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Charles Foulkes

Charles Foulkes, C.C., C.B., C.B.E., D.S.O., C.D., officier d’infanterie, général (né le 3 janvier 1903 à Stockton-on-Tees, en Angleterre; décédé le 12 septembre 1969 à Ottawa, en Ontario). Charles Foulkes a commencé sa carrière militaire dans la milice avant de rejoindre la force permanente. Il a occupé divers postes subalternes jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, où on l’a rapidement promu au rang de lieutenant-général. Il est resté dans l’armée après la guerre comme chef d’état-major général et président du Comité des chefs d’état-major. Bien qu’on lui ait parfois reproché son manque de leadership et son rendement inégal sur le champ de bataille, ses compétences se sont améliorées à chaque échelon de commandement.

Charles Foulkes

Jeunesse et éducation

Charles Foulkes fréquente l’école primaire en Angleterre et immigre avec sa famille à London, en Ontario. Il termine ses études secondaires au London Collegiate Institute, puis s’inscrit à l’Université Western, mais il n’y reste qu’une seule année.

Service régimentaire

En 1922, alors qu’il est étudiant, Charles Foulkes s’enrôle dans la milice au sein du 2e Bataillon du Corps canadien des mitrailleuses. Il gravit rapidement les échelons et devient sergent, puis sous-lieutenant le 1er octobre 1923. L’année suivante, il est promu capitaine et devient instructeur de mitrailleuse.

Au début de 1925, Charles Foulkes pose sa candidature pour faire partie de la force permanente. Cet été-là, il sert comme instructeur à l’École des armes portatives. Il s’inscrit ensuite au cours long du Collège militaire royal du Canada, réservé aux étudiants n’ayant pas encore obtenu leur diplôme et désirant devenir officiers de la force permanente. À la fin de sa formation, on l’envoie à London, en Ontario, où il rejoint la compagnie C du Royal Canadian Regiment en tant que lieutenant le 11 août 1926.

En 1931, Charles Foulkes s’inscrit à une formation d’instructeur en armes légères. Promu capitaine breveté le 1er juillet de la même année, il part en Grande-Bretagne à l’été 1932 pour suivre des cours sur les armes légères britanniques. C’est là qu’il rencontre et épouse Phyllis Beck. De retour au Canada, il continue à mettre à profit sa formation spécialisée en armes légères en tant qu’instructeur. Le 1er novembre 1935, il est nommé capitaine.

Charles Foulkes sert comme officier d’état-major général de 3e classe (GSO 3) dans diverses régions militaires de l’Ontario. Il suit également les cours du British Army Staff College, d’une durée de deux ans, de janvier 1937 à décembre 1938, avant de rentrer au Canada.

Deuxième Guerre mondiale

Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate le 1er septembre 1939, Charles Foulkes est GSO 3 dans la 2e région militaire, à Toronto. Le lendemain, il est promu major et nommé GSO 2 dans la 1re région militaire, à London, en Ontario. Un an plus tard, il est promu lieutenant-colonel et nommé GSO 1 de la 3e Division d’infanterie canadienne. La formation de cette division est autorisée en mai 1940, après l’invasion allemande des Pays-Bas et de la France. Elle s’embarque pour la Grande-Bretagne à l’été 1941.

Grande-Bretagne

Le 15 décembre 1941, Charles Foulkes remplace le commandant du Regina Rifle Regiment, qui est en formation pour devenir un officier supérieur. Il dirige le bataillon lors de plusieurs exercices anti-invasion le long de la côte sud-ouest de la Grande-Bretagne.

Le 1er août 1942, on le promeut au rang de brigadier-général pour qu’il prenne le commandement de la 3e Brigade d’infanterie canadienne, sans passer par le grade de colonel.

À l’époque, l’armée canadienne, stationnée en Grande-Bretagne, s’entraîne en vue d’une invasion transmanche. Cet entraînement comprend des exercices individuels de maniement d’armes, des exercices de tir en campagne avec des munitions réelles et des opérations combinées. Deux jours après la prise de commandement de Charles Foulkes, sa brigade mène un exercice avec les chars Churchill du régiment de Calgary, appuyés par trois régiments d’artillerie de campagne tirant des balles réelles au-dessus des troupes.

L’entraînement du régiment de Calgary s’avère prémonitoire. À Dieppe, deux semaines plus tard, ce régiment devient la première unité du Corps blindé royal canadien à engager le combat. Sur les 27 chars qui débarquent sur les plages, aucun ne revient en Grande-Bretagne.

En avril 1943, Charles Foulkes devient officier supérieur d’état-major au quartier général de la Première Armée canadienne, laquelle est créée un an plus tôt sous le commandement du lieutenant-général Andrew McNaughton.

En juillet, les autorités militaires dépêchent la 3e Division pour participer à la première phase de l’opération Overlord, l’invasion du nord-ouest de l’Europe. Pendant que cette division se prépare pour sa mission, le reste de l’armée entreprend une formation intensive, depuis le bataillon jusqu’au corps. Cette formation comprend des exercices radio, la coopération blindée-infanterie de l’unité, les combats de rue et de nuit, et une formation administrative.

Nord-ouest de l’Europe

Le 11 janvier 1944, Charles Foulkes est promu au grade de major-général pour prendre la tête de la 2e Division d’infanterie canadienne, reconstruite moins de six mois plus tôt, après le désastreux raid de Dieppe d’août 1942. Un mois après son arrivée, il remplace les trois commandants de brigade.

Charles Foulkes et sa division débarquent en Normandie au cours de la première semaine de juillet, après le débarquement d’assaut de la 3e Division au jour J. Pour sa première expérience de combat, sa division participe aux opérations visant à prendre Falaise.

Charles Foulkes dirige avec succès la 3e Division au cours de ces batailles. En septembre, il concentre ses efforts sur l’ouverture des ports de la Manche afin de permettre aux forces alliées d’acheminer le ravitaillement indispensable. La division entre à Dieppe sans opposition, puis se dirige vers Dunkerque pendant que d’autres formations ouvrent des ports supplémentaires.

À la mi-septembre, Charles Foulkes reçoit l’ordre de se rendre à Anvers pour participer à la libération de ce port crucial pour les navires alliés. Le 4 octobre, sa division franchit le canal Albert, non loin d’Anvers, puis se dirige vers le nord-ouest, en direction de la presqu’île du Beveland-Sud et de l’île de Walcheren. Ces zones contrôlent la rive nord de l’estuaire de l’Escaut, occupée par les Allemands, que les navires alliés doivent emprunter pour atteindre Anvers.

Le 28 septembre, Charles Foulkes devient commandant par intérim du 2e Corps canadien. Il remplace le lieutenant-général Simonds, qui commande temporairement la Première Armée canadienne en l’absence du lieutenant-général Crerar pour des raisons médicales.

Charles Foulkes dirige brillamment le 2e Corps canadien lors du reste de la bataille de l’Escaut, affrontant une résistance allemande acharnée, dans des conditions de terrain épouvantables, avantageuses pour l’ennemi. Le 28 novembre, le port d’Anvers est ouvert à la navigation alliée, une victoire essentielle pour les dernières avancées en Allemagne et la libération des Pays-Bas.

Italie

Le 10 novembre 1944, Charles Foulkes devient lieutenant-général et part en Italie pour commander le 1er Corps canadien. (Voir Le Canada et la campagne d’Italie.) Il prend la relève le 16 novembre en remplacement du lieutenant-général Tommy Burns, qui a perdu la confiance de ses supérieurs britanniques et de ses propres subordonnés.

Lorsque le lieutenant-général Foulkes arrive en Italie, le corps est en réserve depuis la fin octobre. Il profite du repos et de la détente nécessaires, mais s’entraîne aussi en prévision des opérations futures et de l’introduction de nouveaux équipements.

Le 1er Corps canadien retourne au front dans la nuit du 1er au 2 décembre. Il lance une attaque le 2 décembre et s’empare rapidement de Ravenne. L’avancée se poursuit et, le 5 janvier 1945, le corps établit une nouvelle ligne de front le long de la rivière Senio.

Les Canadiens maintiennent leurs positions hivernales statiques jusqu’à l’annonce, le 4 février, de la réunion tant attendue des unités canadiennes dans le nord-ouest de l’Europe. L’opération Goldflake, le déplacement du 1er Corps italien vers le nord-ouest de l’Europe, commence le 13 février et se termine le 3 avril.

Nord-ouest de l’Europe, de nouveau

Sous les ordres de Charles Foulkes, le 1er Corps prend part à certaines des dernières actions de la guerre. Sa mission est la libération des Pays-Bas situés au nord de la Meuse. Les Allemands occupent toujours la région, et sa population néerlandaise souffre de la faim et d’autres privations. (Voir Canada et l’hiver de la faim.) La division libère Arnhem le 14 avril et s’empare d’Apeldoorn le 17 avril.

Les Alliés ne disposent pas de ressources supplémentaires suffisantes pour aider Charles Foulkes à percer les nouvelles défenses allemandes, connues sous le nom de ligne Grebbe. Ses deux divisions et une brigade blindée affrontent la 25e armée allemande, forte de 120 000 hommes. Des informations provenant de l’arrière des lignes allemandes indiquent toutefois qu’une trêve pourrait s’avérer possible afin d’acheminer des vivres aux Néerlandais affamés.

Ainsi, le 28 avril, les deux camps conviennent d’une trêve et interrompent les hostilités dans l’ouest des Pays-Bas. Dès le lendemain, les bombardiers alliés commencent à larguer des provisions. Des livraisons par camion suivent le 1er mai. Charles Foulkes accepte la reddition du général Johannes Blaskowitz, commandant de la 25e armée.

Reddition des forces allemandes dans les Pays-Bas
Reddition des forces allemandes

Après la guerre

Le 21 août 1945, succédant à son supérieur, le lieutenant-général Guy Simonds, Charles Foulkes est nommé chef d’état-major général. Le 2 janvier 1951, il est promu général et devient le premier officier à présider le Comité des chefs d’état-major. À ce titre, il est chargé de coordonner les trois armées et devient l’unique conseiller du ministre de la Défense nationale.

Dans le cadre de ces nominations, Charles Foulkes contribue à orienter la politique militaire du Canada lors des événements majeurs de l’après-guerre, tels le réarmement, la fondation de l’OTAN, la guerre de Corée et la course aux armements nucléaires. (Voir aussi Le Canada et la Guerre froide.) De 1952 à 1953, pendant son mandat de président du Comité des chefs d’état-major, Charles Foulkes devient aussi le premier Canadien à présider le Comité militaire en session des chefs d’état-major de l’OTAN. Il s’agit du plus haut poste militaire de l’OTAN, aujourd’hui connu sous le nom de président du Comité militaire de l’OTAN.

Retraite

Charles Foulkes est un continentaliste qui prône un rapprochement avec les États-Unis. Il démissionne le 28 avril 1960 pour marquer son opposition aux politiques antinucléaires du gouvernement de John Diefenbaker. De 1968 à 1969, il enseigne les études stratégiques à l’Université Carleton.

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