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Cinéastes remarquables du Québec

Depuis des décennies, les réalisateurs et réalisatrices du Québec marquent de manière originale l’industrie cinématographique canadienne. Leurs œuvres captivent les spectateurs et les critiques du monde entier. Puisant à même la culture et l’histoire du Québec, ces cinéastes contribuent aux réflexions sur l’expérience francophone du pays. Voici, parmi d’autres, quelques personnalités importantes du cinéma québécois.

Pierre Perrault (1927-1999)

Pierre Perrault entreprend sa carrière à la radio comme scénariste et présentateur. En 1963, il se joint à l’Office national du film du Canada (ONF) et signe son documentaire Pour la suite du monde, premier film québécois sélectionné au Festival de Cannes. Ce long métrage tourné sur l’île aux Coudres est un témoignage envers les traditions des insulaires et leur culture. Pierre Perrault adopte une démarche alors innovante, nommée « cinéma direct ». L’effet immersif, poétique et réaliste de ce film naît de sa collaboration avec le cinéaste Michel Brault. Aux yeux des amateurs et amatrices, les deux artistes demeurent les figures de proue du cinéma direct canadien.

Pierre Perrault explore les thèmes de ses films avec une délicatesse poétique, une narration vernaculaire et une perspective humaniste. Ses documentaires et son cinéma sont marqués par une quête de vérité et une volonté de donner la parole aux gens ordinaires.

Certaines de ses œuvres mettent en évidence le quotidien de ceux et celles qui ont défriché les terres et colonisé le Québec. Sa série de films intitulée Le cycle abitibien nous transporte dans cet univers. Elle est constituée des documentaires « Un royaume vous attend » (1975), « Le retour à la terre » (1976), « C’était un Québécois en Bretagne madame ! » (1977) et « Gens d'Abitibi » (1980).

Gilles Carle (1928-2009)

En 1960, Gilles Carle se joint à l’ONF comme documentaliste et scénariste. Il signe la réalisation de plusieurs documentaires, notamment Percé on the rocks (1964). En 1965, il réalise son premier long métrage de fiction, La Vie heureuse de Léopold Z.

Carle, Gilles

En 1966, il se joint à Onyx films, où il réalise des films marquants tels que Le Viol d’une jeune fille douce (1968), Red (1970) et Les Mâles (1971). En 1971, il cofonde la société de production Productions Carle-Lamy. Des classiques du cinéma québécois y voient le jour, entre autres, La vraie nature de Bernadette (1972) et La Mort d’un bûcheron (1973).

Au cours des années 1980, il transpose à l’écran deux œuvres phares de la littérature québécoise : Les Plouffe (1981), suivi de Maria Chapdelaine en 1983. À sa mort en 2009, le Québec célèbre sa contribution exceptionnelle en lui offrant des funérailles nationales.

Denys Arcand (1941-)

Denys Arcand aborde dans ses œuvres des enjeux sociaux et politiques en offrant des critiques incisives de la société québécoise. Son documentaire On est au coton (1970) dénonce les conditions de travail dans l’industrie du textile, ce qui suscite un débat national sur les droits des travailleurs. Ses longs métrages de fiction, Le déclin de l’empire américain (1986) et Les invasions barbares (2003), abordent les sujets de la décadence sociale, des interactions humaines et des transformations culturelles de la fin du 20e siècle et du début du 21e siècle. Denys Arcand s’appuie notamment sur la satire et l’humour pour traiter des thèmes complexes. Les scénarios de ses films comportent aussi des références historiques et philosophiques. En 2004, le film Les Invasions barbares remporte l'Oscar du meilleur film étranger, une première pour un film québécois.

Denys Arcand

Jean-Marc Vallée (1963-2021)

L’aventure professionnelle de Jean-Marc Vallée commence par la production de vidéoclips. Le court métrage Stéréotypes (1992) témoigne des talents de réalisateur de son auteur. En 1995, il réalise son premier long métrage, Liste noire, un suspense qui rencontre un franc succès commercial et obtient neuf nominations aux prix Génie.

Jean-Marc Vallée gagne en renommée internationale grâce au long métrage C.R.A.Z.Y. (2005), un film dramatique qui met en lumière les questions identitaires vécues par un adolescent gai, élevé dans une famille traditionnelle. Ce projet cinématographique reçoit de nombreuses distinctions, notamment des prix Génie et Jutra (voir Prix Iris).

Jean-Marc Vallée

Au fil des années, il devient de plus en plus sollicité à Hollywood. Il réalise notamment : The Young Victoria (2009), Dallas Buyers Club (2013) et Wild (2014). Dallas Buyers Club remporte trois Oscars, dont celui du meilleur acteur pour Matthew McConaughey et du meilleur acteur dans un second rôle pour Jared Leto. Jean-Marc Vallée est également connu pour son travail à la télévision, notamment les séries pour la chaine HBO Big Little Lies (2017 à 2019) et Sharp Objects (2018), qui lui valent plusieurs Emmy Awards.

Jean-Marc Vallée a fait partie des artistes les plus prolifiques de la relève cinématographique québécoise actuelle.

Denis Villeneuve (1967-)

Ayant étudié le cinéma à l'Université du Québec à Montréal, Denis Villeneuve commence sa carrière par la réalisation de courts métrages documentaires pour l’émission La course destination monde (Europe-Asie) par Radio-Canada en 1990 à 1991 ― concours qu’il finit par remporter.

Denis Villeneuve

Ce succès l’amène à l’ONF où il réalise REW-FFWD (1994). Il se fait rapidement connaitre avec des films marquants tels que Un 32 août sur terre (1998), Maelström (2000), Polytechnique (2009) et Incendies (2010), lequel est nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Ces œuvres ont captivé le public québécois et ont été saluées à l'international.

Il est maintenant l’un des cinéastes les plus influents à Hollywood où il a réalisé plusieurs films tels que Arrival (2016), Blade Runner 2049 (2017), Dune: Part One (2021) et Dune: Part Two (2024).

Philippe Falardeau (1968-)

En 1992 à 1993, Philippe Falardeau participe à l’émission télévisée La course destination monde et remporte le concours. Par la suite, avec Pâté chinois (1997), il aborde de façon humoristique et satirique l’immigration chinoise au Canada.

Son premier long métrage, La Moitié gauche du frigo (2000), est bien accueilli. Il enchaine par la suite avec des films à succès tels que Congorama (2006), C'est pas moi, je le jure ! (2008) et Monsieur Lazhar (2011). Ce dernier est nommé aux Oscars en 2012 dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Son adaptation du roman d’Alain Farah Mille secrets mille dangers devrait prendre l’affiche en 2025.


Anaïs Barbeau-Lavalette (1979-)

Anaïs Barbeau-Lavalette commence sa carrière de cinéaste par des documentaires engagés tels que Les Petits princes des bidonvilles (2000) qui remporte le Prix du public au Festival Muestra Cultural de Montréal. Elle coréalise Buenos Aires, no llores (2001), un documentaire primé dans plusieurs festivals de cinéma à l’international. En 2002, elle participe à l’Odyssée du volontariat où elle réalise une série de courts métrages qui ont le bénévolat comme sujet commun. Ces documentaires sont diffusés en sept langues dans plus de cent pays.

Parmi ces documentaires on retrouve Les mains du monde (2004), qui présente des gens pour qui l’engagement social est devenu leur seule réponse aux problèmes comme la solitude et la pauvreté, et Si j’avais un chapeau (2005), qui donne la parole à des enfants de divers pays.

De 2004 à 2010, elle participe au projet du Wapikoni Mobile, une organisation autochtone sans but lucratif qui encourage et aide les jeunes des communautés autochtones à exprimer leur créativité audiovisuelle.

En 2007, elle réalise son premier long métrage de fiction, Le Ring. Son documentaire Les Petits Géants (2009), coréalisé avec Émile Proulx-Cloutier, remporte le prix Gémeaux du meilleur documentaire. Elle réalise également Se souvenir des cendres (2010), un documentaire sur le tournage du film Incendies de Denis Villeneuve.


Xavier Dolan (1989-)

Xavier Dolan fait ses premières apparitions à la télévision dès l’âge de quatre ans. On le voit régulièrement dans des publicités télévisées et dans certaines séries dramatiques québécoises comme Omertà, la loi du silence (1996) et L’Or (2001). Il gagne sa vie également dans le doublage de films ou de séries, de l’anglais au français québécois. À 17 ans, il réalise son premier long métrage, J'ai tué ma mère (2009), qui retient l’attention à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes et lui vaut par la suite plusieurs récompenses.

Depuis, il a réalisé plusieurs films célébrés par les critiques du septième art : Les Amours imaginaires (2010), Laurence Anyways (2012), Tom à la ferme (2013), Mommy (2014) et Juste la fin du monde (2016), qui repart avec le Grand Prix du Festival de Cannes.

En plus de ses réalisations cinématographiques, Xavier Dolan dirige des vidéoclips pour des artistes célèbres comme Adele. Il remporte notamment un prix Juno pour le vidéoclip de l’année Easy on Me.

Xavier Dolan, 2009.
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