Clayton Knight Committee
Le Clayton Knight Committee (Canadian Aviation Bureau) est mis sur pied en 1940 dans le but de recruter des aviateurs américains pour le PROGRAMME D'ENTRAÎNEMENT AÉRIEN DU COMMONWEALTH (PEACB). Au fur et à mesure qu'Hitler impose sa politique expansionniste en Europe, la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth comprennent qu'ils devront constituer une importante force aérienne s'ils veulent l'arrêter. La Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada créent alors le PEACB. L'ambitieuse entreprise permet de former plus de 130 000 membres d'équipage (dont 50 000 pilotes) provenant des quatre pays fondateurs, des autres pays du Commonwealth, des États-Unis et de l'Europe.
Bien que peu connu à l'époque, le PEACB reçoit l'aide de Billy BISHOP, le célèbre as canadien de la Première Guerre mondiale, qui conçoit et met sur pied le Clayton Knight Committee. Six mois avant que l'Allemagne ne déclenche la SECONDE GUERRE MONDIALE en envahissant la Pologne, le 1er septembre 1939, Bishop presse le besoin imminent d'entraîner des aviateurs. Il sait d'emblée que l'Aviation royale du Canada (ARC) sera incapable de recruter le personnel nécessaire pour former un nombre aussi considérable d'aviateurs. Sa solution consiste à puiser dans le bassin de l'aviation américaine, qui croît à grande vitesse, afin de pourvoir le PEACB en instructeurs de vol et en pilotes.
Bishop collabore avec deux pilotes de la Première Guerre mondiale, son ami américain Clayton Knight et le Canadien Homer Smith, dans le but de déterminer les conditions qui permettraient d'enrôler des Américains au sein de l'ARC sans violer la loi américaine portant sur les Américains dans les forces armées étrangères. Il reçoit également l'offre d'appui financier de Smith, héritier d'une fortune amassée grâce au pétrole.
Une semaine après avoir mis au point les derniers détails de ses échanges avec Knight et Smith, Bishop organise une rencontre avec le président Roosevelt, qui aura lieu à la Maison-Blanche en mars 1939. Après ce rendez-vous clé avec le président des États-Unis, Bishop, Knight et Smith donnent le nom de Clayton Knight Committee aux efforts de recrutement en sol américain. Knight en sera le directeur et le coordonnateur.
Au départ sensible au caractère public du projet, Knight cherche à mener le programme en secret, de manière à ne pas contrarier les Américains. Smith s'oppose à ce qu'un objectif aussi louable soit gardé secret. Il recommande l'établissement du quartier général à l'hôtel Waldorf-Astoria, à New York, et la mise sur pied de succursales dans des endroits très en vue d'un bout à l'autre des États-Unis. Cette décision assure le succès du programme et facilite le recrutement d'instructeurs par le PEACB.
Peu de temps après la déclaration de la guerre par les Alliés, le 3 septembre 1939, le Clayton Knight Committee est rapidement en mesure de faire connaître les résultats de son entreprise : une liste de 300 instructeurs américains. Il s'agit de pilotes d'expérience qui détiennent les compétences en matière de règles de vol aux instruments (IFR) et, pour un grand nombre d'entre eux, qui possèdent de l'expérience sur avion multimoteur. C'est avec enthousiasme qu'ils viennent au Canada en tant que pilotes civils contractuels pour le Canadian Aviation Bureau.
L'état-major de la Force aérienne canadienne accepte cette manne avec empressement. Même l'obstacle potentiel que représente le serment d'allégeance que doivent prêter les recrues américaines à la reine d'Angleterre au moment de joindre l'Aviation royale du Canada - pouvant entraîner la perte de leur citoyenneté - est surmonté lorsque le gouvernement canadien promulgue un décret qui remplace le serment d'allégeance par un accord provisoire conforme aux règles et disciplines de l'ARC pour la durée de leur service.
Au moment où le Japon attaque Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, forçant les États-Unis à entrer en guerre, 6129 aviateurs américains sont au service de l'ARC. Un peu plus de la moitié, soit 3886, reçoivent une formation du PEACB. Comme ils ont la possibilité de regagner les États-Unis, 3797 d'entre eux choisissent de retourner au sein de leurs propres forces armées. Au total, de 1939 à 1945, 8864 Américains servent auprès de l'ARC. De ce nombre, 5263 complètent leur service et 704 meurent à l'entraînement ou au combat. Un contingent supplémentaire de 300 Américains sert dans la RAF.
Une lettre de remerciements pour les services rendus par les Américains au Canada est expédiée aux États-Unis par le ministre associé de l'Air, C. G. Power. On y lit : « C'est avec regret, mais fiers du rôle qu'ils ont joué, que nous nous séparons des Américains qui se sont engagés dans notre organisation et qui ont formé une équipe si extraordinaire avec nos propres aviateurs canadiens. »