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Corps expéditionnaire canadien

Le Corps expéditionnaire canadien est la force d’armée formée par le Canada pour servir outremer pendant la Première Guerre mondiale. Environ 630 000 Canadiens sont enrôlés (de façon volontaire, pour la plupart) entre 1914 et 1918 et deviennent soldats, infirmiers, docteurs ou membres du personnel forestier ou ferroviaire. Plus de 243 000 de ceux-ci seront tués ou blessés pendant la guerre.

Lieutenant général Arthur Currie
Datant de 1919, cette œuvre du portraitiste irlandais Sir William Orpen montre le général Arthur Currie, commandant du Corps d’armée canadien pendant la Première Guerre mondiale.

Armée volontaire

En tant que membre de l’Empire britannique, le Canada entre immédiatement en guerre contre l’Allemagne et ses alliés en août 1914. Le pays n’a cependant aucune force militaire pour s’engager dans la Première Guerre mondiale, mis à part une marine de petite envergure, une armée professionnelle d’environ 3000 soldats et quelques unités de milice à temps partiel.

Malgré tout, la plupart des Canadiens anglophones se sentent très proches de l’Angleterre, et le désir de soutenir l’Empire est fort, surtout en dehors du Québec. Ainsi, le gouvernement fédéral, gouverné par le premier ministre Robert Borden, propose d’envoyer un corps expéditionnaire canadien (CEC) de 25 000 hommes, une offre qui est acceptée par l’Angleterre. Près de 35 000 hommes se portent volontaires, dont beaucoup de membres des milices et de vétérans de la Guerre des Boers. En octobre, après un bref entraînement à la base militaire de Valcartier, à Québec, le premier contingent du CEC, fort de 30 617 personnes, entreprend son voyage vers l’Angleterre.

« Jamais une telle armée d’hommes libres n’est partie à la rencontre de l’ennemi », a déclaré Sam Hughes, ministre canadien de la Milice et de la Défense, au premier contingent en partance. « Certains d’entre vous ne reviendront pas, je prie Dieu pour qu’ils soient peu nombreux… À ceux-là, j’aimerais dire que non seulement leur souvenir sera chéri à jamais par leurs proches et par leur pays reconnaissant… mais que le soldat qui tombe au nom de la liberté ne meurt jamais. L’immortalité lui appartient. »

Corps canadien

Après une période de formation en Angleterre, le premier contingent, qui répond au nom officiel de 1re Division canadienne, part en France au début de l’an 1915. Les soldats-citoyens inexpérimentés connaissent leur premier affrontement d’envergure durant la deuxième bataille d’Ypres en avril 1915, où ils subissent les premières attaques au gaz toxique lancées par l’Allemagne.

Le CEC est d’abord accablé par une mauvaise administration, due en grande partie à l’interférence politique de Sam Hughes, qui a élu ses amis aux postes de haute direction et qui insiste pour que les troupes utilisent les fusils Ross, faits au Canada, mais peu fiables, plutôt que les Lee-Enfield britanniques. Après son expulsion du Cabinet par Robert Borden en 1916, le CEC se professionnalise graduellement grâce aux leaders militaires britanniques et canadiens.

Au Canada, le recrutement de volontaires va toujours bon train et le CEC croît de façon exponentielle jusqu’en 1916, moment où un Corps canadien est créé avec quatre divisions. Ce Corps est la principale force de combat canadienne pendant la guerre, comptant à la fin de 1916 plus de 100 000 hommes, dont des troupes d’artillerie, d’infanterie et d’ingénierie, ainsi que des unités logistiques et médicales. (Voir Commandement canadien pendant la Grande Guerre)

Armée nationale

De façon générale, le Corps canadien suit les ordres de l’armée britannique ; jusqu’en 1917, il est même directement dirigé par les généraux EAH Alderson et Julian Byng. Plus tard la même année, Arthur Currie est nommé premier commandant canadien du Corps, tout juste après la capture de la crête de Vimy par l’unité canadienne. À mesure que la guerre se poursuit, le Corps ne cesse de se distinguer au combat, notamment à PasschendaeleAmiens et Cambrai, gagnant ce faisant une réputation de force d’élite parmi les armées alliées. Ce succès, combiné au fait qu’il s’agit d’un corps national recruté et soutenu par le gouvernement canadien, donne aux commandants comme Arthur Currie une certaine latitude dans la façon d’employer les troupes sur le champ de bataille.

L’autorité du Canada sur les troupes du CEC devient plus forte entre 1914 et 1918, aidée en cela par le ministère canadien des Forces militaires d’outre-mer, établi à Londres en 1916. La formation des troupes canadiennes en Angleterre devient entièrement l’affaire du Canada. À la fin de la guerre, le simple contingent colonial de 1914 est devenu une véritable armée nationale.

Cavalerie, chemins de fer et foresterie

À part le Corps canadien, le CEC comprend une foule d’autres unités. La Brigade de cavalerie canadienne, par exemple, a aussi servi en France, alors que les Troupes ferroviaires canadiennes ont servi le front ouest et construit des ponts au Moyen-Orient. Le Corps forestier canadien, quant à lui, coupe du bois en Angleterre et en France pour aider l’effort de guerre des Alliés. D’autres unités spécialisées ont aussi opéré dans la région de la mer Caspienne, dans le nord de la Russie et dans l’Est sibérien. À son point culminant, en juillet 1918, le CEC comptait 388 038 personnes.

Des milliers de Canadiens ont aussi servi dans les services aériens britanniques, dans la Marine royale britannique et canadienne et dans d’autres unités alliées, tout en n’étant pas membre du CEC. 

Conscription

Les Canadiens se portent volontaires en grand nombre pour rejoindre le CEC entre 1914 et 1915. Vers la fin de 1916, toutefois, le recrutement ralentit, en partie parce que la population connaît mieux les horreurs des guerres de tranchées et les détails du massacre du front ouest (voir Bataille de la Somme). En 1917, en réponse au nombre de morts grandissant et au besoin de renforts de plus en plus pressant, le gouvernement Borden introduit la conscription, qui sollicite les jeunes Canadiens en vertu de la Loi du Service Militaire.

La conscription est une mesure hautement impopulaire parmi certains Canadiens en particulier au Québec, mais elle est soutenue ailleurs au Canada. (Voir Élection de 1917) Cette mesure a créé une profonde division au sein du pays, notamment parce que la Loi du Service Militaire n’est pas appliquée de façon uniforme. En fin de compte, sur 100 000 hommes enrôlés, seulement 27 000 sont envoyés outre-mer. De ce nombre, seulement 24 132 servent au front. Ces conscrits sont essentiels à l’effort de guerre dans les derniers mois du conflit. (Voir Les cent jours du Canada.) Avec 48 bataillons d’infanterie dans le CEF, chacun comptant environ 1000 hommes, les 24 000 conscrits représentent une augmentation d’environ 500 hommes par bataillon dans les dernières batailles de la guerre.

Tout au long de la guerre, 630 000 Canadiens servent dans le CEC, la plupart de façon volontaire. Près de 425 000 soldats partent en guerre. Le sacrifice du Canada est grand, avec plus de 234 000 blessés ou morts au combat et des milliers de survivants traumatisés par leur expérience.

Collection: Première Guerre mondiale

Pensez comme un historien : La bataille de la crête de Vimy