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Bataille de Frenchtown

La perte de Fort Detroit avait privé les Américains d'un avant-poste clé qui leur aurait permis d'entreprendre une invasion du Haut-Canada.
Dans \u00ab Remember the River Raisin! \u00bb, le peintre Ken Riley illustre la bataille du 5 octobre 1813 qui fut une victoire décisive pour les Britanniques et les Premi\u00e8res Nations (avec la permission des National Guard Heritage Series, Kentucky National Guard Museum).

Bataille de Frenchtown

La bataille de Frenchtown, connue aussi sous le nom de bataille de la rivière Raisin ou encore du massacre de la rivière Raisin, est le nom qui a été donné à une série d'opérations militaires qui ont eu lieu au cours de la guerre de 1812, à Frenchtown, au Michigan, en hiver 1813. Ce fut la plus importante bataille à s'être jamais déroulée au Michigan. Les troupes américaines cherchaient à reprendre Fort Detroit qu'elles avaient perdu l'été précédent et alors que les premières escarmouches contre les troupes britanniques et autochtones avaient fait pencher la balance du côté des Américains, une succession de contre-attaques avait conduit à une victoire décisive des Anglais et des Premières Nations.

Première bataille de Frenchtown

La perte de Fort Detroit avait privé les Américains d'un avant-poste clé qui leur aurait permis d'entreprendre une invasion du Haut-Canada. La reprise de Fort Detroit était essentielle à une quelconque opération d'envergure et à la suite de la défaite des troupes du général Hull, le président James Madison avait nommé le général William Henry Harrison (qui deviendra président à son tour) pour prendre le commandement de l'armée du Nord-Ouest. Harrison entreprit de transformer la défaite de Hull en victoire.

En janvier 1813, Harrison divisa ses troupes en deux en vue d'une campagne d'hiver contre Detroit; il avait confié le commandement d'une colonne au brigadier-général James Winchester, son commandant-adjoint. La colonne de Winchester comptait 2000 hommes qui, pour la plupart, étaient des réguliers n'ayant reçu aucune formation et des volontaires du Kentucky. En cours de route, les troupes établirent leur quartier aux rapides de la rivière Maumee.

C'est là que Winchester apprit que la colonie américaine à Frenchtown était attaquée par les troupes britanniques et autochtones. Winchester décida de désobéir aux ordres de Harrison qui lui avait ordonné de ne pas trop s'éloigner de lui et s'empressa d'aller secourir le village. Il envoya le colonel William Lewis à la tête de 900 hommes. Après un bref va-et-vient au cours duquel les Américains attaquèrent en traversant la rivière Raisin gelée, les hommes de Lewis parvinrent à chasser leurs ennemis. Winchester arriva peu de temps après et découvrit que ses troupes avaient remporté une victoire. Toutefois, cette première bataille de Frenchtown qui eut lieu le 18 janvier 1813 allait avoir de graves conséquences.

Harrison, arrivant à Maumee, avait été satisfait de la victoire de Lewis, mais craignait qu'il n'y eût pas suffisamment de troupes américaines à Frenchtown pour repousser une probable contre-attaque britannique. Plutôt que d'agir prudemment - et en rétrospective choisir la meilleure stratégie, à savoir ordonner aux forces de Winchester de quitter Frenchtown - Harrison envoya immédiatement des renforts. Le capitaine Nathaniel Hart fut détaché pour aller transmettre les ordres impératifs de Winchester : « défendre le territoire...à n'importe quel prix. »

Deuxième bataille de Frenchtown

Une bonne défense nécessitait des préparatifs soigneusement réfléchis et rigoureux. Winchester et ses hommes échouèrent sur les deux tableaux. Ne tenant pas compte des avertissements selon lesquels les Britanniques et les Premières Nations n'allaient pas tarder à revenir, Winchester avança qu'il leur faudrait plusieurs jours avant de lancer une véritable contre-attaque. Le capitaine Hart fut choqué de constater que les préparatifs défensifs de Winchester étaient nettement insuffisants. Les hommes furent dispersés dans le village, Winchester choisit, quant à lui, de s'installer à un mille au sud et emporta avec lui le surplus de poudre noire dont disposait l'armée. Grâce à la piètre prévoyance de Winchester, Frenchtown était prête à tomber aux mains de l'ennemi.

Quand il apprit la défaite des Britanniques et des Premières Nations à Frenchtown, le colonel Henry Procter, commandant britannique des troupes dans la région de Detroit, commença à échafauder des plans pour reprendre le village. Rassemblant quelque 600 soldats, réguliers et miliciens britanniques, et 800 guerriers autochtones dirigés par les chefs Roundhead et Walk in the Water, Procter et ses troupes traversèrent la rivière Detroit gelée. Le 21 janvier 1813, les troupes se rassemblèrent à cinq milles seulement de Frenchtown et commencèrent à élaborer leur attaque.

Quand le soleil se leva le matin du 22 janvier, les Anglais et les Premières Nations lancèrent une attaque-surprise accompagnée de tirs d'artillerie qui, bien qu'elle fût inattendue, aurait été plus décisive si les troupes terrestres avaient d'abord lancé un assaut sur les troupes américaines endormies. En effet, le bruit provoqué par l'artillerie réveilla tout le monde. Les sentinelles américaines ripostèrent en tirant elles aussi, mais elles avaient oublié de protéger la route du nord vers Frenchtown. Les troupes autochtones ayant bloqué presque toutes les voies d'évasion, les troupes américaines, composées de 700 réguliers et volontaires, furent encerclées et submergées. Une aile des Kentucky Rifles résista un peu plus longtemps que son commandant. Quand ces hommes virent la lettre de reddition que Winchester avait signée, les membres de cette unité se préparèrent à continuer à se battre, et ce, jusqu'au dernier homme. Il fallut que le major George Madison qui, lui aussi, s'était battu jusqu'au bout intervienne pour les convaincre de se rendre.

Procter avertit Winchester qui venait d'être fait prisonnier qu'à moins que ses hommes ne rendent les armes, il ne pourrait pas garantir leur sécurité en tant que prisonniers aux mains des Premières Nations. Winchester ordonna à ses hommes de se rendre. La bataille se transforma en massacre.

Une fois la bataille terminée, un groupe de soldats autochtones, ivres, tuèrent une trentaine de prisonniers américains, blessés pour la plupart. La faible autorité qu'exerçait Procter sur ses alliés autochtones fut en partie responsable de cette conduite; cet incident n'aurait jamais eu lieu si un chef plus fort comme Tecumseh avait été présent. À la suite de ces agressions, le nombre de morts chez les Américains s'éleva à 400 et le nombre de prisonniers à 500. Une poignée d'Américains réussit à fuir et malgré le froid, ils retirèrent leurs bottes pour ne pas laisser de traces que les guerriers autochtones n'auraient pas manqué de remarquer.

Au lendemain de ce massacre, le général Harrison ordonna que le feu soit mis aux magasins de Maumee, prit la tête du repli rapide de ses troupes et réfléchit à sa stratégie. Tout en lançant des raids, il fit construire de solides fortifications, Fort Meigs, pour préparer sa prochaine offensive et ses prochains assauts. La bataille et le massacre de Frenchtown servirent de leçon aux troupes américaines, pas encore éprouvées : la guerre de 1812 n'allait pas être brève et elle n'allait pas être aisément gagnée.