La plupart des cartes créées dans les années 1500 qui se rapportent au Canada sont manuscrites, souvent sans date et anonymes. Elles sont dressées par des cartographes européens plutôt que par des explorateurs. Puisque les cartographes travaillent avec une documentation limitée, les cartes sont parfois un curieux mélange de données anciennes et récentes tirées de sources non identifiées. L’étude des premières cartes du Canada fait donc face à des incertitudes. (Voir aussi Histoire de la cartographie au Canada.)
Carte du Vinland
Jusqu’en 1974, on pense que la carte connue sous le nom de « carte du Vinland », acquise par l’Université Yale environ dix ans auparavant et représentant la côte nord-est de l’Amérique du Nord, est la plus ancienne représentation cartographique du Canada. Aujourd’hui, on croit que cette carte est un faux.
Premières cartes du Canada et de l’Amérique du Nord
Les plus anciennes cartes du Canada datent de 1502 à 1506. La côte est de Terre-Neuve y est représentée comme une île dans l’. Les Européens ne connaissaient pas l’existence de terres entre le Groenland et les Antilles. Les premières cartes les plus importantes sont celles connues sous les noms de « Cantino », « Canerio », « King-Hamy », « Oliveriana » et « Kunstmann II ».
Parmi celles-ci, la plus ancienne est probablement la carte « Cantino » (v. 1502), qui semble avoir été réalisée lors des voyages de Gaspar Corte-Real (1500-1501). Apparemment, il ne reste aucune carte du voyage de Jean Cabot (1497).
Certains spécialistes voient dans la carte La Cosa (1500) une mauvaise copie d’une carte de Cabot. D’autres font remarquer qu’elle contient des renseignements qui n’étaient pas disponibles avant 1508. Dans tous les cas, l’identité des données géographiques de cette carte, de l’est du Canada selon certains, ne fait pas l’unanimité.
Les premières cartes imprimées qui représentent des parties de l’Amérique du Nord, comme celles connues sous les noms de « Contarini » (1506) et « Ruysch » (1507-1508), montrent la côte est de Terre-Neuve comme étant reliée au Groenland et formant un prolongement de l’Asie. Ces configurations sont probablement basées sur les suppositions de Corte-Real, qui croit que le Groenland et Terre-Neuve sont reliés, et de Chabot, qui croit qu’ils font partie de l’Asie.
En 1507, une carte exécutée par le cartographe allemand Martin Waldseemüller sépare pour la première fois l’Amérique du Nord de l’Asie, concept qui gagne en popularité au cours de la décennie suivante.
Dans les années 1520, les côtes est et sud de Terre-Neuve ainsi que la côte est de la Nouvelle-Écosse sont mieux connues. Les cartes de cette époque représentent les détails géographiques avec plus de précision que celles des 20 années précédentes. Des cartes plus élaborées, « Miller I » (v. 1516-1522), Pedro Reinel (1516-1520) et « Weimar » (1527), attribuée à Diogo Ribeiro, laissent supposer l’existence de passages au sud et au nord de Terre-Neuve. Plus tard, le détroit de Cabot et le détroit de Belle Isle sont explorés par Jacques Cartier.
Quelques-uns des détails de ces cartes semblent être basés sur les explorations de Joao Alvares Fagundes (v. 1519-1526). Les premières cartes représentant toute la côte, de la Floride à Terre-Neuve, se fondent sur les explorations d’Esteban Gomez (1525) et de Giovanni da Verrazzano (1524).
Gomez fait allusion à une ouverture à l’endroit où devrait se trouver la baie de Fundy, mais toutes les cartes de l’époque représentent une côte ininterrompue. Des cartes ultérieures, comme celles de Santa Cruz (1542), de Lopo Homem (1554) et de Diogo Homem (1558), dressées à partir de données recueillies dans les années 1520, révèlent que Gomez croyait que la Nouvelle-Écosse était une île. Certains Portugais pour leur part connaissent plus ou moins sa véritable configuration.
Après les explorations de Cartier (1534-1542), toutes les cartes du Canada font l’objet d’une révision. Aucune des cartes de Cartier ne subsiste de nos jours. Les cartes qu’on croit ressembler le plus aux originales sont la carte de John Rotz (1542), une représentation des résultats du premier voyage de Cartier (1534), la carte de Pierre Desceliers (1546) et la carte du monde de Harlenne (v. 1547). Les deux dernières représentent les explorations de Cartier jusqu’en 1536. L’apport exceptionnel de ces cartes est l’ajout du fleuve Saint-Laurent et de son golfe à l’Amérique du Nord.
Un deuxième groupe de cartes, qui semble basé sur les cartes françaises et portugaises, représente le Saint-Laurent ainsi que Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse de façon plus réaliste. Le meilleur exemple de ces cartes est celle de Vallard (1547). Peu de cartes datant de cette époque méritent considération, mais l’une d’elles a une importance particulière. Il s’agit de la célèbre carte du monde de Gérard Mercator (1569), la première à comporter le système de projection qui porte son nom.
Cartes de l’Arctique
La cartographie de l’Arctique date du premier voyage de Martin Frobisher (1576), bien que la pointe sud du Groenland soit représentée sur les cartes depuis 1502. La carte que dresse Frobisher de la baie qui porte son nom au sud-est de l’île de Baffin existe encore. Toutefois, comme ses explorations ne se sont pas effectuées en tenant compte du reste de l’Amérique du Nord, les cartographes ne savaient pas où situer sa carte (voir aussi Baie de Frobisher).
Sur les cartes de George Best (1578) et de Michael Lok (1582), la baie de Frobisher apparaît comme un passage du Nord-Ouest traversant l’Amérique du Nord. Par la suite, se rapportant aux cartes plus précises résultant des voyages de John Davis (1585-1587), les cartographes déplacent le « détroit » de Frobisher à la pointe sud du Groenland, où il reste pendant presque tout le 17e siècle. Seuls quelques cartographes essaient d’établir un lien entre les découvertes du nord et celles du Saint-Laurent et de la côte est. La tentative la plus fructueuse reste probablement la carte du monde dressée par Edward Wright et imprimée en 1599.