Brassard, Marie
Marie Brassard, comédienne, auteure (Trois-Rivières, 11 août 1959-). Issue du Conservatoire dramatique de Québec en 1985, elle débute auprès des compagnies de création de la capitale : le Théâtre Niveau Parking avec Un sofa dans le jardin (1988), collectif dont elle est coauteure, puis Passion fast-food (1990), tous deux mis en scène par Michel Nadeau ; le Théâtre Sortie de Secours, avec Tauromaquia (1990), mis en scène par Philippe Soldevila ; et surtout le Théâtre Repère.
Avec Robert Lepage s'amorce aussitôt, en effet, une féconde collaboration. Elle est coauteure de La Trilogie des dragons (1987), du Polygraphe (1987) et de La Géométrie des miracles (Ex Machina, 1998). Ces spectacles, comme aussi Les Sept Branches de la rivière Ota (Ex Machina, 1994-1996), seront présentés à travers le monde, en Amérique, en Europe, en Asie et en Australie. Grâce à son interprétation de Lucie Champagne dans Le Polygraphe, elle remporte le prix de la meilleure actrice étrangère de l'Association des critiques de Barcelone (1989-1990). Cette pièce, qu'elle a écrite à quatre mains avec Robert Lepage, mérite par ailleurs le prix Chalmers 1991 de la meilleure pièce canadienne. C'est aussi sous la direction de Robert Lepage qu'elle interprétera des pièces du répertoire avec la trilogie shakespearienne, qui fera aussi l'objet d'une tournée internationale : Coriolan, La Tempête, où elle joue Ariel, et Macbeth, où elle est nulle autre que lady Macbeth (1992-1993).
Outre son travail avec Lepage, elle reste associée au théâtre de création, en jouant dans les pièces d'Alexis Martin, Oreille tigre et bruit (Groupement Forestier du Théâtre, 1996), de Dominic Champagne, Korsakov et L'Asile (Théâtre Il va sans dire, 1997-1999) ou de Diane Dubeau, Élyse II (Théâtre de la Nouvelle Lune, 1998). Avec Macha Limonchik et Anne-Marie Cadieux, elle a écrit et joué Le Point aveugle, présenté au CNA en 1994.
Rompue à l'écriture au sein de collectifs, elle devient auteure à part entière en fondant en 2001 sa propre compagnie, Infrarouge. Elle se donne ainsi un espace propice à la création de trois solos, qui la placent résolument parmi les auteurs contemporains qui comptent : Jimmy, créature de rêve (2001), La Noirceur (2003) et Peepshow (2005) seront tous trois présentés au Festival de théâtre des Amériques, avant de connaître des représentations à l'étranger. Dans les spectacles intimistes de cette trilogie urbaine, la comédienne explore notamment le thème de l'identité et les niveaux de réalités, mêlant allègrement réel et imaginaire. S'appuyant sur un traitement ingénieux de la voix, elle se métamorphose pour camper divers personnages.
Au cinéma, elle est de la distribution des films de Robert Lepage, Le Polygraphe (1996) et Nô (1998). Comme il l'avait été à la scène, son rôle de Lucie Champagne dans Le Polygraphe est remarqué et lui vaut une nomination aux prix Génie. Pour le scénario de ce film, elle obtient également une nomination avec Lepage. Elle a tourné en outre dans The Claim de Michael Winterbottom (Grande-Bretagne/France/Canada, 2000) et dans La Loi du cochon d'Érik Canuel (2001). La télévision l'a peu sollicitée jusqu'à présent, son rôle dans Bunker, le cirque (2002) lui ayant néanmoins valu une nomination au prix Gémeaux.