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Eric Cobham et Maria Lindsay

Les histoires de pirates et de combats de cape et d’épée ont captivé le public du monde entier pendant des siècles. L’une de ces histoires est celle d’Eric Cobham et de sa femme Maria Lindsay. La légende raconte que le couple aurait établi sa base dans la baie de St George’s, à Terre‑Neuve, d’où, de 1740 à 1760, il aurait attaqué des navires dans le golfe du Saint‑Laurent, avant de s’installer en France et de vivre dans un somptueux domaine. Eric Cobham, devenu magistrat et juge, aurait continué à commettre occasionnellement des actes de piraterie. Maria Lindsay est morte dans des circonstances mystérieuses, son époux étant, lui, décédé en 1780, après avoir prétendument dicté l’histoire de ses hauts faits. Cependant, ces mémoires ayant été perdus, les coups d’éclat du couple ne peuvent être établis avec certitude, amenant certains experts à affirmer qu’Eric Cobham et Maria Lindsay ne sont rien de plus que les personnages d’un conte de pirates.

Débuts de l’histoire

Eric Cobham serait né à Poole, une ville côtière du sud de l’Angleterre. Adolescent, il fait partie d’un groupe surpris en train de faire de la contrebande d’eau‑de‑vie en provenance de France. Avec ses compagnons il est capturé, fouetté et condamné à deux ans de prison. À sa libération, il travaille dans une auberge. Après avoir volé les pièces d’or d’un client, il s’enfuit de la région, achète un navire et engage un équipage.

La légende raconte que, pour son premier acte de pirate, Eric Cobham serait monté à bord d’un navire français, près de Bristol, avec son équipage, et aurait volé 40 000 £ d’or et de marchandises. Après avoir tué l’équipage du navire capturé et l’avoir coulé, il aurait, selon certaines sources, fait saborder son propre navire et assassiner son équipage, avant de vendre les marchandises en France, puis de retourner à Plymouth, en Angleterre, où il aurait, avec ses nouvelles richesses, acheté un grand navire et embauché un nouvel équipage.

C’est à peu près à l’époque de cet épisode qu’Eric Cobham rencontre Maria Lindsay, une prostituée locale, qui se joint à lui dans de nouvelles attaques contre des navires. En 1740, le couple, nouvellement marié, conduit son équipage à Terre‑Neuve où il établit sa base à Sandy Point dans la baie St. George, sur la côte sud‑ouest de l’île. Cependant, en l’absence de toute documentation témoignant qu’il aurait effectivement vécu en ces lieux, les experts affirment que cela reste douteux.

Contes de pirates

Au cours des 20 années suivantes, Eric Cobham et Maria Lindsay auraient mené de nombreuses attaques contre des navires traversant le golfe du Saint‑Laurent. Leur navire était un sloop noir de jais, à un seul mât, armé de canons et arborant un drapeau noir avec un crâne blanc au sommet de deux os croisés. Au combat, on raconte que Maria Lindsay portait l’uniforme volé d’un officier de la Royal Navy britannique.

Leurs activités présumées prennent place après l’époque connue sous le nom d’âge d’or de la piraterie, de 1650 à 1720. Contrairement aux pirates de cette époque, comme Pierre Easton et Henri Mainwaring, surnommés « les gentlemen pirates », les Cobham auraient régulièrement fait preuve d’une cruauté sadique. On raconte notamment qu’après avoir capturé un navire, ils auraient attaché les membres de l’équipage à un mât et les auraient utilisés comme cibles pour s’entraîner au tir. On dit aussi que Maria Lindsay, curieuse d’assister à une mort par empoisonnement, aurait, pour satisfaire sa curiosité, empoisonné les membres d’un équipage capturé pour pouvoir les regarder mourir. Même lorsqu’ils ne torturaient pas leurs victimes, certaines sources indiquent qu’ils coulaient systématiquement les navires capturés et assassinaient leur équipage. Eric Cobham a apparemment justifié ces pratiques meurtrières avec la formule : « Les chats morts ne miaulent pas. » Cependant, il n’existe aucun document officiel indiquant que de telles exactions se soient effectivement produites.

Vie présumée en France

L’histoire raconte que vers 1760, le couple s’installe sur un grand domaine, près du Havre, en France où Eric Cobham se mue en membre respecté de la société française, occupant pendant 12 ans des postes de magistrat local puis de juge. Cependant, tout en ayant intégré l’aristocratie française, il aurait tout de même poursuivi ses activités criminelles. Selon un récit, il aurait utilisé son bateau personnel pour capturer un bâtiment non armé, tuer son équipage, puis vendre le navire volé et ses marchandises à Bordeaux.

Décès et héritage

On a dit que Maria Lindsay souffrait d’alcoolisme et d’épisodes de dépression (voir santé mentale) et que le couple connaissait de fréquentes disputes. Un jour, le corps de l’épouse d’Eric Cobham aurait été retrouvé dans des eaux peu profondes, sous une haute falaise, à proximité de leur domaine, sans que l’on sache s’il s’agissait d’un suicide ou d’un meurtre.

Certains affirment qu’avant sa mort en 1780, Eric Cobham aurait avoué ses crimes et dicté l’histoire de sa vie à un prêtre, demandant qu’un livre soit écrit à son sujet. Ses héritiers auraient brûlé le manuscrit ou, selon une autre version, auraient acheté et brûlé chaque exemplaire de l’ouvrage après sa publication. En raison de la perte de ces mémoires, ses exploits ne peuvent être prouvés. De nombreux navires qui auraient été victimes de ses actes de piraterie ont été officiellement répertoriés comme perdus en mer.

Malgré les incertitudes entourant la vie et la geste d’Eric Cobham et Maria Lindsay, leur légende perdure. Leurs aventures ont été décrites dans de nombreux livres, articles et expositions de musées, et même célébrées dans une pièce de 2005 intitulée Dead Cats Don’t Meow : The Legend of Eric Cobham.