Article

Canadiens belges (Belgo-Canadiens ou Canadiens d'origine flamande et wallone)

En dépit de leur nombre peu élevé et de leur dispersion à travers le pays, les Belges ont contribué de manière significative au développement économique, culturel et social du Canada. Les premiers immigrants belges sont en majorité d’origine flamande et s’établissent dans les régions agricoles du Québec, du Sud-Ouest de l’Ontario et du Manitoba. Depuis 1945, les nouveaux arrivants belges sont surtout de jeunes professionnels et entrepreneurs de langue française qui se dirigent vers les centres urbains de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.
Une famille belge
La famille d'\u00c9douard Jacobs, originaire d'Antwerp (Belgique), vivant maintenant \u00e1 Vittoria, en Ontario, entre 1957 et 1960

Présentation

Les Belges constituent une nation composée de deux principales communautés ethnolinguistiques : les Flamands, qui habitent le Nord et l'Ouest de la Belgique et dont la langue est le néerlandais, et les Wallons, qui habitent le Sud de la Belgique et qui parlent français. À ces communautés s'ajoute une petite population germanophone dans l'Est de la Belgique. La capitale, Bruxelles, est la seule région officiellement bilingue du pays, bien que la plupart de ses habitants soient francophones. Membre de l’Union Européenne, la Belgique est une monarchie constitutionnelle avec un parlement à deux chambres et une cour de justice indépendante. Elle est un leader mondial en matière de recherche technologique et attire d’importants investissements étrangers.

Lors du recensement de 2016, 31 725 Canadiens se disent d'origine belge et 154 895 mentionnent qu'ils sont d’ascendance belge (pour un total de 186 665 Canadiens). Environ le tiers d'entre eux habitent l'Ontario, et une plus petite proportion, le Québec. Dans les provinces de l'Ouest, ils sont établis principalement au Manitoba depuis le début des années 1900, mais au début du 21e siècle, la Colombie-Britannique et l'Alberta abritent chacune un dixième des Belges de la région.

En comptabilisant les réponses uniques et multiples à la question sur les origines ethniques, plus de 11 000 répondants du recensement se disent « Flamands » plutôt que « Belges », faisant écho au nationalisme flamand croissant en Belgique et au sens de l'identité ethnique plus fort dans un Canada multiculturel. Les Wallons s'établissent surtout au Québec et dans les communautés francophones du Canada, où ils s'identifient à la culture sociale et politique des Canadiens francophones. La population flamande, plus importante, s'identifie plus volontiers aux communautés anglophones. Les premiers immigrants flamands parlent souvent couramment le français, mais à la troisième génération au Canada, la majorité de leurs descendants sont unilingues anglophones.

Missionnaires, éducateurs, industriels, politiciens, syndicalistes, musiciens et artistes, les Belges ont contribué à l'évolution du Canada dans plusieurs domaines. Parmi les personnalités belges ou d’origine belge au Canada, on compte Louis Hennepin, Jules Hone, Frantz Jehin-Prume, Auguste Joseph de Bray, Gustave Francq, Ria Lenssens, François Héraly, Pierre Boogaerts, Charles Binamé et Lara Fabian.

Histoire migratoire et établissement au Canada

Dès 1859, la colonie, composée du Haut et du Bas-Canada (la Province du Canada), nomme une commission d'enquête sur l'immigration qui étend aux Belges l'indemnité de passage et l'octroi d'une terre gratuite dont bénéficient les citoyens britanniques. Cela établit les fondements d'une politique ultérieure dans le nouveau Dominion du Canada. La première Loi sur l'immigration canadienne (1869) fait mention de la Belgique comme l'un des « pays préférés » dont il faut rechercher les immigrants (voir Politique d’immigration). Le premier fonctionnaire de l'immigration du Dominion en Europe est Edouard Simaeys, dont le bureau est à Anvers. En 1898, Désiré de Coeli, qui entreprend une série de conférences et une importante publicité, est sans doute le fonctionnaire qui récolte le plus de succès en matière d’immigration.

À la différence de beaucoup de pays européens, la Belgique n'encourage pas ses citoyens à émigrer afin d'atténuer ses crises économiques, démographiques et sociales. Malgré cela, les sociétés de navigation telles que la Red Star Line, soutenues par le gouvernement de Bruxelles, offrent aux émigrants le transport subventionné. Une fois au Canada, des représentants surveillent les conditions d'établissement et l'exécution des ententes contractuelles. Quand on découvre une fraude, le gouvernement belge intervient par voie diplomatique et paie le rapatriement (voir Déportation). Pour promouvoir l'immigration, le gouvernement recrute des immigrants prospères qui écrivent pour le gouvernement des brochures et des livres. Des fonctionnaires et des journalistes belges sont aussi invités, aux frais du gouvernement canadien, à venir sonder les occasions d'affaires et les possibilités d'installation. On espère ainsi attirer des colons dynamiques, ainsi que leur capital.

Première vague

On distingue quatre grandes vagues d'immigration belge. La première coïncide avec l'agitation ouvrière en Wallonie et les tensions sociales dans les Flandres, pendant les années 1880. Les immigrants s'installent principalement au Québec et au Manitoba, qui sont perçus comme des terres d'accueil francophones et catholiques. Les fermiers flamands choisissent les Cantons de l'Est, au Québec, et le Sud du Manitoba où ils fondent les communautés de Bruxelles, de Saint-Alphonse et de Mariapolis. Puis, les verriers wallons arrivent dans l'industrie naissante de l'Ontario, tandis que les mineurs occupent des emplois dans les houillères de la Nouvelle-Écosse et de l'île de Vancouver. Les mineurs wallons, qui connaissent l'organisation syndicale et les associations politiques ouvrières, ne tardent pas à s'engager activement dans les luttes qui opposent les ouvriers à la Dominion Coal Company, au Cap-Breton. À Springhill, Joseph Lavenne se distingue comme chef syndical et activiste au sein du Parti socialiste du Canada.

Belges au Québec
Le jeune fermier belge, Alphonse Bongartz, attend au volant d'un tracteur tandis que son employeur, Germaine Brunelle, y verse les semences qui seront répandues sur son champs à Batiscan.
Deux travailleurs belges qui pompent du carburant dans un tracteur sur une ferme canadienne

Beaucoup de mineurs quittent la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick pour la Pennsylvanie, où ils retrouvent des conditions de travail tout aussi dangereuses et un sentiment antisyndical semblable, puis reviennent au Canada, où d'autres viennent les rejoindre depuis l'Europe. À l'île de Vancouver, ils organisent des syndicats et des protestations et sont le fer de lance de l'organisation de la Miners Liberation League en 1912, dont l’objectif est de travailler à la libération des grévistes détenus (voir Syndicats ouvriers).

Dans les mines de l'Alberta, Léon Cabeaux, Frank Soulet, Joseph Lothier et Gustave Henry se distinguent comme chefs syndicaux. Pendant la Grève des mineurs de charbon d’Estevan, en 1931, le gouvernement belge fournit des fonds pour rapatrier les mineurs, soit parce qu'ils sont déçus des conditions de travail au Canada, soit parce qu'on a ordonné leur déportation à cause de leur militantisme.

Deuxième vague

La deuxième vague d'immigration, qui commence en 1896, est soutenue par un lien maritime direct avec Anvers en 1903 et par une nouvelle législation votée en 1906. Ces dispositions incitent les immigrants à être des chefs de file de l'industrie laitière dans la région de Winnipeg, de la culture fruitière dans la vallée de l'Okanagan, de la culture maraîchère et de la betterave sucrière dans le Sud-Ouest de l'Ontario. En 1912, la Dominion Sugar Company commence à recruter directement les travailleurs agricoles et autres ouvriers belges pour son industrie du sucre dans le Sud-Ouest de l'Ontario. La Knight Sugar Company fait de même dans le Sud de l'Alberta. En 1897, la Belgo-Canadian Fruit Lands Company, une compagnie d'Anvers dirigée par Raoul de Grelle et Ferdinand de Jardin, dans la vallée de l'Okanagan, entreprend l'exploitation extensive de vergers mis en irrigation. Une filiale fondée en 1908, le Belgian Orchard Syndicate construit sa propre station fruitière pour expédier les pommes, les fruits à noyau et les légumes. L'organisation belge de la Vernon Orchard Company amène l'expansion de la culture commerciale des fruits et des légumes dans le district de Vernon. Les Flamands dirigent plusieurs fermes laitières à proximité de Sherbrooke, au Québec, de Winnipeg et de Saint-Boniface, au Manitoba, ainsi que des crèmeries et des fromageries (voir Fromage et fabrication des fromages) dans ces deux provinces. Dans les années 1920, les Belges sont les chefs de file de l'élevage laitier et possèdent environ 80 fermes près de Winnipeg. Les familles Bossuyt, Nuyttens, Van Walleghem et Anseeuw s'engagent activement dans la Commission manitobaine des produits laitiers pendant plusieurs décennies. Les entreprises agricoles des familles Bossuyt et Anseeuw sont des fermes de démonstration visitées par des étrangers.

Troisième vague

Après la Première Guerre mondiale, plus de 14 000 immigrants arrivent, recrutés principalement par les compagnies ferroviaires, les manufacturiers de betterave sucrière de l'Ontario et de l'Alberta et les compagnies de tabac. L'industrie du tabac séché à l'air chaud, qui connaît une expansion rapide grâce aux sols sablonneux des environs de Tillsonburg et de Delhi, attire tout autant les Belges du Nord des États-Unis. Ils contribuent à l'organisation de la Southern Ontario Flue-Cured Tobacco Growers' Association. Les Belges se démarquent dans l'industrie maraîchère et dans l'industrie laitière de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, et dans la vallée du Richelieu, au Québec.

Casimir Bellefroid sur un tracteur sur sa ferme à Pike River, dans le comté de Missiquoi (Québec)
Le Belge Casimir Bellefroid, venu de Stevoort, Belgique en 1950 avec sa femme et leurs neuf enfants, possède une vaste ferme de 300 acres à Pike River, dans le compté de Missiquoi, P.Q. Il a un troupeau de 80 betes et retire tous ses revenus de la vente du lait. Trois des ses fils sont aussi établis sur des fermes à eux: Ernest et Paul à Pike River et André, à St. Armand, P.Q. Vers 1950-1960
Paul Bellefroid qui fait la traite de vaches sur sa ferme à Pike River, dans le comté de Missiquoi (Québec)
Paul Bellefroid, fils d'un agriculteur belge émigré au Canada en 1952, est établi sur une ferme à Pike River, dans le comté de Missiquoi, à proximité d'une autre belle ferme exploitée par son père, Casimir Bellefroid. La ferme, d'une superficie de 110 acres, a été payé ,000. Vers 1952-1960

Quatrième vague

La dernière et la plus importante vague, qui se produit de 1945 à 1990, voit la majorité des nouveaux arrivants s’installer dans les centres urbains ou encore dans les communautés déjà fondées par leurs prédécesseurs. En 1962, les politiques d'immigration du Canada privilégient des individus qui ont une instruction, une formation et des aptitudes recherchées plutôt que des groupes ethniques. Le Québec attire environ les deux tiers des immigrants belges, particulièrement ceux du secteur professionnel, ainsi que des travailleurs spécialisés en biotechnologie, en aéronautique et en informatique.

Frank Baertsoen
Entouré de son épouse, de deux de ses fils et de deux jeunes ni\u00e8ces, l'ancien belge Frank Baertsoen prend quelques moments de repos sur la galerie véranda de de sa coquette maison \u00e0 proximité de sa forge et de son atelier \u00e0 Aylmer, vers 1953-1960

Vie économique

En 1888, le consul général de Belgique à Montréal, Ferdinand Van Bruyssel, institue un consortium de 14 compagnies pour former le Comptoir belgo-canadien, qui fournit du verre, des rails, du béton et de l'expertise technique destinés à la construction de chemins de fer et à d'autres projets de travaux publics du Canada central. Au cours des décennies suivantes, d'autres entrepreneurs tels Highboard Biermans et sa Belgo-Canadian Paper Company, Alexis Nihon dans la production de marbre et de granite, les Miron dans la fabrication de ciment et de béton, les Simard dans la construction navale et la compagnie Franki dans la construction d'édifices en hauteur, jouent un rôle clé dans l'économie du Québec.

Le traité commercial de 1924 accorde à la Belgique le statut de nation privilégiée. Entre les deux guerres, des banques belges financent la Canadian Block Coal Company, en Alberta. En 1929, le consul de Belgique à Vancouver, Léon Dupuis, met sur pied la Chambre de commerce canado-belge qui importe des rails, de l'acier de construction, du fil métallique, du ciment et du verre par l'Hudson’s Bay Railway.

En 1945, la Belgique devient le troisième investisseur en importance dans l'économie canadienne de l'après-guerre, en partie à cause de Petrofina (vendue à Petro-Canada en 1981), de Canadian Hydrocarbons Limited (acquise par Gaz Inter-Cité en 1979) et de Sogemines Development, renommée Genstar en 1968, qui sont d'importants producteurs d'énergie jusque dans les années 1970. Genstar fusionne avec Inland Cement (maintenant Lehigh Inland Cement) en1965, et achète Seaspan International en 1969, qui acquiert Vancouver Drydock Company en 1991. Genstar est acquise par Imasco en 1986. La haute direction de Genstar forme l’American General and Newland Group, qui acquiert la division immobilière de Genstar.

Des entreprises belges, telles que Solvay, Union Minière du Haut Katanga, Katoen Natie et Arinso International, contribuent de façon substantielle à la recherche et au développement au Canada, et leur travail est primé. En 2016, près de 50 filiales belges sont présentes au Canada et les investissements directs belges sont de l’ordre de 3,2 milliards de dollars canadiens, faisant de la Belgique le 18e pays en importance en ce qui a trait aux investissements directs étrangers.

Éducation

Au Québec, les Belges jouent un rôle important au sein de la direction des maisons d'enseignement, contribuant aussi à leur développement. L'Université de Louvain sert de modèle à l'Université Laval. Des éducateurs belges fondent l'École des hautes études commerciales (aujourd’hui HEC Montréal), l'École des arts décoratifs et l'École d'architecture, et réorganisent l'École polytechnique de Montréal en 1908. Les écoles d'agriculture de Vilvoorde et de Gembloux servent de modèles aux écoles d'agriculture provinciales et leur fournissent des instructeurs. D’un côté, les éducateurs belges vont chercher à soustraire l’éducation québécoise de l’influence de l’Église. De l’autre, des Belges vont appuyer les systèmes d'écoles catholiques séparées en Ontario, en Saskatchewan et en Alberta et vont rejoindre le camp de l'instruction catholique en français lors de la crise de la question des écoles du Manitoba. Le seul établissement ethnique est le Scheppers Institute (Sacred Heart College) de Swan Lake, au Manitoba, qui offre aux garçons une formation scolaire et des cours d'agriculture en flamand de 1919 à 1929.

À la fin du 20e siècle, plusieurs universités canadiennes développent des programmes coopératifs et des accords favorisant les échanges interuniversitaires avec différentes institutions belges dont la Leven Universiteit (University of Leuven) et l’Université Libre de Bruxelles. Malheureusement, d’importantes compressions imposées par le gouvernement fédéral en 2012 ont réduit de manière importante le financement du Conseil international d’études canadiennes (voir aussi Études canadiennes). D’une certaine manière, l’Association internationale des études québécoises a pallié à ce manque à gagner en encourageant les échanges académiques (échanges d’enseignants et de chercheurs) et la recherche conjointe avec l’Université de Liège et différents centres d’études. En 2016, une vingtaine d’université canadiennes entretiennent des liens étroits avec les universités belges dans les domaines des sciences humaines et sociales, des sciences pures et de la santé

Vie culturelle

Les contributions à la vie culturelle sont nombreuses, particulièrement au Québec. Elles incluent des musiciens de renom qui contribuent à la fondation de l'Orchestre symphonique de Montréal, de la Société canadienne d'opérettes, des Variétés lyriques et des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Les tableaux d'Henri Léopold Masson sont exposés dans des galeries partout au Canada et on conserve un beau souvenir des sculptures de Pierre Hayvaert au pavillon du Québec, lors d'Expo 67.

August Hammerechts
\r\nLe sculpteur sur bois belge, August Hammerechts, à l'oeuvre chez lui, à Montréal, vers 1956-1960
Étienne Borm
Le graveur belge, Étienne Borm, dans son entreprise, ETBC General Industrial Engraving, à Aylmer (Ontario). M. Born a lancé l'entreprise à l'automne 1959.
Jules Van Neste
M. Jules Van Neste, ébéniste belge, est arrivé d'Amers avec sa femme et ses trois fils en 1951. Il est établi à Grand'Mère, au Québec, ou il exerce toujours son métier, vers 1951-1960
Intérieur du pavillon belge - Exposition sur les bandes dessinées à l

En 1925, André Castelein de la Lande est l'un des trois fondateurs du Cercle Molière, la plus vieille compagnie théâtrale professionnelle du Canada. Puis d'autres troupes de théâtre, dont le cercle dramatique Onder Ons et le Vlanderen Kerels, sont créées dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Au Manitoba, la Société Lyrique de Gounod, le Belgian Club et les Belgian Folkdancers contribuent à préserver un intérêt pour la culture belge, et Arthur Verthé crée Flemings in the World, une association qui parraine des projets d'été qui font la promotion de la culture flamande au moyen de cours de langue, de l'art dramatique, du cinéma et de la danse.

Frantz Jéhin-Prume
Le violonist Frantz Jéhin-Prume (avec la permission de Bibliotheque et des archives nationales du Quebec ).\r\n

Vie religieuse

Les missionnaires belges, Jésuites et Récollets sont actifs au Canada au cours des 17e et 18e siècles. Au 19e siècle, les Rédemptoristes et les Capucins (voir Missions et missionnaires) travaillent au sein des communautés d'immigrants. Les Oblats flamands s’engagent auprès des communautés autochtones de l’Ouest alors que les Oblats wallons vivent parmi les Inuits. La hiérarchie catholique romaine inclut des évêques comme Pierre-Herman Dosquet, sous le régime français (voir Nouvelle-France), Charles-Jean Seghers et Jean-Baptiste Brondel en Colombie-Britannique coloniale, Rémi J. De Roo et l'évangélisateur le plus publié et controversé de la période française, le récollet wallon Louis Hennepin.

Des paroisses anglophones et francophones font l'effort de fournir aux communautés des prêtres qui parlent flamand et français. Venant d'abord d'un monastère de Blenheim, des capucins desservent plusieurs paroisses de l'Ontario et fondent un monastère à St-Boniface et Notre-Dame de Toutes Aides pour les Belges, les membres des Premières Nations et les Métis du Nord du Manitoba.

À la fin du 19e siècle, l'Université de Louvain envoie des missionnaires et des enseignants sur la côte du Pacifique pour servir les Autochtones et les colons de Victoria et de New Westminster. Fait à noter, Roger Vandersteene intègre la spiritualité et la culture crie à ses devoirs missionnaires et crée une liturgie crie incorporant le symbolisme et la spiritualité autochtones traditionnels au culte catholique traditionnel. Lors du concile Vatican II, des évêques canadiens d'origine belge appuient l'utilisation de la langue vernaculaire dans la messe et le bréviaire, la modernisation de la pastorale ainsi que la promotion de la recherche et des études bibliques.

Vie sociale et communautaire

En 1903, à Montréal, Alphonse Ghyssens fonde l'Union belge dans le but de rassembler socialement Wallons et Flamands. Des associations semblables se forment à Toronto, Edmonton et Vancouver. Le Club belge, fondé à Saint-Boniface en 1905, a aussi parrainé une société de secours mutuel et une caisse d'épargne et de crédit (voir Coopératives de crédit). Dans le domaine public, Gustave Francq crée des clubs ouvriers, des coopératives d'alimentation et des installations sportives pour la jeunesse à Montréal. Il se bat avec un certain succès pour l'adoption de lois sur le salaire minimum et pour les droits des femmes. Des immigrants belges, dont le pays d'origine a été occupé pendant les deux guerres mondiales, appuient le fonds de secours belge et, comme d'autres peuples du monde, suivent l'enquête menée par Lord Bryce sur les atrocités commises pendant la Première Guerre mondiale.

Finalement, en 1962, les communautés de la vallée du Richelieu, au Sud-Est de Montréal, mettent sur pied le Club belgo-canadien de Sabrevois. Les clubs de Saint-Boniface, de Delhi et de Sabrevois sont désormais ouverts à toutes les communautés ethniques. Les Flamands comme les Wallons s'intègrent bien à la société francophone du Québec. Ailleurs, les Flamands ont tendance à s'identifier à la communauté anglophone dominante, tandis que la majorité des Wallons s'intègrent aux minorités francophones.

Connaissant bien les institutions démocratiques, les immigrants belges participent à la vie politique locale et régionale du Canada et assument des rôles de direction dans des organisations agricoles, syndicales et commerciales, des conseils municipaux (voir Gouvernement municipal), des conseils scolaires (voir Commissions scolaires), et des organisations professionnelles et politiques. Ils sont bien intégrés aux communautés multiculturelles du Canada et leur apport est notable dans la promotion de l'agriculture, du commerce, de l'industrie et de leur culture.

Cohésion du groupe

Il aura fallu à peine deux générations pour que les immigrants issus des deux communautés ethnolinguistiques de la Belgique se fondent à la société canadienne. Provenant d’un pays bilingue ayant connu d’importantes transformations économiques et séculaires, ils se sont bien adaptés aux normes sociales et au fonctionnement des institutions canadiennes. De plus, ils se sont facilement mêlés à différents sous-groupes tels que les Anglo-Québécois et les Franco-Manitobains. En Ontario, les Flamands se sont joints aux Hollandais afin de mettre sur pied différents projets culturels et commerciaux, alors que les Wallons ont appuyé les francophones dans leurs revendications en matière d’éducation et de culture. Contrairement à d’autres groupes ethniques au Canada, les Belges n’ont pas développé d’institutions qui leur sont propres. Les individus et les familles ont néanmoins maintenu leurs traditions religieuses, sociales et récréatives, tout en participant activement à des organisations professionnelles, syndicales et d’affaires regroupant des membres de la société canadienne de tendances très variées et issus de différents horizons.