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St. Peters Bay

St. Peters Bay, Île‑du‑Prince‑Édouard, municipalité rurale constituée en 1953, population de 231 habitants (recensement de 2021), de 237 habitants (recensement de 2016). La collectivité de St. Peters Bay est située à l’extrémité est de la baie St. Peters, le long de la côte nord‑est de l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Le village est connu pour son festival annuel du bleuet et pour la proximité du parc national de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, à Greenwich.


Peuples autochtones

St. Peters Bay se trouve sur le territoire traditionnel non cédé des Micmacs. Poogoosumkek Boktaba, le nom micmac de St. Peters Bay, signifie « le lieu de la pêche aux palourdes ». Aujourd’hui, cette collectivité se trouve à 15‑20 min de route au nord‑est de la réserve Morell, détenue par la Première Nation Abegweit (voir aussi Réserves à l’Île‑du‑Prince‑Édouard).

En 1913, Guillaume John Wintermberg, archéologue du Musée national du Canada, mène des fouilles près de St. Peters Bay, le long de la côte nord de l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Il met à jour des amas de coquillages – de grandes quantités de débris de coquillages indiquant une présence humaine – sur divers sites. Dans les années 1960, des archéologues amateurs de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, Rollie et Jeanette Jones, entreprennent également des fouilles près de St. Peters Bay, un site que l’on appellera plus tard le « site Jones ». Ils découvrent des artefacts comme des pointes de projectiles, des outils utilisés pour la chasse, qui font maintenant partie de la collection de la PEI Museum and Heritage Foundation. Les fouilles du site entreprises par David Keenlyside, un archéologue du Musée canadien des civilisations, en 1983 et 1985, permettent de mettre à jour d’autres artefacts documentant l’existence, sur la péninsule de Greenwich, de communautés micmaques, de colons français et acadiens, ainsi que d’immigrants britanniques.

Colonisation et développement

Pendant la période française de la colonisation de l’Île‑du‑Prince‑Édouard (alors connue sous le nom d’île Saint‑Jean), la population européenne s’installe à Havre‑Saint‑Pierre, aujourd’hui St. Peters Harbour. Certaines familles vivent également au hameau voisin de Greenwich, appelé alors Dunes à l’est du dit Havre. À partir de 1719, le pêcheur François Douville est le premier colon à vivre dans la région.

Le Traité d’Utrecht de 1713 cède une grande partie de la colonie française d’Acadie à la Grande‑Bretagne. Les Français et les Britanniques se disputent pour savoir si cette cession inclut ou non l’île Saint‑Jean; cependant, alors que les Britanniques commencent à exercer plus fermement leur contrôle sur cette région, de nombreux Acadiens hésitent à signer un serment d’allégeance à la Grande‑Bretagne (voir aussi Politique à l’Île‑du‑Prince‑Édouard). Voulant éliminer toute menace militaire future, la Grande‑Bretagne chasse les Acadiens et les autres membres de la population française de l’île Saint‑Jean, lors de la déportation de 1758. Certaines de ces personnes déportées se rendent en Louisiane, alors sous domination française.

Les premiers colons britanniques dont la présence est attestée à St. Peters Bay arrivent, en 1772, d’Écosse, à bord de l’Alexander. En 1791, des colons écossais catholiques arrivent à bord du Queen, en provenance de Greenock, notamment les familles d’Angus McIntyre, de Hugh McKinnon, de Neil McCormack, de John McDonald, de John MacKenzie, d’Angus McIsaac et de Dougald O’Hanley. Aujourd’hui, la majorité de la population de St. Peters Bay descend de ces premiers immigrants écossais.

Au début des années 1800, Jonathan Worrell, un riche planteur de la Barbade, lance l’établissement d’un domaine familial pour son fils Charles. En 1814, la famille Worrell possède la plupart des terres de la région de St. Peters Bay. En 1854, William Henry Pope, un éminent résident de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, achète les terres de la famille Worrell pour 14 000 £, avant de les revendre, au gouvernement colonial, cette même année pour 24 100 £.

Docteur Roddie MacDonald

Le Dr Roddie MacDonald est le résident le plus en vue de St. Peters Bay. Il y pratique la médecine pendant 65 ans, faisant venir au monde plus de 4 000 bébés. Âgé de 98 ans, il continue à recevoir des appels à son cabinet et à effectuer des consultations. En 1951, il rencontre la princesse Élizabeth et est nommé chevalier de l’Ordre Saint‑Grégoire‑le‑Grand par le pape Pie XII, en 1954. En 1958, l’Association médicale canadienne lui décerne les titres de « médecin du siècle » et de « doyen des médecins du Canada ». Il vivra jusqu’à 103 ans.

Dr. Roddie MacDonald

Économie et emploi

La construction navale est la première grande industrie à St. Peters Bay. Tout au long des années 1830, la production de goélettes domine et le village devient un important chantier naval sur l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Bon nombre des navires achevés à St. Peters Bay sont équipés pour le commerce côtier et la pêche au phoque à Terre‑Neuve. En 1846, un marché s’ouvre pour fournir des navires de transport de bois vers la Grande‑Bretagne, cette industrie prospérant jusque dans les années 1870.

Hilary McIsaac

Le saviez‑vous?
Construit par Hilary McIsaac à St. Peters Bay, l’Isabel est un brigantin pesant environ 160 t. Sous le commandement d’Edward Augustus Inglefield, il quitte Londres, en Angleterre, pour atteindre l’Arctique, en 1852, à la recherche de sir John Franklin et de son expédition disparue.


À l’instar du restant de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, de 1830 à 1880, l’économie de St. Peters Bay tourne essentiellement autour de petites exploitations agricoles familiales. La Royal Agricultural Society y établit une succursale en 1850, contribuant ainsi à transformer, dans les années 1860, l’extraction de la vase de moulières en une industrie. La « vase de moulières », que l’on extrait des estuaires, est un engrais agricole composé de matières en décomposition comme des coquilles d’huîtres et de moules, St. Peters Bay étant un site populaire pour l’extraction de ce produit.

Le St. Peter’s Farmers’ Institute (1901), le Banner Calf Club (1936) et le Junior Farming (1948) font partie des premières organisations agricoles à s’installer dans la région de St. Peters Bay. Au cours de la même période, un secteur industriel limité comprend une amidonnerie (1880), une fromagerie (1893), des fabriques de homard (vers 1900) et un élevage de renards (1914).

Pendant la majeure partie du siècle dernier, de nombreux résidents de St. Peters Bay travaillent dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux se rendent pour travailler dans de grands centres comme Charlottetown ou Montague.

Le saviez‑vous?
St. Peters Bay présente le taux d’enrôlement et de pertes par personne le plus élevé au Canada, aussi bien au cours de la Première que de la Deuxième Guerre mondiale.


Administration et politique

St. Peters Bay est administrée par un maire et six conseillers municipaux, tous élus pour un mandat de quatre ans et occupant leur fonction à titre bénévole. Un directeur général occupe un poste rémunéré à temps partiel.

Le conseil communautaire supervise toutes les principales infrastructures du village, des égouts au terrain de camping local. Il travaille en étroite collaboration avec la St. Peters Area Development Corporation, pour défendre des projets de développement au sein de la collectivité.

Vie culturelle

Installée au sein du Centre canadien sur les changements climatiques et l’adaptation, l’École des changements climatiques et de l’adaptation de l’Université de l’Île‑du‑Prince‑Édouard a officiellement ouvert un campus satellite, en mai 2022, à St. Peters Bay. Il comprend une résidence pour les étudiants et les professeurs invités, ainsi qu’un espace pour stocker et réparer un important parc de drones.

Le St. Peters Bay Blueberry Festival a lieu, chaque année, la première semaine d’août, depuis 1982.

L’une des sections les plus pittoresques du Sentier de la Confédération de l’Île‑du‑Prince‑Édouard traverse la collectivité de St. Peters Bay.

Construit en 1874, le palais de justice de St. Peters est un bâtiment historique reconnu par la province. Il abrite maintenant le St. Peter’s Courthouse Theatre au Quigley Memorial Hall, qui propose des récits de contes locaux, des pièces de théâtre et des concerts en direct, pendant l’été. Le théâtre organise également chaque année le Frank Ledwell Festival, qui célèbre l’art du récit, et ce, à l’écrit et en chanson, aussi bien que par la comédie et la narration orale.

Les boutiques de St. Peters Landing, établies au cœur du village et surplombant la pittoresque baie de St. Peters, comptent sept commerces saisonniers, dont un bar laitier, un café‑marché aux poissons et des points de vente au détail.

Le parc national de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, à Greenwich, comprend un centre d’interprétation et des panneaux, des plages, une baignade surveillée, des sentiers de randonnée et de cyclisme, une boucle accessible en fauteuil roulant et une promenade flottante. Il abrite également des dunes paraboliques, un phénomène rare en Amérique du Nord.