Bill Blaikie | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Bill Blaikie

William Alexandre Blaikie, C.P., O.C., politicien, ministre de l’Église unie, professeur (né le 19 juin 1951, à Winnipeg, au Manitoba; décédé le 24 septembre 2022, à Winnipeg). Bill Blaikie a été ordonné ministre de l’Église unie du Canada et promouvait la politique du mouvement Social Gospel. Figure majeure du Nouveau Parti démocratique (NPD), il a été député fédéral pendant 29 ans. Il s’est porté candidat à la direction du NPD en 2003, arrivant deuxième de la course, derrière Jack Layton. Après avoir pris sa retraite de la politique fédérale, il a été élu député provincial du Manitoba pour un mandat et a occupé les fonctions de ministre de la Conservation du gouvernement provincial. Il a également été professeur auxiliaire de théologie et de politique à l’Université de Winnipeg.

Jeunesse

Élevé à Transcona, une banlieue de Winnipeg, Bill Blaikie participe activement, dans sa jeunesse, aux activités organisées dans son église et chez les scouts. Il prend également part à des parlements modèles et est vice‑président du conseil étudiant de son école secondaire, où il est membre des Jeunes progressistes‑conservateurs. (Voir Parti progressiste‑conservateur.) Il apprend aussi à jouer de la cornemuse, un instrument pour lequel il acquiert un véritable talent, un aspect de son patrimoine écossais dont il est particulièrement fier. Il joue de la cornemuse chez les scouts et au sein des Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada, le régiment au sein duquel il sert de 1967 à 1972. (Voir aussi 38e Groupe‑brigade du Canada.) Il se produit à l’Edinburgh Military Tattoo en 1970, ce qui constitue l’un des moments forts de son parcours de joueur de cornemuse.

Éducation et théologie

De 1969 à 1974, Bill Blaikie travaille à temps partiel comme ouvrier pour les Chemins de fer nationaux du Canada (CN), tout en poursuivant ses études. En 1971, il devient membre du Nouveau Parti démocratique, dont il suivra la ligne pour le restant de ses jours. Il obtient un baccalauréat en philosophie et études religieuses de l’Université de Winnipeg en 1973, avant de poursuivre son éducation religieuse et de décrocher une maîtrise en théologie de l’Emmanuel College de la Toronto School of Theology en 1977.

Bill Blaikie est ordonné ministre de l’Église unie du Canada en 1978. De 1977 à 1979, il occupe les fonctions de directeur du North End Community Ministry à la Stella Avenue Mission (également appelée All People’s Mission), à Winnipeg. Il dira plus tard qu’il n’avait pas quitté son ministère pour se lancer en politique, mais qu’il voyait ces deux activités comme s’inscrivant, l’une et l’autre, dans le cadre de sa vocation. En 2005, il déclarera qu’il s’était « toujours senti double, fermement décidé à s’engager, d’une part, dans la vie, le travail et sa compréhension de l’église, et, d’autre part, en tant que citoyen, dans le processus politique ». Il promeut la tradition du mouvement Social Gospel s’inscrivant dans la politique canadienne progressiste et sociale‑démocrate.

Le saviez‑vous?
« Les adeptes du mouvement Social Gospel partageaient une conviction profonde que l’idéologie de la concurrence s’inscrivait totalement en faux par rapport à la nature d’une société véritablement humaine. Ils rejetaient la recherche du profit, estimant qu’elle constituait une sanctification du vice et une recette conduisant à l’exploitation des êtres humains. Ces adeptes refusaient la concentration d’incroyables pouvoirs économiques entre les mains d’une minorité d’entreprises et le défi que ce système présentait pour l’image de société démocratique que nous avions de nous‑mêmes et pour la liberté individuelle. Ils et elles partageaient une croyance commune en la valeur de la coopération économique qui constituait, à leurs yeux, la véritable expression de notre vie en commun… Ils et elles étaient réalistes quant à la nécessité de […] limiter l’égoïsme humain. » – Bill Blaikie


Carrière politique fédérale

Bill Blaikie est élu pour la première fois au Parlement en 1979, comme représentant de la circonscription de Winnipeg-Birds Hill, qui a depuis été redécoupée et renommée Winnipeg-Transcona en 1988, puis Elmwood-Transcona en 2004. Cette circonscription, que le nouveau député connaît bien pour y avoir grandi, est majoritairement ouvrière.

Bill Blaikie remporte un premier succès politique majeur en 1984. À titre de porte‑parole du NPD en matière de santé, il réussit à faire pression sur le gouvernement de Pierre Trudeau pour qu’il prenne des mesures décisives contre l’érosion des soins de santé publics au Canada. Alors que la ministre de la santé fédérale, Monique Bégin, manifeste publiquement son espoir que les gouvernements provinciaux feront le nécessaire et maintiendront leur soutien à des soins de santé publics universels, en privé, elle exprime ses craintes qu’ils n’agissent pas dans l’intérêt public. Bill Blaikie ne cesse, quant à lui, de se battre pour que le gouvernement adopte des mesures énergiques en vue de préserver les soins de santé. Il avance l’idée que le gouvernement fédéral devrait suspendre le soutien financier aux provinces qui ne respectent pas les conditions fédérales en matière de financement des soins de santé. Finalement, la Loi canadienne sur la santé est adoptée peu de temps avant la défaite du gouvernement Trudeau en 1984. Monique Bégin attribuera à Bill Blaikie le mérite d’avoir forcé le gouvernement Trudeau à agir dans ce dossier.

Plus tard, en 1998, Bill Blaikie joue un rôle essentiel dans l’opposition aux fusions proposées de certaines des plus grandes banques au Canada, une stratégie que défend le ministre des Finances de l’époque, Paul Martin, qui deviendra ensuite premier ministre.

En 2003, alors qu’il est porte‑parole du NPD en matière de défense, Bill Blaikie se montre un opposant virulent à la participation canadienne à l’invasion de l’Irak menée par les États‑Unis. Il se prononce également contre la participation du Canada à un programme américain de défense antimissiles balistiques. (Voir aussi Le Canada et les armes nucléaires.) Cette même année, il dispute la course à la direction du NPD, terminant deuxième derrière Jack Layton.

Plus tard dans sa carrière, Bill Blaikie occupe les fonctions de leader à la Chambre du NPD (de janvier 1996 à février 2003), de chef adjoint du NPD (d’août 2004 à octobre 2008) et de vice‑président de la Chambre des communes (d’avril 2006 à octobre 2008).

Bill Blaikie se représente dans la même circonscription pendant trois décennies, avant de prendre sa retraite de la politique fédérale en octobre 2008, rédigeant alors un éditorial très critique à l’égard du Parlement et de ce qu’il considère avoir été un déclin important, constaté tout au long de sa carrière, des normes en vigueur à la Chambre. Il indique que, selon lui, « les attaques personnelles, l’indignation simulée et la prééminence de la poursuite d’objectifs futiles par rapport au débat de fond » constituent les principaux défauts de l’Assemblée législative, qu’il décrit comme faisant partie d’une « culture toxique » au sein de la politique canadienne.

Carrière politique provinciale

En 2008, Bill Blaikie déclare qu’il sollicitera son investiture dans la circonscription provinciale d’Elmwood au Manitoba. Il est effectivement investi et élu en 2009. Peu de temps après, il est nommé au Cabinet dirigé par le premier ministre Greg Selinger et devient ministre de la Conservation. Au cours de cette période, il pilote la création de cinq nouveaux parcs provinciaux au Manitoba et travaille également comme professeur adjoint de théologie et de politique à l’Université de Winnipeg. Il se retire définitivement de la politique en 2011.

Famille

Les quatre enfants de Bill Blaikie ont suivi ses traces, en tant que militants de la justice sociale, qu’organisateurs communautaires ou que candidats politiques. Daniel Blaikie a été élu député du NPD dans l’ancienne circonscription de son père, Elmwood-Transcona, en 2015, 2019 et 2021.

Distinctions

Bill Blaikie est fait officier de l’Ordre du Canada en 2020. Il a été félicité pour son engagement de toute une vie en faveur de la justice sociale, pour sa carrière politique et pour avoir élevé la barre du discours politique dans le pays. L’Ordre a également souligné son engagement envers le mouvement Social Gospel et son action en faveur du dialogue entre les politiques publiques et la religion.

Voir aussi Bill Blaikie, parlementaire de l’année.