Cette firme d’architectes ouvre ses portes à Montréal en 1997 à l’initiative de deux partenaires fondateurs, Manon Asselin (née à Québec, au Québec) et Katsuhiro Yamazaki (né à San José, au Costa Rica). Ces deux architectes ont été formés à l’Université McGill. Ils sont bacheliers en architecture (Asselin est diplômée en 1992 et Yamazaki en 1996). Asselin est aussi détentrice d’une maîtrise en histoire et théorie de l’architecture (2001). Asselin enseigne à l’Université de Montréal et Yamazaki est professeur invité à l’Université McGill. Les deux travaillent aussi pour d’autres firmes, instaurant des équipes multidisciplinaires au sein desquelles ils ont habituellement le statut de coéquipiers dirigeants. L’atelier TAG a obtenu, sur appels d’offres, des contrats pour la mise en place de projets culturels majeurs. Ces succès de soumission ont mené à la réalisation d’importants espaces publics. Les créations de l’atelier TAG mobilisent des matériaux modernes. Elles se veulent sensibles à l’héritage historique et expriment un souci de respect pour l’environnement naturel. Cette firme est aujourd’hui perçue comme un vecteur majeur d’influence sur les tendances architecturales au Québec.
Principales réalisations
Les principaux projets de l’atelier TAG ont été réalisés en collaboration avec la firme d’architectes Jodoin Lamarre et Pratte (JLP). Ces œuvres examinent l’expérience spatiale dans une perspective critique, notamment en parcellisant les dimensions, de façon à y inviter l’interaction. Ces espaces ouverts, solidement dotés d’une vision finalisée, instaurent une forme de transparence peu fréquente au sein des villes où ils sont mis en place. Ce fait est évident dans le cas de la Bibliothèque municipale de Châteauguay (2003), du Théâtre du Vieux-Terrebonne (2004), de la bibliothèque publique Raymond-Lévesque (2011) et des bureaux de la Fondation Trudeau (2014). La Bibliothèque municipale de Châteauguay et le Théâtre du Vieux-Terrebonne ont reçu la Médaille du Gouverneur général en 2006. La bibliothèque publique Raymond-Lévesque l’a reçu en 2014.
Espace public à l’échelle humaine
Attentif à tout ce qui procède de l’échelle humaine, l’atelier TAG traite la portion paysagère de la bibliothèque publique Raymond-Lévesque en agrémentant cette dernière d’une cour intérieure imposant une qualité raffinée à l’ensemble. Le dispositif formule une dimension intime, notamment par la mise en valeur de boiseries travaillées sur le mur-rideau de façade et par un jardin d’entrée incorporant des sculptures sur pierre. Au plan technique, un traitement novateur des surfaces ligneuses et une prise en compte assurée des dimensions environnementales rehaussent les qualités inhérentes de l’immeuble. De plus, l’organisation des espaces de la bibliothèque est très conviviale. Il tend à rapprocher visuellement les visiteurs au cours de leur expérience en bibliothèque, tout en fournissant des aires de repos adéquates.
Point de convergence communautaire
Très prisée de ses usagers,la Bibliothèque municipale de Châteauguay, située dans le parc Honoré-Mercier, établit une relation très intime entre l’immeuble et son aménagement paysager. Le lieu est conçu comme un point de convergence pour la communauté. Le visiteur est en relation constante avec l’aménagement extérieur, que ce soit physiquement ou visuellement. La forme architecturale épouse le dispositif paysager et s’ouvre sur lui, dans un mouvement unique. Le visiteur découvre d’abord un mur d’entrée en maçonnerie. Malgré cette introduction plutôt grandiose, on s’avance ensuite de façon toute fluide vers la bibliothèque se trouvant au fond du terrain du site. Et de là, une vue panoramique s’ouvre sur le parc. Cette bibliothèque est devenue un lieu de convergence où les besoins sociaux et individuels sont pleinement satisfaits. C’est une réussite.
Lumière naturelle
La lumière naturelle est un des plus riches instruments dont dispose l’architecture pour configurer des espaces à la fois sains et inspirants. Les intérieurs modernistes de la Fondation Trudeau sont accueillants et ils diffusent une symphonie de lumière dans le cadre d’un immeuble circonscrit. Le plancher ouvert du projet d’origine est maintenu dans la réalisation. Dès l’entrée dans les espaces à bureaux, le visiteur se sent raccordé au mur extérieur le plus lointain, le tout dans une ambiance promptement expansive. La palette des couleurs, modeste mais vive et nette, prend corps en des surfaces immaculées, en des détails de boiseries et en des matériaux ajourés, comme des panneaux de plafonds transparents et des rideaux d’isoloirs translucides. La configuration des espaces, comme bien souvent dans le cas des réalisations de l’atelier TAG, favorise la convivialité et le fait de vivre ensemble. Ainsi, tous les bureaux sont localisés en périphérie tandis que les aires communes, comme les salles de réunions et les lieux de réceptions, occupent les positions centrales de l’immeuble. L’atelier TAG raffine cette organisation spatiale par des locaux encadrés de minces parois de verre.
Paysage historique, paysage naturel
Le Théâtre du Vieux-Terrebonne repose sur une fondation rocheuse historiquement significative pour le site. Une intéressante combinaison d’expériences spatiales est donc déjà incorporée, dès cette mise en situation. L’immeuble tend à s’insérer intimement dans son aménagement paysager. On remarque ce fait surtout en observant la paroi sud, où un treillis de câbles tendu sur la façade de l’immeuble attend la montée des plantes grimpantes. À l’arrière de l’immeuble aussi l’architecture et l’aménagement paysager se rencontrent intimement. Le matériau et les couleurs choisis sont utilisés avec retenue. Ceci fait contraste avec le traitement moderniste de la structure, qui retient cependant tous les aspects historiquement convenus d’un théâtre. La stratégie esthétique générale évoque le costumier varié et disparate d’une production théâtrale. Magnétisante, la combinaison des formes invite l’œil à explorer des agencements de verre, de métal, de tapisserie d’ameublement, de surfaces laquées luisantes, de béton écru, de murailles d’un blanc épuré et de treillis d’acier. Dans le jeu dimensionnel, une joyeuse combinaison de compressions et d’expansions exprime l’habilité qu’a l’architecture à impliquer dans sa démarche ceux qui visitent le théâtre, en les guidant dans une expérience des espaces éclairée et riche.
Récompenses
Cette jeune firme d’architectes s’est constitué une solide réputation par son travail exploratoire. Et elle a été couronnée de nombreux prix, à la mesure de ladite réputation. On peut citer le Prix d’excellence de l’Ordre des Architectes du Québec (OAQ; 2005, 2013), la Médaille du Gouverneur général en Architecture (2006, 2014), le Prix d’excellence de la revue Canadian Architect (2013, 2014) et le Grands Prix du Design (2011, 2015). De plus, Manon Asselin siège au comité de l’OAQ en compagnie de membres éminents de l’Ordre, comme Phyllis Lambert et Dan Hanganu. Qui plus est, l’atelier TAG a fait l’objet d’une reconnaissance internationale, avec des récompenses comme le prix de la Ligue new-yorkaise d’architecture (2012) et les prix internationaux Iakov Chernikov (2013) en architecture conceptuelle. L’atelier est aussi récipiendaire du Prix de Rome remis par le Conseil des Arts du Canada (2008). Ce prix lui a permis d’étudier le style de travail de jeunes studios d’architectes, dans leurs contextes politiques et socio-économiques spécifiques. Toutes ces récompenses viennent confirmer que le travail critique de cette jeune firme est particulièrement important et qu’il contribue de façon hautement significative à l’enrichissement du parc architectural canadien.