Dans les pays industrialisés, plus de gens meurent de maladies cardiovasculaires que de toute autre cause. Au cours des 30 dernières années, des recherches approfondies dans le domaine cardiovasculaire ont amené des percées technologiques telles que le cathétérisme cardiaque, le cœur-poumon artificiel, les valvules artificielles, les stimulateurs cardiaques, l'échocardiographie (visualisation du cœur par ultrasons) et les techniques de diagnostic nucléaire. On a également amélioré les traitements médicamenteux des maladies cardiaques avec la découverte de nouvelles substances capables de régulariser la force des contractions du cœur. Ces médicaments comprennent les substances inotropes, les agents bêtabloquants (qui réduisent le travail du muscle cardiaque) et les inhibiteurs calciques.
Les maladies cardiovasculaires demeurent l'une des principales causes de décès chez les Canadiens. Elle touche sans discrimination les deux sexes et toutes les ethnies. Chaque année, un tiers des Canadiens meurt d'une maladie cardiovasculaire, dont les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux.
Non seulement la cardiopathie peut-elle entraîner la mort, mais elle peut aussi réduire la qualité de vie. Environ le quart des Canadiens de plus de 70 ans dit connaître des problèmes cardiaques et devoir composer avec un déclin de santé, une réduction des activités et un besoin d'aide pour les activités courantes, désagréments qui accompagnent souvent les maladies cardiovasculaires.
Le taux des populations touchées varie selon les provinces et les territoires. La population de Terre-Neuve-et-Labrador présente toujours un risque plus élevé de mortalité que celle du reste du Canada. Elle affiche en outre un plus grand nombre de facteurs de risque modifiables, tels que diabète et hypertension artérielle, que le reste de la population canadienne. Sauf pour ce qui est de l'insuffisance cardiaque congestive, le Nord canadien connaît des taux plus bas de maladies cardiovasculaires que le reste du pays.
La maladie cardiovasculaire tend à toucher différemment les hommes et les femmes. Le décès à la suite de problèmes d'hypertension artérielle (problèmes associés à la fonction de pompage du cœur) et d'accident vasculaire cérébral est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Par contre, plus d'hommes que de femmes meurent de cardiopathie ischémique (maladies coronariennes, telles que l'athérosclérose) et d'infarctus du myocarde (crise cardiaque).
Maladie coronarienne
La maladie coronarienne est la cardiopathie la plus commune et la première cause de décès en Amérique du Nord. Elle découle presque toujours de l'athérosclérose, nom clinique donné au durcissement des artères coronaires. L'athérosclérose se caractérise par une accumulation de dépôts lipidiques et la formation de tissus fibreux sur la paroi des artères, qui rétrécissent, réduisant ainsi l'apport de sang et d'oxygène au muscle cardiaque. Bien que l'athérosclérose se développe assez tôt dans la vie du fait d'une alimentation riche en gras animal, de l'usage du tabac et d'une vie sédentaire, les symptômes apparaissent généralement vers 40 ou 50 ans. La maladie provoque une mort subite chez environ 50 % des patients, qui sont atteints de coronaropathie sans même le savoir.
L'âge moyen des personnes qui meurent de coronaropathie est de 52 ans. Chez l'autre moitié des patients, la maladie engendre des crises d'angine de poitrine, caractérisées par des douleurs constrictives au centre du thorax. La chirurgie coronarienne connaît une popularité sans précédent du fait du faible taux de mortalité opératoire (de 1 % à 3 %) et au soulagement de la douleur obtenu dans presque 90 % des cas. Il se pratique chaque année près de 200 000 opérations de ce genre en Amérique du Nord.
Lésions des valvules cardiaques
Il existe aussi une autre forme de cardiopathie, liée aux valvules cardiaques. Ces dernières peuvent être endommagées par une fièvre rhumatismale, des infections bactériennes ou d'autres pathologies. Une valvule abîmée ne peut se fermer ou s'ouvrir complètement, ce qui perturbe la circulation unidirectionnelle et régulière du sang, nécessaire au bon fonctionnement du corps. La chirurgie peut parfois réparer la valvule, mais dans certains cas elle est si détériorée qu'elle doit être remplacée par une valvule artificielle (prothèse). L'apparition des valvules artificielles, dans les années 1950 et 1960, a entièrement modifié les perspectives d'avenir pour les gens souffrant de cardiopathie valvulaire.
L'implantation de valvules cardiaques artificielles se pratique de plus en plus comme traitement des troubles coronariens. La médication est le meilleur choix, mais dans certains cas les valvules endommagées doivent être remplacées par une prothèse de façon à ce que le patient puisse mener une vie normale. Le remplacement de valvules endommagées réduit la morbidité et la mortalité associées aux troubles valvulaires, mais occasionne des risques de complications propres au matériel implanté.
La première valvule cardiaque mécanique a été implantée en 1952. Depuis lors, 30 modèles de valvules mécaniques ont été conçus dans le monde. Les deux principaux sont ceux des valvules mécaniques et bioprothèses cardiaques (tissu animal). Le principal problème entraîné par ces types de valvule mécanique est le risque accru de coagulation sanguine, qui s'accompagne d'une forte probabilité de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral. Afin de prévenir la coagulation du sang, les receveurs de valvule mécanique doivent prendre des anticoagulants en permanence, ce qui peut les rendre hémophiles. L'anticoagulant utilisé cause des anomalies congénitales si la mère le prend au cours du premier trimestre de grossesse; les valvules mécaniques ne conviennent donc pas aux femmes en âge de procréer. Ces valvules sont en outre susceptibles de défaillances mécaniques. Elles conviennent aux personnes qui souhaitent ne pas subir une autre opération de remplacement de valvule.
Les valvules en tissu animal ou les bioprothèses cardiaques peuvent être fabriquées à partir de tissus provenant d'humains ou d'animaux. Elles comportent de nombreux avantages par rapport aux valvules mécaniques. Elles se rapprochent davantage des valvules naturelles, n'exigent pas la prise à long terme d'anticoagulants, ne causent pas de dommages aux cellules sanguines et ne présentent pas les problèmes de structure des valvules mécaniques. La cause la plus commune de défaillance d'une bioprothèse cardiaque est un raidissement dû à la calcification.
Dispositif de soutien artificiel
Le cœur est une pompe constituée d'un muscle spécial, dont les contractions sont déclenchées et synchronisées par des impulsions électriques produites par son propre stimulateur. Lorsque ce dernier faiblit, on peut utiliser un stimulateur artificiel, fonctionnant à l'aide de piles et de minuteurs, afin de produire des impulsions électriques qui sont ensuite transmises au cœur par des fils minuscules. Le stimulateur à piles est généralement implanté sous la peau et relié au cœur afin de régler le taux des contractions et leur rythme. De nos jours, ces appareils sont très petits et durables.
Bien des patients munis de stimulateur ressentent de l'anxiété après avoir reçu une impulsion de l'appareil. Bien que ces chocs ne soient pas associés à une aggravation de la maladie, ils ont un effet psychologique profond. On développe actuellement de nouvelles méthodes de traitement pour répondre aux besoins psychologiques des patients munis d'un stimulateur cardiaque. Ces patients gagnent souvent à suivre une thérapie psychologique leur permettant de réfléchir sur le désarroi que peut entraîner une impulsion du stimulateur, et les aidant à le combattre.
Anomalies congénitales
Un bébé sur cent naît avec un système cardiovasculaire anormal. En général, ces malformations congénitales comprennent des valvules mal formées, des orifices dans les parois (cloisons) qui séparent les deux côtés du cœur et des anomalies des vaisseaux sanguins afférents et efférents. Il existe deux grandes catégories de malformations : les cardiopathies congénitales qui engendrent une cyanose (bébés « bleus ») et les cardiopathies congénitales non cyanotiques (ne provoquant pas de changement de coloration chez le bébé). La plupart des anomalies cardiaques congénitales peuvent être corrigées par chirurgie dès la petite enfance. Les risques opératoires sont relativement faibles (environ 5 %), et les résultats à long terme sont généralement excellents.
On a assisté, au cours des 30 dernières années, à de remarquables réalisations dans les domaines de la médecine et de la chirurgie cardiovasculaires. Certaines sont l'œuvre de Canadiens. Les Drs W.G. Bigelow, de Toronto, et J.C. Callaghan, d'Edmonton, sont les premiers à avoir fait des recherches sur l'hypothermie complète du corps (refroidissement du corps durant une opération pour en diminuer les besoins en oxygène) et ont jeté les bases pour l'élaboration des stimulateurs cardiaques modernes. Le Dr Callaghan est également le premier à avoir utilisé avec succès le cœur-poumon artificiel pour les opérations à cœur ouvert au Canada, en 1956. Il est aussi le premier à avoir implanté une valvule artificielle et corrigé la tétralogie de Fallot. Le Dr W. Mustard, du Hospital for Sick Children de Toronto, a été le précurseur de nouvelles techniques en chirurgie cardiovasculaire pédiatrique. L'« opération de Mustard » pour la transposition des gros vaisseaux chez les enfants est maintenant reconnue dans le monde entier. Le Dr A.M. Vineberg, de Montréal, a étudié pendant de nombreuses années la revascularisation du myocarde et a mis au point une technique d'implantation très utilisée avant l'introduction des pontages coronariens. Sa technique est parfois encore utilisée.
Facteurs de risque
De nombreux facteurs de risque sont associés aux maladies cardiovasculaires. L'usage du tabac, l'hypertension artérielle, le diabète, l'inactivité physique et l'hyperphagie en sont des facteurs importants, mais modifiables. Les maladies cardiovasculaires sont en hausse au Canada, et 80 % de la population présente au moins un des facteurs modifiables de ces maladies. Il est démontré que la sensibilisation des Canadiens aux facteurs de risque modifiables existants constitue un aspect important de la prévention.
Des études de recherche se penchent sur les facteurs psychologiques liés aux cardiopathies et accidents vasculaires cérébraux. Bien des patients traversent une dépression ou éprouvent de l'anxiété et du stress en raison de la progression de la maladie et de ses répercussions sur le réseau de soutien social. Vivre avec un mal chronique est une épreuve à la fois physique et psychologique. Les médecins commencent à traiter l'ensemble des facteurs associés aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux.
Les diabétiques ont souvent des problèmes cardiaques et tendent à présenter les facteurs de risque associés aux maladies cardiovasculaires et vasculaires cérébrales tels que l'hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, l'usage du tabac, l'obésité et l'inactivité. Les études révèlent que la résistance à l'insuline, un problème fréquemment lié au diabète de type II, représente un réel facteur de risque de maladie cardiaque. La maladie cardiovasculaire est la principale cause de décès associé au diabète. Les diabétiques peuvent diminuer le risque de maladie cardiaque en régularisant leur taux de sucre sanguin, en cessant de fumer s'ils fument, en faisant régulièrement de l'exercice et en respectant une diète saine.
Partout dans le monde, y compris au Canada, les gens sont encouragés à réduire leurs facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. Une alimentation équilibrée, faible en gras saturés et transgéniques, est primordiale, et l'activité physique régulière est salutaire. Cesser de fumer est l'un des changements les plus importants qu'une personne peut réaliser pour améliorer sa qualité de vie tout en réduisant le risque de maladie coronarienne ainsi que de nombreux cancers.