Autumn Peltier, protectrice du droit à l’eau des Anichinabés, commissaire en chef des eaux de la nation anichinabée (née le 27 septembre 2004 dans le territoire non cédé de Wiikwemikoong, sur l’île Manitoulin, Ontario). Autumn Peltier est une militante du droit à l’eau mondialement reconnue et une figure marquante du mouvement mondial des jeunes pour l’environnement. En avril 2019, elle a été nommée commissaire en chef des eaux par la nation anichinabée, et elle s’est exprimée devant les Nations Unies au sujet du problème de l’eau contaminée dans les réserves autochtones du Canada. Pour son militantisme, Autumn Peltier a été nominée au Prix international de la Paix des enfants en 2017, 2018 et 2019.
Jeunesse et formation
Autumn Peltier naît et grandit sur les rives du lac Huron, un des Grands Lacs, la plus importante source d’eau douce du monde. Elle fait ses études à Ottawa, où elle vit avec sa mère et ses deux sœurs, Naomi et Ciara.
À l’âge de huit ans, Autumn Peltier assiste avec sa mère Stephanie à une cérémonie, dans la Première Nation Serpent River en Ontario, qui contribue à inspirer son engagement pour la protection de l’eau. À Serpent River, Autumn Peltier remarque des panneaux d’avertissement au sujet de l’eau « toxique ». La contamination de l’eau dans les réserves du Canada, attribuable notamment à la pollution et aux fuites de pipelines, est un problème persistant. Dans une interview pour Women of Influence, en 2009, Autumn Peltier décrit son expérience et la manière dont elle l’a affectée : « Ma mère m’a expliqué que la communauté avait vécu avec un avis d’ébullition d’eau potable pendant plus de 10 ans. J’étais stupéfaite. » (Voir aussi Condition sociale des Autochtones au Canada.)
Autumn Peltier est sensibilisée à l’importance de l’eau et au respect de l’environnement par sa mère et sa grand-tante, Josephine Mandamin. Celle-ci est surnommée nibi emosaawdang (marcheuse d’eau) en raison de ses années de travail en tant que commissaire en chef des eaux de la nation anichinabée, jusqu’à sa mort en 2019. La même année, Autumn Peltier raconte dans une interview pour le magazine ETFO Voice comment lui est venue l’inspiration de prendre la défense du droit à l’eau :
Ma tante et ma mère m’ont enseigné l’importance de l’eau potable salubre et propre, et comment protéger l’environnement depuis que je suis une petite fille… Je milite pour l’eau parce que nous venons tous de l’eau et que l’eau est littéralement la seule raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui, et vivants sur cette terre.
Militantisme
Autumn Peltier milite pour le droit à une eau potable salubre et propre à la fois dans les réserves du Canada et dans le monde en développement. En 2016, âgée de seulement 12 ans, elle montre un grand courage en interpellant le premier ministre Justin Trudeau, dans une rencontre face à face, pour critiquer sa politique de l’eau potable, lors de la réunion annuelle d’hiver de l’Assemblée des Premières Nations : « Je suis très insatisfaite des choix que vous avez faits. » « Je comprends cela », répond Justin Trudeau. « Je vais protéger l’eau. »
Cette réprimande publique d’un premier ministre par une si jeune militante vaut à Autumn Peltier une visibilité médiatique internationale. En 2018, elle transmet son message urgent sur l’eau devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, lors du lancement de la Décennie internationale d’action pour l’eau et le développement durable, puis à nouveau devant le Forum mondial sur les paysages de l’ONU en 2019.
Depuis 2015, le gouvernement du Canada a levé 88 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable, alors que progresse le travail de décontamination des eaux des réserves. Toutefois, en février 2020, 61 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable étaient toujours en vigueur.
En décembre 2020, le gouvernement fédéral reconnaît que son objectif de régler entièrement le problème en mars 2021 ne sera pas atteint, et affirme que les efforts pour lever les avis d’ébullition de l’eau se poursuivront.
Commissaire en chef des eaux de la nation anichinabée
Après la mort de sa grande tante Josephine Mandamin, en février 2019, Autumn Peltier est nommée commissaire en chef des eaux, devenant la nouvelle « marcheuse d’eau » de son peuple. Le chef du grand conseil de la nation anichinabée, Glen Hare, reconnaît que le choix n’était pas difficile : « Autumn possède une vaste nibi giikendaaswin (connaissance de l’eau). Elle sensibilise l’opinion mondiale au problème de l’eau dans notre pays depuis plusieurs années maintenant. »
Reconnaissance
Autumn Peltier a apporté une contribution positive en tant que protectrice du droit à l’eau. La revue Maclean’s a honoré la jeune militante en décembre 2019 en l’incluant parmi les « 20 personnes à surveiller en 2020 ». Son nom figure au sommet d’une liste de notables incluant des personnalités politiques comme Catherine McKenna et Chrystia Freeland. « Alors que les grèves des jeunes pour le climat se poursuivent partout dans le monde, la voix d’Autumn Peltier figurera sans nul doute parmi les plus cruciales. »
Le travail d’Autumn Peltier pour l’environnement a aussi été reconnu sur la scène internationale. Elle a été nominée pour le prestigieux Prix international de la Paix des enfants en 2017, 2018 et 2019. Le prix, commandité par l’organisation internationale KidsRights, est attribué chaque année à « un enfant ayant lutté courageusement pour les droits des enfants ». Autumn Peltier a aussi été nommée « Science Defender » (protectrice de la science) par l’Union of Concerned Scientists en 2019.
En 2021, Autumn Peltier reçoit le RevolutionHer Community Vision Youth Award pour sa contribution en tant que commissaire en chef des eaux de la nation anichinabée. Le prix rend hommage aux jeunes âgé(e)s de 13 à 18 ans, impliqué(e)s dans des activités de bénévolat, de philanthropie ou d’entrepreneuriat. Les candidat(e)s sont des membres dynamiques de la communauté qui cherchent à piloter des initiatives visant à apporter des changements positifs aux générations futures.