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Brian McKeever

Brian McKeever, skieur de fond (né le 18 juin 1979 à Calgary, en Alberta). Brian McKeever a remporté 17 médailles dans les épreuves masculines de ski de fond et de biathlon lors des Jeux paralympiques d’hiver entre 2002 et 2018. Il détient d’ailleurs le record du nombre total de médailles remportées par un même athlète canadien depuis le début des Jeux paralympiques d’hiver (17 médailles) et le record du plus grand nombre de médailles d’or remportées sous les couleurs du Canada durant des Jeux paralympiques d’hiver (13 médailles). En 2010, Brian McKeever devient le premier athlète à être nommé membre de l’équipe olympique et membre de l’équipe paralympique d’un même pays dans la même année.
Brian Mckeever

Origines familiales

William McKeever, le père de Brian McKeever, grandit dans la campagne de l’Alberta, sur une ferme à l’est de Calgary. Lui et sa sœur perdent pratiquement toute leur vision alors qu’ils sont encore enfants, atteints de la maladie de Stargardt, une dégénérescence maculaire des yeux héréditaire qui entraîne une perte de la vision centrale. Leur père est aussi victime de la même maladie.

Jean Yokoyama, la mère de Brian McKeever, est la fille de Masanari et Tamae Yokoyama, qui ont immigré du Japon au Canada et possèdent une exploitation de petits fruits à Vancouver. En 1942, pendant la Deuxième Guerre mondiale, ils sont emmenés dans un camp d’internement des Japonais à Sandon, en Colombie‑Britannique, où (selon William McKeever) il n’y avait « pas de chauffage, pas d’eau courante et aucune isolation dans les murs ». Jean Yokoyama naît après la libération de la famille du camp de Sandon. Elle grandit à New Denver, une ville minière voisine, où son père travaille pour le chemin de fer du Canadien Pacifique.

William McKeever et Jean Yokoyama se marient en 1968. William McKeever, qui a obtenu un baccalauréat avec spécialisation en histoire, est professeur d’éducation physique pendant 29 ans. C’est aussi un athlète qui pratique le golf, le cyclisme, la randonnée pédestre et le ski de fond. Jean McKeever est quant à elle bibliothécaire d’école.

Enfance

Brian McKeever naît à Calgary, en Alberta, le 18 juin 1979. C’est le cadet des deux enfants de Jean et William McKeever. Son frère, Robin McKeever, est né le 8 avril 1973.

Brian McKeever commence à skier à l’âge de trois ans et participe à sa première compétition de ski de fond à 12 ans. À Calgary, il participe au programme Jackrabbit, baptisé ainsi en l’honneur de Herman « Jackrabbit » Smith‑Johannsen, entraîneur de l’équipe nationale canadienne de ski de fond, qui vécut jusqu’à l’âge de 111 ans.

En plus de s’adonner au ski de fond, Brian McKeever joue au soccer, au basketball et au volleyball. À l’âge de 14 ans, il choisit néanmoins de se concentrer sur le ski de fond, suivant ainsi les pas de son frère, Robin McKeever, qui est alors un skieur de fond de haut niveau. À l’époque, ce dernier vient juste de représenter le Canada aux Championnats du monde de ski junior organisés en 1993 par la Fédération internationale de ski (FIS) à Harrachov, en République tchèque, où il s’est classé 14e au 10 km classique masculin.

Comme son frère, Brian McKeever participe aux Championnats du monde de ski junior. En 1998, il se rend à Pontresina, en Suisse, et se classe 15e au relais 4x10 km masculin, 55e au 10 km libre masculin et 70e au 30 km classique masculin. Il porte l’équipement de ski de fond de son frère durant les championnats juniors, ce qui renforce le lien qui soude les deux frères. « Ça a été un moment extraordinaire lorsqu’il a commencé à croire en mes capacités », confie Brian McKeever à Nicholas Köhler, du magazine Maclean’s, en 2010.

Problèmes de vision

Brian McKeever se rend compte pour la première fois qu’il a des problèmes de vision en 1997, lorsqu’il se voit obligé de rapprocher un livre très proche de son visage pour parvenir à le lire. Alors qu’il est capable de lire ce qui est inscrit au tableau du fond de l’amphithéâtre au début du trimestre universitaire, il ne peut plus déchiffrer quoique ce soit à la fin du trimestre, même assis au premier rang. En avril 1998, il s’aperçoit qu’il n’est plus capable de lire les panneaux de signalisation routière lorsqu’il conduit dans les rues de Calgary. Peu de temps après, il prend rendez‑vous pour faire examiner sa vision et apprend alors qu’il est atteint de la maladie de Stargardt, la même maladie dont ont souffert son père et sa tante.

En janvier 1999, Brian McKeever se hisse parmi les dix premiers (septième et huitième) lors de deux compétitions de ski de fond organisées par la FIS à Duntroon, en Ontario. À l’époque, il possède encore une vision partielle cotée 20/80. Plus tard la même année, Kaspar Wirz, entraîneur de l’équipe nationale canadienne de ski paranordique, entend parler de la maladie de Brian McKeever et prend contact avec celui‑ci. « Je lui ai ri au nez, raconte l’athlète à Deena Waisberg, du Reader’s Digest, en 2010. Je ne me considérais pas comme ayant un handicap. »

En mars 2000, Brian McKeever se classe quatrième à une course organisée par la FIS pour les skieurs non handicapés à Canmore, en Alberta, mais sa vision continue à se détériorer. En 2001, il est considéré comme légalement aveugle (vision cotée à 20/200) et décide d’accepter l’invitation de Kaspar Wirz.

Dans les rangs de l’équipe nationale de ski paranordique

Le premier succès international de Brian McKeever au sein de l’équipe survient en janvier 2001, lorsqu’il finit deuxième d’une course paranordique en Allemagne. Il arrive derrière l’Allemand Frank Höfle, dix fois médaillé d’or en ski de fond aux Jeux paralympiques d’hiver. Frank Höfle a accompli la course avec un guide, tandis que Brian McKeever (qui conserve alors 10 % de sa vision) a skié le parcours seul, en ne se fiant qu’à sa vision périphérique. Après la course, Frank Höfle recommande que Brian McKeever fasse appel à un guide pour ses futures courses et se déclare convaincu que ce dernier l’aurait battu s’il avait bénéficié d’une aide.

Brian McKeever a besoin d’un skieur qui est de haut niveau, mais dans lequel il peut aussi avoir totalement confiance pour ce qui est de la gestion des courses difficiles. Le candidat évident à ce poste est son frère, un skieur accompli et ancien athlète olympique qui ne possède pas le gène responsable de la maladie de Stargardt. Ainsi, Robin McKeever sert pour la première fois de guide à son frère lors de la Coupe du monde à Salt Lake City, en 2001. Ce partenariat va durer pendant neuf ans.

Jeux paralympiques d’hiver de 2002

En 2002, à Salt Lake City, Brian McKeever prend part à ses premiers Jeux paralympiques d’hiver et y remporte la médaille d’or au 5 km classique et au 10 km libre masculins, et la médaille d’argent au 20 km libre masculin. Il participe aux événements dans la division B3, réservée aux athlètes qui ont des déficiences visuelles les moins graves.

Brian McKeever remporte facilement ses médailles d’or. Il bat le médaillé d’argent russe, Irek Mannanov, de 55,8 secondes au 5 km classique masculin et de 38,2 secondes au 10 km libre masculin. Il est le porte‑drapeau du Canada pour les cérémonies de clôture.

Jeux paralympiques d’hiver de 2006

Durant l’année qui précède les Jeux paralympiques d’hiver de 2006 à Turin, en Italie, Brian McKeever connaît un succès remarquable dans le parabiathlon masculin, remportant trois médailles d’or lors des Championnats du monde d’athlétisme de 2005 organisés à Salt Lake City par le Comité international paralympique (CIP). Il remporte le biathlon de 5 km, 7,5 km et 20 km, ainsi que la médaille d’or au 10 km libre.

Lors des Jeux paralympiques d’hiver de 2006 à Turin, Brian McKeever remporte la médaille de bronze au biathlon individuel de 7,5 km ainsi que trois médailles en courses de ski de fond : l’or au 5 km libre et le 10 km classique masculins, et l’argent au 20 km classique masculin.

Compétition avec les athlètes non handicapés

En dépit de la maladie, Brian McKeever continue à participer avec un succès considérable aux épreuves de ski de fond conçues pour les athlètes non handicapés. Sans bénéficier d’une aide, il remporte deux médailles aux Championnats canadiens de ski de fond de 2003 à Duntroon, en Ontario, et renouvelle la performance lors de l’édition 2005, organisée à Prince George, en Colombie‑Britannique.

L’année suivante, le 13 août 2006, Brian McKeever remporte la médaille d’or du 10 km libre masculin dans le cadre de la Coupe de l’Australie/Nouvelle‑Zélande à Snowfarm, en Nouvelle‑Zélande. Il continue à rencontrer le succès en 2007, en remportant la médaille d’argent au 30 km poursuite lors de la Coupe Nor‑Am à Canmore, le 28 janvier 2007.

Brian McKeever s’est également qualifié pour l’édition 2007 des Championnats du monde de ski de la FIS à Sapporo, au Japon, et y représente le Canada au 15 km libre masculin, au 30 km poursuite et au 50 km classique départ groupé. Il se classe premier parmi les athlètes canadiens au 15 km libre masculin, soit 21e au classement général.

Malgré de graves blessures subies dans les deux années qui suivent (fracture d’une côte en 2008 et d’un bras en 2009), Brian McKeever accumule les bonnes performances. Avant les Jeux paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, il monte encore deux fois sur le podium lors de compétitions organisées pour les athlètes non handicapés. Il remporte une médaille d’argent au 10 km libre masculin lors des Championnats canadiens de ski de fond de 2009 à Duntroon, en Ontario, dépassé seulement par son frère, Robin McKeever, et une médaille d’or au 50 km classique masculin lors de la Coupe Nor‑Am de 2009, à Canmore.

Sélection pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010

La victoire de Brian McKeever au 50 km à Canmore lui permet d’être sélectionné dans l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver. Il ne sera cependant pas amené à participer à une seule des épreuves. Une décision controversée fera en effet qu’il ne sera pas inscrit parmi les participants au 50 km. Inge Braten, l’entraîneur de l’équipe canadienne de ski de fond, ne pouvait inscrire que quatre skieurs au départ de la course et il a porté son choix sur Devon Kershaw, Ivan Babikov, George Grey et Alex Harvey. Il demande l’autorisation de faire participer cinq skieurs, mais la FIS rejette sa demande. Même si Brian McKeever n’a pu participer directement aux épreuves, sa sélection au sein des équipes olympique et paralympique de 2010 reste une première dans l’histoire des Jeux olympiques d’hiver.

Jeux paralympiques d’hiver de 2010 et de 2014

Aux Jeux paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver et aux Jeux paralympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, en Russie, Brian McKeever domine les épreuves et y remporte trois médailles d’or à chaque fois au sprint, au 10 km et au 20 km masculins. Entre les deux éditions des Jeux paralympiques d’hiver, il remporte également un total de cinq médailles d’or supplémentaires à deux Championnats du monde organisés par le CIP (trois en 2011 et deux en 2013).

Après 2010, le frère de Brian McKeever, Robin McKeever, est nommé entraîneur en chef de l’équipe nationale canadienne de ski paranordique, et Erik Carleton devient alors le guide attitré de l’athlète. Erik Carleton connaît bien Brian McKeever, puisqu’ils ont skié ensemble au sein de l’équipe nationale de développement du Canada. Lui et Graham Nishikawa se relaieront pour guider le skieur au 10 km libre et au 20 km classique aux Jeux paralympiques d’hiver de 2014.

De nombreux spécialistes pensent que la prestation de Brian McKeever au 1 km sprinté aux Jeux paralympiques d’hiver de 2014 à Sotchi reste la prestation la plus impressionnante de l’athlète. Brian McKeever tombe au début de la course, mais il parvient à se relever rapidement et à repasser tous ses compétiteurs pour décrocher la médaille d’or.

Carrière de 2014 à 2017

Brian McKeever participe aussi bien aux épreuves conçues pour les athlètes non handicapés qu’à celles réservées aux athlètes handicapés. Aux Championnats du monde de 2015 organisés par le CIP à Cable, dans le Wisconsin, il remporte la médaille d’or au 20 km masculin réservé aux athlètes ayant une déficience visuelle, avec Erik Carleton comme guide. Entre août 2014 et février 2016, il monte six fois sur le podium dans les compétitions organisées par la FIS pour les athlètes non handicapés.

Aux Championnats du monde de ski paranordique de 2017 organisés par le CIP, Brian McKeever gagne la médaille d’or au 10 km et au 20 km, avec Graham Nishikawa comme guide. Il contribue aussi à la médaille de bronze que remporte son équipe au relais 4x2,5 km — le premier podium du Canada à ces championnats.

Jeux paralympiques d’hiver de 2018

Brian McKeever est choisi comme porte‑drapeau aux cérémonies d’ouverture des Jeux paralympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang. Le 12 mars, il remporte l’or au 20 km libre masculin réservé aux athlètes ayant une déficience visuelle, avec Russell Kennedy et Graham Nishikawa comme guides. Cette victoire marque sa 14e médaille aux Jeux paralympiques d’hiver, faisant de lui le meilleur athlète paralympique canadien. Brian McKeever surclasse le record de 13 médailles en cinq Jeux paralympiques de la skieuse alpine Lana Spreeman. Deux jours plus tard, Brian McKeever gagne la médaille d’or au 1,5 km sprinté réservé aux athlètes ayant une déficience visuelle. Le 17 mars, il décroche sa troisième médaille d’or au 10 km, avec Russell Kennedy et Graham Nishikawa comme guides. Le jour suivant, il remporte une médaille de bronze au relais ouvert avec le skieur assis Collin Cameron.

Brian McKeever, Jeux paralympiques d
Brian McKeever remporte l'or au 20 km réservé aux athlètes ayant une déficience visuelle, avec Graham Nishikawa aux Jeux paralympiques d'hiver de 2018 à PyeongChang, en Corée.
Cérémonies d
Le porte drapeau Brian McKeever à la tête d'Équipe Canada lorsqu'elle entre dans le stade paralympique durant les cérémonies d'ouverture des Jeux paralympiques d'hiver de 2018 à PyeongChang, en Corée.

Importance

Brian McKeever, l’un des plus grands skieurs de fond du Canada, espère avoir inspiré d’autres athlètes canadiens handicapés.

Peu de temps après sa victoire au 50 km classique à la Coupe Nor‑Am de 2009, qui lui permettra d’être sélectionné dans l’équipe olympique, il déclare : « J’espère que les gens vont se rendre compte, en regardant mon parcours, que le fossé n’est pas si grand [entre les athlètes non handicapés et les para‑athlètes]. Un athlète handicapé peut très bien s’entraîner assidûment et être en excellente condition physique. » Son succès dans les compétitions réservées aux para‑athlètes mais aussi dans celles conçues pour les athlètes non handicapés, en particulier sa sélection pour les Jeux olympiques d’hiver et les Jeux paralympiques d’hiver de 2010, a fait de lui un héros national et a montré combien ce fossé est en fait petit.