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Jacques Cartier

Jacques Cartier, navigateur (né entre le 7 juin et le 23 décembre 1491 à Saint-Malo, en France; décédé le 1er septembre 1557 à Saint-Malo, en France). Il a participé à trois expéditions maritimes vers l’intérieur du golfe Saint-Laurent de 1534 à 1542, durant lesquelles il a exploré, mais surtout cartographié précisément pour la première fois, l’intérieur du fleuve Saint-Laurent, du golfe jusqu’à Montréal (voir aussi Histoire de la cartographie au Canada). Cette primauté maritime fait qu’il est toujours considéré par plusieurs comme le fondateur du « Canada ». Toutefois, à l’époque, ce toponyme ne recouvrait que la région immédiate de Québec. Ce passage en amont du Saint-Laurent au 16e siècle aura pour conséquence d’entraîner les Français à occuper cette partie de l’Amérique du Nord par la suite.

Jacques Cartier

Voyages vers les Amériques

La jeunesse de Jacques Cartier est très mal documentée. Il semble avoir été employé dans le commerce et la navigation dès son jeune âge. Cartier a vraisemblablement navigué comme ses compatriotes à titre de marin, puis officier, le long des côtes de France, de Terre-Neuve et de l’Amérique du Sud (Brésil). À la suite du rattachement de la Bretagne au royaume de France, le roi François Ier choisit Jacques Cartier pour remplacer l’explorateur Giovanni da Verrazano, décédé lors de son ultime voyage.

Premier Voyage (1534)


Lors de sa première expédition, Jacques Cartier a pour mandat de rechercher un passage vers le Pacifique dans les environs de Terre-Neuve et d’y trouver possiblement des métaux précieux. Il quitte Saint-Malo le 20 avril 1534 avec deux navires et 61 hommes et atteint la côte de Terre-Neuve 20 jours plus tard. Lors de son périple, il repasse par plusieurs lieux connus des pêcheurs européens, lieux qu’il rebaptise ou note dans sa cartographie. Après être arrivé par le Nord de Terre-Neuve, Jacques Cartier et ses navires entrent dans le golfe du Saint-Laurent par le détroit de Belle-Isle et descendent vers le Sud, longeant les Îles-de-la-Madeleine le 26 juin. Ils atteignent les provinces actuelles de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick trois jours plus tard. Il navigue ensuite vers l’ouest, traversant la Baie des Chaleurs et atteignant Gaspé, où il entra en contact avec des peuples autochtones iroquoiens de la région de Québec, venus pratiquer leur pêche au phoque annuelle. Après la plantation d’une croix, des échanges et tractations, les navires de Cartier repartent le 25 juillet. Avant de partir, Jacques Cartier prend en otage deux fils du chef iroquoien Donnacona. Ils rentrent en France en longeant l’île d’Anticosti et en repassant par le détroit de Belle-Isle.

Deuxième Voyage (1535-1536)

L’expédition de 1535, plus importante que la première, comprend cette fois-ci 110 personnes et trois navires de taille moyenne (la Grande Hermine, la Petite Hermine et l’Émérillon). L’Émérillon était adapté pour la navigation fluviale. Ils quittent la Bretagne à la mi-mai 1535 et atteignent Terre-Neuve après une longue traversée de 50 jours. Reprenant le même itinéraire que l’année précédente, ils entrent dans le golfe, puis remontent la rivière du Canada (renommée plus tard le Saint-Laurent). Un des fils du chef Donnacona, les a guidés jusqu’au village de Stadaconé sur le site de l’actuelle ville de Québec. Face à l’ampleur des explorations, les Français décident de passer l’hiver sur place en s’installant à l’embouchure de la rivière Saint-Charles. Contre l’avis du chef Donnacona, Jacques Cartier décide de continuer sa remontée du fleuve vers Hochelaga, sur l’actuel site de Montréal. Il l’atteint le 2 octobre 1535. Sur place, il rencontre d’autres Iroquoiens qui lui font miroiter l’existence d’une mer vers l’intérieur du pays. À son retour à Stadaconé (Québec) les relations avec les peuples autochtones sont dégradées. Ces derniers aident toutefois les Français mal organisés à survivre au scorbut grâce à un remède à base de conifère (voir aussi Médecine traditionnelle des Premières Nations au Canada). Le printemps venu, les Français décident de rentrer en Europe. Cette fois-ci, Jacques Cartier prend en otage le chef iroquoien Donnacona lui-même, ses deux fils et sept autres personnes iroquoiennes. Les Français n’ont jamais renvoyé Donnacona et les autres iroquoiens en Amérique du Nord. (Voir aussi Esclavage des Autochtones au Canada.)

Troisième Voyage (1541-1542)

La guerre en Europe fait en sorte de reporter le retour au Canada. De plus, le voyage prévu est transformé en une importante tentative de colonisation la région avec près de 800 personnes. Les explorations sont laissées au navigateur malouin Jacques Cartier, mais la logistique et la gestion coloniale de l’expédition est confiée à Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval. Le sieur de Roberval était un militaire de l’état-major chargé du recrutement, de l’embarquement des armes, des artisans et de nombreux prisonniers. Des retards dans les préparatifs et les aléas de la guerre avec l’Espagne sur le point de reprendre font en sorte que seule une moitié des effectifs (dirigés par Jacques Cartier) sont envoyés au Canada en mai 1541 par Roberval. Il vient les rejoindre l’année suivante. Cartier et son équipe viennent implanter la nouvelle colonie à quelques kilomètres en amont de Québec au confluent de la rivière du Cap Rouge. Pendant que les colons et artisans érigeaient les forts, Cartier décide de remonter vers Hochelaga. Il retourne au milieu d’un conflit sanglant qui avait éclaté avec les Iroquoiens à Stadaconé.

Retour en France

En état de siège relatif durant l’hiver, et ne voyant pas arriver Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval au printemps, Jacques Cartier décide d’abandonner la colonie à la fin de mai en ayant au préalable rempli une dizaine de barriques de pierres et de métaux qu’il croyait précieux. Lors d’une halte à Saint-Jean, Terre-Neuve, Cartier rencontre cependant la flotte de La Rocque de Roberval qui lui intime l’ordre de revenir au Cap Rouge, mais Cartier, n’en faisant qu’à sa tête, fait voile vers la France à la faveur de la nuit. Les pierres et métaux qu’il rapporte se révélèrent sans valeur et les sommes empruntées auprès des marchands bretons ne lui sont jamais remboursées par le roi. Après cette mésaventure, il retourne au commerce et décède 15 ans plus tard dans son manoir de Limoilou près de Saint-Malo. Il conserve sa réputation d’avoir été le premier Européen à avoir exploré et cartographié cette partie de l’Amérique qui devient par la suite l’axe du pouvoir français en Amérique du Nord.