Callixte Lavallée,
compositeur, pianiste, chef d’orchestre, professeur, administrateur et soldat
(né le 28 décembre 1842 à Verchères, au Canada-Est ;
décédé le 21 janvier 1891 à Boston, au Massachusetts). Pionnier de la
musique autant au Canada qu’aux États-Unis, Calixa Lavallée était considéré
comme une « gloire nationale » du Québec. Il
est surtout connu pour avoir composé la musique de l’hymne national « Ô
Canada » et a été deux fois président de l’Académie
de musique du Québec. Malgré cette renommée, il a passé une grande partie
de sa vie hors du Canada, a servi dans l’armée de l’Union pendant la guerre
civile américaine et a demandé que le Canada soit annexé par les
États-Unis. Le
prix de musique Calixa-Lavallée, nommé en son honneur, est décerné par la Société
St-Jean-Baptiste de Montréal
pour une contribution exceptionnelle à la musique québécoise.
Histoire et enfance
Calixa
Lavallée naît de l’union d’Augustin Lavallée, forgeron, fabricant d’instruments
de musique et chef d’orchestre, et de Charlotte-Caroline Valentine. Il appartient
à la huitième génération des Pasquier (aussi Pasquet ou Pâquet) dit Lavallée.
Du côté paternel, son ancêtre est Isaac Pasquier dit Lavallée, originaire du
Poitou, en France, qui arrive en Nouvelle-France
pendant l’été de 1665 comme soldat du régiment de Carignan-Salières. Son
ancêtre du côté maternel est le major James Fendor Valentine, originaire de
Melrose, en Écosse, qui s’établit à Verchères
et épouse une Québécoise du nom de Leclerc.
Calixa
Lavallée naît sur une concession appelée « de la Beauce », qui est
intégrée à la paroisse de Sainte-Théodosie en 1878. En 1946, elle désignée
comme village Ste-Théodosie-Calixa-Lavallée, puis comme municipalité de Calixa-Lavallée
en 1974. Calixa est baptisé le jour même de sa naissance, à l’église catholique
Saint-François-Xavier de Verchères.
Éducation musicale
Très jeune,
Calixa Lavallée manifeste de remarquables dispositions pour la musique. Il reçoit
sa première formation de son père. Il joue bientôt du piano, du violon,
de l’orgue
et du cornet à pistons, tout en poursuivant des études à Saint-Hyacinthe,
village où s’établit sa famille vers 1850. En 1853, il est appelé d’urgence à
toucher l’orgue pour accompagner le chœur de l’église Notre-Dame de Montréal
de passage à Saint-Hyacinthe. Le curé de Notre-Dame, Messire Barbarin, est alors vivement impressionné
par son talent.
En 1855,
Calixa Lavallée se rend à Montréal pour y étudier le piano avec Paul Letondal et
Charles Wugk Sabatier. Un boucher prospère, Léon Derome,
devient son père adoptif et son mécène. Le jeune Lavallée fréquente avec lui
le Théâtre Royal et s’y serait même produit
comme pianiste.
Spectacles de minstrels et
guerre civile américaine
Calixa Lavallée
écrit un jour à propos du Canada : « un artiste n’est pas destiné à
pourrir dans un endroit obscur et surtout dans un pays encore plus obscur ».
En 1857, il quitte le Canada et part à l’aventure aux États-Unis. Il rejoint un
spectacle itinérant de minstrels basé dans le Rhode Island et en devient
finalement le directeur musical. Il joue de nombreux instruments dans la troupe;
il chante et danse également et se produit en blackface.
Le saviez-vous?
Les spectacles de minstrels étaient une forme de divertissement dans le cadre de laquelle les Blancs portaient du maquillage noir pour imiter les personnes noires de manière désobligeante et insultante. Les spectacles de minstrels déshumanisaient les Noirs et étaient basés sur des stéréotypes racistes. Ils ont vu le jour à New York, Boston et Philadelphie dans les années 1830 et 1840. Des centaines de spectacles de minstrels ont été présentés au Canada entre 1841 et le milieu du 20e siècle.
Rendu à La
Nouvelle-Orléans, il gagne le premier prix d’un concours instrumental, puis
part en tournée en Amérique du Sud, dans les Caraïbes et au Mexique avec un
violoniste espagnol du nom d’Olivera. En 1860, il est signalé à Baltimore, en
Maryland, puis à Providence, Rhode Island en septembre 1861.
Lorsque la guerre
civile américaine éclate, il s’engage comme « first class musician »
dans le Fourth Rhode Island Regiment de l’armée de l’Union. Il en devient
bientôt le premier cornet.
Il aurait,
semble-t-il, été blessé à la jambe lors de la bataille d’Antietam, au Maryland,
où plus de 22 000 soldats sont tués en une seule journée.
Licencié à l’automne de 1862, il se produit à nouveau brièvement dans des spectacles de minstrels avant de revenir à Verchères l’année suivante. Le 24 janvier 1864, il donne un concert à Montréal comme pianiste, violoniste et cornettiste. Par la suite, il enseigne et donne des concerts. Il se lie d’amitié avec le violoniste-compositeur belge Frantz Jehin-Prume dès sa venue à Montréal en 1865.
Détail d'un vitrail de Frédéric Back datant de 1967 à l'intérieur de la station de métro Place-des-Arts en Montréal.
Vie aux États-Unis
Calixa Lavallée
retourne aux États-Unis en 1865-1866. Il donne encore des spectacles de
minstrels, séjourne en Californie, enseigne en Louisiane puis revient en Nouvelle-Angleterre.
En 1867, il épouse une Américaine, Josephine Gentilly (ou Gently) à Lowell,
dans le Massachusetts. On croit qu’ils auraient eu quatre fils.
Calixa Lavallée
se fixe alors à Boston puis à New York où, vers 1870, il est nommé directeur
musical et surintendant de la Grand Opera House, théâtre d’art lyrique et de
variétés. Un opéra-bouffe
de sa composition, Loulou, est annoncé au début de 1872, mais est
contremandé quand le propriétaire de l’établissement, Jim Fisk, est assassiné.
Paris
Calixa
Lavallée rentre découragé à Montréal.
Une souscription publique organisée par Derome, son mécène, lui permet de se
rendre à Paris et d’y séjourner de 1873 à 1875. Il y étudie le piano avec
Antoine-François Marmontel, qui enseigne alors également au jeune Claude
Debussy. Il prend aussi des leçons d’harmonie et de composition avec Bazin et
Boieldieu fils.
On sait peu de choses de son séjour à Paris, sauf qu’il compose une série d’études pour piano dont l’une en mi mineur, Le Papillon, est inscrite au programme d’études du Conservatoire de Paris. Cette œuvre connaît par la suite de nombreuses éditions en Europe et en Amérique. Elle figure encore dans plusieurs collections et anthologies et est enregistrée à plusieurs reprises, notamment par Myrtle Eover (Victor 21012) à une date indéterminée et par Frank La Forge (Victor Red Seal 64083), en 1908. À Paris, selon Charles Labelle, Le Papillon était joué (L’Écho musical, Montréal, 1er janvier 1888), « ... une Suite d’orchestre est même exécutée en juillet 1874 par un orchestre de 80 musiciens sous la direction du célèbre chef Maton. »
Retour à Québec
Calixa
Lavallée débarque à Québec
le 25 juillet 1875. Il a en poche une lettre de Marmontel en date du 5 juillet :
« Je vous dis cordialement adieu et vous désire tout le succès que vous
méritez par votre constant et courageux travail. Je suis certain que vos amis [...]
trouveront votre talent transformé au double point de vue du style et de la
bravoure contenue. » Marmontel lui a déjà témoigné son estime, en 1874, en
dédiant « à mon cher élève Monsieur Calix[a] Lavallée, souvenir amical »
la 17e de ses 50 Études de salon, parues chez
Heugel la même année.
À Montréal,
Calixa Lavallée ouvre un studio commun avec le violoniste et compositeur Frantz
Jehin-Prume et la femme de ce dernier, le soprano Rosita del Vecchio. Le 9 septembre
1875, Calixa Lavallée donne au Cabinet de lecture de la rue Notre-Dame un
concert gratuit pour ceux qui l’ont aidé durant son séjour en Europe. Il
présente ensuite quelques-unes de ses œuvres à Québec, le 1er décembre,
puis à Montréal, au Mechanics' Hall, huit jours plus tard. Dans La
Minerve (9 et 10 décembre 1875), Guillaume Couture salue en Calixa Lavallée comme
« l’une de nos gloires nationales » et ajoute qu’il a su « tour
à tour être brillant, élégant, fougueux, délicat et passionné ».
De 1875 à
1879, Calixa Lavallée est maître de chapelle à l’église Saint-Jacques-le-Mineur.
Il y présente avec ses choristes 18 représentations sur scène de Jeanne
d’Arc, drame de Jules Barbier avec musique de Gounod, qu’il dirige à l’Académie
de musique du Québec (AMQ) (1877). La Minerve (15 mai
1877) qualifie la première de « succès éclatant », ajoutant que « rien
de tel ne s’est encore vu en cette ville ». Calixa Lavallée échoue
cependant dans ses démarches auprès du gouvernement du Québec afin d’obtenir
des fonds pour ouvrir un conservatoire. Il est élu pour deux mandats à la
présidence de l’AMQ (1876-1877, 1879-1880).
En avril et mai 1878, Calixa Lavallée dirige à Montréal et à Québec une production de La Dame blanche de Boieldieu puis se fixe à Québec où il écrit en toute hâte une cantate pour la visite du gouverneur général du Canada, le marquis de Lorne, et de son épouse, la princesse Louise, fille de la reine Victoria. L’œuvre est exécutée le 11 juin 1879 avec un succès considérable. Le gouvernement du Québec, toutefois, refuse de rembourser à Calixa Lavallée les frais encourus et le compositeur se retrouve endetté de plusieurs centaines de dollars. Par la suite, il vit dans l’ombre, donnant des leçons et touchant un maigre revenu comme maître de chapelle à l’église Saint-Patrice et chef d’un corps de musique. Le 2 décembre 1879, il participe à un concert présenté par Frantz Jehin-Prume au Mechanics' Hall de Montréal.
Un centre culturel nommé d'après Calixa-Lavallée, au 3819, avenue Calixa-Lavallée à Montréal.
« Ô Canada »
En 1880,
Calixa Lavallée est nommé membre du comité de musique pour la Convention nationale
des Canadiens français, prévue en juin de la même année. Pour l’occasion, il compose
la musique d’un chant national sur laquelle le juge Adolphe-Basile
Routhier écrit des paroles. La chanson « Ô Canada » est exécutée par trois corps de musique
réunis lors d’un banquet au pavillon des Patineurs de Québec, le 24 juin
1880. Elle obtient un succès décisif. Mais la situation financière de Calixa
Lavallée demeure précaire et il subit de plus les premières atteintes du mal
qui va l’emporter, une laryngite tuberculeuse.
Après quelques concerts avec Frantz Jehin-Prume et Rosita del Vecchio, Calixa Lavallée se rend avec eux à Hartford, dans le Connecticut, pour un engagement le 3 décembre 1881. Son opéra-comique The Widow est à cette époque présenté à La Nouvelle-Orléans et dans d’autres villes. La chronologie exacte des événements qui suivent est quelque peu imprécise. Au début des années 1880, Calixa Lavallée accompagne en tournée aux États-Unis la soprano hongroise Etelka Gerster, mais n’est pas à ses côtés lorsqu’elle se produit au Canada. Il est ensuite pianiste sur un traversier de la Colonial Line entre Boston et New York. À Boston, il ouvre un studio vers 1882 et enseigne l’harmonie, l’instrumentation et la composition à l’académie de musique Carlyle Petersilea, tout en étant maître de chapelle à la cathédrale catholique Holy Cross. En 1883, il publie la « satire musicale mélodramatique », TIQ (The Indian Question Settled at Last).
Music Teachers' National
Association
La
réputation de Calixa Lavallée ne tarde pas à se répandre dans les milieux
musicaux des États-Unis. Il se déclare publiquement en faveur de l’annexion du
Canada au pays voisin. À titre de membre actif de la Music Teachers' National
Association, il organise un concert entièrement consacré aux compositeurs des
États-Unis, le premier du genre, tenu à Cleveland, en Ohio le 3 juillet
1884, auquel il participe également. Un an plus tard, un concert analogue est
présenté à l’Academy of Music de New York et on y donne un Offertoire de
Calixa Lavallée.
En 1886, il
est président d’un regroupement de Canadiens français émigrés, la Ligue des
Patriotes de Fall River, au Massachusetts ; la même année, il est élu président
de la Music Teachers' National Association, qui le délègue à un congrès de la
National Society of Professional Musicians de Londres, en janvier 1888. Calixa
Lavallée y prononce un discours remarquable sur la prise de conscience
collective des musiciens des américains.
Il fait
entendre une Marche américaine de sa composition puis revient
à Boston, en passant par Montréal, reprenant une activité toujours aussi
intense : leçons, concerts, articles de journaux et composition. Bien qu’établi
définitivement aux États-Unis, il n’oublie pas le Canada : « Mon but
dans tout ceci, écrit-il à Aristide Filiatreault (lettre du 14 mars 1890),
est de tâcher de réveiller notre cher peuple et par petites doses de temps à
autre ; peut-être arriverons-nous à leur faire comprendre qu’il faut apprendre
à marcher avant de pouvoir courir. »
En juillet 1890, Calixa Lavallée organise le congrès de la Music Teachers' National Association à Detroit, au Michigan, où sa Suite (Concerto) pour violoncelle et piano en quatre mouvements soulève l’enthousiasme, telle que jouée par lui et le violoncelliste Charles Heydler. Aux professeurs présents qui réclament la partition, il doit admettre que seule celle du violoncelle a été écrite. Plus tard, un éditeur connu de musique d’harmonie, Cundy, lui conseille de s’enrichir en écrivant ce genre de musique. Calixa Lavallée répond : « Je préférerais qu’on se souvienne de moi grâce à quelques compositions de valeur artistique plutôt que de m’enrichir facilement dans d’autres secteurs de la composition musicale » (rapporté par Henry F. Miller, facteur de pianos de Boston, dans Freund’s Music and Drama, 31 janvier 1891).
Partitions non datées pour « Ô Canada »
Maladie terminale et décès
À l’automne
de 1890, la maladie contraint Calixa Lavallée à s’aliter et à abandonner l’organisation
du congrès de Chicago prévu pour 1892. Les douleurs à la gorge deviennent de
plus en plus vives et son état général s’aggrave. Au début de janvier 1891,
Léon Derome accourt à son chevet. Le 21 janvier, vers minuit, le musicien
expire à sa résidence du 4 rue Brookford, dans le quartier de Dorchester de
Boston. Il a alors 48 ans et 24 jours. Des funérailles
solennelles sont célébrées deux jours plus tard à la cathédrale Holy Cross, en
présence de l’archevêque John Joseph Williams et de nombreux collègues
américains et canadiens. Aucun sermon ou éloge funèbre n’est cependant
prononcé. Le violoniste Alfred De Sève est au nombre des porteurs. La
dépouille est ensuite inhumée au cimetière Mount Benedict.
C’est grâce à l’initiative d’un comité montréalais où figurent l’organiste et administrateur Eugène Lapierre, la basse Ulysse Paquin et le chef de musique Joseph-Laurent Gariépy que les restes du musicien sont ramenés à Montréal en grande pompe le 18 juillet 1933, 42 ans après sa mort, et inhumés au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges après un service solennel à l’église Notre-Dame. À cette occasion, son nom est donné à une avenue traversant le parc Lafontaine et, plus tard, au centre culturel situé au cœur de ce parc. Calixa Lavallée devient également le nom d’une polyvalente de la région métropolitaine, de rues à Granby, Joliette, Laval, Québec, Saint-Hyacinthe, Shawinigan, Trois-Rivières, ainsi que d’une chorale de l’Université d’Ottawa.
La pierre tombale de Calixa Lavallée, Notre-Dame-des-Neiges Cemetery (B642), Montréal.
Contribution à la musique
au Canada
Calixa Lavallée
est probablement le plus illustre représentant de la musique du 19e siècle
au Canada. (Voir aussi Histoire
de la musique.) Exceptionnellement doué, il reçoit sa formation à Montréal
et à Paris dans les milieux traditionnels. Ainsi pourrait s’expliquer le
caractère conventionnel de ses œuvres et leur adhésion à divers styles à la
mode. Admirateur fervent de Charles Gounod, il ne semble pas avoir été sensible
aux innovations d’un compositeur comme Berlioz ou Wagner, par exemple. Les
œuvres de Calixa Lavallée démontrent toutefois une grande facilité ainsi qu’un
sens inné de la mélodie et du rythme. L’écriture harmonique et la forme s’écartent
rarement de la tradition.
Calixa
Lavallée voyage constamment, et doit assurer sa subsistance dans un milieu peu
propice qui ne lui permet pas d’élaborer des œuvres d’envergure ou de
développer un style personnel. Compositeur d’occasion, il écrit des morceaux de
bravoure pour le piano, des romances à la mode, des opérettes faciles et des
cantates de circonstance dans la veine de Gounod, Offenbach ou Sullivan.
Certaines œuvres plus ambitieuses, même inachevées, démontrent qu’il aurait pu
devenir un compositeur d’envergure.
Comme
pianiste, son jeu brillant et articulé soulève l’enthousiasme des auditoires,
surtout lorsqu’il interprète ses propres morceaux de bravoure. Il sait toutefois
exécuter avec sensibilité et profondeur des pages comme l’Appassionata
de Beethoven. Ce brio naturel et cette facilité à produire lui valent la
reconnaissance immédiate de ses concitoyens qui ne tardent pas à le déclarer « musicien
national » bien avant qu’il compose le chant qui est devenu l’hymne
national lui assurant l’immortalité.
Sur le plan humain, le dévouement de Calixa Lavallée à la cause de l’avancement artistique de ses compatriotes ne laisse aucun doute. Il contribue d’une part à la formation d’Alexis Contant, de Bernadette Dufresne, du comte de Premio-Real, de Philéas Roy, de Joseph Vézina et de plusieurs autres. Nombreuses surtout sont les initiatives qu’il prend dans des domaines comme l’enseignement et la production d’œuvres lyriques. Mais il est constamment obligé de combattre l’ignorance, l’indifférence et même l’hostilité des siens. Il est difficile d’expliquer autrement l’exil volontaire aux États-Unis qu’il s’impose, espérant sans doute trouver outre-frontière un endroit où s’épanouir.
Héritage
Calixa
Lavallée est considéré comme l’un des premiers musiciens de calibre professionnel
nés au Canada. Il est aussi l’un des véritables pionniers de la musique au Canada
et même aux États-Unis. Il est permis d’affirmer qu’il se préoccupe peu du sort
de ses œuvres, il est soucieux de produire dans l’immédiat sans s’inquiéter le
moindrement de la postérité. Ainsi, du nombre relativement impressionnant de
ses compositions, plus de la moitié sont perdues ou détruites. Parmi celles-ci,
notons Loulou, un opéra comique (vers 1886) ; Salomon,
un opéra en deux fragments (« Le jugement » et « Marche du trône »,
vers 1886) ; Rhapsodie sur des airs irlandais ; deux suites pour
orchestre dont l’une a été jouée à Paris en 1874 et une symphonie pour chœur et
orchestre « dédiée à la ville de Boston ».
L’influence
de Calixa Lavallée est certaine. Pour beaucoup de gens, il demeure l’exemple
vivant du musicien de talent, honnête, persévérant, ardent au travail et
entièrement voué à son art. Avec Eugène Lapierre, on peut répéter : « Pour
Calixa Lavallée, comme pour les grands artistes, le chef-d’œuvre de toute sa
vie, c’est d’abord ce qu’il voulut être. »
Si l’on
exclut l’« Ô Canada », l’œuvre de Calixa Lavallée demeure largement
méconnue. Cependant, à la suite des efforts de musiciens et chercheurs comme
Lapierre, Joseph Vézina, J.-J. Gagnier et
Helmut Kallmann, certaines œuvres sont mises à jour
et exécutées. À la SRC, des émissions de radio et de télévision contribuent à
faire connaître le musicien et ses œuvres. Des extraits de The Widow sont
enregistrés sur disque, et l’œuvre est reprise sur scène à Hamilton, en Ontario
en 1976. La musique du ballet Pointes sur glace est composée
de pages de Calixa Lavallée réunies et orchestrées par Edmund Assaly. L’œuvre est créée par les
Grands ballets canadiens en 1967.
La vie et
la carrière de Calixa Lavallée sont le sujet de la pièce Le Traversier
de Boston (1933) d’Eugène Lapierre et d’une comédie musicale, Le
Vagabond de la gloire, dont Lapierre écrit la musique sur un livret d’Aimé
Plamondon. Le Centre de musique canadienne lui accorde le statut de
compositeur agréé à titre posthume. Plusieurs de ses compositions sont
disponibles pour consultation et ont été enregistrées sur DC. La Bibliothèque nationale du Canada possède une lettre olographe
de Calixa Lavallée à un destinataire non identifié datée « Boston, 30 juillet
1889 ». Le Fonds Calixa Lavallée est maintenu à Bibliothèque
et Archives Canada et avec les Clercs
de Saint-Viateur à Joliette,
au Québec.
Voir
aussi : Ô Canada;
Prix
de musique Calixa-Lavallée; Charles
Lavallée.
Une version
de cet article a d’abord été publiée dans l’Encyclopédie
de la musique au Canada.
Écrits
« Style and expression », rapport annuel de la Music Teachers' National Assn of America (1883).
« The Future of music in America », The
Etude (nov. 1886).
Discours
prononcé à Londres le 3 janv. 1888 à titre de délégué de la Music
Teachers' National Assn of America, au congrès de la National Society of
Professional Musicians of Great Britain. Texte anglais original dans The
Standard (Londres, 4 janv. 1888) ; trad. française en appendice
de Calixa Lavallée d’Eugène Lapierre (3e éd.
seulement, Montréal 1966).
« L’E
muet », Canada artistique, I (févr. 1890).
« L’Art
musical au Canada », ibid. (avr. 1890).