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Cornemuse, Highlands du Nord

Exposé généralLes cornemuses des Hautes-Terres du Nord (Highlands), qui constituent aujourd'hui le plus courant de tous les types de cornemuses, furent sans doute apportées au Canada par les premiers colons écossais qui s'établirent en Nouvelle-Écosse et dans le Haut-Canada.

Cornemuse, Highlands du Nord

Exposé général
Les cornemuses des Hautes-Terres du Nord (Highlands), qui constituent aujourd'hui le plus courant de tous les types de cornemuses, furent sans doute apportées au Canada par les premiers colons écossais qui s'établirent en Nouvelle-Écosse et dans le Haut-Canada. On ne dispose cependant pas de données sûres à ce sujet et, jusqu'à tout récemment, l'histoire de la cornemuse au Canada n'était qu'une série de notes infrapaginales s'ajoutant à l'histoire de la cornemuse en Écosse. De plus, bien que l'activité ait été certes multiple dans ce domaine, il fut difficile pour les joueurs de cornemuse, coupés de la source de leur tradition, de maintenir ou d'améliorer leurs normes d'interprétation, en dépit d'un enthousiasme demeuré intact. On connaît les noms de sonneurs (cornemuseurs) canadiens et écossais émigrés qui étaient actifs à l'époque de la Première Guerre mondiale, mais on ne possède aucun moyen d'évaluer leur niveau d'exécution, et il semble que personne n'ait vérifié s'ils ont transmis des variantes inusitées de mélodies traditionnelles.

L'instrument et sa musique

La cornemuse des Highlands du Nord possède un unique chalumeau de forme conique percé de huit trous et à anche double. Il produit les neuf notes d'une gamme fondamentalement mixolydienne. Au chalumeau s'ajoutent trois bourdons à anche simple (deux ténors, une basse), sonnant à des intervalles d'une octave au-dessous du chalumeau. Le chalumeau, les bourdons et le tuyau porte-vent de l'instrument sont habituellement de bois noir africain, ornés d'anneaux d'ivoire ou d'argent (souvent les deux); leur fabrication est une spécialité qui requiert, en Écosse, un apprentissage de cinq ans. Le Canada possède au moins deux fabricants qualifiés : Jack Dunbar (Saint Catharines, Ont.) et Matt Marshall (Bowmanville, Ont.), arrivé plus récemment. Chacun d'eux a mis au point son propre modèle de chalumeau; Dunbar a expérimenté de nouveaux matériaux (le hêtre et l'érable imbibés, et même le plastique). Gordon Tuck était Pipe Major de l'ensemble de cornemuses de la distillerie Macnish à Saint-Thomas, Ont., quand il commença, au début des années 1970, à fabriquer dans son usine, la Tuck Aluminum Ltd., un chalumeau de sa conception. Celui-ci, qui est aujourd'hui utilisé exclusivement par son ensemble, lui confère sa sonorité unique. Tuck utilise de l'ebène et du plastique et produit des chalumeaux mais aussi des cornemuses complètes. On trouve d'ailleurs de bons fabricants d'anches et de chalumeaux pour l'étude en Ontario et en Colombie-Britannique, mais en 1990, la plupart des sonneurs canadiens utilisaient encore des instruments venus d'Écosse.

Le vaste répertoire de la cornemuse des Highlands du Nord comprend des marches (2/4, 4/4, 6/8, 3/4); des strathspeys; des reels; des gigues, des matelottes; des mélodies lentes et, surtout, le « piobaireachd » ou « pibroch » qui adopte la forme de la variation classique. Peu de « piobaireachdan » sont composés de nos jours, mais on écrit encore beaucoup de musique légère pour la cornemuse. Plusieurs recueils publiés contiennent des mélodies de cornemuseurs canadiens. Deux d'entre elles, bien connues de tous les sonneurs, « Colonel Robertson » et « The Mid-Lothian Pipe Band », sont l'oeuvre de Farquhar Beaton, troisième sonneur-chef des 48th Highlanders du Canada. Parmi les compositeurs canadiens d'une époque plus récente dont les mélodies ont été publiées, mentionnons John Wilson (Toronto), George Grant (Saint-Hubert, Québec), W.J. Wyatt (Winnipeg), A.M. Cairns (Rockcliffe, Ont.), Neil Sutherland (Winnipeg), Donald MacNiven (Kirkland Lake, Ont.), Sam Scott (Manotick, Ont.), William Gilmour (Toronto), Angus Graham (Prince George, C.-B.), Reay Mackay (Toronto) et John Knox MacKenzie (Vancouver, C.-B.). Les trois volumes de musique de cornemuse de John Wilson contiennent un grand nombre de ses compositions et mises en musique; le troisième, en particulier, inclut beaucoup de compositions canadiennes. D'autres collections d'airs de cornemuse ont été réalisées par les sonneurs Iain MacCrimmon (Alberta, 1978), William Livingstone (Ontario, 1986), Scott MacAuley (Ontario, 1986), Michael Grey (Ontario, 1989) et Robert MacNeil (Colombie-Britannique, 1990).

Enseignement, solistes et concours

Les ensembles de cornemuses ou « pipe bands » existent depuis longtemps au Canada, mais les bons solistes ont mis plus longtemps à s'y installer, en partie à cause du manque de professeurs (tout particulièrement en ce qui concerne le « piobaireachd »). Murdo MacLeod fut un professeur éminent à Toronto pendant les années qui précédèrent et suivirent la Deuxième Guerre mondiale; parmi d'autres professeurs de marque dans le sud de l'Ontario figurent Walter Rose et George Duncan (qui vécurent tous deux à Detroit mais enseignèrent à beaucoup de Canadiens). Les principaux professeurs dans la région de Montréal furent George Grant et Alex McNeill; dans la région d'Ottawa, Sam Scott et A.M. Cairns; dans la région de Vancouver, Malcolm Nicholson, Ian Duncan, Jimmy MacMillan et Ed Esson. Cependant, l'amélioration du niveau d'interprétation après la Deuxième Guerre mondiale est due principalement à John Wilson (1906-1979), l'un des compositeurs et interprètes de la cornemuse les plus distingués de sa génération. Il quitta l'Écosse pour émigrer au Canada en 1948 et fut le professeur de presque tous les meilleurs solistes de l'Ontario et d'ailleurs. William Gilmour, Reay Mackay, Chris Anderson, James McGillivray, James Thomson, William Livingstone et Robert Worrall comptent parmi ses élèves les plus connus. Entre 1974 et 1979, les quatre derniers d'entre eux, ainsi qu'un autre sonneur ontarien, Edward Neigh, se classèrent parmi les lauréats ou les finalistes aux concours professionnels les plus exigeants d'Écosse. En 1977, les premiers prix au concours d'Inverness, le plus important de tous les concours de solistes en Écosse, allèrent à des Canadiens : Livingstone mérita la médaille d'or pour le piobaireachd, tandis que Worrall gagna les concours de marches de strathspeys et de reels. Comme soliste, Livingstone gagna en outre à trois reprises le championnat nord-amér., et Worrall, quatre fois. En 1985, les sonneurs ontariens James McGillivray, Michael Grey et Scott MacAuley remportèrent cinq des prix les plus prestigieux d'Inverness.

La Colombie-Britannique a produit de bons solistes, notamment Donald Cameron, Donald MacIver, James Watt, Willie Barrie, John A. MacLeod, Archie MacIndewar, Hal Senyk, Jamie Troy et Jack Lee. À la fin des années 1970, John Wilson, Reay Mackay et quelques autres professeurs fondèrent l'Ontario School of Piping à Toronto; William Connell (qui remporta le prix Clasp à Inverness) devint professeur à London, Ont., et juge de concours de cornemuse. Des cours de cornemuse sont régulièrement dispensés l'été dans plusieurs régions du Canada et des États-Unis et on y engage comme professeurs des Canadiens, en plus de sonneurs écossais et américains. Au Canada, les écoles les plus réputées sont celles de Nelson, C.-B.; Fort Qu'Appelle, Sask.; Brockville, Ont.; Antigonish, N.-É.; Windsor, Ontario, et le Gaelic College of Cape Breton à Saint Ann. En 1989, le sonneur Scott MacAuley fonda le College of Piping and Celtic Performing Arts of Canada à Riverside, Î.-P.-É. Unique en Amérique du Nord, il est affilié à l'Army School of Piping d'Édimbourg.

On peut entendre de bons sonneurs en solo au Canada lors des concours annuels qui se tiennent dans chaque province parallèlement aux Highland Games (voir Harmonies 7) et des réunions des sociétés de cornemuse locales où les meilleurs solistes se produisent en récital. Aux Highland Games tenus à Ottawa en 1973, la Piobaireachd Society octroya une médaille d'or, la première du genre en Amérique du Nord, qu'elle décerne depuis à chaque année. Les pièces imposées à ce concours sont les mêmes qu'au concours d'Inverness.

De nombreux groupes celtiques contemporains ont utilisé la cornemuse, dont Rare Air (Na Cabarfeidh) sur leurs albums Stick It In Your Ear (Sometimes We Do This JAK-001), Na Cabarfeidh (Flying Fish FF-286), Mad Plaid (Flying Fish FF-333), Hard to Beat (Green Linnet SIF-1073) et Primeval (Green Linnet SIF-1073); First Draft (FD3-1000-CD); Rawlins Cross sur la cassette A Turn of the Wheel (RCP 1); et Bourne McLeod sur l'enregistrement Dance and Celebrate (Attic ACD-1314).

Enseignement, solistes et concours

Voir aussi Collections d'instruments, Écosse, Harmonies 7. Pour référence à d'autres types de cornemuses, voir Croatie, Macédoine, Serbie.