Au début du 20e siècle, le fusil Ross, une arme d’infanterie de fabrication canadienne, est produit en alternative au fusil de fabrication britannique Lee-Enfield. Le fusil Ross a été utilisé pendant la Première Guerre mondiale, où il s’est fait une réputation en tant qu’une arme peu fiable parmi les soldats canadiens. En 1916, le Ross a été en grande partie remplacé par le Lee-Enfield.
Controverse Lee-Enfield
Au cours de la guerre d’Afrique du Sud, de 1899 à 1902, le Canada demande à la Grande-Bretagne de fournir aux soldats canadiens des fusils Lee-Enfield, couramment utilisés par les troupes britanniques. La Grande-Bretagne refuse, à cause de la pénurie en approvisionnement de cette arme. La Birmingham Small Arms Company, qui fabrique des Lee-Enfield, refuse aussi d’autoriser la licence qui permettrait la production du fusil au Canada, d’où la nécessité de concevoir une nouvelle arme qui sera de fabrication canadienne.
Conception d’origine et adoption
Sir Charles Ross, aristocrate et inventeur britannique, offre de construire une usine d’armes légères au Canada. Il propose également un fusil de sa propre conception comme premier fusil militaire produit au Canada. La conception du Ross est fortement influencée par le fusil austro-hongrois Mannlicher. Son premier fusil militaire, le fusil Ross, Mark I est un fusil à verrou à mouvement linéaire utilisant le même calibre de munition .303 que le Lee-Enfield.
Le gouvernement canadien et le ministre de la Milice et de la Défense Frederick William Borden sont fort enthousiastes à l’idée d’avoir un fusil produit au Canada. Le gouvernement approuve l’accord en 1902, sans avoir testé correctement le fusil Ross.
Production
En 1902, Charles Ross commence à installer son usine de fusils sur les plaines d’Abraham à Québec. La production du Mark I commence en 1903. Bien que la guerre en Afrique du Sud soit déjà finie, le gouvernement canadien avait signé un contrat avec Charles Ross pour obtenir un premier lot de 12 000 fusils avant la fin de 1903.
Les premiers Mark I ne sont pas livrés avant 1905, quand 1 000 fusils sont fournis à la Police montée du Nord-Ouest. Divers problèmes affligent ce modèle; il est donc rappelé en 1906. On y apporte des changements jusqu’en 1910, et plusieurs modèles du Mark II sont produits et ajustés.
À cette même époque, la Grande-Bretagne encourage le Canada à adopter le nouveau fusil Lee-Enfield pour assurer une similitude d’équipement entre les soldats canadiens et les autres soldats de l’Empire britannique. Cependant, le Canada refuse d’arrêter la production du fusil Ross, ce qui crée des tensions entre Londres et Ottawa au sujet de la défense impériale.
Première Guerre mondiale
Le fusil Ross Mark II est adopté par la milice canadienne en 1911. Cette même année, Chales Ross entreprend la création de son dernier modèle, le Ross Mark III. Ce sera le principal fusil que les soldats canadiens apportent dans la Première Guerre mondiale.
Lorsque la guerre est déclarée en 1914, le gouvernement canadien commande rapidement des centaines de milliers de fusils Mark III. Armé du fusil Ross, le Corps expéditionnaire canadien arrive en France et en Belgique. Les soldats canadiens ont rapidement réalisé que le Ross Mark III n’était pas fiable en combat.
Avec son canon long, le Ross est un excellent fusil de chasse et de cible, ainsi qu’une bonne arme de tireur d’élite. Cependant, il n’est pas assez robuste pour les épreuves et les défis du front de l’Ouest, y compris la boue et la terre des tranchées. Le principal problème du Ross, cependant, est sa tendance à s’enrayer au tir. Cela est en grande partie dû aux munitions britanniques de mauvaise qualité; elles sont inadaptées au fusil Ross, mais elles fonctionnent comme il le faut dans le fusil Lee-Enfield, qui est plus tolérant. Bon nombre de soldats canadiens se débarrassent de leur fusil Ross malgré les ordres exigeant le contraire, et cherchent à le remplacer par un Lee-Enfield.
Sir Sam Hughes, le ministre de la Milice et de la Défense du Canada pendant les premières années de la guerre, est un ardent défenseur du fusil Ross. Il insiste pour que les troupes canadiennes portent cette arme, défendant sa précision supérieure. Cependant, la défaillance du fusil pendant les combats est une source d’embarras pour le gouvernement conservateur du premier ministre Robert Borden. Cela, en plus d’autres questions d’incompétence administrative, entraîne finalement le congédiement de Sam Hughes du Cabinet, en 1916.
Retrait du service
La cause du blocage du Ross est finalement corrigée, mais il est trop tard pour maintenir le fusil en service. À l’automne 1916, le fusil est officiellement retiré du service, et les Canadiens se réarment avec des fusils Lee-Enfield.
Le gouvernement canadien exproprie la Ross Rifle Company en mars 1917. En tout, environ 420 000 fusils Ross ont été produits, dont 342 040 sont finalement achetés par les Britanniques.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, certains Ross Mark III sont fournis aux membres de la Marine royale canadienne, de la Veteran’s Guard of Canada et de diverses unités de patrouille côtière, ainsi qu’à des dépôts de formation militaire et à la Home Guard britannique. D’autres fusils Mark III se rendent même jusqu’en Union soviétique.