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Guy Granville Simonds

Guy Granville Simonds, C.C., C.B., C.B.E., D.S.O., C.D., officier d’artillerie, général (né le 23 avril 1903 à Bury St Edmunds, en Angleterre; décédé le 15 mai 1974 à Toronto, en Ontario). Commissionné en 1924, Guy Simonds était un officier de carrière de l’armée. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il s’est rapidement élevé au rang de lieutenant-général et a commandé le 2e Corps canadien dans le nord-ouest de l’Europe. Il est resté dans l’armée après la guerre et est devenu chef d’état-major général. Innovant et déterminé, quoique réservé, il est largement considéré comme le meilleur général canadien de la Deuxième Guerre mondiale.

Général Guy Simonds

Jeunesse et éducation

Guy Simonds est le fils du major britannique Cecil Simonds et d’Eleanor Easton. En 1911, le couple immigre avec ses quatre enfants à Victoria, en Colombie-Britannique. Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, l’armée rappelle Cecil Simonds en Grande-Bretagne; il ne revient qu’en 1919.

Guy Simonds fréquente le Victoria’s Collegiate School, puis le collège privé Ashbury d’Ottawa en 1919. En août 1921, il entre au Collège militaire royal du Canada (CMRC), à Kingston, en Ontario, en tant qu’élève-officier. En 1924, il est nommé lieutenant de l’Artillerie royale canadienne. Il reçoit plusieurs distinctions à la fin de ses études en 1925.

Carrière militaire avant la guerre

Dès l’obtention de son diplôme du CMRC, Guy Simonds s’engage dans la Force permanente du Canada. Entre 1925 et 1932, il sert dans les batteries de la Canadian Horse Artillery (RCHA) à Kingston et à Winnipeg. Il devient capitaine breveté en juillet 1929. En août 1932, il épouse la Winnipegoise Katherine Taylor. Un mois plus tard, il est admis au Long Gunnery Staff Course et part en Grande-Bretagne avec sa nouvelle épouse. Il passe par diverses écoles d’artillerie et champs de tir, mais le couple vit près de Shoeburyness, dans l’Essex, où se trouve la première école d’artillerie. Il est promu capitaine en avril 1933. La première enfant du couple, Ruth, naît en juin.

La famille retourne à la RCHA à Kingston, où leur fils Charles naît en 1934. En janvier 1936, Guy Simonds entame une formation de deux ans au British Army Staff College, à Camberley. À l’obtention de son diplôme en décembre 1937, ses instructeurs britanniques le considèrent comme l’un des élèves les plus remarquables.

Au début de 1938, Guy Simonds retourne au Canada pour enseigner au CMRC à titre de major temporaire. Il écrit aussi des articles pour le Canadian Defence Quarterly. Dans ces textes, il discute avec le futur commandant de corps, Tommy Burns, de la théorie de la guerre mécanisée. Ces articles démontrent clairement qu’il fait partie des plus brillants esprits militaires de l’armée canadienne.

Deuxième Guerre mondiale

Le 10 septembre 1939, lorsque le Canada déclare la guerre à l’Allemagne, Guy Simonds devient l’officier d’état-major général de 2e classe (Opérations) de la toute nouvelle Première Division d’infanterie canadienne. Cette division s’embarque pour la Grande-Bretagne en décembre.

Grande-Bretagne

En juillet 1940, Guy Simonds est promu au rang de lieutenant-colonel du 1er Régiment de campagne du RCHA. Il occupe son poste depuis seulement quatre mois lorsque le lieutenant-général Andy McNaughton lui confie la tâche de mettre sur pied le premier cours d’état-major canadien. Ce programme d’instruction intensive, lancé en janvier 1941, est destiné aux officiers subalternes d’état-major de division.

Il gravit ensuite rapidement plusieurs échelons. En mai 1941, il est promu colonel et nommé officier d’état-major général de 1re classe de la 2e Division d’infanterie canadienne. Trois mois plus tard, il est nommé brigadier d’état-major général au 1er Corps canadien, sous le commandement du général Bernard Montgomery. En août 1942, après un séjour d’un mois en Tunisie pour observer la 8e Armée britannique de Montgomery en action, Guy Simonds prend le commandement de la 1re Brigade d’infanterie canadienne.

Sicile

Guy Simonds commande la 1re Brigade d’infanterie canadienne depuis quelques mois seulement lorsqu’il devient major-général de la 2e Division d’infanterie canadienne en avril 1943. Deux semaines plus tard, il remplace le commandant de la 1re Division, tué dans un accident d’avion alors qu’il se rendait en Égypte pour une conférence de planification de l’opération Husky, l’invasion alliée de la Sicile. (Voir Le Canada et la campagne d’Italie.) Le 1er mai, il s’envole vers le Caire avec son état-major pour assister à une séance d’information sur l’opération.

En Égypte, il apprend que sa division sera intégrée à la 8e Armée. Il confirme donc la participation du Canada au plan et communique l’information à son état-major en Grande-Bretagne. Le 11 mai, après de nombreuses discussions, Guy Simonds retourne en Grande-Bretagne. Le jour J de l’opération Husky étant fixé au 10 juillet, des unités de la 1re Division canadienne partent rapidement pour l’Écosse afin de s’entraîner aux débarquements amphibies et aux opérations en montagne.

Après avoir terminé l’entraînement, les troupes canadiennes s’embarquent pour la Méditerranée et rejoignent les forces britanniques et américaines. Le 10 juillet, les 1re et 2e Brigades d’infanterie de la 1re Division débarquent sur la pointe sud-ouest de la Sicile. Elles font face à une légère opposition. La bataille pour l’île, un combat acharné sur un terrain montagneux contre les manœuvres de retardement de l’ennemi, se termine le 17 août. Grâce à son leadership au sein de sa division, Guy Simonds attire l’attention du général Montgomery.

Simonds, Montgomery et Crerar

Italie

Le 3 septembre, sous le commandement de Guy Simonds, la 1re Division canadienne débarque en Italie continentale et rencontre peu de résistance. Le 1er novembre, Simonds devient commandant de la 5e Division blindée canadienne, qui vient d’arriver. Cela lui permet d’acquérir de l’expérience dans le commandement de chars. Le 6 janvier 1944, il est promu lieutenant-général, ce qui le prépare à son prochain poste, commandant du 2e Corps canadien. Il commande la division jusqu’au 29 janvier, puis part pour la Grande-Bretagne afin de préparer le 2e Corps pour l’opération Overlord, soit l’invasion alliée de la Normandie.

Kitching et Simonds

Normandie

La 3e Division d’infanterie canadienne débarque le 6 juin, jour J, et participe aux premières batailles de Normandie sous commandement britannique. D’autres formations canadiennes arrivent au cours des semaines suivantes, dont le QG du 2e Corps canadien et la 2e Division d’infanterie canadienne. Le 11 juillet, Guy Simonds prend le commandement du secteur de Caen, alors que la campagne de Normandie est au point mort. Il mène le corps lors de quatre opérations majeures en l’espace de cinq semaines.

Le 18 juillet marque le début de l’opération Atlantic, le volet canadien de l’opération britannique Goodwood. Pendant que les Britanniques traversent l’Orne pour s’emparer de positions élevées, les troupes de Simonds font de même plus au sud. Après une avance de quelques kilomètres, l’assaut anglo-canadien est stoppé net par la résistance allemande tenace.

Quartier général du 2e Corps canadien, Normandie

Cela mène à l’opération Spring, une action de fixation menée par les Canadiens le 25 juillet. Elle vise à immobiliser les Allemands et à permettre aux Américains d’effectuer une percée plus à l’ouest. Guy Simonds dispose de ses deux divisions d’infanterie et de deux divisions blindées britanniques. Il lance l’assaut avec ses divisions d’infanterie, prévoyant de faire passer les divisions blindées une fois que l’infanterie aura percé la ligne allemande.

Lorsque l’assaut est interrompu par une forte résistance allemande, Simonds décide de ne pas engager ses divisions blindées. Cependant, l’attaque détourne l’attention des troupes allemandes de la percée américaine. Pendant ce temps, le QG de la Première Armée canadienne devient opérationnel en Normandie sous la direction du lieutenant-général Harry Crerar. Le 31 juillet, Crerar prend le commandement du 2e Corps, qui se compose maintenant de la 4e Division blindée canadienne récemment déployée et du 1er Corps britannique.

La réussite de la percée des troupes américaines pousse les Allemands à redéployer leurs divisions blindées pour les affronter. Une fois la force blindée ennemie considérablement réduite, Montgomery ordonne à ses armées anglo-canadiennes de mener une attaque majeure le 8 août.

Le général Simonds surmonte plusieurs problèmes en adoptant des solutions innovantes. Il met ainsi au point l’attaque de nuit, l’avancée simultanée avec appui-feu, l’utilisation de bombardiers lourds et l’acheminement de l’infanterie par transports de troupes blindés (TTB). Son innovation la plus remarquable est probablement la conversion de canons automoteurs obsolètes en TTB en retirant simplement leurs canons. Cette invention permet à l’infanterie de progresser au même rythme que les chars, tout en se protégeant des tirs ennemis.

L’opération Totalize commence par une série de bombardements nocturnes le 7 août. Peu après, d’immenses convois de TTB et de chars d’assaut progressent le long de la route de Falaise. S’ensuit quinze minutes plus tard le support massif d’un bombardement d’artillerie. La première phase s’avère une réussite totale.

La deuxième phase de l’opération Totalize commence dans l’après-midi du 8 août. Elle est menée par deux divisions blindées qui n’ont jamais combattu : la 4e Division canadienne et la 1re Division polonaise. Leur mission consiste à percer la deuxième ligne de défense allemande. Cependant, les choses tournent mal très rapidement : des bombardiers américains larguent leurs charges sur des troupes alliées, ralentissant l’avancée plus que Simonds ne l’avait prévu. Après la reprise de l’attaque canadienne le 9 août, un groupement tactique d’infanterie blindée se heurte à une forte opposition et est anéanti. Une nouvelle attaque s’impose.

L’opération Tractable débute le 14 août par l’utilisation d’un écran de fumée pour masquer l’avancée. Deux convois se mettent en route, chacun mené par une brigade blindée et suivie de deux brigades d’infanterie, les premières étant transportées en TTB. Leur objectif est de fermer la brèche de Falaise afin d’empêcher les Allemands de se replier vers l’est depuis la poche de Falaise. Après les combats les plus violents jamais menés, la brèche est enfin fermée le 21 août, causant de lourdes pertes en vies humaines et en matériel chez les Allemands.

Nord-ouest de l’Europe

Après la fermeture de la brèche de Falaise, Guy Simonds mène son corps d’armée de l’autre côté de la Seine. Il participe ainsi à la prise des ports de la Manche, importants pour l’approvisionnement des Alliés, et poursuit les Allemands en retraite. Le 27 septembre, il remplace Crerar à la tête de la Première Armée canadienne, alors que ce dernier part se faire soigner en Grande-Bretagne. Il mène ensuite victorieusement cette armée lors de la rude bataille de l’Escaut, ce qui permet d’ouvrir le port d’Anvers, crucial pour les Alliés. Lorsque Crerar revient le 9 novembre et reprend la tête de la Première Armée canadienne, Simonds reprend le commandement du 2e Corps.

Simonds et Ralston

S’ensuit une période de relative inactivité de trois mois pour le 2e Corps, surnommée « l’hiver sur la Meuse ». La planification de l’opération Veritable, l’entrée des Alliés en Allemagne, est en cours. Les 2e et 3e Divisions d’infanterie participent aux premières attaques de la Première Armée canadienne lors de la bataille du Rhin le 8 février 1945, mais sous le commandement du XXXe Corps d’armée britannique. Le reste du 2e Corps n’y participe pas en raison de l’étroitesse du front d’attaque.

Le 15 février, le 2e Corps pénètre la ligne à gauche du XXXe Corps, avec ses trois divisions canadiennes et une division blindée britannique. Les deux corps font face à une résistance allemande tenace. Le 26 février, l’opération Blockbuster, deuxième phase de la bataille, commence. Guy Simonds reçoit d’importants renforts pour sa mission visant à percer la forêt de Hochwald. Le 2e Corps compte désormais trois divisions d’infanterie, deux divisions blindées et une brigade blindée. Après une manœuvre de retardement féroce, les Allemands se replient de l’autre côté du Rhin. Le 10 mars, les Alliés contrôlent la rive ouest.

La libération du nord-est des Pays-Bas et de la plaine d’Allemagne du Nord marque la dernière campagne de Guy Simonds dans le nord-ouest de l’Europe. (Voir aussi Libération des Pays-Bas.) Les combats se poursuivent jusqu’à la capitulation de l’Allemagne le 5 mai.

Prince Bernhard et Guy Simonds

Après la guerre

Immédiatement après la fin de la guerre, Guy Simonds supervise le rapatriement des soldats canadiens. Lorsque Charles Foulkes, son cadet en ancienneté, est nommé chef d’état-major général en août 1945, Simonds est contrarié et envisage de démissionner. Au lieu de cela, en 1946, il entre à l’Imperial Defence College de Londres, puis en devient instructeur-chef, un honneur insigne pour un Canadien.

Guy Simonds rentre au Canada au milieu de l’année 1949 et devient commandant du Collège de la Défense nationale et du Collège de commandement et d’état-major de l’Armée canadienne, tous deux situés à Kingston. Lorsque Charles Foulkes devient le premier président du tout nouveau Comité des chefs d’état-major, Simonds le remplace au poste de chef d’état-major général en février 1951.

En tant que chef d’état-major général, Guy Simonds supervise la réorganisation de l’Armée canadienne. Cette réorganisation vise à créer une brigade pour la guerre de Corée et à stationner en permanence un groupe-brigade en Allemagne de l’Ouest pour l’OTAN. (Voir Les Forces canadiennes en Europe pendant la Guerre froide.) Il pense aussi à ajouter six régiments d’infanterie à l’armée régulière et à établir la base Gagetown, au Nouveau-Brunswick, un lieu suffisamment grand pour l’entraînement simultané de deux divisions.

Retraite

Après sa retraite, en juin 1955, Guy Simonds travaille dans le monde des affaires. Il apporte aussi son aide à divers organismes de bienfaisance. Fervent défenseur des liens entre le Canada et la Grande-Bretagne, il critique les tentatives du gouvernement de resserrer ses liens avec les États-Unis. Il s’oppose vivement à l’unification des Forces armées canadiennes (mais pas à l’intégration du Quartier général de la Défense nationale), en raison des différences intrinsèques entre les trois services.

Guy Simonds est séparé de son épouse Katherine depuis plusieurs années quand, peu avant sa retraite, il rencontre Dorothy Sinclair. Il divorce de Katherine et épouse Dorothy en janvier 1960. À sa mort, d’un cancer du poumon en 1974, il est inhumé avec tous les honneurs militaires au cimetière Mount Pleasant de Toronto.

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Lecture supplémentaire

  • Dominick Graham, The Price of Command: A Biography of General Guy Simonds (1993).

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