Le bataillon Mackenzie-Papineau était un bataillon de Canadiens ayant combattu les forces fascistes pendant la guerre civile espagnole (1936-1939). C’est aussi un nom collectif faisant référence à plus de 1 500 volontaires canadiens qui ont servi lors du conflit, soit avec les « Mac-Paps » (tels qu’on les surnommait), soit dans d’autres unités.
Guerre civile espagnole
La guerre civile espagnole, qui se déroule du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939, oppose le gouvernement républicain d’Espagne, de gauche, aux nationalistes conservateurs, dirigés par le général Francisco Franco. Des deux côtés, on se tourne vers d’autres pays pour obtenir de l’aide. L’Allemagne et l’Italie, alors dirigées par les fascistes Adolf Hitler et Benito Mussolini, fournissent avions, chars et soldats à la cause nationaliste, tandis que l’Union soviétique envoie des fournitures aux forces républicaines. Bien que de nombreux pays signent un pacte de non-intervention en 1936, environ 40 000 volontaires étrangers servent dans des brigades internationales du côté républicain, tandis que 20 000 se joignent à des unités médicales et auxiliaires.
Intervention du Canada dans la guerre civile espagnole
Comme la plupart des autres pays, le Canada décide de ne pas s’impliquer officiellement dans la guerre civile espagnole. Cependant, de nombreux Canadiens et Canadiennes suivent de près le conflit dans les journaux et autres publications, et certains amassent des fonds pour la cause républicaine.
Plus de 1 500 volontaires canadiens se rendent en Espagne, où ils combattent du côté républicain. Beaucoup sont des immigrants récents, et la plupart sont affiliés au Parti communiste du Canada. Beaucoup d’entre eux sont sans emploi et contraints de vivre dans des camps de secours (voir La crise des années 1930 au Canada). Avant la formation du bataillon Mackenzie-Papineau en 1937, des volontaires canadiens se joignent au bataillon Abraham Lincoln, au bataillon britannique et à d’autres unités, notamment des détachements médicaux et de transport.
Le saviez-vous ?
Le Dr Norman Bethune est sans doute le Canadien le plus célèbre ayant participé à la guerre civile espagnole. Chirurgien respecté et membre du Parti communiste, le Dr Bethune met sur pied une unité de transfusion sanguine pendant la guerre, une avancée significative en médecine militaire.
Bataillon Mackenzie-Papineau
Le bataillon Mackenzie-Papineau doit son nom aux chefs des rébellions de 1837, William Lyon Mackenzie et Louis-Joseph Papineau. Il est incorporé à la 15e Brigade internationale « anglophone » le 1er juillet 1937, à Albacete, en Espagne.
Les « Mac-Paps », tels qu’on les surnomme, participent à cinq grandes campagnes, dont l’assaut sur Fuentes de Ebro le 13 octobre 1937, la défense de Teruel en décembre-janvier, les « Retraites » en mars-avril 1938, et une contre-attaque sur l’Èbre le dernier été de la guerre. Le bataillon est dirigé par Edward Cecil-Smith, commandant militaire et journaliste syndicaliste de Toronto, et par Saul Wellman, organisateur syndical new-yorkais et commissaire politique de l’unité.
Héritage et commémoration
Environ 500 000 soldats et civils périssent pendant la guerre civile espagnole. Les pertes canadiennes se situent entre 400 et 750. Lorsque les survivants rentrent au Canada début 1939, leur retour est souligné par des sympathisants, sans que leur soit réservé un accueil officiel.
En avril 1937, le gouvernement canadien a adopté la Loi sur l’enrôlement à l’étranger, qui interdit la participation des Canadiens à des guerres étrangères, ainsi que la Loi sur les douanes, qui prévoit une mainmise gouvernementale sur les exportations d’armes. Les Mac-Paps sont une véritable source de honte au pays. On comprendra donc pourquoi ils demeureront dans l’obscurité jusqu’aux années 1970, lorsqu’un certain nombre de livres, de films et de pièces de théâtre viendront enfin documenter leur histoire.
En 2021, on retrouve des monuments au bataillon Mackenzie-Papineau à Ottawa et à Toronto, en Ontario, ainsi qu’à Victoria, en Colombie-Britannique. On a également érigé une pierre commémorative à Cumberland, en Colombie-Britannique, et une plaque leur rendant hommage à Winnipeg, au Manitoba.