Louis Bernard, O.Q., politicien, homme d’affaires et haut fonctionnaire (né le 27 juillet 1937 à Montréal, QC). Penseur et éminence grise notamment des gouvernements souverainistes du Parti québécois, Louis Bernard a été au cœur du développement de l’État québécois depuis la Révolution tranquille. Servant sous huit premiers ministres, de Jean Lesage à Bernard Landry, il a été sous-ministre adjoint, chef de cabinet, puis secrétaire général du Conseil exécutif, le plus haut échelon de la fonction publique québécoise.
Formation et carrière
Diplômé en droit de l’Université de Montréal et détenteur d’un doctorat en droit administratif du London School of Economics and Political Science, Louis Bernard entre comme avocat au cabinet Stikeman & Elliott en 1960. De 1964 à 1970, il agit à titre de conseiller juridique, puis comme sous-ministre adjoint au ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes.
En 1970, le premier ministre, Robert Bourassa, accepte son affectation à titre de chef de cabinet du leader parlementaire du Parti québécois (PQ). En 1976, à la suite de l’élection du PQ, il accède au poste stratégique de chef de cabinet du premier ministre René Lévesque. Il est l’artisan d’une réforme majeure de la fonction gouvernementale, soit la création des postes des ministres d’État. Cette réforme contribue aussi au renforcement du rôle des comités ministériels et de leurs secrétariats dans la prise de décision et la conduite de grandes réformes.
L’année suivante, il réintègre la fonction publique et devient secrétaire général associé à la réforme électorale et parlementaire. Il contribue également à l’élaboration de la Loi sur la consultation populaire (référendum). En 1978, il est nommé secrétaire général du Conseil exécutif, soit le poste le plus élevé de la fonction publique québécoise. Il est en poste lors du référendum de 1980. En 1985, lorsque le Parti québécois cède le pouvoir aux libéraux de Robert Bourassa, il est détaché pendant un an à l’École nationale d’administration publique (Université du Québec). Il profite de cet intermède universitaire pour rédiger un livre, Réflexions sur l’art de se gouverner (1987), dans lequel il explore le rôle de l’État, le fonctionnement du Parlement et les rapports entre le politique et l’administratif.
Par la suite, Bourassa lui confie le dossier de l’Accord du Lac Meech et la négociation de l’accord sur l'immigration (voir Politique d’immigration du Québec). Il préside également un groupe de travail sur l’octroi des contrats gouvernementaux. Toutefois, en 1987, il quitte la fonction publique pour le secteur privé et la vice-présidence (administration) de la Banque Laurentienne.
En 1994 et 1995, Louis Bernard est rappelé au gouvernement, à nouveau à titre de secrétaire général du Conseil exécutif, poste qu’il exerce au moment du référendum de 1995. Il a donc été intimement lié à la définition des deux stratégies référendaires.
À la fin de 1995, Louis Bernard revient à la Banque Laurentienne à titre de vice-président exécutif, jusqu’à sa retraite en 1998. Il agit ensuite comme consultant et négociateur pour le gouvernement québécois. Entre autres, il a été nommé comme négociateur spécial dans le dossier des Autochtones innus et mandataire gouvernemental dans deux dossiers : celui de la réforme municipale dans la région métropolitaine de Montréal et celui du financement du transport en commun pour la même région.
En 2005, Louis Bernard est candidat à la course à la direction du Parti québécois. Largement inconnu du public, il se classe néanmoins quatrième sur les neuf candidats. À son avis, le PQ doit seulement se concentrer sur l’indépendance du Québec; « (…) l’exercice du pouvoir n’est pas, en soi, propice à faire avancer la cause de la souveraineté ».
Un recueil de ses mémoires, résultats d’entretiens avec le politologue de l’Université de Montréal, Michel Sarra-Bournet, est publié en 2015.
Engagement social et honneurs
Citoyen socialement engagé, Louis Bernard a été membre et président du conseil d’administration de l’Institut de cardiologie de Montréal, administrateur de la Société de la Place-des-Arts ainsi que du Musée des beaux-arts de Montréal. En 1992, l’Institut de l’administration publique du Canada lui décerne la médaille d’or Vanier pour sa contribution exceptionnelle au développement de la fonction publique québécoise, alors que l’Institut d’administration publique du Québec lui octroie son prix d’excellence. Il est nommé Officier de l’Ordre national du Québec en 2000 et reçoit un doctorat honorifique de l’École nationale d’administration publique en 2009.