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Collège militaire royal du Canada

Le Collège militaire royal du Canada (CMRC), situé à Kingston en Ontario, est la première université militaire du pays. Le Collège a été établi en 1876, et il offre des programmes de premier et de deuxième cycle dans les domaines militaires et civils, en mettant l’accent sur le leadership, la pensée stratégique et l’excellence académique. Le mandat de l’institution est de former des officiers qui sont à la fois des leaders militaires hautement qualifiés et des professionnels accomplis.

Élèves officiers du Collège militaire royal

Fondation du Collège militaire royal du Canada

Le Collège militaire royal du Canada (CMRC) se trouve sur le site d’événements historiques importants. Avant que le CMRC existe, Point Frederick, territoire traditionnel des Hurons-Wendat, des Anishinaabe et des Haudenosaunee, est établi en 1789 en tant que dépôt naval lorsque le lieutenant-gouverneur ordonne à la marine provinciale de se relocaliser de l’île Carleton à Kingston. Kingston est établi en tant que colonie de réfugiés pour les loyalistes de l’Empire-Uni en 1783-1784. Bien que Kingston ne soit pas l’endroit idéal pour une station navale, c’est le principal centre de population du Haut-Canada et c’est donc officiellement un choix logique.

La guerre de 1812 transforme la petite ville de Kingston. En 1813, la Marine royale absorbe le petit établissement naval de l’armée. Kingston est une ville clé pour le Haut-Canada et la présence de la Marine royale sur le lac Ontario assure le succès de sa défense. On améliore les installations du chantier naval et on érige plusieurs édifices de pierre, ce qui comprend un entrepôt construit en pierre connu sous le nom de Stone Frigate, qui existe encore aujourd’hui.

En 1816, le capitaine A.G. Douglas du Nova Scotia Regiment propose l’établissement d’un collège militaire, mais il faut attendre 60 ans avant que le Canada ne dispose d’un collège pour la formation des officiers militaires. En 1874, le lieutenant-colonel Walker Powell, adjudant général de la milice, propose que le Canada instaure une école militaire qui fournirait à la fois une éducation militaire et scientifique. Jusqu’à ce jour, les élèves officiers canadiens devaient étudier en Angleterre.

Le premier ministre Alexander Mackenzie soutient cette idée. En peu de temps, le gouvernement fait adopter une loi pour construire une institution « qui a pour but de donner une éducation complète dans tous les domaines de la tactique militaire, de la fortification, de l’ingénierie et des connaissances scientifiques générales, dans les disciplines qui sont liées et nécessaires à une connaissance approfondie de la profession militaire, ainsi que pour permettre à des officiers d’être qualifiés pour des postes de commandement et d’état-major ». Kingston, grâce à son histoire militaire, est choisi comme site du collège, et certains des édifices du chantier naval de Point Frederick sont utilisés pour l’hébergement.

L’école suit le modèle de la United States Military Academy de West Point, dans l’état de New York. Le CMRC ouvre le 1er juin 1876 avec 18 cadets, et un personnel formé d’officiers britanniques et d’un civil canadien. Son succès précoce est évident dans les remarques de sir Charles Tupper à sir Adolphe Caron, ministre de la Milice, en 1886 : « Je considère le Collège militaire canadien comme l’un des meilleurs de sa classe dans le monde. La formation et les résultats sont, à tous les égards, d’un niveau élevé, et même les Américains, selon ce que j’ai compris, disent qu’il est meilleur que celui de West Point. » Le titre « royal » est conféré par la reine Victoria en 1878.

Les cadets du CMRC devant l’église anglicane St. Georges, à Kingston.

Diplômés du Collège militaire royal

La première promotion reçoit son diplôme le 2 juillet 1880. Avant la Première Guerre mondiale, la plupart des anciens cadets choisissent d’exercer des professions civiles, surtout en ingénierie, et quatre diplômés obtiennent une commission dans l’armée britannique chaque année. Après 1919, le CMRC est doté d’un personnel canadien, le premier commandant canadien étant le major général sir Archibald Macdonnell. Les diplômés doivent servir dans les forces actives de la Couronne ou dans la milice canadienne. Le cours d’ingénierie offert par le CMRC est reconnu comme une qualification pour exercer la profession; certaines universités canadiennes et certains barreaux provinciaux acceptent que des diplômés du CMRC obtiennent avec eux leurs diplômes en faisant une dernière année. Durant la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux anciens cadets occupent des grades militaires élevés.

En 1942, le CMRC ferme ses portes, mais les ouvre à nouveau en 1948 pour devenir l’un des trois collèges du Canadian Service Colleges (CSC). À partir de 1954, le Programme de formation des officiers de la Force régulière (PFOR) exige que tous les diplômés des CSC obtiennent une commission régulière, mais un petit programme d’intégration à la Réserve est rétabli en 1961. À partir de 1959, le CMRC décerne des diplômes et des cours de deuxième cycle sont ajoutés en 1964.

Programme d’études et valeurs fondamentales

En 1999, le programme d’études de base du CMRC est révisé pour mettre l’accent sur les compétences clés plutôt que sur des cours spécifiques. Ces compétences comprennent l’éthique, le leadership, l’histoire canadienne et militaire, les affaires internationales et les disciplines scientifiques, mettant en évidence une éducation complète pour préparer les élèves au leadership dans les Forces armées canadiennes.

L’approche pédagogique du CMRC est structurée autour de quatre piliers : l’excellence académique, la formation militaire, la condition physique et le bilinguisme. Le Collège veille à ce que l’enseignement obligatoire du premier cycle soit offert dans les deux langues officielles du Canada, ce qui démontre son engagement à intégrer et à promouvoir les principes d’équité, de diversité et d’inclusion. Les pratiques d’embauche, le programme d’études et les politiques institutionnelles du CMRC reflètent également les valeurs fondamentales du Collège.

Le Collège militaire royal de Saint-Jean

En 1952, le gouvernement du premier ministre Louis Saint-Laurent établit la nécessité d’un collège militaire bilingue afin de fournir une représentation plus équitable des Canadiens français dans l’armée et il fonde le Collège militaire royal de Saint-Jean (CMR). L’école reçoit sa propre charte en 1985 et est autorisée à décerner des diplômes d’études supérieures en 1988.

Desmond Morton, un des historiens canadiens les plus lus du monde et un collaborateur de L’Encyclopédie canadienne, fait partie des diplômés du CMR.

Depuis 2000, le Collège royal militaire du Canada est administré en tant que partie de l’Académie canadienne de la Défense (ACD). Après la fermeture du Collège militaire Royal Roads (RRMC) et du Collège militaire royal de Saint-Jean en 1995, dans le cadre d’une réduction de 1,3 milliard de dollars dans le budget de la défense par le gouvernement libéral, le Collège royal militaire devient le seul collège militaire du Canada jusqu’en 2007, lorsque le Collège militaire royal de Saint-Jean ouvre de nouveau ses portes.

Première cohorte d’élèves officiers féminins

Le Collège militaire royal du Canada franchit une étape historique en 1980 en admettant sa première cohorte de 32 élèves officiers féminins, faisant ainsi la transition d’une institution exclusivement masculine. Cette mesure s’inscrit dans une démarche plus large en faveur de l’équité, de la diversité et de l’inclusion, reflétant les changements sociétaux et l’engagement du Collège à former des leaders qui incarnent ces valeurs. Les cadettes sont d’abord confrontées à des défis importants, incluant une surveillance accrue et des préjugés culturels, et elles doivent prouver leur compétence sans éclipser leurs pairs masculins. Dans son livre The Stone Frigate: The Royal Military College’s First Female Cadet Speaks Out, Kate Armstrong, diplômée du Collège, raconte son expérience en tant que membre de la première cohorte féminine en 1980. Kate Armstrong reçoit le prix Alison Prentice 2019-2020 de la Société historique de l’Ontario pour son travail. En 2022, pour commémorer l’admission historique des premières cadettes au Collège royal militaire, la classe de 1981 fait don au Collège d’une statue en bronze représentant une cadette. Cette statue sert de reconnaissance à la diversification qui a commencé dans les années 1980, marquant un moment important dans l’histoire du Collège en matière d’inclusion et de diversité.

Engagement envers les perspectives autochtones

Le Collège militaire royal du Canada (CMRC) est actuellement engagé dans les efforts d’autochtoniser son programme d’études de premier cycle, un processus visant à intégrer les perspectives et les connaissances autochtones dans ses programmes d’éducation. Grâce à la création du Curriculum Indigenization Working Group, le CMRC examine les processus utilisés par d’autres universités canadiennes et collabore avec les communautés autochtones pour formuler des recommandations qui respectent les liens historiques que les peuples autochtones entretiennent avec les terres du CMRC.

D’autres programmes, comme le programme d’initiation au leadership à l’intention des Autochtones, visent à mettre en contact les jeunes Autochtones avec le CMRC et la communauté de la défense en général, ainsi qu’à apporter des changements positifs dans le paysage militaire canadien en façonnant un environnement inclusif. Ces initiatives font partie d’un plan global visant à mieux refléter le patrimoine diversifié du Canada et à répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.

Voir aussi Collèges militaires et d’état-major; Ministère de la Défense nationale.

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