Le Canada compte sept régions de végétation principales en plus de la flore marine qui se trouve le long des côtes du pays. Les régions de végétation sont des régions géographiques caractérisées par des peuplements végétaux distincts. La composition des groupements, déterminée surtout par le climat (par exemple, par la température, les précipitations ou l’ensoleillement), peut être influencée par des facteurs tels que les transformations géologiques, la composition et l’érosion du sol, la configuration du réseau hydrographique et les activités humaines. Chaque région de végétation abrite une communauté animale distincte, qui peut modifier sa composition.
Ce texte est l’article intégral sur les régions de végétation. Si vous souhaitez lire un résumé en langage simple, veuillez consulter notre article Régions de végétation (Résumé en langage simple).
Toundra arctique
La toundra arctique est la deuxième plus grande région de végétation du pays. L’Arctique est dépourvu d’arbres en raison de ses basses températures estivales (moins de 11 °C en moyenne durant le mois le plus chaud) et de sa brève saison de croissance (de 1,5 à 3,5 mois). La zone de transition de la forêt boréale à la toundra, appelée zone de transition forêt-toundra, est constituée de rubans ou d’îlots d’épinette noire et d’épinette blanche rabougries, répartis dans une mer de végétation typique de la toundra. Seuls quelques bouleaux et trembles vivent dans ces régions nordiques.
Les principaux facteurs environnementaux qui limitent la croissance et la répartition des plantes sont un sol froid qui, l’été, a une couche de croissance de 20 à 60 cm d’épaisseur et repose sur le pergélisol; l’épaisseur variable de la couche de neige hivernale; la faible quantité d’éléments nutritifs du sol, notamment d’azote et de phosphore; et la grande aridité (sur les crêtes) ou humidité (dans les basses terres) des sols l’été. L’Arctique est généralement divisé en Bas-Arctique, qui inclut la partie continentale, et en Haut-Arctique, qui comprend au nord le district de Keewatin et l’archipel Arctique.
Bas-Arctique
Le Bas-Arctique se caractérise par une couverture végétale presque continue et une abondance d’arbustes ligneux nains ou prostrés. Parmi les principaux peuplements végétaux, on y trouve une haute toundra arbustive (de 2 à 3 m) composée d’aulnes, de bouleaux nains et de saules, au bord des lacs et des cours d’eau ainsi que sur les pentes escarpées; une basse toundra arbustive (de 30 à 60 cm) composée de saules, de bouleau glanduleux, d’éricacées naines, de nombreuses espèces de carex et de petites plantes herbacées ainsi que des lichens et des mousses en abondance, sur les pentes moyennement drainées; les touffes de carex, les éricacées naines, les mousses et les lichens, sur les sols mal drainés des petites collines; et plusieurs espèces de carex, quelques espèces de graminées et d’herbacées ainsi que d’abondantes mousses sur les terrains plats mal drainés, où l’on trouve parfois des lacs peu profonds et des polygones concaves.
C’est dans ces derniers milieux qu’un grand nombre d’oiseaux aquatiques passent l’été. Les buttes formées de touffes de carex et les basses toundras arbustives constituent les quartiers d’été du caribou de la toundra et l’habitat permanent des lemmings, des lagopèdes, des renards et des loups.
Haut-Arctique
Dans le Haut-Arctique, la végétation est plus clairsemée et la faune, moins diversifiée. Cela est attribuable aux étés plus froids, à la saison de croissance plus courte (de 1,5 à 2,5 mois) et aux faibles précipitations (de 100 à 200 mm). Dans les basses terres, on trouve des zones restreintes de toundras à carex et à mousses diminuant en abondance au-dessus du 74e parallèle de latitude Nord.
Environ 50 % de la couverture végétale est constituée d’îlots épars d’arbustes nains prostrés (de 1 à 3 cm de hauteur), de saules et de benoîtes de l’Est, de petites plantes en coussinet (draves, saxifrages, mourons des oiseaux, pavots, etc.) et de lichens et mousses en abondance ou de zones comportant des lichens, des mousses, des groupes épars de graminées et de joncacées ainsi que des plantes en coussinet. Ces territoires polaires semi-arides abritent de petits troupeaux disséminés de bœufs musqués et de caribous de Peary ainsi que, dans les lacs des basses terres, des oiseaux aquatiques.
À haute altitude (plus de 100 m), dans les îles du sud et du centre, et à plus basse altitude, dans les îles plus au nord, une abondance de roches de pavage désertiques, de roches gélives et de petits îlots de sol limono-argileux de turbations périglaciaires donnent une terre véritablement aride (déserts polaires). À ces endroits, les plantes à fleurs et les mousses ne poussent que là où les grands bancs de neige fondants constituent une source d’eau. Ailleurs, on trouve de minuscules plantes à fleurs dispersées et pratiquement pas de lichen ni de mousse.
Forêt boréale ou taïga
La forêt boréale ou taïga encercle l’hémisphère Nord, entre la toundra dépourvue d’arbres et les zones plus méridionales de forêts de feuillus des latitudes moyennes. En Amérique du Nord, la taïga s’étend de l’intérieur de l’Alaska et des versants est des Rocheuses jusqu’à Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui en fait la plus grande région de végétation du Canada. Une zone distincte de végétation boréale se trouve aussi sur l’île du Cap-Breton, sur la côte est de la Nouvelle-Écosse et autour de la baie de Fundy.
Cette région de végétation est dominée par des espèces résistantes aux étés courts et frais ainsi qu’aux hivers longs et rigoureux. La végétation varie dans ce grand biome.
Sous-zones du sud
Le tiers sud du territoire est dominé par de grandes forêts (de 15 à 25 m) semi-fermées (40 à 60 % de couverture) et formant une canopée, composées de peuplements purs et mélangés d’arbres décidus et de conifères. Le tremble, le peuplier baumier et l’épinette blanche sont communs dans les hautes terres du côté ouest; l’épinette blanche, l’épinette noire, le sapin baumier, le tremble et le bouleau à papier sont communs à l’est du Manitoba. Dans les régions adjacentes aux forêts tempérées de l’Est, on trouve également le pin rouge, le pin blanc, l’érable à sucre, l’érable rouge et le bouleau jaune. Le pin gris est commun sur les sols bien drainés à texture grossière.
Dans la région du centre de la taïga, les conifères sont plus abondants que dans le tiers sud en raison du climat plus froid. Les hautes terres sont dominées par l’épinette noire et l’épinette blanche, le pin gris et le sapin baumier. Les sites plus chauds et plus secs sont colonisés par le tremble et le bouleau à papier.
La végétation qui pousse sous le couvert forestier dans le sud et le centre de la taïga est généralement composée d’un mélange de plantes herbacées et d’arbustes décidus. Dans les endroits frais et les peuplements forestiers matures, il pousse un tapis d’hypne, et les autres espèces des sous-bois sont moins abondantes. Par contre, dans les sites secs où les pins poussent librement (couverture de moins de 30 %), les raisins d’ours, les bleuets et les lichens dominent le tapis végétal. Le climat et la végétation permettent le développement de luvisols sur des sites à texture fine ou moyenne; les podzols et les brunisols sont communs sur des substrats à texture grossière.
Zone subarctique
Le tiers ou la moitié nord de la taïga, ou zone subarctique, connaît un été plus court et un climat plus froid que les régions méridionales. Dans ces conditions, on trouve des peuplements à croissance libre de conifères rabougris (de 5 à 7 m de hauteur). Les arbres les plus communs sont l’épinette noire et le sapin baumier, mais l’épinette blanche et le bouleau à papier croissent dans les endroits chauds et secs. Entre les arbres nains, on retrouve généralement des arbustes tels que le bouleau nain et le ou des tapis de lichens et de mousses. Les brunisols et les podzols sont communément associés aux hautes terres. Cette partie de la taïga crée une transition avec la toundra arctique. L’orignal, l’ours noir, le lièvre d’Amérique et, au nord, le caribou, sont les espèces d’animaux typiques de la taïga.
Milieux humides
Dans toute la taïga, on trouve des régions peu ou mal drainées (probablement au moins 25 % de la superficie totale). Ces sont appelés tourbières minérotrophes ou oligotrophes (ombrotrophes) selon qu’ils sont respectivement plutôt riches ou pauvres en éléments nutritifs. Des espèces telles que l’épinette noire, le mélèze, le genévrier de Virginie (dans l’est et le sud seulement), les saules, le thé du Labrador, l’andromède glauque, la ronce petit-mûrier (chicouté), les carex, les sphaignes et les mousses sont des espèces typiques des peuplements végétaux des milieux humides.
Le pergélisol est souvent associé aux tourbières, particulièrement dans la moitié septentrionale de la taïga. On y trouve également de grands marais (des milieux humides sans ), entre autres dans le grand delta des rivières de la Paix et Athabasca dans le Parc national Wood Buffalo. Les carex, les prêles et les éléocharides sont des plantes communes dans ces régions.
Incendies
On trouve des vestiges d’incendies presque partout dans la taïga, et plusieurs plantes ont des mécanismes de survie face à ces événements catastrophiques. Par exemple, plusieurs espèces de plantes boréales peuvent se reproduire après une perturbation en bourgeonnant à partir de tiges des sous-bois, entre autres de tiges d’arbres (tremble), d’arbustes (amélanchier, saule, raisin d’ours, rosier) et de certaines plantes herbacées. Les graines de certaines espèces sont facilement dispersées par le vent (bouleau, épilobe à feuilles étroites), tandis que d’autres ont des cônes sérotineux (c’est-à-dire qui restent fermés) qui protègent les graines et s’ouvrent seulement après avoir été chauffés (pin gris, épinette noire).
Des processus naturels permettent le remplacement, dans les brûlis, de peuplements végétaux tels que le tremble et le pin gris par des espèces plus tolérantes à l’ombre telles que l’épinette blanche, l’épinette noire et le sapin baumier lorsque l’intervalle entre les incendies est long (plus de 150 ans). Cette succession secondaire peut mener à une végétation climacique.
Côte du Pacifique
La région côtière du Pacifique, qui s’étend à peu près du parallèle 48 o à 55 o de latitude Nord, peut être divisée en quatre zones de croissance distinctes reflétant la grande variation de température, de longueur de saison de croissance et de précipitations moyennes (de 650 à 3 000 mm par année). D’importantes précipitations, causées par les chaînes de montagnes de l’île de Vancouver et de l’archipel Haida Gwaii, peuvent entraîner d’autres variations climatiques sur les versants est des montagnes et dans les régions associées des côtes continentales.
La végétation des côtes des archipels et des côtes du continent exposées à l’océan est principalement constituée de forêts de conifères composées de Douglas taxifolié, de pruche occidentale, de cyprès de Nootka, d’épinette de Sitka, de pin tordu latifolié (pin lodgepole), de genévrier rouge et, occasionnellement, d’if occidental. Les principaux arbres décidus que l’on y rencontre sont l’aulne rouge et le saule de Scouler. On ne retrouve pas de Douglas taxifolié dans les Haida Gwaii.
La région du détroit de Georgie sur la côte est de l’île de Vancouver et la côte continentale adjacente ont un climat méditerranéen plus sec. À cet endroit, la végétation côtière doit survivre à un climat chaud et sec qui peut durer jusqu’à huit semaines. La végétation se caractérise par une flore printanière colorée et plusieurs espèces de plantes herbacées annuelles. L’arbousier, le cornouiller de Nuttall et le chêne de Garry atteignent leurs limites septentrionales dans cette région. L’arbousier Madrono est le seul arbre indigène à feuilles larges et persistantes au Canada. Le cornouiller de Nuttall est l’emblème floral provincial (voir ) de la Colombie-Britannique. Parmi les autres espèces forestières, on retrouve le Douglas taxifolié, la pruche occidentale, le sapin grandissime, l’érable grandifolié, le thuya géant et le cerisier amer.
Dans les forêts côtières exposées à l’océan, les arbustes de sous-bois prédominants sont la gaulthérie shallon (salal), la ronce élégante et plusieurs espèces du genre Vaccinium (par exemple, les airelles et les gaylussaquiers). Ces arbustes, notamment la gaulthérie shallon, forment souvent des buissons impénétrables dans des promontoires exposés. Dans les régions côtières intérieures plus arides, les plantes communes des sous-bois sont la ronce occidentale, le sureau rouge du Pacifique, la rose de Nootka, l’holodisque discolore, la symphorine blanche, la et le blechne en épi.
Sur les plages, on retrouve des peuplements végétaux spécialisés. La plupart des plages sont formées de cailloux ou de galets et comportent une zone importante de bois dérivé contenant de grandes billes d’arbres forestiers. Les plages de sable fin se rencontrent plus communément dans la partie sud de la côte pacifique canadienne. Les plantes communes de la zone de bois dérivé sont l’élyme des sables, la gesse maritime (pois de mer), le Vicia gigantea, le gaillet gratteron, la calamagrostide du Canada, la deschampsie cespiteuse, la fraise de la côte du Pacifique et le plantain maritime.
La côte du Pacifique est fortement découpée par plusieurs bras de mer semblables à des fjords. Au fond de ceux-ci, on trouve une végétation de marais salé. Parmi les plantes communes de ces marais, on compte diverses espèces : zigadène élégant, troscarts, pontédérie cordée, trèfle de Wormskjöld, stellaire déprimée et carex, tel le C. lyngbyei et leC. obnupta. Les graminées que l’on rencontre dans ces peuplements sont l’agrostide en épi, la fétuque rouge, la deschampsie cespiteuse et l’orge des prés. Parmi les plantes à fleurs occasionnelles, mais remarquables, il y a l’aster de Douglas, la renoncule occidentale, Grindelia integrifolia et le microséris boréal. Le jonc épars forme des îlots herbacés remarquables dans ces terres marécageuses.
Cordillère
La végétation de la cordillère canadienne est très diversifiée. Elle varie de la toundra alpine à la forêt pluviale côtière, en passant par les prairies et les savanes boisées. En fait, cinq des huit principales zones forestières du Canada se trouvent dans la cordillère.
Les régions montagneuses possèdent généralement une végétation complexe en raison des effets climatiques de l’altitude et des montagnes, qui constituent une barrière au flux d’air. La cordillère canadienne ne fait pas exception à la règle. Des bandes parallèles de chaînes de montagnes perpendiculaires au flux du système atmosphérique provenant de l’est provoquent des variations dans la végétation selon que celle-ci est exposée au vent ou protégée de celui-ci. Les gradients climatiques relatifs à l’altitude et à la latitude contribuent également à la variété végétale.
La végétation de la cordillère se divise en 14 zones. Chaque zone a une végétation, un sol et un climat caractéristiques. Ces zones, aussi appelées, prennent généralement la forme de bandes altitudinales dans les montagnes couvrant une étroite distance horizontale, mais pouvant couvrir de grandes superficies dans les plateaux intramontagneux ou intérieurs. Ces 14 zones peuvent être groupées en sept régions.
Région alpine
Elle contient uniquement la zone de toundra alpine. On y trouve des peuplements végétaux semblables à ceux de la toundra, à des altitudes au-dessus de la limite forestière dans les régions montagneuses. C’est une zone importante de la cordillère canadienne qui au Yukon, dans le district du Mackenzie des Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique et en Alberta. La saison de croissance est courte, et il peut geler en toute saison. La végétation consiste principalement en graminées, carex, saules nains, mousses, lichens et autres petites plantes basses ligneuses et herbacées. À basse altitude, dans les endroits humides, on trouve parfois des prés luxuriants de plantes herbacées.
Région de la forêt subalpine de la côte du Pacifique
Elle contient uniquement la zone de la pruche subalpine, qui se situe à une altitude intermédiaire dans la chaîne côtière, les Cascades et les montagnes de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Il neige beaucoup dans cette région, et le sol ne gèle pas en raison de l’épaisse couverture de neige. La pruche subalpine, le sapin gracieux et le cyprès de Nootka y sont les espèces d’arbres caractéristiques. Parmi les espèces communes des sous-bois, on retrouve les bleuets, l’elliottie à fleurs de pyrole, le cassiope de Mertens, le streptope rose, la dryoptéride disjointe et le Rhutididiopsis robusta. À haute altitude, on trouve généralement un parc forestier de conifères et des prés ou des landes (éricacées).
Région de la forêt subalpine de la cordillère intérieure
Il s’agit de la région subalpine éloignée de la côte. La terre y gèle généralement avant que la neige commence à tomber. On y distingue deux zones. La première, la zone de l’épinette d’Engelmann et du sapin subalpin, se retrouve en Colombie-Britannique et en Alberta. Les espèces d’arbres typiques comptent entre autres l’épinette d’Engelmann, le sapin subalpin, le pin tordu latifolié, le pin albicaule et le mélèze subalpin. Les plantes communes des sous-bois sont le rhododendron à fleurs blanches, la menziézie ferrugineuse, le gaylussaquier à fruits bacciformes, l’aulne de Sitka, la dryoptéride disjointe, l’arnique des montagnes et des hépatiques à feuilles.
La seconde zone, celle de l’épinette, du saule et du bouleau, se trouve dans le nord de la Colombie-Britannique et de l’Alberta (chaîne Cariboo), au Yukon et dans le district du Mackenzie des Territoires du Nord-Ouest. L’épinette blanche est commune dans toute cette zone, et le sapin subalpin se retrouve en Colombie-Britannique et dans le sud du Yukon. Le pin tordu latifolié croît dans les sites perturbés ou arides, et l’épinette noire est commune aux basses altitudes. Les saules et les bouleaux nains sont les arbustes communs. Les plantes herbacées communes sont la fétuque des monts Altaï, le pédiculaire du Labrador et le lupin arctique. L’hylocomie brillante abonde également. La végétation dominée par les arbustes est commune aux hautes altitudes et dans les vallées larges, qui subissent l’influence du drainage d’air froid.
Région de la forêt boréale montagnarde
Elle se divise en trois zones qui ont toutes un climat fortement continental (c’est-à-dire étés chauds et hivers rigoureux) et sont situées à des altitudes montagnardes (c’est-à-dire sous la région subalpine), communément sur les plateaux intramontagnards. La première est la zone de la forêt boréale d’épinette blanche et d’épinette noire. Elle est l’équivalent de la forêt boréale de conifères de la plus grande partie du reste du Canada, mais dans la cordillère, c’est la zone située dans les vallées de l’Alberta, du nord de la Colombie-Britannique, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, où elle trouve généralement des sols mieux drainés. Le pergélisol n’est pas commun en Colombie-Britannique et dans la cordillère albertaine, mais il l’est plus dans le nord de ces provinces.
Les forêts sont principalement formées de peuplements mixtes d’épinette blanche et d’épinette noire, de pin tordu latifolié, de peuplier baumier, de bouleau à papier et de tremble. Parmi les plantes communes des sous-bois, on retrouve l’aulne à feuilles minces et l’aulne crispé, la viorne trilobée, les rosiers sauvages, la shépherdie du Canada, l’épilobe à feuilles étroites, la calamagrostide, l’airelle vigne-d’Ida, la linnée boréale et les hypnes.
La zone subboréale d’épinette se trouve en Colombie-Britannique, sur le plateau central, entre la chaîne côtière, les Rocheuses et la chaîne Cariboo. Les étés y sont légèrement plus frais que dans la zone boréale d’épinette blanche et d’épinette noire en raison de sa plus grande couverture nuageuse, de ses jours plus courts et de ses hivers moins rigoureux, avec plus de neige. Les forêts sont dominées par l’épinette blanche hybride, le sapin subalpin, le pin tordu latifolié, le Douglas taxifolié, l’épinette noire et le peuplier occidental. On y retrouve quelques forêts de trembles et de bouleaux à papier, particulièrement là où il y a beaucoup d’incendies.
Les arbustes que l’on y rencontre communément sont la gaylussaquier à fruits bacciformes, l’aulne de Sitka, le Spiraea betulifolia, le Paxistima myrsinites, le chèvrefeuille à involucres, la ronce occidentale et l’aralie épineuse. Les espèces de liliacées telles que les sceaux-de-Salomon, les streptopes, la dispore (de l’Orégon) et la clintonie uniflore sont communes dans les sous-bois, de même que la dryoptéride disjointe, la tiarelle cordifoliée, la pétasite palmée et l’hypne.
La troisième zone est la zone subboréale de pin et d’épinette. Elle est située dans le plateau Chilcotin du centre de la Colombie-Britannique. Le climat de ce haut plateau est semblable à celui de la zone boréale d’épinette blanche et d’épinette noire, avec des hivers rigoureux et des étés chauds et secs. Les forêts de pins dominent le paysage en raison des incendies fréquents. L’épinette blanche hybride est aussi commune, et on y trouve beaucoup de trembles et d’épinettes noires. Parmi les plantes communes des sous-bois, on retrouve la shéperdie du Canada, le genévrier, l’airelle gazonnante, la calamagrostide rougissante, le raisin d’ours, la camarine, l’hypne de Schreber et plusieurs espèces de lichens.
Région forestière tempérée montagnarde de la cordillère
Elle comprend trois zones. La première est la zone intérieure de thuya et de pruche. Elle est située dans des vallées chaudes et humides du sud-est de la Colombie-Britannique et du côté sous le vent de la chaîne côtière dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. C’est la zone la plus humide et la plus productive de l’intérieur de la province.
Le thuya géant et la pruche occidentale sont les espèces d’arbres dominantes, mais plusieurs autres espèces se trouvent aussi dans cette zone dont le Douglas taxifolié, le pin tordu latifolié, le pin argenté, l’épinette blanche hybride, le sapin subalpin, le mélèze occidental, le bouleau à papier et le tremble. Dans les régions où les précipitations sont abondantes, on trouve des forêts de pruches occidentales et de thuyas géants aussi magnifiques que dans les forêts pluviales côtières. Ces forêts sont dites anciennes, car elles ont près de 1 000 ans.
Les plantes des sous-bois varient considérablement à l’intérieur de cette zone, mais on trouve dans le sud du chèvrefeuille de l’Utah, du Paxistima myrsinites et du mahonia à feuilles de houx; et dans le nord, du gaylussaquier à fruits bacciformes et du sorbier de Sitka. L’aralie épineuse, la dryoptéride disjointe, la clintonie uniflore, le streptope rose, le symplocarpe fétide et l’hypne sont des plantes communes dans toute la région.
La deuxième zone est la zone intérieure de Douglas taxifolié. Elle est située à basse altitude, sur les versants est des Rocheuses en Alberta, à une altitude intermédiaire dans les montagnes du sud de la Colombie-Britannique et domine la végétation des plateaux méridionaux intramontagneux de la Colombie-Britannique. C’est une zone chaude continentale dominée par le Douglas taxifolié, accompagné de plusieurs autres espèces d’arbres comme le pin tordu latifolié, le pin ponderosa, l’épinette blanche hybride, le mélèze occidental, le bouleau à papier, le peuplier occidental et le tremble. Le thuya géant abonde dans les régions humides de cette zone.
La calamagrostide rougissante est la plante dominante qui caractérise les sous-bois. Les autres plantes communes sont le genévrier saxicole et le genévrier commun, le Spiraea betulifolia, l’amélanchier, l’agropyre à épis, le raisin d’ours et la linnée boréale. Les prairies où dominent l’agropyre à épis, la fétuque et parfois la stipe comateuse sont communes dans certaines parties de cette zone. On trouve également plusieurs parcs formés de forêts et de prairies.
La zone montagnarde d’épinette se situe à des altitudes entre la zone intérieure de Douglas taxifolié et celle d’épinette d’Engelmann et de sapin subalpin, dans la plus grande partie de son aire de répartition dans le sud de la Colombie-Britannique et sur les versants est des Rocheuses, mais on la trouve aussi au-dessus de la zone subboréale de pin et d’épinette dans le centre de la Colombie-Britannique. De plusieurs façons, le climat est semblable à celui des milieux arides et humides de la zone subboréale d’épinette : les étés sont chauds et les hivers sont froids, mais pas rigoureux.
Le pin tordu latifolié domine le couvert forestier en raison des incendies fréquents. L’épinette d’Engelmann et l’épinette blanche hybride sont habituellement dans les sous-bois et dominent les peuplements qui n’ont pas été touchés par le feu depuis un certain temps. Les plantes comme le Paxistima myrsinites, l’airelle à fruits roses, la calamagrostide rougissante, la linnée boréale, la gaulthérie couchée et l’hypne de Schreber se retrouvent généralement sous les arbres.
Région de savane et de steppe froide de la cordillère
Elle comprend les zones où le climat est aride et où les sols ont un déficit considérable en eau. Cette région se divise en deux zones, toutes deux situées en Colombie-Britannique. La première est la zone de schizachyrium. C’est une zone de prairies où règnent l’armoise tridentée et l’agropyre à épis. Parmi les autres plantes communes de cette zone, on retrouve aussi la bigelovie puante, l’armoise rustique, la koelérie à crêtes et les raquettes (cactus). Entre les touffes de graminées, la présence d’une croûte de lichens et de mousses à la surface du sol, rare en raison du broutage par le bétail, indique une prairie en excellente condition.
Il s’agit de la zone la plus chaude et la plus aride de la cordillère et elle se situe principalement au fond des vallées profondes de l’intérieur méridional, dans une région sous le vent abritée de la pluie par la chaîne Côtière. Cette zone est l’extension septentrionale de la prairie Columbia Basin des États-Unis.
La zone de pin ponderosa est située aux altitudes entre la zone de schizachyrium et la zone intérieure de Douglas taxifolié, dans ces régions arides de la Colombie Britannique. Les forêts sont dominées par le pin ponderosa, et les plantes les plus communes des sous-bois sont l’agropyre à épis et les fétuques. Les forêts sont à la fois ouvertes, de type savane boisée et fermées. Les prairies d’agropyre à épis sont souvent mélangées avec de petits îlots de forêt de pins ponderosas. Les autres espèces typiques de cette zone sont la balsamorhize à feuilles sagittées, les achillées et les antennaires. Le Douglas taxifolié se retrouve dans les lieux plus humides ainsi que dans les endroits où on prévient les incendies. Les forêts sur les sites plus humides sont aussi parfois dominées par le tremble, le peuplier, le bouleau à papier ou le bouleau occidental.
Région forestière mésothermique de la côte du Pacifique
Elle comprend deux zones caractérisées par un climat côtier doux. La première et la plus sèche des deux est la zone côtière de Douglas taxifolié. Elle se trouve principalement dans la région côtière du Pacifique, sur l’île de Vancouver, et n’occupe pas une place importante dans la cordillère de la côte continentale de l’ouest.
Les forêts de Douglas taxifoliés y dominent bien que d’autres espèces d’arbres y soient aussi communes, notamment l’arbousier, le cornouiller de Nuttall, l’érable à grandes feuilles, le sapin grandissime et le thuya géant. Au printemps, la végétation des prairies de chêne de Garry est colorée de fleurs abondantes. Les sous-bois de forêts de conifères comptent plusieurs espèces dont l’oemléria faux-prunier, l’holodisque discolore, la symphorine occidentale, le mahonia à feuilles de houx, des chèvrefeuilles et de la gaulthérie shallon (ou salal).
La zone côtière de pruche occidentale est aussi communément appelée forêt pluviale tempérée. Le climat y est humide et chaud, et les forêts de cette zone sont les plus productives et les plus majestueuses au Canada. Cette zone se répartit tout le long de la côte de la Colombie-Britannique et dans les vallées de la chaîne Côtière. Ces forêts pluviales sont caractérisées par la pruche occidentale, le thuya géant, le sapin gracieux, l’épinette de Sitka et le Douglas taxifolié. Parmi les autres espèces communes d’arbres, on retrouve le cyprès de Nootka, le sapin grandissime, l’aulne rouge, le peuplier occidental et le pin tordu latifolié. Les plantes des sous-bois sont variées et comptent, entre autres, le Vaccinium alaskaenses, l’airelle à petites feuilles, la ronce élégante, la gaulthérie shallon, l’aralie épineuse, le blechne commun, la fougère lancéolée, le symplocarpe fétide et l’ébouriffe lanière.
Prairie
La prairie naturelle se rencontre dans les climats semi-arides à subhumides. Les plantes qui y poussent sont vivaces, pour la plupart des graminées, et sont associées à des carex, des plantes herbacées dicotylédones (autres que les graminées) et quelques arbustes nains. Avant l’arrivée des colons européens, des prairies ininterrompues occupaient presque tout le sud du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta, de Winnipeg à Calgary et de la frontière des États-Unis jusqu’à Saskatoon et à Edmonton, et s’étendaient aussi dans les vallées de l’intérieur sud de la Colombie-Britannique.
Les prairies occupaient également en partie la zone de transition entre elles et la forêt boréale vers le nord, où des incendies récurrents interféraient avec le développement des tremblaies qui, à la suite de la colonisation, étaient dispersées dans les prairies. Après la colonisation, on trouve des arbres et des arbustes dans les milieux sablonneux (par exemple, Great Sand Hills, en Saskatchewan, et Carberry Sand Hills, au Manitoba) qu’on retrouve parmi les prairies ouvertes.
La nature de la végétation des prairies dépend du climat et du sol. Les précipitations augmentent vers l’est depuis les Rocheuses, et la température diminue vers le nord. Ces deux facteurs sont modifiés par l’altitude dans les avant-monts d’Alberta, les versants de vallées de la Colombie-Britannique et les milieux élevés des prairies canadiennes méridionales.
Les prairies canadiennes sont classées en quatre zones relatives aux différences climatiques, qui modifient aussi la nature des sols. À l’est des montagnes, le type le plus commun est la prairie mixte, ainsi nommée en raison du mélange de graminées basses et moyennes qui y croissent. On rencontre ce type de prairie dans les régions les plus arides (sud-ouest de la Saskatchewan et sud-est de l’Alberta), où le sol arable est brun et les plantes dominantes (la stipe comateuse, l’agropyre de l’Ouest et le boutelou gracieux) sont relativement résistantes à la sécheresse. La prairie mixte s’étend également dans toute la zone adjacente de sol brun foncé (à l’est, au nord et à l’ouest), où il y a moins d’espèces résistantes à la sécheresse (le stipe à balai var. curtisea et l’agropyre velu).
La prairie de fétuques occupe les sols noirs en Alberta et dans l’ouest de la Saskatchewan entre la prairie mixte et la forêt boréale, et cède la place vers l’est à la prairie d’herbes longues ou haute prairie (aussi appelée prairie normale) dans le sud du Manitoba. La plante principale de la prairie de fétuques est la fétuque scabre. Dans la prairie d’herbes hautes, le schizachyrium à balai et le stipe à balai var. spartea sont les espèces les plus importantes.
En Colombie-Britannique, la prairie est semblable à la prairie de Palouse dans les États de Washington et de l’Idaho. L’agropyre à épis est dominant dans le fond des vallées semi-arides (prairies basses), avec des changements floristiques par un type intermédiaire (prairie moyenne) vers un type où la fétuque scabre abonde (prairie haute).
La prairie mixte et la prairie à herbes hautes s’étendent vers le sud jusqu’au Texas avec des changements importants de composition d’espèces. La prairie de fétuques et la prairie de la Colombie-Britannique (prairie de Palouse) s’étendent vers le sud dans les États adjacents des États-Unis.
Composition d’espèces
Dans la zone de sol noir, la forêt pénètre la prairie là où le climat est plus humide et frais qu’en moyenne (versants nord, bordure des marécages et endroits surélevés), de façon telle que la prairie et la forêt s’interpénètrent pour former la région de tremblaie dans la prairie de fétuques et la prairie à herbes hautes. En Colombie-Britannique, la limite entre la prairie ouverte et la forêt est une savane boisée (prairie où se trouvent quelques arbres dispersés) où le Douglas taxifolié domine.
Les caractéristiques d’une prairie varient localement avec la texture du sol. Dans les dunes de sable, différentes graminées spécialisées abondent (par exemple, la Calamovilfa longifolia, le sporobole à fleurs cachées et le stipe à glumes membraneuses). Sur les bancs (battures) salés, le distichlis dressé et l’orge agréable dominent. L’environnement humide des marécages abrite lui aussi une variété d’espèces de graminées (par exemple, beckmannie à écailles unies, roseau fausse-fétuque et pâturins), de carex, de scirpes et de quenouilles. Habituellement, deux ou trois espèces forment 70 % ou plus de la végétation; le nombre d’espèces associées varie grandement, et la diversité augmente avec l’humidité de l’habitat. Bien que la quantité de biomasse végétale produite annuellement dans une prairie naturelle soit semblable à celle produite dans une prairie cultivée, la moitié ou plus est constituée de parties souterraines.
La croissance des plantes y est très modérée, et les feuilles se développent d’avril à octobre, mais chacune demeure dans le couvert végétal pendant seulement une partie de la saison de croissance. En conséquence, le maximum d’herbage produit au milieu de l’été représente seulement le tiers ou moins de la production d’herbage annuelle. La proportion d’herbage consommée par les animaux (oiseaux, souris,, invertébrés, etc.) est très faible. Des estimations indiquent que, dans des prairies modérément broutées, le bétail consomme moins de 10 % de la production d’herbage. La plus grande partie de l’herbage forme à la surface du sol une couche protectrice de litière qui, avec les parties souterraines des plantes (tiges et racines), passe par le réseau alimentaire de décomposition grâce aux activités des micro-organismes (principalement des mycètes, ou champignons, et des bactéries) et des invertébrés (particulièrement des ).
Disparition des prairies
À la fin du 19e siècle, la principale utilisation agricole que l’on faisait des prairies consistait en des pâturages pour le bétail. La superficie cultivée a rapidement augmenté entre 1900 et 1930, et aujourd’hui, environ 55 % de la région à l’est des montagnes est cultivée ou en jachère, ce qui représente 65 % des terres cultivées au Canada. La grande fertilité des sols des prairies est réduite par le labourage. Des estimations indiquent qu’entre le tiers et la moitié de la matière organique des sols des prairies cultivées a été perdue (voir Conservation des sols). Dans une prairie naturelle, une proportion beaucoup plus faible d’éléments nutritifs du sol est sous une forme facilement accessible aux plantes pour leur croissance ou est perdue par volatilisation dans l’atmosphère ou par lessivage dans le sous-sol. Les prairies non cultivées sont pratiquement impropres à la culture en raison des pentes abruptes, du sable, des roches, de la salinité, de l’aridité ou du manque de drainage. La majorité de ces terres sont en pâturages collectifs ou sont des terres publiques louées par des exploitants de ranchs. La plus grande partie de la végétation a été modifiée par un broutage excessif, ce qui a causé une augmentation relative de certaines espèces (le boutelou gracieux, les carex nains et l’armoise rustique, entre autres) et une diminution relative d’autres espèces (la stipe comateuse et les agropyres, par exemple). Le Parc national des Prairies en Saskatchewan a été établi pour assurer la survie de certaines prairies indigènes.
Forêts tempérées de l’Est
Cette région est la plus septentrionale des grandes forêts tempérées du sud-est de l’Amérique du Nord et est dominée par des arbres décidus à feuilles larges. Sous les climats méridionaux favorables, les feuilles décidues sont plus efficaces, mais elles consomment de l’énergie parce qu’elles doivent être renouvelées annuellement. Une saison de croissance plus courte et un climat plus rigoureux favorisent leur remplacement par des arbres à feuillage persistant (aiguilles) moins efficaces, mais qui nécessitent moins d’énergie. La zone doit ainsi être divisée en forêts décidues du sud et en forêts décidues et à feuillage persistant plus au nord.
Forêts décidues du sud
Le vert caractéristique de l’été est plus évident dans l’extrême sud de l’Ontario, où 80 différentes espèces d’arbres poussent à l’état naturel (elles sont actuellement grandement délogées par l’agriculture). Dans cette région, on observe plusieurs patrons de dominance en raison des variations locales d’humidité du sol, du type de sol et du microclimat. Dans les milieux plus secs des forêts décidues du sud, le chêne noir, le chêne rouge et le chêne blanc prédominent, et le caryer ovale, l’ostryer de Virginie, le hêtre à grandes feuilles, l’érable rouge et le pin blanc leur sont très fréquemment associés.
Dans les milieux humides, l’érable à sucre et le hêtre à grandes feuilles dominent, en association avec l’orme rouge, l’érable noir, le cerisier tardif, le frêne blanc et le tilleul d’Amérique. Dans les basses terres humides et les terres basses, le frêne blanc, l’érable rouge et l’érable argenté sont les principales essences forestières et côtoient le noyer noir, le frêne blanc et le frêne d’Austin (variété ou sous-espèce du frêne rouge), le caryer cordiforme, le peuplier deltoïde, le chêne palustre ou des marais, l’érable négondo et le saule noir.
Au Canada, plusieurs espèces méridionales poussent exclusivement dans cette région (par exemple, le cornouiller fleuri, le chêne châtaignier, le chêne ellipsoïdal ou des marais du Nord, le caryer jaune, le caryer glabre, le caryer lacinié, le châtaignier d’Amérique, le mûrier rouge, le sassafras officinal, le tulipier d’Amérique, le chicot févier, le micocoulier occidental, le magnolier acuminé, le platane occidental, le nyssa sylvestre et le févier épineux). Le pin blanc et le genévrier rouge sont des arbres à feuilles persistantes associés dans les milieux secs. La pruche est la seule autre espèce importante de conifères dans les forêts humides. S’ils ne sont pas perturbés, les arbres de ces forêts atteignent une grande taille (40 m) et un âge avancé (500 ans).
Forêts décidues et à feuilles persistantes
Ces forêts sont souvent appelées forêts mélangées, mais on trouve aussi des peuplements purs d’arbres à feuilles persistantes ou d’arbres décidus. Ainsi, dans le large triangle formé par Michipicoten et North Bay, en Ontario, et Sainte-Agathe au Québec ainsi que dans des endroits isolés à l’ouest de Thunder Bay, au Lac-Saint-Jean et dans la péninsule de Gaspé, on trouve dans les sites les plus secs des forêts de pins gris, de pins blancs ou de pins rouges en association avec le peuplier à grandes dents, le chêne rouge, le hêtre à grandes feuilles, le bouleau à papier, le tremble et la pruche du Canada.
Les forêts humides sont composées d’érables à sucre qui dominent presque entièrement ou se partagent le territoire avec le hêtre à grandes feuilles (sud), le tilleul d’Amérique, l’ostryer de Virginie, le bouleau jaune ou la pruche du Canada. Ces forêts climaciques (au stade terminal) sont remarquablement semblables à celles des milieux humides méridionaux. Les milieux humides abritent des peuplements purs ou mélangés de frêne blanc, d’érable argenté (vers le sud), d’érable rouge (vers le nord), de thuya occidental ou de saule noir. Parmi les espèces associées, on compte le frêne d’Austin, le frêne noir et le mélèze laricin.
Vers le nord, les essences à feuilles persistantes sont plus dominantes. Des peuplements de pins, de thuyas occidentaux, de mélèzes laricins et occasionnellement d’épinettes noires deviennent des éléments proéminents du paysage forestier. Les forêts de succession sont aussi fréquentes. La présence de grands peuplements souvent composés d’une seule espèce (tremble, bouleau à papier, pin gris, pin rouge ou pin blanc) s’explique par les incendies fréquents. Les arbres ne vivent généralement pas longtemps et sont vulnérables au vent, à la maladie et aux mycètes (champignons). À l’exception des forêts de pins blancs, de pins rouges et d’érables, les forêts atteignent rarement une grande taille ou un âge avancé.
Sous-bois
L’été, les forêts décidues sont trop ombragées pour permettre la croissance d’une couverture végétale importante au sol. Au printemps, les plantes à fleurs ayant un cycle reproducteur court sont abondantes. Ces offrent un heureux contraste à la monotonie de la neige et à la sombre majesté des forêts matures, mais les couleurs éclatantes de l’automne sont encore plus spectaculaires avant la tombée des feuilles.
Région côtière de l’Atlantique
La végétation de cette région reflète aussi l’activité humaine. D’allure austère, elle présente l’été et l’automne des contrastes marqués de forêts sombres de conifères et de nombreuses fleurs sauvages aux couleurs éclatantes qui bordent les routes. La végétation est une mosaïque d’habitats modifiés et d’habitats faits par l’humain qui sont un produit de l’histoire glaciaire et de la colonisation. Cette région est située dans la forêt boréale où dominent les conifères (épinette, pin, mélèze et sapin). Elle est déglacée depuis peu et a un climat humide et des basses terres où se forment des milieux humides.
Forêts
L’île de Terre-Neuve est située aux limites est de la région de la forêt boréale. Les conifères y règnent, en particulier l’épinette blanche, l’épinette noire et le sapin baumier. Dans les provinces maritimes, l’épinette rouge est l’espèce dominante. À Terre-Neuve, les espèces décidues sont mélangées aux bouleaux et aux peupliers, et dans les vallées intérieures des Maritimes, aux érables, aux hêtres et aux chênes. La diversité des espèces forestières a été réduite par le déboisement et les incendies et, à moins qu’ils ne soient préservés, les endroits déboisés et les brûlis sont recolonisés par des peuplements d’épinettes blanches et de sapins baumiers. De tels peuplements presque purs font face aux problèmes typiques des monocultures tels que les attaques par les insectes, et plus particulièrement, la tordeuse des bourgeons de l’épinette dans le cas présent.
Milieux humides et landes
Les vents, les températures fraîches et les précipitations abondantes sont caractéristiques du climat maritime. Le long des côtes, les forêts sont généralement composées d’arbres prostrés, et on trouve de grandes superficies de tourbières et de landes, notamment en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve. Les tourbières sont des endroits où le drainage est mauvais et la productivité, faible. Les sphaignes, les carex, les éricacées arbustives, l’épinette noire rabougrie et le mélèze y dominent.
Les landes sont situées sur les côtes, au sommet des collines et dans d’autres régions où les forêts ont de la difficulté à s’établir. La végétation y est courte et arbustive, habituellement dominée par les camarines, les airelles, les bouleaux nains, les genévriers et autres arbustes nains ou rabougris.
Cette région comporte aussi des marais d’eau salée et d’eau douce, particulièrement dans la région de la baie de Fundy.
Régions intérieures
La forêt croît mieux dans les vallées intérieures et dans plusieurs parties du Nouveau-Brunswick parce que les sols y sont plus fertiles et qu’il y a plus d’endroits protégés. Cependant, la flore forestière y est moins riche que plus au sud. La croissance des bleuets, dont on fait une récolte importante dans ces régions, est avantagée par les brûlages dirigés qui réduisent la compétition par les autres espèces et émondent les plants de bleuets, assurant ainsi la croissance des jeunes.
Flore marine côtière
La flore marine côtière comprend des spermatophytes (plantes à graines) et des tallophytes (plantes non différenciées en tiges, racines et feuilles, qui sont non vasculaires, et produisant des spores, par exemple, les algues et les lichens) qui vivent dans la mer ou en bordure de celle-ci. La côte canadienne, qui est fortement découpée, offre de nombreux habitats aux plantes marines, depuis les estuaires abrités et les lagunes jusqu’aux plages rocheuses exposées à l’océan.
La composition de la flore varie selon l’habitat. Certaines espèces d’algues et de lichens vivent à portée des embruns des vagues; d’autres algues vivent à des profondeurs où la lumière pénètre suffisamment pour permettre la photosynthèse (environ 75 m sur la côte atlantique et légèrement moins dans les eaux plus turbides du Pacifique). Dans la zone intertidale, les plantes se distribuent selon leur résistance aux températures extrêmes, à la dessiccation, à un fort ensoleillement et au choc des vagues ainsi que selon leur capacité de faire compétition à d’autres espèces pour l’espace.
Dans le nord et l’est du Canada, la résistance des plantes à la couverture de glace et à l’abrasion causée par celle-ci est un facteur déterminant de leur distribution. Paradoxalement, les eaux côtières peu profondes et protégées atteignent parfois des températures estivales de 28 °C ou plus et abritent parfois des espèces d’eau plus chaude des milieux méridionaux qui peuvent tolérer les hivers froids.
Plantes à fleurs
Au Canada, plusieurs espèces de plantes à fleurs croissent sur les dunes et les plages, et sont adaptées aux habitats secs (par exemple, le caquiller édentulé); d’autres vivent dans les marais salants et tolèrent les inondations périodiques par les marées (par exemple, les spartines); alors que d’autres encore sont vraiment marines et habituellement submergées (par exemple, la zostère marine et Phyllospadix sp.).
Plantes à spores
Les plantes marines qui produisent des spores sont les plus nombreuses. Les plus remarquables et les plus diversifiées sont les algues benthiques (les algues qui poussent au fond de l’océan). Certaines sont de simples cellules microscopiques ou de petites plantes, alors que d’autres font partie des plus grands organismes connus. La plupart sont regroupées en trois principales classes de couleur : rouge, brune et verte. Un quatrième groupe, celui des cyanobactéries (ou ) est répandu et souvent abondant. Il est cependant constitué principalement de formes microscopiques et est habituellement peu documenté en raison des difficultés taxinomiques que ces formes entraînent.
Algues
La flore la plus riche en matière d’algues marines au Canada se trouve sur la côte du Pacifique, où l’on recense environ 625 espèces (58 % de rouges, 23 % de brunes, 18 % de vertes et 1 % d’autres) en Colombie-Britannique et sur les rivages adjacents des États-Unis. Cette profusion est principalement due à la température constante de l’océan et aux remontées d’eau profonde chargée de nutriments. La diversité y est parfois spectaculaire : on trouve 17 genres de varech parmi lesquels certaines espèces peuvent atteindre plus de 30 m de longueur.
Dans l’Atlantique canadien, avec les courants arctiques froids et les conditions rigoureuses de l’hiver, on trouve environ 340 espèces d’algues (37 % de rouges, 35 % de brunes, 26 % de vertes, 2 % d’autres). Elles sont notablement différentes et moins diversifiées que dans le Pacifique. Puisqu’il y a un moins grand nombre d’espèces, certaines se trouvent en grand nombre et en grande densité, et sur les rivages exposés de l’Atlantique, on peut habituellement voir des zonations verticales frappantes de quelques espèces d’algues dominantes. La productivité (conversion de carbone inorganique en tissu végétal) chez certains de ces peuplements denses d’ dépasse celle de plusieurs autres écosystèmes marins et terrestres. Environ 128 espèces sont communes aux rives de l’Atlantique et du Pacifique.
L’Arctique canadien, avec ses températures basses et son faible ensoleillement, a seulement 170 espèces d’algues (32 % de rouges, 38 % de brunes, 30 % de vertes). Les algues arctiques semblent particulièrement aptes à effectuer la photosynthèse avec de faibles quantités de lumière et à de basses températures, mais il a été émis comme hypothèse que l’hétérotrophie (absorption et métabolisation de substances organiques dissoutes dans l’eau de mer) serait leur moyen de subsistance. L’incidence des espèces annuelles diminue aux hautes latitudes, et la flore intertidale est clairsemée ou absente.