Hyman Paul Bley, pianiste, synthétisiste, compositeur (né le 10 novembre 1932 à Montréal en Québec; décédé le 3 janvier 2016 à Stuart en Floride). Il étudie le violon, puis le piano pendant son enfance, et suit les cours du Conservatoire McGill. Adolescent, il débute sa carrière en travaillant dans des établissements pour touristes dans les Laurentides et dans des boîtes de nuit de Montréal. Tout en se rendant régulièrement à New York pour étudier à la Juilliard School of Music (1950-1953), il est un personnage important de l'Atelier de jazz de Montréal (1952-1953). Il accompagne souvent des musiciens de New York invités par l'Atelier de jazz, et notamment le légendaire saxophoniste Charlie Parker, avec qui il joue pour la chaîne de télévision CBC en février 1953.
Bley s'installe à New York à la fin 1953. Il revient régulièrement à Montréal au cours des années 50. Il sort son premier disque commercial, Introducing Paul Bley, en 1953 avec deux des têtes d'affiche de la musique moderne à New York, le bassiste Charles Mingus et le percussionniste Art Blakey, ce qui fait de Bley une étoile montante. En 1955, il fait une tournée avec le trompettiste Chet Baker et s'installe en 1957 à Los Angeles, où il dirige un quintette avec le saxophoniste alto révolutionnaire Ornette Coleman. Sous l'influence de ce dernier, Bley s'écarte progressivement du formalisme structurel du style bebop de sa jeunesse au profit d'une forme d'improvisation plus libre, plus personnelle et plus impulsive qui va influencer à son tour beaucoup d'autres pianistes, en particulier Keith Jarrett.
De retour à New York en 1959, Bley travaille et enregistre pendant les cinq années suivantes avec des musiciens aussi célèbres que Mingus, le compositeur George Russell, le clarinettiste Jimmy Giuffre, le trompettiste Don Ellis et le saxophoniste Sonny Rollins. Il s'associe à la même époque avec Albert Ayler et d'autres avant-gardistes. Il finit cependant par ne plus s'identifier à un style spécifique et dirige vers le milieu des années 60 presque exclusivement son propre trio qui interprète un petit répertoire de ses propres compositions et de celles de ses première et deuxième épouses, Carla Bley et Annette Peacock. L'Europe accueille sa musique avec enthousiasme, alors que le public américain, et celui du Canada plus encore, met du temps à accepter sa musique où se mêlent intimité, émotions ambiguës et innovations sans prétention.
Bley fait partie des pionniers du synthétiseur de jazz vers la fin des années 60 et enregistre en 1972 son premier disque solo, le célèbre Open, to Love. Au milieu des années 70, il perd son intérêt pour la musique électronique et s'adonne avec de plus en plus de plaisir au piano solo dans les années 80 et 90. Il enregistre plus de 80 disques LD et CD pour des compagnies américaines, européennes et, plus tard, canadiennes. Les titres les plus connus de sa discographie sont Closer (1965), Bebop (1989), Time Will Tell (1994) et Reality Check (1994), ainsi que le grands succès de Jimmy Giuffre Free Fall (1962) et un album double Diary of a Trio (1989)
Malgré la grande estime dont il jouit sur la scène internationale, au Canada, Bley reste dans l'ombre des musiciens de jazz montréalais Oscar PETERSON et Maynard FERGUSON. Sauf quelques apparitions à des festivals, il ne se produit guère au Canada depuis les années 50. On a cependant pu l'entendre dans une série de CD sous le label montréalais Justin Time en collaboration avec les Canadiens Jon Ballantyne (A Musing, 1991), Jane BUNNETT (Double Time, 1993), le trompettiste Herbie Spanier et le percussionniste Gordie McDonald (Know Time, 1993), Sonny GREENWICH (Outside In, 1994) et Kenny WHEELER ([touché], 1996)