À partir du milieu des années 1950, on encourage les Inuit à s'installer dans les postes de traite pour être à proximité des écoles et des services de santé. Comme la chasse ne suffit plus au peuple Inuit pour subvenir à tous ses besoins, les fonctionnaires fédéraux mettent en place des coopératives destinées à créer des emplois et à développer une économie locale. Le ministère du Nord canadien et des ressources nationales (aujourd'hui ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien) fournit l'argent, les équipements et l'expertise mais a, dès le départ, la ferme intention de transférer dès que possible aux Inuit la gestion et la propriété de ces coopératives.
La première coopérative inuite, spécialisée dans la pêche commerciale et l'exploitation forestière, est fondée en avril 1959 à George River au Nouveau-Québec. Vingt chasseurs inuits en deviennent propriétaires en acquérant chacun une part d'un dollar qui leur donne le droit de vote à l'assemblée générale annuelle.
Bien que les coopératives inuites aient des activités dans des secteurs très diversifiés - commerces de détail, hôtels et restaurants, tourisme, projets de construction et services municipaux - elles réussissent surtout dans la production de sculptures sur pierre et dans l'édition de gravures à tirage limité destinées au marché international. La production artisanale de sculptures sur pierre offre à ces petites communautés du Nord un revenu appréciable et les met à l'abri des fluctuations cycliques du commerce de la fourrure. Comme le dit l'Inuk Johnny Pov, « la sculpture a tiré toutes ces personnes de leur condition misérable. Si les Inuit devaient encore compter sur la traite de la fourrure de renard, ils seraient certainement encore pauvres aujourd'hui. »Depuis quelques années, le commerce de détail et la distribution de produits pétroliers prennent de l'importance dans certaines coopératives du Nouveau-Québec.
Ces secteurs deviennent très rapidement le principal employeur non gouvernemental des Inuits et représentent un important mouvement social dans le Grand-Nord. Ils réussissent à améliorer le niveau de vie de nombreuses communautés et à réduire leur dépendance envers l'aide sociale. En 1999, on compte 39 coopératives en activité, dont celles du Nouveau-Québec sont affiliées à la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, basée à Montréal, et celles du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest à l'Arctic Cooperatives Ltd, basée à Winnipeg. Il existe aussi quelques coopératives indépendantes. Le mouvement coopératif inuit, qui démarre formellement à Kangiqsualujjuaq en 1959 avec la vente de deux poissons à Stanley Annanack, atteint en 1998-1999 un chiffre d'affaires annuel dépassant 83 millions de dollars. Les Inuits sont maintenant propriétaires des coopératives qu'ils gèrent et reçoivent très peu d'aide financière.
En tant que solution économique de rechange, les coopératives cherchent à détenir un pouvoir politique. Au Nouveau-Québec, les coopératives fédérées font des tentatives concertées pour acquérir une certaine influence politique. Leur stratégie consiste à prendre en charge leur système économique, ensuite leur territoire et, enfin, leur système politique. Elles s'efforcent dans les années 1970 de convaincre le gouvernement du Québec de mettre en place un type de gouvernement régional. Le système coopératif du Nouveau-Québec est perçu pendant plusieurs années comme un gouvernement clandestin, alors que les Inuit du reste de l'Arctique sont moins pressés de conquérir le pouvoir politique. Les coopératives sont cependant à l'origine de la création d'un mouvement pan-esquimau bien visible déjà à la conférence d'Ikaluit quatre ans seulement après l'incorporation de la première coopérative. Cette conférence offre la première occasion dans l'histoire des Inuit de tout l'Arctique canadien de se réunir pour discuter de leurs problèmes communs et prendre des décisions. Elle est suivie de la conférence de Puvirnituk en 1966 et, en 1980, de celle de Kangiqsualujjuaq qui souligne le besoin d'unité. Les quelques efforts visant à créer cette unité panarctique sont dans l'ensemble un échec. Les activités des coopératives restent en effet divisées par des clivages provinciaux et territoriaux.