition.
Raisons de la préservation
Les espèces végétales diffèrent selon le lieu où elles poussent. Par exemple, les populations d’espèces septentrionales d’une espèce diffèrent génétiquement souvent des populations méridionales puisque chacune d’entre elles s’est adaptée aux habitats et aux climats spécifiques dans lesquels elles poussent. Pour que des espèces continuent à survivre à long terme, il est essentiel que la diversité de leur patrimoine génétique soit préservée. Un patrimoine génétique diversifié signifie que l’espèce pourra mieux s’adapter aux variations et aux prédateurs, à la maladie et à la compétition. C’est pourquoi il est important de protéger les espèces qui poussent au Canada dans la limite Nord de leur aire de répartition, même si elles sont abondantes aux États-Unis.