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Chansonniers des écoles

Chansonniers des écoles. Recueils de chants pour usage scolaire, généralement regroupés selon des principes pédagogiques et dans l'ordre de progression de leur utilisation dans l'enseignement.

Chansonniers des écoles

Chansonniers des écoles. Recueils de chants pour usage scolaire, généralement regroupés selon des principes pédagogiques et dans l'ordre de progression de leur utilisation dans l'enseignement. Ils s'accompagnent de sections explicatives et de glossaires et comportent parfois les rudiments de la musique ou des chapitres d'initiation musicale. Cet article se limite aux ouvrages recommandés ou autorisés dans les écoles canadiennes. Une autre vaste catégorie de recueils, ceux qui sont consacrés aux chansons folkloriques, sont traités dans les articles concernant la Musique folklorique. Vois aussi Solmisation.

Le premier manuel de musique autorisé au Canada fut celui de Henry Francis Sefton, Three Part Songs (James Campbell & Son 1869), qui contenait un grand nombre de mélodies britanniques et quelques-unes originaires du Canada et d'autres pays. Tout comme d'autre matériel pédagogique de l'époque, le chansonnier du XIXe siècle visait à stimuler l'intérêt de l'étudiant pour la musique, à le familiariser avec les oeuvres courantes et à encourager un comportement selon les normes de la société. Cette confiance dans le raffinement des moeurs par la musique apparaît dans les adaptations que fit S.H. Preston de The Public School Music Reader (Canada Publishing Co. 1885) et The High School Music Reader (ibid. 1885) de John Tufts et H. E. Hold, deux éducateurs en musique amér. Selon Preston, n'importe quel professeur pouvait apprendre une série de chansons et d'exercices progressifs choisis avec soin et les présenter à ses élèves. On pouvait utiliser des gestes de la main, des syllabes, des nombres et des noms de durées pour aiguiser la sensibilité auditive et développer l'aptitude à lire la musique. Dans The Canadian Music Course (Canada Publishing Co. 1888) et The Educational Music Course (4 vol., ibid. 1898-1907) d'Alexander Cringan, les syllabes du système « tonic sol-fa » ou do mobile (« do » étant la tonique de la gamme utilisée plutôt que la note elle-même) remplaçaient la notation elle-même. Cringan publia plus tard The New Canadian Song Series (Canada Publishing Co. 1931-34).

Parmi les chansonniers des écoles au Québec citons, au XIXe siècle, Le Chansonnier des collèges (Bureau de « l'Abeille » 1850, 1854, 1860, seule l'édition de 1860 contient la musique), Chansonnier de tous les âges ou Nouvelle Lyre canadienne (Chapleau 1858) et Le Chansonnier des écoles (A.J. Boucher 1876) dont la quatrième édition (1887) fut autorisée par la Commission des écoles catholiques romaines de Montréal.

Au début du XXe siècle, on trouvait The King Edward Music Reader (Morang Educational Co. 1903, compilé par H.J. Minchin et W.A. McIntyre et utilisé en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Manitoba) et The New Public School Music Course de Charles E. Whiting (Educational Book Co. 1912). Le cours de Whiting fut publié en quatre volumes dont le premier, en usage au Nouveau-Brunswick, tenait pour acquis que l'enfant connaissait le solfège « tonic sol-fa » ou do mobile et que l'appréciation de l'excellence, dans le domaine de la musique, ne pouvait s'acquérir que par la familiarité avec les chansons folkloriques. Un chansonnier populaire au Québec, Chansons de Botrel pour l'école et le foyer (Beauchemin 1903, 1931, 1942, 1953), contenait plusieurs chansons sur des sujets canadiens de Théodore Botrel, poète, chanteur et compositeur (Dinan, France, 14 septembre 1868 - Pont-Aven, France, 1925) qui parcourut le Québec plusieurs fois entre 1903 et 1922. Louis Bouhier fut l'initiateur des visites de Botrel à Montréal qui donna le nom du barde à une de ses rues dès 1911.

Le New Normal Music Course de Tufts et Holt (Educational Book Co. 1914, utilisé en Saskatchewan et au Manitoba) comportait des chansons et des exercices progressifs, groupés en sections illustrant chacune un fait ou une idée musicale précise (par exemple, « Chansons religieuses et patriotiques », « Mesure divisée en 3/8 et en 6/8 », « Progressions chromatiques faciles », « Étude approfondie de la note venant après le temps »). The Normal Music Course (Canada Publishing Co. 1883) de S.H. Preston était le prototype de ce genre d'ouvrage. Une autre publication digne d'être mentionnée est The Progressive Music Series (Gage 1921) de Horatio Parker et autres, qui reflétait les vues musicales et pédagogiques de l'époque. Ses chansons étaient regroupées en chapitres suivant les problèmes musicaux ou les complexités particulières qu'elles comportaient (par exemple la « syncope » ou la « modulation vers des tons éloignés »). On employait aussi à titre complémentaire le School and Community Song Book rédigé par A.S. Vogt et Healey Willan (Gage 1922, 1929, 1931 et 1951), le High School Song Book rédigé par James Walker (Renouf 1920, d'un contenu strictement religieux) et Le Chansonnier canadien pour l'école et le foyer d'Uldéric S. Allaire (Beauchemin 1931).

En résumé, ces premiers chansonniers illustraient une conviction dans la chanson, en particulier la chanson folklorique, comme un moyen efficace non seulement d'élargir et de former le goût musical, mais aussi d'inculquer de bonnes moeurs. Ils proposaient en outre des méthodes systématiques d'apprentissage de la musique, surtout celui du solfège selon la méthode « tonic sol-fa ».

On se préoccupa d'approfondir les connaissances musicales de l'élève dans des publications ultérieures telles que New Canadian Music Course d'Ethel Coney et F.T.C. Wickett (5 vol., Gage 1925, utilisé en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse), Songs for Young Canadians de Richard T. Bevan (Thomas Nelson, s.d., années 1930?), Book of Songs d'Ernest MacMillan (Dent 1929, réimpr. en 1938 sous le titre A Canadian Song Book), The Manitoba School Song Book et A Song Book for Ontario School d'Ethel A. Kinley (Clarke Irwin 1940, recueils qui comprenaient des mélodies classiques, des lieder et des oeuvres contemporaines conventionnelles), Mon école chante de Joseph Beaulieu (La Prairie 1956-64, collection La Bonne Chanson, recueil couramment employé en Ontario et au Québec), The Classroom Chorister de Marjorie Horner (Clarke Irwin 1959) et Lisons la musique de Thomas Legrady (Fides 1970, inspiré de la méthode Kodály). Un recueil antérieur, The Singing Period (Waterloo 1933-38), ouvrage en huit volumes de Harry Hill, contenait des reproductions d'oeuvres d'art célèbres et tentait de relier la musique à d'autres thèmes traités en classe, notamment l'éthique, les bonnes manières, les sciences naturelles et les notions de sécurité.

Toutefois, l'objectif premier de ces publications consistait à apprendre aux étudiants à lire la musique. Roy Fenwick, l'un des auteurs de The High Road of Song (série en 3 vol., Gage 1943) et rédacteur de The New High Road Music Series (8 vol., Gage 1954-60), était d'avis que l'aptitude à lire la musique était le facteur principal qui incitait les chanteurs et les interprètes à continuer à faire de la musique après la fin de leurs études. Dans The Chorister (2 vol., Gage 1947, 1950), Leslie Bell faisait part d'un sentiment analogue. Grâce à des chansons de difficulté progressive sélectionnées avec soin et permettant d'éviter les exercices mécaniques, Bell espérait développer chez l'étudiant le goût pour la musique et la compréhension de la théorie musicale. Il tenait également compte des limites de la voix des adolescents de façon à favoriser une plus grande participation chez les jeunes. On retrouve cette préoccupation dans The Collegiate Choir (2 vol., Waterloo 1938, 1939) et Youthful Voices (3 vol., Thompson 1945, 1949, 1954) de Don Wright.

Pendant les années 1950 et 1960, les auteurs des manuels prirent en considération les goûts des jeunes gens. Des ouvrages enrichis de belles illustrations et faciles à lire leur enseignaient la structure et la théorie de la musique en stimulant l'exploration, la créativité et la solution des problèmes. Cette approche est manifeste dans Treasure Tunes de Lola MacQuarrie et Beth Douglas (Clarke Irwin 1961), Basic Goals in Music de Slind et Churchley (8 vol., McGraw Hill 1964-72, qui utilise des airs de folklore de plusieurs pays), Songtime de Vera Russell et autres (8 vol., Holt, Rinehart & Winston 1963-67) et Songs for Today! de Richard Johnston et autres (Waterloo 1970). D'autres titres dignes de mention sont La Bonne Chanson à l'école de Charles-Émile Gadbois (La Bonne Chanson 1938-51), For Young Musicians (Waterloo 1961, 1967, 1972, 1974) et Music for Young Canada (3 vol., Gage 1967-69) de Kenneth Bray et autres, Let's Sing and Play de Keith Bissell (2 vol., Waterloo 1973, 1975), Je chante avec mes amis de Monique Leduc (Commission des écoles catholiques de Montréal 1975) et A First Book of Songs for the French Classroom de Joachim Sandvoss (Empire 1975).

Les arrangements pour choeur de chansons folkloriques canadiennes sont employés dans les écoles. On en trouve des exemples caractéristiques dans Folk Songs of Canada, Chansons de Québec et More Folk Songs of Canada (Waterloo 1954, 1957, 1967) de Fowke et Johnston ainsi que dans Chansons canadiennes-françaises de Johnston (Waterloo 1964). Une collection conçue pour initier les étudiants au répertoire canadien, Canadian Music for Schools d'Ian Bradley (Leslie 1974), contient des chansons folkloriques, des compositions, des recommandations et directives sur la musique instrumentale pour l'écoute en classe.

Les manuels scolaires de musique publiés plus tard au cours du XXe siècle retinrent beaucoup des objectifs des ouvrages antérieurs : développer la sensibilité musicale, l'amour de la musique, l'aptitude à lire et à écouter, la connaissance des rudiments, des formes et des techniques musicales. On remarque toutefois dans ces manuels une plus grande variété dans la présentation et des applications pratiques qui demandent à l'étudiant d'analyser, d'écouter et d'interpréter. Il existe encore des recueils de chansons simples pour la classe, notamment Come on Everybody, Let's Sing! de Lois Birkenshaw (Thompson 1989 -) et Chansons d'initiation à la musique de Claire Turcotte (Guérin 1985 -). Par ailleurs, d'autres ouvrages polyvalents, tels que Musicanada de Penny Louise Brooks et autres (4 vol. et enregistrements, Holt, Rinehart et Winston 1982-87) et Musictime de Lois Birkenshaw et Joan Clark (2 vol. et enregistrements, GLC Silver Burdett 1985 -), en anglais, ou Arc-en-sons d'Elaine Nannipieri-Nugent et Michèle Leblanc (3 vol. et cassette, Beauchemin 1986, 1988), Musicontact de Guy Fournier (2 vol., Éditions HRW 1985) et Mon passeport musical d'Isabelle Aubin et autres (6 vol., Éditions l'image et art 1986), en français, contiennent des manuels de maître, des cahiers d'exercices pour les élèves, des livres d'accompagnement pour piano et, dans le cas de Musicanada, une édition en braille; le programme Arc-en-sons offre aussi du matériel pédagogique comme des cartes à jouer et des affiches. Music Builders (6 livres du maîtres et des enregistrements, GLC et Berandol 1980 -) emploie une approche totalement orale, présentant des chansons de façon machinale et encourageant l'exploration de nouveaux sons, souvent à partir d'instruments improvisés. Canada is... Music (2 vol., Thompson 1980 -) a puisé son matériel de sources canadiennes, en utilisant la musique afin de souligner l'histoire, la géographique et la culture canadienne.

Des programmes dans les écoles de niveau secondaire, tels Invitation à la musique de Jean Patenaude (Éditions Albani 1982) et Fanfare, acte 2 de Colin Walley, Beth Douglas et Glen Harrison (Clarke Irwin 1970) ont aussi utilisé des approches nouvelles pour enseigner la musique traditionnelle ainsi que des programmes conçus pour initier l'étudiant aux techniques contemporaines de composition et d'interprétation.