Article

Bugnet, Georges

Georges Charles-Jules Bugnet, pseudonyme Henri Doutremont, rédacteur, écrivain, botaniste (Chalon-sur-Saône, France, 23 février 1879 - St Albert, Alberta, 11 janvier 1981).

Bugnet, Georges

Georges Charles-Jules Bugnet, pseudonyme Henri Doutremont, rédacteur, écrivain, botaniste (Chalon-sur-Saône, France, 23 février 1879 - St Albert, Alberta, 11 janvier 1981). De parents modestes, il souffre très tôt de l'atmosphère oppressante qui règne dans sa famille et qu'on retrouvera, transposée, dans certains de ses écrits. Il effectue ses études à Mâcon et reçoit une éducation chrétienne qui l'oriente vers la prêtrise. Mais il quitte bientôt le séminaire pour fréquenter la Faculté des lettres de Dijon et la Sorbonne et s'engage dans l'Action catholique de la jeunesse française (ACJF), qui milite contre la laïcisation des écoles; il se lance de plus dans le journalisme, en oeuvrant pour le mensuel La Croix. En 1904, il est nommé rédacteur en chef de La Croix de Haute-Savoie, à Annecy, se marie avec une jeune fille de la petite bourgeoisie - dont il aura neuf enfants - puis décide de partir pour le Canada.

En 1905, il acquiert une concession à Rich Valley (Alberta) et se fait successivement défricheur, agriculteur, horticulteur et créateur de roses. Le cadre qui l'entoure lui inspirera son chef-d'oeuvre, La forêt (1935), l'histoire d'un couple de colons inadapté à ses nouvelles conditions de vie et dont le bois envahit insidieusement l'univers mental, jusqu'à devenir le personnage central du roman. Parallèlement à ses travaux agricoles, Georges Bugnet oeuvre au sein des commissions scolaires et de l'Association canadienne-française de l'Alberta, devient rédacteur en chef de l'hebdomadaire L'Union, multiplie romans (Le lys de sang, 1923; Nipsya, 1924; Siraf, 1934), contes (Le pin du Maskeg, 1924; Le conte du bouleau, du mélèze et du pic rouge, 1932), poèmes (Voix de la solitude, 1938; Poèmes, 1978), pièces de théâtre (La défaite, 1934), articles, courts essais (Albertaines, 1990) et carnets intimes (Journal 1954-1971, 1984).

À 68 ans, il abandonne la littérature pour ne plus se consacrer qu'au journalisme dans l'hebdomadaire La Survivance, activité qui correspond davantage à son rythme de vie et à son style de pensée. En 1954, il vend sa terre et se retire sur un petit domaine, à Legal (Alberta), puis dans une maison de retraite. À la mort de sa femme (1970), il intègre la maison de repos de St. Albert, où il s'éteint paisiblement à l'âge de 102 ans. Chevalier de l'Ordre des Palmes académiques (1970), il avait également reçu un doctorat honoris causa de l'Université de l'Alberta (1978) et plusieurs récompenses importantes.

Chacune des oeuvres de Bugnet apparaît comme un véritable hymne à la nature. Cinquante ans de vie en plein air avaient contribué à développer, chez lui, une relation personnelle et mystique à son environnement, qui se traduit par une écriture dense, puisée à même la sève végétale et imprégnée de poésie réaliste. Homme humble et doux, fortement enraciné dans sa terre de l'Ouest, personne ne fut plus que lui à l'écoute des « grandes voix » de la Création, dont il célèbre la grandeur, la puissance et la majesté face à la petitesse et à la fragilité des êtres humains. Mais à l'opposé des Romantiques, soucieux d'accorder les paysages de la terre et du ciel au paysage de (leurs) rêves (abbé Jean Papen: Georges Bugnet, homme de lettres canadien, des Plaines, 1985), Georges Bugnet s'est efforcé de capter l'essence même de leur mystère et de leur étrangeté. Comme un ultime hommage à sa vie et à son oeuvre, une rose porte aujourd'hui le nom de « Georges Bugnet ».