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Collège militaire royal du Canada

La guerre de 1812 métamorphose la petite ville de Kingston. En 1813, la Marine royale intègre le petit établissement naval de l'armée. Kingston est une ville clé pour le Haut-Canada et la présence de la Royal Navy sur le lac Ontario en assure la défense de façon efficace.
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\u00c9l\u00e8ves officiers du Coll\u00e8ge militaire royal (avec la permission de la Commission canadienne du tourisme).

Collège militaire royal du Canada

Le Collège militaire royal du Canada (RMC) a été fondé à Kingston, en Ontario, en 1874. Le RMC se trouve sur un lieu où se sont déroulés des événements historiques importants. Avant que n'existe le RMC, Point Frederick est établi en 1789 en tant que dépôt naval lorsque le lieutenant-gouverneur ordonne à la Marine provinciale de quitter l'île Carleton pour aller à Kingston. En 1783 et 1784, Kingston sert de camp de réfugiés aux United Empire Loyalists. Bien que Kingston ne soit pas l'endroit idéal pour une station navale, il s'agit de l'endroit le plus populeux du Haut-Canada, ce qui en fait un choix logique pour y implanter cet établissement.

La guerre de 1812 métamorphose la petite ville de Kingston. En 1813, la Marine royale intègre le petit établissement naval de l'armée. Kingston est une ville clé pour le Haut-Canada et la présence de la Royal Navy sur le lac Ontario en assure la défense de façon efficace. On améliore les installations du chantier naval et on érige plusieurs édifices de pierre, ce qui comprend un entrepôt construit en pierre connu sous le nom de la Frégate. D'ailleurs, cet édifice existe encore aujourd'hui.

En 1816, le capitaine A.G. Douglas, du Nova Scotia Regiment, propose la mise en place d'un collège militaire, mais il faudra 60 ans avant que le Canada ne possède un collège pour entraîner les officiers. En 1874, le lieutenant-colonel Walker Powell, qui agit à titre d'adjudant général de la Milice, propose que le Canada instaure une école militaire qui fournirait une éducation militaire et scientifique. Jusqu'à ce jour, les élèves-officiers canadiens devaient étudier en Angleterre.

Le premier ministre Alexander Mackenzie appuie cette idée. En peu de temps, le gouvernement fait adopter une loi pour construire un établissement « qui a pour but de donner une instruction complète dans tous les domaines de la tactique militaire, de la fortification et du génie et des connaissances scientifiques générales dans les disciplines qui sont directement liées à la profession militaire et nécessaires à la connaissance approfondie de celle-ci; et pour permettre à des officiers d'être qualifiés pour des postes de commandement et d'état-major ». Kingston, grâce à ses antécédents militaires, est choisi comme lieu d'implantation du collège, et certains des édifices du chantier naval de Point Frederick sont intégrés à l'école.

L'école suit le modèle de la United States Military Academy de West Point. Le RMC ouvre le 1er juin 1876, avec 18 cadets et un personnel formé d'officiers britanniques et d'un civil canadien. Son succès précoce est évident dans les remarques de sir Charles Tupper à sir Adolphe Caron, ministre de la Milice, en 1886. « Je considère le Collège militaire canadien comme l'un des meilleurs de sa classe dans le monde. La formation et les résultats sont, à tous les égards, d'un niveau élevé, et même les Américains, selon ce que j'ai compris, disent qu'il est meilleur que celui de West Point. »

En 1878, la reine Victoria lui accorde le privilège d'utiliser la mention « royal ». Le 2 juillet 1880, les élèves de la première promotion obtiennent leurs diplômes. Avant la Première Guerre mondiale, la plupart des anciens cadets choisissent d'exercer des professions au civil surtout en génie. Chaque année, quatre diplômés reçoivent un brevet d'officier pour poursuivre une carrière dans l'armée britannique. Après 1919, le RMC peut compter sur un personnel canadien et le major-général sir Archibald Macdonnell sera le premier Canadien à y occuper le poste de commandant. On exige alors des diplômés qu'ils accomplissent une période de service militaire au sein des forces régulières ou pour la Milice canadienne. On reconnaissait que le cours de génie offert par le RMC permettait d'acquérir les compétences requises pour la pratique de la profession. Certaines universités canadiennes, de même que des barreaux provinciaux, admettaient des diplômés du RMC pour une dernière année d'études avant de leur décerner un diplôme. Durant la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux anciens cadets détenaient un grade élevé. En 1942, le RMC ferme ses portes, mais les ouvre à nouveau en 1948 et constitue l'un des trois collèges militaires canadiens (CMC). À partir de 1954, le Programme de formation des officiers de la Force régulière (PFOR) exige de la part de tous les diplômés des CMC qu'ils obtiennent un brevet d'officier des forces régulières, mais, en 1961, on instaure à nouveau un programme court d'intégration à la Réserve. À partir de 1959, le RMC décerne des diplômes et on augmente les cours de niveau supérieur en 1964.

En 1952, le gouvernement du premier ministre Louis Saint-Laurent établit la nécessité d'un collège militaire bilingue afin de fournir une représentation plus équitable des Canadiens français dans la milice et fonde le Collège militaire royal de Saint-Jean (CMR). L'école reçoit sa propre charte en 1985 et est autorisée, en 1988, à accorder des diplômes d'études supérieures.

Le premier diplômé du RMC est Desmond Morton, un des historiens canadiens les plus lus du monde et un collaborateur de l'Encyclopédie canadienne. Les femmes commencent à y être admises comme étudiantes en 1979. Depuis 2000, le RMC est administré en tant que membre de l'Académie canadienne de la Défense (ACD). Après la fermeture du Collège militaire Royal Roads et du Collège militaire royale de Saint-Jean (CMR), en 1995, causée par la coupure budgétaire de 1,3 milliard de dollars dans le budget de la défense par le gouvernement libéral, le RMC devient le seul collège militaire du Canada. Le CMR ouvre de nouveau ses portes en 2007.

Voir aussi COLLÈGES MILITAIRES ET D'ÉTAT-MAJOR et DÉFENSE NATIONALE.