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Community Concerts

Community Concerts. Sociétés de concert indépendantes, organisées par les localités elles-mêmes et affiliées à Community Concerts, Inc., une filiale de Columbia Artists Management Inc. de New York.

Community Concerts

Community Concerts. Sociétés de concert indépendantes, organisées par les localités elles-mêmes et affiliées à Community Concerts, Inc., une filiale de Columbia Artists Management Inc. de New York.

Le concept d'auditoires préalablement recrutés germa aux É.-U. dans les années 1920 sous le nom de Civic Music Assn, une entreprise qui cherchait à attirer les meilleurs interprètes dans des villes de dimensions moyennes ou même petites, sans faire courir de risques financiers aux organisateurs. Auparavant, alors que les grandes villes pouvaient presque toujours compter sur un public nombreux lors de la venue de musiciens prestigieux et ainsi éviter les déficits, les localités de moindre envergure devaient subir des déficits déprimants entre le cachet de l'artiste et les recettes de la vente des billets. Inspiré par Harry P. Harrison et Dema Harshbarger en 1920, Ward French, un jeune musicien amér., développa l'Organized Audience Movement à partir de 1922; il imagina un plan nouveau, qui non seulement éviterait de telles pertes, mais encouragerait des bénévoles de la localité à participer à l'organisation de concerts. Le plan était basé, dans un premier temps, sur le recrutement de l'auditoire par la communauté elle-même au moyen d'une campagne d'abonnements d'une semaine et, dans un deuxième temps, sur le choix et l'engagement d'artistes en fonction des résultats de cette campagne. De cette façon, une localité n'engagerait que les seuls artistes qu'elle pourrait rémunérer et, en même temps, toutes les personnes intéressées à la musique pourraient s'impliquer dans la campagne de recrutement.

L'idée eut un tel succès qu'en 1928 elle fut adoptée par la Columbia Concerts Corporation de New York - devenue en 1948 Columbia Artists Management Inc. Une filiale, Community Concerts Inc., commença à travailler avec des communautés pour les aider à former leurs propres Community Concerts. Des représentants de New York visitaient les communautés, munis de renseignements sur les artistes disponibles. En retour, les Community Concerts devaient accepter d'engager tous leurs artistes à New York par l'entremise de Community Concerts, Inc. Une fois que l'association locale avait fait son choix, le bureau de New York préparait les contrats, remettait à l'association locale le matériel publicitaire et faisait suivre le programme imprimé, prêt pour la distribution au moment du concert. Chaque association était libre de choisir tout artiste à la mesure de ses moyens, cependant, dans certains cas, le bureau engageait lui-même des artistes ou des groupes d'artistes pour des tournées de Community Concerts dont les associations locales pouvaient bénéficier, selon leur situation géographique. Les cachets étaient négociés avec l'artiste, et un pourcentage revenait à Community Concerts, Inc. La somme globale était alors versée directement par l'association locale à Community Concerts, Inc. de New York qui, à son tour, remettait sa part à l'artiste.

Le succès des Community Concerts dans les villes américaines incita les Canadiens à lancer des entreprises similaires. La première ville canadienne à s'affilier à Community Concerts, Inc. fut Kitchener, Ont., qui organisa en 1930 sa propre association de Community Concerts. Le succès remporté encouragea Hamilton à suivre ses traces en 1931 et, en quelques années, plusieurs villes de l'Ontario, des Maritimes et du Québec formèrent leurs propres Community Concerts. Au Canada français, les associations portaient le nom de Sociétés des concerts. Vers 1940, le mouvement des Community Concerts avait essaimé dans tout le Canada, donnant ainsi la chance à plusieurs villes et localités moyennes et petites de profiter des exécutions d'artistes universellement renommés ou en voie de le devenir : Pierrette Alarie, Licia Albanese, Marian Anderson, Rose Bampton, Canadian Brass, Robert Casadesus, Richard Crooks, Nelson Eddy, Betty-Jean Hagen, Denis Harbour, Sheila Henig, Alexander Kipnis, John Knight, Arthur LeBlanc, Lois Marshall, Yehudi Menuhin, Ezio Pinza, Louis Quilico, Arthur Rubinstein, Léopold Simoneau, Teresa Stratas, Gladys Swarthout, Ronald Turini et de nombreux autres. Cela fut possible en partie grâce à l'organisation de concerts qui visait à ce que les artistes évitent de longs voyages entre leurs engagements et visitent des petites villes dans leurs tournées.

En 1955, Community Concerts of Canada, Inc. devint une filiale de Community Concerts, Inc., établit son siège social à Ottawa et se dota d'un conseil d'administration formé de Canadiens. Néanmoins, les Community Concerts locaux continuèrent à traiter avec le bureau-chef de New York. Dans les premières années, des artistes américains étaient le plus souvent engagés, mais au fur et à mesure que les organisateurs locaux acquirent des goûts plus sophistiqués et une meilleure connaissance des talents canadiens, ils invitèrent un nombre croissant de musiciens canadiens dans les villes affiliées aux Community Concerts, tant au Canada qu'aux États-Unis.

Au moment de leur plus grande popularité, dans les années 1950, le nombre des Community Concerts au Canada s'éleva à 75. Cependant, dans les années 1970, ce nombre déclina, en grande partie parce que plusieurs conseils des arts provinciaux avaient mis sur pied leur propre office des tournées et parce que l'augmentation du nombre d'impresarios canadiens avait encore plus stimulé les communautés à engager directement des musiciens.

Il y avait encore 15 Community Concerts en opération au Canada en 1990 (en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, en Ontario et au Québec), assistés par des représentants de Columbia Artists de New York. Même si cette réduction numérique révèle une désaffection des services fournis par l'agence américaine, il serait erroné de l'interpréter comme une dépréciation du travail de pionnier des Community Concerts. En ouvrant la voie à une diffusion massive des concerts dans les petites villes du Canada, le mouvement a permis à des milliers de Canadiens vivant hors des grands centres d'entendre des artistes qu'ils n'auraient sans doute jamais pu entendre autrement.