Compositions inspirées du folklore.
1. Avant 1920
2. 1920-1940
3. 1940-1990
4. Compositions inspirées de la musique autochtone
l. Avant 1920
La musique des autochtones et les chansons folkloriques des colons ont incité les compositeurs à créer un imposant répertoire d'arrangements et de compositions originales. Ce répertoire va des harmonisations limitées à des accords et à des accompagnements plus ornés des airs, aux oeuvres majeures utilisant comme matériau thématique des motifs folkloriques authentiques ou inventés. Genre le plus fréquent, l'harmonisation pour chant et piano est suivie en popularité par l'arrangement pour choeur à trois ou à quatre voix. Les pots-pourris, les suites, les rhapsodies, les thèmes et variations et les ouvertures sont les formes les plus courantes des compositions plus élaborées. Les listes qui suivent donnent des exemples de la musique issue de plusieurs traditions culturelles traitées de diverses manières.
Les tentatives occasionnelles des compositeurs européens du XVIIIe siècle en vue d'imiter la musique des Amérindiens sont ici hors de propos, puisqu'elles se fondaient sur des modèles fantaisistes plutôt que des modèles authentiques. (Voir les références à Rameau et à Grétry dans l'article « Le Canada dans la musique européenne et celle des États-Unis » 1.) La première oeuvre musicale inspirée par une audition de musique folklorique canadienne fut probablement « Canadian Boat Song » (1804) de Thomas Moore. De nombreux éditeurs et commentateurs ne se sont pas rendus compte que la chanson de Moore n'est pas une harmonisation ou une nouvelle version d'une chanson de voyageurs, mais bien une mélodie originale utilisant le motif initial d'une de ces chansons comme point de départ seulement. Le premier volume publié de Canadian Airs (Londres 1823), chansons recueillies par le lieutenant George Back au cours de ses voyages sur la rivière Coppermine, dans les Territoires du Nord-Ouest, montre peu de respect pour les chansons canadiennes-françaises : les textes sont remplacés par des paroles anglaises inventées et dans les accompagnements au clavier, écrits par des musiciens n'étant jamais venus au Canada, on a adapté librement les mélodies selon la mode de l'époque quant à l'harmonie. (Pour obtenir des renseignements supplémentaires sur ce recueil, voir Ethnomusicologie et Musique folklorique canadienne-française.)
Les plus anciennes harmonisations de chansons folkloriques qui subsistent encore sont sans doute les deux Chansons de voyageurs canadiens, « Mon père a fait faire un étang » et « En roulant ma boule », arrangées pour piano et voix par Frédéric Glackemeyer, vers 1817, et dont les manuscrits sont conservés à Québec dans une collection privée (la seconde est reproduite dans le PMC, vol. VII). En 1818, Stephen Codman se proposa pour publier Introduction and Variations on a Canadian Melody moyennant une subvention, mais il n'existe aucun exemplaire connu d'une telle publication. Des mélodies furent publiées dans des périodiques canadiens vers 1840, notamment « C'est la belle Française » (« C'est la belle Françoise ») (janvier 1840) et « Le Fils du roi » (mars 1840) dans Literary Garland, et « À la claire fontaine » (juin 1846) dans l' Album littéraire et musical de la Revue canadienne, tous deux à Montréal. Les arrangements s'adressaient à des pianistes peu avancés, à l'instar de plusieurs pots-pourris et suites de danses. Les mélodies les plus connues étaient « À la claire fontaine », « En roulant ma boule », « Vive la Canadienne » et « V'là l'bon vent! ». Des exemples caractéristiques sont le Quadrille canadien d'Antoine Dessane (1855) et Le Carnaval de Québec, « quadrille sur des airs populaires et nationaux » d'Ernest Gagnon (1862). La première oeuvre à imiter la musique autochtone fut peut-être une pièce de genre de Gagnon, Stadaconé, « danse sauvage » pour piano (1858, reproduite dans le PMC, vol. I). La passion que vouait Gagnon à la musique folklorique porta ses fruits dans son célèbre recueil de plus de 100 chansons, Chansons populaires du Canada (Québec 1865). Cet ouvrage renfermait seulement les mélodies, sans accompagnement, mais les arrangements pour choeur de nombreuses chansons folkloriques signés par Gagnon parurent dans les collections Les Soirées de Québec (1887) pour trois voix et piano, Cantiques populaires du Canada français (1897) pour quatre voix mixtes et orgue et Chants canadiens (s.d.) pour quatre voix mixtes et piano ad lib. À partir de 1865, stimulés par Gagnon ou à cause d'une connaissance personnelle de la chanson folklorique, de plus en plus de musiciens adaptèrent ces documents. Oscar Martel, par exemple, écrivit Airs canadiens variés op. 2, pour ses récitals de violon. Alexis Contant composa une série de Variations sur « Un Canadien errant » pour piano et Jules Hone signa deux oeuvres pour violon et piano, La Canadienne et Souvenir d'Arthabeska [sic]. Dans ses Vingt Chansons populaires du Canada (1893), Achille Fortier propose un accompagnement de piano modérément difficile et plein d'invention harmonique. Le premier compositeur canadien-anglais à utiliser la chanson folklorique française fut probablement Susie Frances Harrison (« Seranus ») dans ses Trois Esquisses canadiennes (1887) pour piano, et dans son opéra Pipandor (fin des années 1880). L'organiste français Eugène Gigout composa une Rhapsodie sur des airs canadiens pour son instrument (Durand, avant 1898). Voici une liste d'oeuvres pour harmonie ou pour orchestre datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, dans un ordre chronologique approximatif :
Lavallée, Pas redoublé sur des airs canadiens, harmonie (datant probablement des années 1870; première page reproduite dans La Presse, Montréal, 9 novembre 1912).
Vézina, Mosaïque sur des airs populaires canadiens, harmonie (1880).
Paul Gilson, Fantaisie sur des mélodies populaires canadiennes, (La Guignolée, V'là l'bon vent; Le Canadien errant), orchestre (Breitkopf 1891).
Contant, Fantaisie sur des airs canadiens (1900).
Harriss, Canadian Fantasie, orchestre (exécutée en 1904).
Sir A. Mackenzie, Canadian Rhapsody, op. 67, orchestre (Breitkopf v. 1905).
L.-P. Laurendeau, Laurentian Echoes, pot-pourri pour harmonie ou orchestre; The Shores of the Saint Lawrence, pot-pourri pour harmonie.
La cueillette de musique folklorique de langue anglaise ne commença pas véritablement avant le début du XXe siècle. Comme la plupart des chansons se chantaient dans les Maritimes et à Terre-Neuve et que la plupart des compositeurs vivaient au centre du Canada, il y eut peu de contacts. Lays of the Maple Leaf, or Songs of Canada (1853) de James Paton Clarke mérite toutefois une mention comme essai de composition de chansons dans un style folklorique sur des paroles traitant des réalités de la vie canadienne.
1920-1940
Les années 1920 furent sous plusieurs aspects une décennie très pauvre dans la vie musicale canadienne, mais eurent une extraordinaire importance quant au présent sujet. Elles établirent des contacts étroits entre les collecteurs, les compositeurs, les interprètes et les promoteurs ainsi qu'entre la chanson folklorique et la composition. Le Canada comptait alors nombre de jeunes compositeurs bien formés, doués et originaux, qui réagissaient avec enthousiasme aux découvertes de collecteurs tels que Marius Barbeau, É.-Z. Massicotte, W. Roy Mackenzie et plusieurs autres. Barbeau et Massicotte publièrent en 1919 un nouveau recueil de mélodies et organisèrent les Soirées du bon vieux temps à Montréal. Les récitals de chansons folkloriques amorcés dans cette ville par Charles Marchand l'année suivante, et poursuivis par ses quatuors masculins, Le Carillon canadien (1922) et les Troubadours de Bytown (1927), créèrent un besoin pratique d'arrangements. Pierre Gautier et Oscar O'Brien devinrent ses principaux arrangeurs et, à son tour, O'Brien inculqua à ses élèves Hector Gratton et Lionel Daunais un intérêt pour la composition inspirée par la musique folklorique. En outre, parallèlement à Geoffrey O'Hara, O'Brien signa les accompagnements de Canadian Folk Songs, Old and New (1927) de John Murray Gibbon, recueil de chansons canadiennes-françaises, avec paroles en français et en anglais, qui connut une diffusion importante.
Alors que Barbeau se classe au premier rang parmi les collecteurs de cette décennie, et Marchand parmi les interprètes, personne ne surpassa Gibbon comme promoteur et organisateur. Homme de lettres et archéologue de formation, Gibbon devint agent de publicité pour le CP en 1907. Vingt ans plus tard, il mit sur pied une série de festivals (voir festivals du CP) qui alliaient la promotion des hôtels et chemins de fer du CP à la présentation de musique folklorique, d'artisanat, de danse et d'autres arts du Canada. Au moins 17 festivals eurent lieu dans des villes entre 1927 et 1931, de Victoria à Québec en passant par Banff. En 1928, le festival de Québec comportait l'annonce, et dans certains cas l'exécution, d'oeuvres gagnantes du concours E.W. Beatty, concours de compositions basées sur des chansons folkloriques canadiennes-françaises. Les oeuvres primées furent notamment la Suite pour quatuor à cordes de George Bowles, la Suite canadienne de Champagne et une suite pour orchestre d'Arthur Cleland Lloyd. Au nombre des compositions et publications de cette période très productive (1927-29), dont plusieurs résultaient de l'initiative de Gibbon, on compte, d'Ernest MacMillan, Two Sketches for Strings inspirés d'airs canadiens-français, Six Bergerettes du Bas-Canada pour plusieurs voix et petit ensemble de chambre, et Three Indian Songs of the West Coast (résultat d'une visite chez les Amérindiens de la rivière Nass, Colombie-Britannique, en compagnie de Barbeau); les « ballad operas » de WillanL'Ordre de Bon temps / The Order of Good Cheer et Prince Charlie and Flora (sur des paroles de Gibbon et employant des mélodies écossaises), ainsi que deux volumes de Chansons canadiennes pour chant et piano (à partir des collections de Barbeau) du même auteur; les oeuvres scéniques Scène des voyageurs et Une noce canadienne-française en 1830 d'O'Brien et sa Sonate pour violoncelle et piano sur le thème « Dans les prisons de Nantes »; les deux premières des quatre Danses canadiennes pour violon et piano de Gratton; la Danse villageoise de Champagne; Vox Populi d'Henri Miro pour soliste, choeur et orchestre; les harmonisations d'Alfred La Liberté, de Léo-Pol Morin, de Leo Smith et d'Alfred Whitehead. La collection Vingt-et-une Chansons canadiennes / Twenty-one Folk-Songs of French Canada (Harris 1928), éditée par Ernest MacMillan et comportant aussi des arrangements d'O'Brien, Achille Fortier, La Liberté et Leo Smith, était le fruit d'un effort collectif important. La liste équivaut à une énumération de tous les compositeurs canadiens importants du temps. Il ne faut pas non plus négliger un certain nombre de compositions créées plus tôt au cours de la même décennie : Rhapsodie d'airs canadiens (1922) pour piano de Benoît Poirier, arrangée pour harmonie par Joseph Vézina, des harmonisations de chansons folkloriques canadiennes-françaises de G.A. Grant-Schafer, publiées en 1921 et en 1925, le Recueil de chants populaires du Canada (1925) de La Liberté, et des harmonisations de chansons issues d'une variété de traditions culturelles par W.H. Anderson, Gabriel Cusson, Léo Roy et plusieurs autres. Il faut aussi ajouter à cette liste quatre oeuvres de compositeurs étrangers : 12 Ancient French-Canadian Folk-Songs (Boosey 1972) d'Arthur Somervell, String Quartet on Canadian Themes (Ditson 1929) de Maud Wyatt Pargeter, Suite canadienne pour violon (ou violoncelle) et piano (Birchard 1927) de H. Maurice Jacquet, et A Cycle of Canadian Folk Songs (Fischer 1928) de Louis Victor Saar. Le mouvement de la chanson folklorique, un « mouvement » musical comme le Canada n'en avait pas encore connu, constitua la phase de nationalisme musical du Canada, équivalente au phénomène qui avait balayé la Bohême et la Norvège au XIXe siècle, l'Espagne et la Hongrie au début du XXe. Certains compositeurs comme O'Brien, Gratton et Lapierre croyaient que la chanson folklorique constituait le fondement véritable d'une musique canadienne distincte. Si cette prophétie ne s'est pas réalisée (en grande partie à cause du mélange des races que constitue la société canadienne, et aussi parce qu'un idiome national distinct présuppose un degré d'isolement culturel quasi impossible à maintenir dans tout pays développé à la fin du XXe siècle), il n'en demeure pas moins qu'un nombre important des compositions d'inspiration folklorique datant des années 1920 sont devenues des éléments permanents et valables du répertoire canadien, et que la chanson folklorique joue encore un rôle significatif comme inspiratrice des oeuvres de nombreux compositeurs canadiens, même ceux dont les vues sont avant tout internationales.
Quelques oeuvres des années 1930 méritent d'être signalées. Three French Canadian Sea Songs pour voix et quatuor à cordes de MacMillan, les oeuvres scéniques À Saint-Malo, Dix danses limousines et Pastorale d'O'Brien et Sea Shanty Suite (Kalmus 1930; basée sur des chansons de matelots de la Colombie-Britannique) de Colin McPhee datent toutes de 1930. Gratton écrivit deux autres Danses canadiennes. Léo-Pol Morin apporta une contribution de marque au répertoire pour piano avec Three Eskimos. On lui doit aussi beaucoup d'adaptations de chansons françaises, amérindiennes et inuit (voir la liste dans le Catalogue of Canadian Composers), dont « Trois Chants de sacrifice » (d'inspiration inuit, pour choeur et deux pianos). Anderson, Alfred Bernier, François Brassard, Gabriel Cusson, J.-J. Gagnier, Gratton, La Liberté, Roy, J.-Antonio Thompson, Whitehead et plusieurs autres compositeurs continuèrent de faire des arrangements (dont la plupart demeuraient inédits en 1990). Parmi les contributions des compositeurs étrangers, les accompagnements de piano de Vaughan Williams de certaines chansons de la collection de Maud Karpeles, Folk Songs from Newfoundland (1934), sont dignes d'une mention spéciale.
1940-1990
Les décennies comprises entre 1940 et 1990 ont produit une telle moisson de musique canadienne qu'on ne peut présenter ici qu'une sélection d'oeuvres inspirées de la musique folklorique. Celles qui sont basées sur la musique issue des traditions européennes paraîtront d'abord; viendront ensuite celles qui sont basées sur la musique amérindienne et inuit.
Comme dans les cas précédents, les harmonisations pour chant et piano et pour choeur accompagné et a cappella sont les genres les plus fréquents. Les traitements des mélodies varient considérablement, allant des accompagnements simples, mais souvent peu conventionnels, de Richard Johnston dans Folk Songs of Canada, Folk Songs of Quebec et More Folk Songs of Canada, et de Helmut Blume dans Canada's Story in Song, à des harmonisations utilisant des techniques de composition ingénieuses comme Four Love Songs et Five Songs de John Beckwith, Six Folk Songs From Eastern Canada et Ten Folk Songs of Canada de Keith Bissell, Six Canadian Folk Songs de Derek Healey et Five Songs of the Newfoundland Outports de Harry Somers. Dans l'oeuvre de Somers par exemple, après avoir d'abord énoncé la mélodie avec des harmonies relativement traditionnelles, le compositeur varie le rythme, la mélodie et l'harmonie, séparément ou ensemble, pour créer une composition originale qui semble parfois devoir peu de chose au folklore qui l'a inspirée. Les autres compositeurs qui ont fait des harmonisations pour voix et pour choeur sont W.H. Anderson, Louis Applebaum, Violet Archer, Michael Baker, Leslie Bell, Maurice Blackburn, Howard Cable, Champagne, Stephen Chatman, Donald Cook, George Coutts, Lionel Daunais, Raymond Daveluy, Richard Eaton, Dennis Farrell, Robert Fleming, Harry Freedman, Hector Gratton, Jacques Hétu, Leonard Isaacs, Kelsey Jones, Talivaldis Kenins, Alfred Kunz, William McCauley, Michel Perrault, Imant Raminsh, Godfrey Ridout, Jean-François Sénart, Nancy Telfer, Robert Turner et León Zuckert. Trevor Jones a composé plusieurs opéras folkloriques et John Fenwick a utilisé des mélodies folkloriques dans sa comédie musicale Johnny Belinda. Des harmonisations de marque signées par des musiciens non canadiens incluent Chansons populaires françaises et canadiennes d'Émile Vuillermoz (Salabert 1946), French Canadian Folk Songs pour une voix et piano de Paul Creston (Colombo 1968) et Five Canadian Folk-Songs pour plusieurs voix à l'unisson et piano de Cecil Armstrong Gibbs (Oxford University Press 1960).
Maintes compositions instrumentales du milieu du XXe siècle développent une mélodie folklorique en lui appliquant une variété de techniques à la disposition du compositeur formé dans la tradition occidentale. Ainsi, dans Dansons le carcaillou et Variations libres sur « Isabeau s'y promène » de Gratton, l'orchestration et l'harmonisation transforment la chanson à tel point qu'il ne fait aucun doute que le travail de création est celui du compositeur. D'autres oeuvres, comme la Symphonie gaspésienne de Champagne, emploient des thèmes à caractère folklorique qui sont purement l'invention du compositeur. Suit une liste d'oeuvres musicales d'inspiration folklorique composées au cours de la période 1940-90 :
Murray Adaskin, Algonquin Symphony pour orchestre; Saskatchewan Legend pour orchestre
Violet Archer, Habitant Sketches pour piano; Ten Folk Songs pour piano à quatre mains
Lorne Betts, Fantasia Canadiana pour orchestre
Keith Bissell, A Folk Song Suite pour bois; Variations on a Folk Song pour piano
Alexander Brott, From Sea to Sea pour orchestre
Howard Cable, Newfoundland Rhapsody pour harmonie; Quebec Folk Fantasy pour harmonie, Chappell
Morley Calvert, Suite des collines montérégiennes pour quintette de cuivres
Claude Champagne, Paysanna pour orchestre; Symphonie gaspésienne pour orchestre
Stephen Chatman, Variations on a Canadian Folk Song pour deux pianos et orchestre
Neil Chotem, Songs of the Maritime Provinces pour voix et orchestre
Jean Coulthard, Canadian Fantasy pour orchestre, Berandol
Maurice DeCelles, Six Works on French Canadian Tunes pour harmonie
Maurice Dela, Triptyque pour orchestre
Anne Eggleston, On Citadel Hill pour orchestre à cordes
Walter Eiger, Overture on Canadian Folk Tunes pour orchestre
Robert Farnon, À la claire fontaine pour orchestre; Canadian Impressions pour orchestre
Robert Fleming, Four Fantasias on Canadian Folk Themes pour orchestre ou harmonie; Maritime Suite pour ensemble de chambre; Shadow on the Prairie (ballet) pour orchestre
Stewart Grant, Of Maids and Men pour voix et orchestre
Hector Gratton, Fantaisie sur « V'là l'bon vent » pour orchestre
Frank Haworth, Songs of Canada pour flûtes à bec, Whaley Royce
Eugene Hill, Sérénade québécoise pour orchestre à cordes
Kelsey Jones, Miramichi Ballad pour orchestre
Rudolf Komorous, Sinfony no 2« Canadian » pour orchestre
Roger Matton, L'Escaouette pour voix solistes, choeur et orchestre; Concerto pour deux pianos et percussion
William McCauley, Canadian Folk Song Fantasy pour harmonie; Kaléidoscope québécois pour ensemble de chambre; Newfoundland Scene pour orchestre; Quebec Lumber Camp pour orchestre
Ben McPeek, Five Pictorial Sketches pour mandoline et orchestre; Concerto pour piano et orchestre
Léo-Pol Morin, Suite canadienne pour piano (réimpr. dans PMC, vol. VI)
Kenneth Peacock, Essay on Newfoundland Themes pour petit orchestre
Michel Perrault, Sea Gallows (ballet) pour orchestre
Eldon Rathburn, Steelhenge pour « steel band » et orchestre
Harry Somers, Little Suite for String Orchestra on Canadian Folk Songs
John Weinzweig, « Barn Dance » de Red Ear of Corn (ballet) pour orchestre
Les rythmes et mélodies de la musique des violoneux ont fasciné nombre de compositeurs canadiens : ou bien ils se sont retrouvés concrètement dans leurs oeuvres ou bien ils ont influencé fortement leur musique de scène ou de concert. La « Fête villageoise » du Vox Populi de Miro et la populaire Danse villageoise de Champagne, toutes deux écrites en 1928, sont des exemples de la première partie du XXe siècle. Il y eut ensuite le Quatuor de Beckwith (sur de véritables airs joués par les violoneux), la Fantaisie en mocassins de Blackburn, Directions North (dont la première partie, « Rattle on the Stovepipe », est à la manière d'une musique de quadrille) de Donald Coakley, le Concerto pour piano et orchestre ainsi que Les Diableries pour violon et orchestre de François Dompierre, la danse des amis et voisins dans le ballet de Fleming Shadow on the Prairie, la scène centrale du ballet de Freedman Rose Latulippe, le Petit concerto pour Carignan d' André Gagnon, la Messe québécoise de Pierick Houdy et Fall Fair de Ridout.
Plusieurs compositeurs immigrants, dont S.C. Eckhardt-Gramatté, George Fiala, Talivaldis Kenins et Tibor Polgar, ont utilisé des chansons folkloriques de leur pays natal dans des oeuvres écrites avant leur venue au Canada. Les oeuvres de compositeurs étrangers inspirées de chansons folkloriques canadiennes incluent Canadian Carnival (Kermesse canadienne) pour orchestre de Benjamin Britten (1939), Tres Preludios sobra temas canadenses pour piano du compositeur brésilien Francesco Mignone, Rocky Harbour and Sandy Cove pour orchestre à cordes de George Frederick McKay (Birchard 1950) et A Laurentian Overture d'Alan Shulman, tous deux des É.-U., et la musique de Vaughan Williams pour le film The 49th Parallel (1941).
En outre, les compositeurs de musique de film et de musique de scène ont puisé abondamment aux sources folkloriques dans les cas appropriés.
Compositions inspirées de la musique autochtone
La musique des Amérindiens et Inuit a aussi attiré l'attention des compositeurs après la Deuxième Guerre mondiale, même si le nombre de recueils de mélodies publiées demeure restreint. L'utilisation la plus fréquente ou la libre invention de ce type de matériau se rencontre dans des oeuvres d'envergure. Suivent des exemples de compositions inspirées par la musique amérindienne.
Murray Adaskin, Nootka Ritual pour orchestre
Jean Coulthard, Love Song of the Haida Indians (orchestration de W.M. Miles) pour soprano et orchestre
Malcolm Forsyth, Three Métis Songs From Saskatchewan pour voix et orchestre ou piano; Atayoskewin pour orchestre; Canzona pour voix et orchestre
J.-J. Gagnier, Journey pour cor anglais et cordes
Graham George, Songs of the Salish pour orchestre
Theo Goldberg, Songs of the Loon and the Raven pour orchestre et bande
Derek Healey, Three Quiet Pieces pour orgue (l'une de ces pièces est inspirée d'un chant ojibwa)
Talivaldis Kenins, Sawan-Oong pour narrateurs, choeur et orchestre
Colin McPhee, Four Iroquois Dances pour orchestre
Séverin Moisse, Variations sur un thème huron pour piano
Léo Roy, Chant de joie pour piano
John Weinzweig, The Great Flood pour choeur et percussion; « Tribal Dance » et « Ceremonial Dance » de Red Ear of Corn (ballet) pour orchestre
Un opéra amérindien, Tzinquaw, dramatisation musicale de la légende salish de Tzinquaw, l'oiseau-tonnerre, et de Quannis, l'épaulard, fut exécuté en 1951 par les Cowichan Indian Players à New Westminster, C.-B. Une distribution importante de danseurs et de chanteurs se produisit, accompagnée d'une transcription au piano de Frank Morrison. L'opéra Seabird Island de Derek Healey repose sur une légende des Tsimshians. Le Chant de Nigamon pour orchestre d'Arthur Honegger (1917) s'inspire des thèmes hurons ou iroquois dans l' Ethnographie musicale de Tiersot (1905), thèmes qui avaient peut-être été glanés au Canada.
Plusieurs compositions ont utilisé ou imité la musique inuit.
Murray Adaskin, Qalala and Nilaula of the North pour orchestre
Violet Archer, Three Sketches pour orchestre
John Beckwith, Arctic Dances pour hautbois et piano (sur des thèmes recueillis par Beverley Diamond)
Udo Kasemets, Recitative and Rondino pour orchestre à cordes
Talivaldis Kenins, Fantasy Variations on an Eskimo Lullaby pour flûte et alto
Paul McIntyre, Fantasy on an Eskimo Song pour quintette à vent
John Weinzweig, Edge of the World pour orchestre; To the Lands Over Yonder pour choeur
Il faut citer aussi Suite of Three Canadian Dances (1952) de Morris Eisenstadt qui comporte un mouvement inspiré de la musique amérindienne et un autre basé sur la musique inuit, et Evocations pour deux pianos et orchestre d'Archer, qui s'inspire de deux mélodies inuit et d'un air tsimshian.
À son rôle initial de conservation pour la postérité de ce que le peuple chantait, la chanson folklorique notée a ajouté une autre fonction : celle de point de mire de l'évolution d'un type de musique qui, dans la mesure où l'essence et la singularité de la chanson folklorique sont maintenues, peut être qualifiée de spécifiquement canadienne. Toutefois, la majorité des compositeurs, même ceux qui subissent le charme du matériau folklorique, ont eu tendance à l'employer plus pour son attrait passager ou intrinsèque que pour répondre à un désir conscient de s'en faire les promoteurs ou de miser sur sa « canadianité ».
Discographie
Heritage : K. Jones, Champagne, Chotem, Weinzweig, MacMillan, Cable, Adaskin; Tor Philharmonia, Feldbrill c orch; 1967; Dom S-1372.
Bibliographie
Ruth PINCOE compilatrice, « Compositions based on folk songs », dans « A reference list on Canadian folk music » de Fowke, CFMJ, VI (1978).
Canadian Music Inspired by the Music, Poetry, Art and Folklore of Native Peoples (Centre MC 1980).
Vivianne ÉMOND, « Trois oeuvres musicales dites canadiennes », Cahiers de l'ARMuQ, 4 (nov. 1984).