L’Assemblée des chefs du Manitoba (ACM) est une organisation de Premières Nations (voir aussi Organisation politique des Autochtones et activisme au Canada). Elle représente les intérêts des 63 Premières Nations au Manitoba. L’ACM a un rôle essentiel dans la défense des droits, de la souveraineté et du bien-être des Premières Nations de la province.

Aux origines de l’ACM
Les origines de l’Assemblée des chefs du Manitoba (ACM) remontent à la formation de la Fraternité des Indiens du Manitoba (FIM) dans les années 1960. La FIM se voulait une réponse à la discrimination systémique, aux difficultés socio-économiques et à l’absence de représentation des communautés autochtones dans la sphère politique. Comme dans d’autres régions du pays, les dirigeants de Premières Nations au Manitoba ont cherché à créer une organisation unifiée (voir aussi Organisation politique des Autochtones et activisme au Canada). L’organisation voulait entraîner des changements d’orientation et augmenter la représentation de ses membres. Elle est le résultat de politiques gouvernementales qui négligeaient ou sapaient les droits de ces derniers. L’autodétermination était au cœur des priorités de la FIM qui a notamment encouragé l’autodétermination en matière d’éducation, de développement économique et de droits issus de traités. En 1971, des dirigeants de Premières Nations formulent leur vision de l’autodétermination dans un document de synthèse intitulé Wahbung : Our Tomorrows.
Les années 1980 voient le nombre de membres de la FIM connaître des hauts et des bas. En conséquence, l’organisation se restructure et change de nom après un débat sur l’efficacité d’une organisation provinciale. Pendant ce temps, les Premières Nations au Manitoba forment des organisations pour poursuivre des intérêts communs, notamment des conseils tribaux et des organisations politiques régionales. Parmi ces dernières, on peut citer Manitoba Keewatinowi Okimakanak, qui représente les chefs, et Four Nations Confederacy, qui regroupe plusieurs conseils tribaux du sud. En 1988, les Premières Nations au Manitoba adoptent une déclaration de principes sur l’unité politique. Elles forment l’ACM avec le mandat explicite de se faire le porte-parole des Premières Nations au Manitoba et de promouvoir leurs intérêts communs dans la province et le reste du pays.
Développement historique
L’ACM joue un rôle de premier plan au cours des années 1990 et au début des années 2000. Elle favorise la promotion de la santé, de l’éducation, du logement, de la protection de l’enfance, du développement économique et de la justice chez les Premières Nations. Parmi les moments charnières de l’histoire de l’ACM se trouve sa participation à la mise en œuvre de l’Initiative sur l’Entente-cadre du Manitoba dans les années 1990. L’ACM a négocié cet accord avec le gouvernement fédéral, qui visait à créer un processus de reconnaissance et de mise en œuvre des droits inhérents des Premières Nations à l’autonomie gouvernementale (voir aussi Droits ancestraux). En 2007, l’ACM dissout l’accord, affirmant que le gouvernement fédéral n’avait pas manifesté d’intérêt ou d’appui à son égard. Par cette initiative, l’ACM a montré qu’elle pouvait être un médiateur capable de négocier des accords complexes qui touchent la gouvernance et l’autonomie des communautés de Premières Nations.
Au fil des ans, l’ACM s’est aussi employée à défendre devant la justice le cas de membres de Premières Nations au Manitoba ayant subi de la discrimination et de la violence. Par exemple, l’organisation a réclamé haut et fort des enquêtes sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées et la surreprésentation des enfants de Premières Nations dans le système de protection de l’enfance ainsi que des réformes en ce sens. L’ACM montrait du même coup son désir de résoudre les problèmes systémiques avec lesquels sont aux prises les communautés de Premières Nations.
Structure de gouvernance
La structure de gouvernance de l’ACM est décrite dans sa constitution, adoptée en 1994 et modifiée en 2024. L’assemblée des chefs est au cœur de sa gouvernance. Cette assemblée est composée de chefs des Premières Nations au Manitoba qui se réunissent chaque année à la manière d’un forum politique et orientent l’action collective. Entre les assemblées, le conseil exécutif des chefs et le grand chef veillent à l’exécution des mandats. Le grand chef, qui fait office de porte-parole, est élu par les chefs des Premières Nations au Manitoba pour une durée générale de trois ans. De nombreux grands chefs ont marqué l’histoire de l’organisation. David Courchene Sr. était grand chef de la Fraternité des Indiens du Manitoba et a contribué à définir les fondements idéologiques de l’AMC dans le rapport Wahbung: Our Tomorrows de 1971. Phil Fontaine est devenu le chef national de l’Assemblée des Premières Nations après avoir été grand chef de l’ACM (voir aussi Assemblée des Premières Nations). Cathy Merrick était une dirigeante de la Nation crie de Pimicikamak et grande militante de la communauté. Elle a fortement contribué à sensibiliser les gens à la situation des femmes et filles autochtones disparues et assassinées et à d’autres questions de justice sociale touchant les Premières Nations pendant son mandat de grande cheffe de l’ACM.
Rôle et influence politiques
L’ACM joue un rôle politique important au Manitoba et sur la scène nationale. Son mandat principal est de défendre les droits, les intérêts et la souveraineté des Premières Nations au Manitoba par divers moyens, notamment le lobbying, les campagnes publiques et les négociations avec les organismes publics.
À l’échelle provinciale, l’ACM collabore avec le gouvernement du Manitoba sur des questions importantes. Les deux parties ont discuté de sujets allant des services de santé à la gestion des ressources. L’ACM insiste sur la nécessité de mettre en place des politiques qui respectent les droits issus de traités et qui accordent la priorité au bien-être des communautés de Premières Nations. L’ACM a particulièrement insisté sur la nécessité d’obtenir des ressources pour lutter contre les inégalités en santé parmi les Premières Nations et d’offrir des soins de santé accessibles et culturellement adaptés.
À l’échelle provinciale, l’ACM participe aux travaux de l’Assemblée des Premières Nations (APN). L’ACM transmet à l’APN les résolutions des chefs de l’ACM réunis en assemblée. Par l’intermédiaire de l’APN, l’ACM collabore avec d’autres organisations régionales de Premières Nations pour instaurer des changements dans les politiques nationales, notamment en ce qui concerne l’autonomie, l’éducation et la réforme de la protection de l’enfance.