Bibliothèques de musique
Introduction
Les bibliothèques de musique sont des collections classifiées de partitions, d'enregistrements, de livres sur la musique, et autres pièces telles que coupures de journaux, programmes de concerts, affiches ou films. Beaucoup d'entre elles possèdent également des dépôts d'archives (voir Archives). Les bibliothèques de musique desservent des clientèles diverses comme des interprètes, des spécialistes, des étudiants, des organisateurs d'émissions, et le public mélomane en général. Suivant les besoins particuliers de chaque groupe, choeurs, orchestres, maisons d'enseignement, entreprises de radiodiffusion, public, etc., les bibliothèques ont assumé des fonctions spécifiques, mais souvent avec un certain chevauchement.
Des enquêtes menées par le comité des bibliothèques musicales de l'Assn canadienne des bibliothèques en 1956, par l'ACBM en 1965 et par la Bibliothèque nationale du Canada en 1978-79 démontrent que les ressources augmentèrent considérablement au cours des années 1960 et 1970 mais que leur répartition à travers le Canada est inégale et correspond en général au degré de richesse de chaque province. Toronto possède les plus importantes collections de musique dans ses bibliothèques publiques et universitaires; mais la concentration des ressources de la ville dans cinq bibliothèques importantes (Metropolitan Toronto Library, Université de Toronto, SRC, Centre de musique canadienne et Université York) offre un contraste frappant avec la multiplicité des collections à Montréal (BN du Q, Bibliothèque de la Ville de Montréal, CAMMAC, Centre MC, CMM, École Vincent-d'Indy, Université de Montréal, Université McGill, SRC, et autres). Québec possède les plus anciennes collections. L'association des bibliothèques des municipalités, des universités et des collèges (en général accessibles au grand public) assure aussi de bons services à Calgary, Edmonton, Hamilton, London, Ottawa, Vancouver et Victoria.
Aperçu historique
Une histoire détaillée des bibliothèques musicales au Canada n'avait pas encore été écrite en 1990. Une telle recherche confirmerait, sans nul doute, que les premiers volumes de musique faisaient partie des collections des ordres religieux et des églises de la Nouvelle-France. À l'Université Laval, des éditions de motets et de cantates de Nicholas Bernier, André Campra, Jean-Baptiste Morin et de leurs contemporains, importées au début du XVIIIe siècle, ont survécu. Le monastère des Ursulines, le monastère des Augustines de l'Hôpital général, et l'Hôtel-Dieu, tous à Québec, ont également conservé de la musique religieuse imprimée ou manuscrite, utilisée par le clergé de la Nouvelle-France. Des documents permettent aussi d'affirmer que des volumes de musique ont appartenu à des particuliers au cours de la première période de la colonisation. On sait que Jean Nicolet (v. 1598-1642), explorateur, administrateur et interprète qui se fixa à Trois-Rivières en 1637, possédait 2 livres de musique dans sa bibliothèque de 30 volumes. L'intendant Claude-Thomas Dupuy, qui séjourna au Canada de 1726 à 1728, avait une bibliothèque d'une cinquantaine de volumes de musique dont plusieurs opéras de Lully, mais cette collection retourna en France avec son propriétaire.
Des journaux de la fin du XVIIIe siècle annonçaient parfois de la musique imprimée importée. Ce commerce avec l'Angleterre et les États-Unis aida les amateurs et les musiciens à bâtir des collections, augmentées par leurs propres manuscrits. Pendant tout le XIXe siècle, les bibliothèques de musique particulières et les collections de parties d'oeuvres chorales et instrumentales de nombreux choeurs d'église, harmonies et sociétés philharmoniques, constituèrent les principaux dépôts de musique imprimée et de littérature musicale. Les bibliothèques publiques et universitaires possédaient certainement des ouvrages musicaux, mais leur acquisition était rarement systématique. La liste des souscripteurs à l'édition complète de Bach (Breitkopf & Härtel 1851-99) compte un seul nom canadien, celui de Samuel Prowse Warren, organiste de concert qui devint célèbre après s'être fixé aux É.-U.
La principale collection des XVIIIe et XIXe siècles à avoir survécu est l'ensemble des partitions de musique d'orchestre, de musique de chambre et autre musique imprimée, enrichie successivement par Frédéric-H. et L.-Édouard Glackemeyer, Jonathan Sewell, la Société harmonique de Québec des années 1820, les familles Desbarats et Sheppard, le Septett Club, le Septuor Haydn et d'autres. Cette collection est conservée à l'Université Laval et au séminaire de Québec. Les volumes les plus anciens prouvent, par diverses indications écrites, que des quintettes de Mozart et des quatuors de Haydn furent exécutés au Canada dans les années 1790. Le violoniste Alfred Paré, un des prés. du Septuor Haydn, est le premier Canadien connu qui ait été bibliothécaire de musique à temps partiel. Le registre des procès-verbaux du groupe révèle dans son compte rendu du 11 mai 1874 que Paré a compilé un catalogue de la bibliothèque et que ce dernier était prêt pour l'impression. Comme bibliothécaire du septuor, Paré fit appel au public en 1878 pour obtenir des dons pour une « Bibliothèque nationale de musique du Canada », laquelle viendrait s'ajouter à la musique conservée à l'Université Laval dont la valeur était estimée à 2000 $.
Il est permis de croire que d'autres sociétés possédaient de précieuses collections; de fait, des collections fragmentaires comme celle de l'Ottawa Amateur Orchestral Society, déposée plus tard à la Université Laval, ont été découvertes. Mais la plupart des anciennes collections peuvent être considérées comme dispersées ou détruites.
Quelques-uns des conservatoires qui apparurent dans les années 1880 et 1890 se constituèrent de petites bibliothèques pour encourager étudiants et professeurs à explorer la littérature musicale et améliorer leur compétence en lecture à vue, mais plus souvent qu'autrement, ces collections consistaient en une bibliothèque située dans le bureau du directeur et ne formaient pas un ensemble organisé.
Vers les années 1900, les bibliothèques publiques commencèrent à considérer sérieusement la musique, et celles de Toronto, Hamilton et Ottawa, entre autres, eurent bientôt des collections respectables à offrir au profane. Les collections universitaires demeurèrent limitées puisque les cours, axés sur les matières théoriques plutôt que sur la musicologie, exigeaient peu de matériel de bibliothèque, et que la plupart des professeurs étaient des interprètes plutôt que des spécialistes de la recherche. Ce n'est qu'en 1956, alors que fut entreprise la première enquête sur les bibliothèques de musique, que des dépôts de plus de 5000 pièces (y compris partitions, livres et enregistrements) furent déclarés par les bibliothèques publiques à Hamilton, Ottawa, Toronto (plus du double de matériel que dans n'importe quelle autre ville), Windsor et Winnipeg. (Celle de Vancouver, eût-elle fait partie de l'enquête, s'y serait probablement ajoutée.) Le plus important établissement d'enseignement avec une collection dépassant 5000 pièces, le RCMT, ne possédait qu'environ le tiers de la collection de la Toronto Public Library; les autres établissements d'enseignement ayant plus de 5000 pièces étaient l'Université Laval, l'Université McGill, l'Université Mount Allison et le Regina College. Deux bibliothèques, cependant, surpassaient la Toronto Public Library par le nombre de partitions et d'enregistrements, même s'il s'y trouvait peu de livres et périodiques : les bibliothèques de musique et discothèques de la SRC à Montréal et à Toronto. Peu après la fin de l'enquête, les bibliothèques de musique entrèrent dans une période de croissance accélérée, principalement à cause de l'« explosion du micr. » et de l'importante expansion des programmes d'études musicales. En 1979, quelque 75 bibliothèques de musique au Canada possédaient des collections de plus de 5000 pièces, et une trentaine d'entre elles avaient plus de 20 000 pièces.
Bibliothèques publiques
Les bibliothèques publiques canadiennes sont généralement bien équipées, fournissent un service efficace et offrent de généreuses politiques de prêt (y compris les prêts entre bibliothèques). En Ontario, le service gratuit remonte à la loi de 1882 sur les bibliothèques gratuites. Parmi les plus anciennes collections de musique figure celle de la Toronto Public Library (auj. à la Metropolitan Toronto Reference Library). En 1915, elle fit paraître une liste de 828 « livres de musique et reliés à la musique » en circulation et, jusqu'au milieu des années 1950, elle demeura la plus importante bibliothèque de musique au Canada. Elle fut ensuite supplantée par les bibliothèques de la SRC, de l'Université de Toronto et de plusieurs autres universités. Le tableau ci-après fournit les statistiques de base pour les partitions, livres et enregistrements des plus importantes collections musicales publiques. Il n'inclut pas les collections combinées des réseaux de bibliothèques, courants dans les agglomérations métropolitaines (ainsi, le réseau de North York, Toronto, dont les 19 succursales réunissent un total de plus de 75 000 disques). Tous les chiffres de ce tableau et du suivant doivent être considérés comme largement approximatifs, puisque chaque bibliothèque utilise sa propre méthode de classification de brochures, musique imprimée, volumes individuels dans la publication d'une série, etc., et applique ses propres unités de mesure (volumes, titres, nombre de mètres occupés sur les rayons) et divers degrés de précision dans le comptage de ses collections, qui peut inclure ou non les arrérages de catalogue, les collections supplémentaires de musique imprimée, etc. Dans l'ensemble, les chiffres sont basés sur les données fournies par les bibliothèques et soumises en 1978 au Directory of Music Research Libraries (publié à Kassel en 1983), et celles de 1990 recueillies par les enquêteurs de l' EMC aidés par la Université Laval (l'ACBM et la Université Laval ont prévu une enquête plus approfondie en 1991). Dans la liste qui suit, les villes sont classées par ordre alphabétique.
Collections musicales des bibliothèques publiques
Dans les années 1980, de nombreuses bibliothèques, y compris celles qui ne possédaient pas jusqu'alors de collections d'enregistrements sonores, attirées par la durabilité des cassettes et des CD, se mirent à en acheter. Lors d'une enquête plusieurs bibliothécaires indiquèrent leur intention, à partir de 1991, de commencer ou de compléter extensivement des collections de CD étant donnée la baisse des prix. Entre 1987-88 et 1988-89, le nombre des enregistrements acquis par les établissements publics progressa de 1 p. cent à en moyenne 3 p. cent des fonds (Thomas Fitzpatrick, « The Book is still king », Focus on Culture, vol. II, n 4). Certes, les disques peuvent être appréciés par un public nombreux, mais parce qu'elles négligent de monter des collections de partitions, de nombreuses bibliothèques ne favorisent pas la création musicale et menacent même la survie de l'habileté musicale. En 1990, 11 établissements seulement déclaraient posséder au moins 500 partitions. Cependant, les membres de certaines communautés ont accès aux ressources des universités et des collèges locaux. À travers le pays, le système de prêt entre bibliothèques permet également au public de consulter des documents imprimés. De nombreux établissements publics recueillent des programmes de concerts, constituent des dossiers verticaux et rassemblent de la documentation sur la vie musicale locale.
Bibliothèques universitaires
Jusqu'aux années 1950, les collections de musique universitaires demeurèrent de dimension et d'importance négligeables, même si les bibliothèques universitaires détenaient plus de collections d'éditions et de livres en langues étrangères regroupés que les bibliothèques publiques. Dans les années 1960, avec l'introduction de l'histoire de la musique et de la littérature musicale comme matière d'étude reconnues, avec l'engagement de musicologues comme professeurs, et vu la disponibilité croissante d'une vaste documentation sur les enregistrements, en nouvelles éditions critiques ou en rééditions, les bibliothèques de musique entrèrent dans une période d'expansion spectaculaire. Auparavant incomplètes et négligées, elles devinrent en peu d'années les centres nerveux des départements de musique des institutions d'enseignement. Le tableau qui suit est basé sur l'enquête menée en 1990 par l' EMC et la Université Laval. Les institutions y sont classées par ordre alphabétique. Les problèmes reliés à l'évaluation des quantités sont similaires à ceux des bibliothèques publiques. Ainsi, une pièce de musique imprimée de 4 pages est évaluée de la même façon qu'un ensemble de 40 volumes des oeuvres d'un compositeur lorsque la bibliothèque dresse la liste de ses titres, mais non lorsque les volumes sont déclarés. Bref, les collections des bibliothèques universitaires comme celle des bibliothèques publiques, reflètent le changement des formats d'enregistrement.
Collections musicales des bibliothèques universitaires
Université Livres Pério- Parti- Micr. CD Cass Notes
diques tions
Dans toutes les collections, les principaux éléments constituants sont la littérature musicale de base et les publications plus spécialisées qui étaient disponibles durant les années d'intense constitution de collections. La plupart des bibliothèques ont également fait l'acquisition d'un certain matériel sur le marché d'occasion ou grâce à des dons et legs de professeurs à la retraite ou de musiciens décédés (voir section 8). Les collections spéciales de chaque université sont précisées dans les notes, celles d'archives décrites à l'article Archives. Il convient de citer la présence, presque au complet, de grandes éditions et d'éditions monumentales et une collection substantielle des premières éditions de Brahms à l'Université de la Colombie-Britannique; une collection de wagneriana et des livres sur la musique à Vienne à l'Université de Calgary; et d'importantes collections d'opéras du XVIIIe siècle à l'Université de Western Ontario, à l'Université McMaster et à l'Université de Toronto. Ce dernier établissement est richement pourvu à plusieurs autres égards. Il détient notamment une imposante collection d'enregistrements 78t. et une profusion de musique pour flûte. L'Université Laval conserve de remarquables collections de musique de l'Église catholique, d'éditions originales de musique de chambre et de parties d'orchestre de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, et de musique française des XVIIIe et XIXe siècles.
Bibliothèques de collèges et de conservatoires
Au cours de leur développement, dans les années 1980, les collèges communautaires du Canada anglais (en particulier en Ontario, Colombie-Britannique et Alberta) se mirent à constituer des bibliothèques adaptées à leurs spécialités musicales (voir aussi Collèges communautaires). Les bibliothèques de conservatoires, surtout au Québec, possèdent également d'intéressantes collections, en particulier en ce qui concerne l'interprétation (voir aussi Conservatoire de musique du Québec; voir Nicole Boisclair, « Les Centres de documentation des conservatoires de musique au Québec », Fontes artis musicae, vol. XXXIV, oct.-déc. 1987). Consulter le tableau de la page XXX.
Bibliothèques reliées aux arts d'interprétation
Il n'est pas utile de fournir des tableaux des collections de bibliothèques portant principalement sur l'exécution musicale car leurs méthodes de classification, de rangement et de comptage sont très diversifiées. Les bibliothèques des stations radiophoniques ont sans doute les plus imposantes collections de partitions et d'enregistrements, mais elles n'ont que peu de livres. En 1987, la musicothèque de la SRC à Toronto possédait plus de 25 000 partitions et parties de compositions classiques, et plus de 35 000 de chansons en feuilles, albums, recueils et arrangements pour orchestres de danse. La discothèque de la SRC à Toronto disposait en 1987 de plus de 200 000 micr., un nombre appréciable de 45t. et une collection croissante de CD. Des arrangements de chansons et de classiques légers destinés à la radiodiffusion, et plus de 500 oeuvres de concert commandées par la SRC font partie de la collection. À Montréal, la société possédait en 1991 plus de 375 000 enregistrements (dont 60 000 78t. et 42 000 CD) et 77 694 titres de musique imprimée (dont 500 titres de partitions pour chef d'orchestre, 2 238 titres de partitions miniatures et 19 412 titres de partitions pour orchestre). Les collections régionales, d'enregistrements sonores surtout, sont conservées à Halifax, Vancouver, Winnipeg et Regina. Les collections des autres stations de radio sont moins imposantes. Les bibliothèques de la SRC sont fermées au public, sauf quand il s'agit de recherches légitimes, devant être soumises pour approbation. La Université Laval abrite des collections de la SRC et les ANC sont dépositaires d'archives de programmes (voir Gordon Richardson, « The Music and record librairies of the Canadian Broadcasting Corporation », Fontes artis musicae, vol. XXXIV, oct.-déc. 1987).
À Toronto, la bibliothèque de MusiquePlus abrite plus de 12 000 bandes vidéos de chansons, des enregistrements de concerts et d'entrevues, et des dossiers verticaux sur des musiciens canadiens et étrangers. Réservée à l'usage interne, cette collection n'est pas accessible au public.
La bibliothèque de l'Institut national canadien pour les aveugles (INCA) à Toronto possède une collection de plus de 400 livres (289 en braille, 91 parlés condensés) et plus de 18 000 partitions en braille. Des catalogues ont été publiés (voir « Music library has noteworthy braille », Feliciter, vol. XXXII, févr. 1986).
Le type le plus courant de bibliothèque musicale est sans doute la bibliothèque de musique chorale. Il doit en exister plus d'un millier au Canada, réparties dans les écoles, les églises ou les locaux des sociétés chorales. Les bibliothèques d'harmonies et d'orchestres sont un peu moins nombreuses. Bien entendu, la plupart de ces collections desservent un seul ensemble et l'accès à des partitions rarement utilisées ou uniques est difficile à cause de l'absence de catalogues largement distribués.
Dans le domaine de l'interprétation, certains orchestres canadiens gèrent des collections (voir Pat Wardrop, « If this is a library, where are the books? », Toronto Symphony, vol. XXXVIII, janv.-févr. 1983). La plupart de ces collections ne sont pas accessibles au public. À Toronto, la bibliothèque de l'AOC-FOSO possède une collection, en français et en anglais, de livres, dossiers d'information, périodiques, vidéos, etc., traitant des multiples aspects du travail d'un orchestre. Leur centre de ressources éducatives possède des documents relatifs à la programmation, à l'enseignement et aux vidéos. Ouverte au public, la Margo Sander Music Library de la COC rassemble livres, partitions, enregistrements, dossiers d'information et programmes de concerts (voir Christopher Morris, « Behind the scenes : the COC's music library and archive », COC Magazine, 20 juin 1990); elle est ouverte au public.
La bibliothèque de CAMMAC, établie en 1959, met à la disposition de ses membres une vaste sélection de musique chorale, de musique de chambre et de mélodies, et un choix plus restreint de musique d'orchestre.
La bibliothèque du Centre de musique canadienne possède une collection de plus de 10 000 partitions de compositeurs canadiens disponibles pour étude ou interprétation, dans tous ses bureaux à travers le pays. On y trouve aussi la documentation relative à la composition au Canada. Le public peut y écouter des exécutions enregistrées; l'Imperial Oil McPeek Pops Library permet de consulter des arrangements de musique populaire.
Les organismes récréatifs, ethniques et de musiciens amateurs et quelques fédérations musicales ont maintenu des bibliothèques de musique accessibles à leurs membres. Parmi celles-ci figurent les bibliothèques de l'Alliance chorale canadienne et de la Bibliothèque publique juive à Montréal, le Ukrainian Cultural and Educational Centre de Winnipeg, le Saint Vladimir Institute de Toronto, le Saint Vladimir's Ukrainian Orthodox Cultural Centre de Calgary et le Vancouver Cello Club.
Collections de canadiana
Les plus importantes collections musicales de canadiana, la musique de folklore exceptée, sont celles de la Université Laval à Ottawa, du Centre MC à Calgary, Montréal, Toronto et Vancouver, et de la SRC. Dans les années 1980, la BN du Q à Montréal mettait sur pied une importante collection de laurentiana. La Division de la musique de la Université Laval (avec sa vaste collection d'imprimés de publications non canadiennes qui sert principalement de ressource complémentaire pour d'autres bibliothèques) s'est développée de telle sorte qu'elle complète, plutôt qu'elle ne reprend, le rôle du Centre MC. Le Centre MC se spécialise en musique contemporaine, dont la plus grande partie est inédite, tandis que la Université Laval s'intéresse surtout aux oeuvres contemporaines publiées et au matériel du passé de tous les styles et dans tous les genres de musique, comme le fait la BN du Q dans un champ plus limité. Les collections de canadiana courantes sont aussi acquises par de nombreuses bibliothèques universitaires et publiques, mais habituellement selon les mêmes principes de sélection appliqués à la musique d'autres pays. Certaines bibliothèques accordent en outre une attention spéciale aux oeuvres de musiciens locaux publiées ou enregistrées.
Si étrange que cela puisse paraître, l'ensemble des collections historiques de canadiana (d'avant 1950) sont généralement d'origine plus récente que le canadiana courant. Ceci s'explique par le fait que les bibliothécaires étaient peu encouragés à collectionner des oeuvres du passé alors que les universités, les professeurs privés, les interprètes individuels et les radiodiffuseurs se montraient peu intéressés à l'histoire musicale du Canada. En outre, une grande partie de la production canadienne d'autrefois était banale ou éphémère de nature et les bibliothécaires contemporains ne mesuraient pas l'importance qu'un tel matériel pourrait éventuellement revêtir pour les futurs historiens. Néanmoins, aucune excuse ne justifie les bibliothèques canadiennes de n'avoir pas acquis de partitions de Lavallée, Forsyth, Harriss ou Lucas, ou encore les enregistrements d'Albani, de Donalda, de Parlow ou du Quatuor à cordes Hart House, à l'époque de leur parution, ou d'avoir laissé disparaître de nombreuses revues musicales, à l'exception de quelques numéros ou volumes. Comme conséquence, aucune bibliothèque ne possède la collection complète de Musical Canada, de Passe-Temps, ou du Canadian Music Trades Journal.
Lorsque l'intérêt pour la collection de canadiana de nature historique commença à se manifester dans la seconde moitié du XXe siècle, les bibliothèques durent se procurer ce matériel article par article auprès de vendeurs d'occasion et de donateurs privés. La liste suivante regroupe quelques-unes des plus importantes collections de canadiana de nature historique et contemporaine (pour les manuscrits, voir Archives), avec une indication des champs de spécialisation les plus importants. Elle est présentée, d'ouest en est, dans l'ordre alphabétique des villes de chaque province. Les bibliothèques étrangères qui possèdent des collections de canadiana clôturent l'énumération.
Colombie-Britannique
New Westminster
New Westminster Public Library : documentation sur la vie musicale locale.
Vancouver
Vancouver Public Library : musique imprimée, dossiers de programmes, de photos, dossiers d'information, index.
Victoria
Archives and Records services : musique publiée par les compositeurs de la Colombie-Britannique, programmes, dossiers d'information sur les musiciens, les sociétés musicales, etc.
Alberta
Calgary
Glenbow-Alberta Institute : musique imprimée, programmes, recueils, surtout d'origine ouest-canadienne.
Edmonton
Edmonton Public Library : dossiers d'information, documentation sur la vie musicale locale.
Saskatchewan
Regina
Regina Public Library : musique imprimée, dossiers de programmes et dossiers d'information.
Saskatchewan Provincial Library : livres, partitions, documentation sur la Saskatchewan.
Saskatoon
Saskatoon Public Library : musique imprimée, dossiers de programmes et dossiers d'information.
Manitoba
Winnipeg
Manitoba Legislature Library : dépositaire légal des documents sur le Manitoba, dossiers d'information concernant cette province.
Ontario
Guelph
Guelph Public Library : dossiers d'information, documentation sur la vie musicale locale.
Hamilton
Hamilton Public Library : volumes de musique, musique imprimée, documentation sur la vie musicale locale.
Kingston
Université Queen's, Douglas Library, collections spéciales : musique imprimée, dossiers de programmes.
Kingston Public Library : documentation sur la vie musicale locale.
London
London Public Library : musique imprimée, dossiers d'information.
Ottawa
Bibliothèque nationale du Canada : livres, périodiques, partitions imprimées, canadiana et autre musique imprimée, enregistrements audio et vidéo, programmes de concerts, collections photographiques et iconographiques, dossiers d'information, index (voir aussi Bibliothèque nationale du Canada et Archives).
Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l'Université d'Ottawa : livres, partitions, périodiques, enregistrements.
Peterborough
Peterborough Public Library : dossiers d'information, documentation sur la vie musicale locale.
Thunder Bay
Thunder Bay Historical Museum Society : musique imprimée.
Toronto
Massey College, Université de Toronto : volumes de musique, musique imprimée.
Metropolitan Toronto Library : périodiques, volumes de musique, musique imprimée, dossiers de programmes, dossiers de photos, dossiers d'information, documents sur la vie musicale locale.
Windsor
Windsor Public Library : musique imprimée, dossiers d'information, documents sur la vie musicale locale, articles en français.
Québec
Montréal
Bibliothèque de la Ville de Montréal : livres, périodiques, volumes de musique, musique imprimée.
Bibliothèque nationale du Québec : livres, partitions, enregistrements (dont 10 000 78t.), musique imprimée, dossiers d'information, programmes de concerts, documentation sur la vie musicale au Québec, 5000 dossiers de presse sur la vie musicale de 1940 à 1980, 700 opéras et opérettes français.
Université de Montréal : périodiques, volumes de musique, musique imprimée, dossiers de programmes et d'information.
Université McGill, collection Lande et bibliothèque de musique : hymnaires et livres d'instruction, musique imprimée.
UQAM : livres, partitions, enregistrements, dossiers d'information, documentation sur la vie musicale locale.
Québec
Bibliothèque de l'Assemblée nationale : périodiques, volumes de musique.
Université Laval : livres, périodiques, volumes de musique, musique imprimée, dossiers de programmes.
Sherbrooke
Bibliothèque municipale de Sherbrooke : documentation sur la vie musicale locale.
Nouveau-Brunswick
Sackville
Université Mount Allison : recueils de chansons, volumes de musique, musique imprimée, dossiers de programmes.
Île-du-Prince-Édouard
Charlottetown
Université de l'Île-du-Prince-Édouard : documents concernant l'Île-du-Prince-Édouard.
Nouvelle-Écosse
Halifax
Provincial Archives of Nova Scotia : livres, partitions, collection spéciale de livres de musique utilisés en Nouvelle-Écosse, enregistrements de diffusion, dossiers d'information sur les musiciens de la Nouvelle-Écosse.
Terre-Neuve
Saint-Jean
Provincial Reference Library : dossiers d'information, documentation sur la vie musicale locale.
Université Memorial : livres, partitions, dossiers d'information, folklore, documentation sur la vie musicale locale.
États-Unis
Nashville, Tenn.
Country Music Foundation Library and Media Centre : musique imprimée, instruments, enregistrements, périodiques, dossiers d'information.
Providence, R.I.
Université Brown : musique imprimée de mélodies chantées.
Washington, D.C.
Bibliothèque du Congrès : périodiques, volumes de musique, musique imprimée.
Grande-Bretagne
Londres
British Library-National Sound Archive : dépôts de droits d'auteurs anciens, livres, musique imprimée, partitions, enregistrements.
BBC Gramophone Library : enregistrements.
Les principales collections privées incluent celles d'Edward B. Moogk, London, Ont. (enregistrements; cédée à la Université Laval en 1980); d'Alan Suddon, Toronto (musique imprimée); et de Dorothy H. Farquharson, Waterdown, Ont. (musique imprimée).
Collections particulières
Aucune enquête n'a été menée sur les collections musicales privées mais on peut présumer que les collections les plus importantes ou les plus valables sont celles de musiciens actifs plutôt que de bibliophiles. De nombreuses collections particulières ont été absorbées, après la retraite ou le décès de leurs propriétaires, par des bibliothèques publiques et universitaires. Ce fut notamment le cas pour celles de George B. Sippi (Université de Western Ontario), C.A.E. Harriss (Université McGill et Bibliothèque publique d'Ottawa), H.A. Fricker et F.H. Torrington (Metro Toronto Music Library); Emil Cooper, Jean Deslauriers et Arthur Garami (CMM); Max Bohrer (Institut Fraser-Hickson, Montréal), Arnold Walter, Herman Geiger-Torel, Mateusz Glinski et Reginald H. Barrow (Université de Toronto), Glenn Gould, Quentin Maclean, sir Ernest MacMillan et Heinz Unger (Université Laval), Kenneth Sakos et Carlo Boehmer (Kitchener Public Library), Albert Duquesne (Bibliothèque de la Ville de Montréal), Mary Mellish Archibald (Université Mount Allison), Claude Champagne (Université de Montréal), J.-J. Goulet et Irene Pavloska (Université McGill), Lorne H. Russworm (Université Memorial) Lionel Daunais, Marthe Lapointe et José Delaquerrière (BN du Q), Claude Champagne (ANQ, Montréal), Jean Chatillon (UQTR) et Marguerite Pâquet (CMQ).
Les collections de bibliophiles transférées aux établissements publics incluent celles de R.S. Williams (Royal Ontario Museum, Toronto), Walter Kunstler (Université McGill, Montréal) et Philéas Gagnon (une petite collection de canadiana, du point de vue musical, mais une composante significative; Bibliothèque de la Ville de Montréal).
Les collections privées ouvertes au public incluent la bibliothèque consacrée aux orgues de William Vineer, à Ottawa, et la Ralph Gustafson Piano Library composée d'enregistrements historiques de piano et dont les bandes sont disponibles à l'Université Bishop's, Lennoxville, Québec.
Les collections d'enregistrements sonores historiques, comme celle de Gustafson, constituent probablement le plus important type de ressources dans le secteur privé, puisqu'un nombre très restreint d'établissements publics ont conservé des collections de disques 78t. et de cylindres de cire, et que peu d'entre eux les collectionnent rétrospectivement. La collection Sunwapata du Grant McEwan College contient quelque 15 000 78t. Dans les années 1980, la Popular Music Archive de l'Université Brock et le Trent Institute for Studies in Popular Culture commencèrent à monter des collections d'enregistrements historiques. Les grandes bibliothèques de la SRC sont privées, tout comme la collection vidéo de MusiquePlus, tandis que les collections de l'Université de Toronto et de la Université Laval sont publiques. Les collectionneurs privés ont été particulièrement actifs dans des genres comme le jazz et la musique pop. Le contact avec des collectionneurs peut être établi par l'entremise de plusieurs clubs de discophiles et par la lecture de A Preliminary Directory of Sound Recordings Collections in the U.S. and Canada. En 1989, l'annuaire de l'ARSC (Assn for Recorded Sound Collections) recensait 38 membres canadiens (individus ou institutions) et précisait leurs domaines de spécialisation.
Formation, organismes et projets
Jusqu'au début des années 1950, la plupart des bibliothécaires de musique étaient des musiciens d'orchestre qui avaient été « entraînés » dans leurs fonctions (par exemple les bibliothécaires de la SRC et ceux de plusieurs orchestres) ou des bibliothécaires généraux intéressés à la musique. À cette époque, plusieurs écoles de bibliothéconomie commencèrent à dispenser des causeries ou des cours sur des bibliothèques spécialisées dont les problèmes posés par les collections de musique pouvaient être abordés et les sujets musicaux assignés comme exercices aux étudiants. Aucun cours spécial sur la bibliothéconomie de la musique n'avait encore été mis sur pied en 1990, en dépit de cours occasionnels donnés par intervalles, et quelques autres quand la demande était suffisante. La première Canadienne à détenir à la fois un diplôme en musique (1952) et en bibliothéconomie (1953) fut Ogreta McNeill, responsable par la suite de la collection de musique à la Toronto Public Library et première prés. de l'ACBM (1956-57).
L'ACBM, une section de l'Assn canadienne des bibliothèques, devint en 1971 une succursale nationale de l'Assn internationale des bibliothèques musicales, centres d'archives et de documentation. De nombreux Canadiens ont aussi été membres de la Music Library Assn (É.-U.) et ont participé à ses travaux.
Des bibliothécaires canadiens ont également pris part aux projets parrainés ou coparrainés par l'association internationale, notamment RIdIM (Répertoire international d'iconographie musicale; voir Iconographie), RILM (Répertoire international de littérature musicale; voir Bibliographie) et le RISM (Répertoire international des sources musicales; siège social canadien à l'Université de Western Ontario). En 1952, RISM entreprit une action concertée pour trouver tous les spécimens de musique imprimée ou manuscrite ou de littérature musicale antérieurs à 1800, conservés dans une bibliothèque ou faisant partie d'une collection, et pour en dresser la liste. Vu l'absence de tradition canadienne, il n'est pas étonnant que seules quelque 2800 pièces aient été trouvées au Canada en 1987 - beaucoup d'entre elles furent acquises au milieu du XXe siècle - comparativement aux dizaines de milliers, dans plusieurs pays européens et aux États-Unis. En 1987, les plus importants dépôts au Canada étaient les suivants :
Université de Toronto 926
Université de Western Ontario 848
Université McMaster 377
Université Laval et séminaire de Québec 171
Université de la Colombie-Britannique 73
Metropolitan Toronto Library 54
Université McGill 50
Université Laval 49
BN du Q 33
Université Mount Allison 33
Royal Ontario Museum 31
Au nombre des plus anciennes publications trouvées au Canada figurent le Missale bambergense de Johann Pfeyl, 1499 (Université de Toronto); le Pontificale (Giunta), Venise 1520 (Université Laval); le Pontificale secundum rituum, 1542 (Université Laval); et Le Istitutioni harmoniche de Zarlino, 1562 (Metropolitan Toronto Library).