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Chien d’ours de Tahltan

Le chien d’ours de Tahltan (prononcé taltanne) était l’une des cinq races de chiens uniquement canadiennes reconnues par le Club Canin Canadien (voir aussi Chiens au Canada). Bien que le nom de la race suggère que le chien ait appartenu seulement à la Nation Tahltan du nord-ouest de la Colombie-Britannique, le chien était également commun chez les autres Premières Nations de la région. Celles-ci incluaient les Tlingits, les Tagish, les Kaska et les Sékanis. Le peuple tahltan l’appelait « notre chien », ce qui a donné son nom à la race. Les peuples autochtones utilisaient le chien d’ours de Tahltan pour la chasse de subsistance, principalement pour l’ours, une activité à laquelle le petit chien excellait. La race est disparue dans les années 1970 ou 1980.

Apparence

Timbre du chien d’ours de Tahltan

Le chien d’ours de Tahltan est petit, mesurant entre 30 et 40,5 centimètres, et pesant entre 4,5 et 8 kilogrammes, soit à peu près la taille d’un fox-terrier. La race est typiquement noire et blanche, avec des oreilles dressées, un nez pointu et une queue courte et droite ressemblant à un blaireau de rasage. Son pelage mi-long est dense, et forme une collerette plus longue autour du cou.

Origines et historique d’élevage

Selon l’histoire orale Tahltan, le chien d’ours est présent parmi le peuple tahltan depuis les temps immémoriaux. Les légendes décrivent la manière dont il a été créé par magie pour protéger les peuples autochtones vivant dans ce qui est maintenant le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

L’explorateur Samuel Black documente le chien d’ours de Tahltan en 1824, les premiers documents écrits sur la race. Au début des années 1900, l’ethnographe James Teit documente également le chien durant ses études de la culture tahltan.

Le Club canin canadien (CCC) reconnaît le chien d’ours de Tahltan comme une race distincte en 1941. Les efforts faits par le policier J.B. Grey, affecté à Telegraph Creek en Colombie-Britannique à la fin des années 1930, ont grandement contribué à cette reconnaissance.

Le saviez-vous?

Le chien d’ours de Tahltan – l’une des cinq races canadiennes – est disparu. Les quatre races restantes sont le chien inuit canadien, le retriever de la Nouvelle-Écosse, le retriever de Terre-Neuve et le retriever du Labrador. Un autre chien originaire du Canada, le chien laineux des peuples salish, est disparu aux alentours des années 1900. La population des chiens laineux des peuples salish a connu un important déclin avant que le Club Canin Canadien n’ait l’occasion de la reconnaître officiellement comme race.


Le chien d’ours de Tahltan est largement échangé, ce qui a pour conséquence un certain nombre de chiens croisés. De plus, les Blancs qui arrivent sur le territoire des Tahltans apportent une variété de chiens dans la région, et la race devient de plus en plus mixte. En 1969, le chien d’ours de Tahltan est toujours présent en petit nombre à Telegraph Creek, Iskut et Atlin en Colombie-Britannique, et à Carcross, Whitehorse et Keno au Yukon.

Divers facteurs mènent à la disparition du chien, incluant les armes à feu modernes, les maladies et les gens négligeant de l’élever. Le dernier enregistrement d’un chien d’ours de Tahltan auprès du CCC se fait en 1953. Bien qu’il n’existe aucune date officielle, il semblerait que la race se soit éteinte dans les années 1970 ou 1980.

Tempérament et traits

Les propriétaires de chiens d’ours de Tahltan apprécient la bravoure, l’agilité, l’intelligence et la ténacité de cette race. Les chiens sont souvent élevés pour favoriser des habiletés spécifiques, incluant la chasse de certaines proies.

Bien qu’il soit intrépide, le chien d’ours de Tahltan ne s’en sort pas bien s’il est retiré de son habitat nordique. Selon les témoignages de membres de la Nation Tahltan, les chiens meurent ou tombent malades une fois loin de leur terre natale. Les raisons de ceci restent floues, mais elles incluent possiblement un changement de l’alimentation et du climat, ainsi que l’exposition à de nouvelles maladies.

Chien d’ours de Tahltan au repos

Chasse

Les peuples autochtones du nord-ouest de la Colombie-Britannique utilisent les chiens d’ours de Tahltan pour la chasse de subsistance. Bien qu’ils soient petits, ces chiens sont fougueux et excellent à la chasse au gros gibier. Comme leur nom l’indique, ils sont principalement reconnus pour leur chasse à l’ours. Cependant, ils chassent également d’autres animaux, comme l’orignal, le lapin, le porc-épic, le lynx, le tétras et le lagopède. Le chien d’ours de Tahltan aboie sans relâche durant la chasse pour signaler où se trouve la proie. Ses jappements ont des tonalités différentes pour des espèces d’animaux différentes.

Les chasseurs transportent souvent les chiens sur leur dos dans un sac avant de les relâcher, pour préserver leur énergie. Deux ou trois chiens sont utilisés pour la chasse à l’ours, qui a lieu en hiver ou au printemps. À cette époque de l’année, en raison de leur petite taille, les chiens d’ours de Tahltan peuvent courir sur la surface de la neige dure alors que les ours s’enfoncent et se débattent. Un des chiens court devant l’ours alors que l’autre le harcèle et l’épuise par-derrière, piégeant ainsi l’ours jusqu’à ce que le chasseur arrive.   

Chien d’ours de Tahltan

Rôle dans l’économie autochtone locale

Les chiens d’ours de Tahltan sont hautement valorisés par les peuples autochtones du nord-ouest de la Colombie-Britannique et du sud du Yukon. L’ethnographe James Teit affirme qu’ils sont aussi « indispensables pour les Tahltans que des raquettes à neige ». Lorsqu’il est interviewé par le chercheur Leslie Kopas, l’aîné Tahltan John Carlick l’exprime ainsi : « si vous aviez un chien d’ours, vous pouviez trouver du gibier. Si vous n’aviez pas de chien d’ours, vous mouriez de faim. » Contrairement aux autres chiens de travail, les propriétaires de chien d’ours de Tahltan vénèrent leurs chiens, ils leur construisent des abris et les accueillent même dans leurs tentes.

La bravoure du chien d’ours de Tahltan est célébrée dans la mythologie de la région. Les histoires locales racontent le rôle du chien dans la chasse de subsistance, et dépeignent les relations étroites entre les humains et les chiens.

Facteurs menant à l’extinction

Lorsque les marchands introduisent des armes à feu dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, le rôle du chien d’ours de Tahltan dans la subsistance des peuples autochtones de la région diminue considérablement. Les chasseurs peuvent tuer le gros gibier sans l’aide des chiens. Les chiens de traîneau deviennent plus importants que les chiens d’ours dans les activités de chasse. De plus, ces chiens de traîneau tuent les chiens d’ours lorsqu’ils les attrapent.

En plus des armes à feu, d’autres facteurs contribuent à l’extinction éventuelle du chien d’ours de Tahltan. Un nombre d’entre eux meurt au cours de la fin des années 1940 durant une épidémie de la maladie de Carré. En 1942, une épidémie de grippe et de rougeole tue de nombreux aînés de Telegraph Creek qui sont propriétaires de chiens d’ours. Suite à cette épidémie, de nombreux chiens d’ours de Tahltan sont abattus parce qu’ils courent en liberté. L’arrivée de la motoneige contribue également à la disparition du chien d’ours. Et finalement, le petit nombre de chiens d’ours de Tahltan qui sont encore présents à la fin des années 1960 ne sont plus reproduits et élevés.